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Chroniques du 21 Janvier.Sommaire :
Né en 1754, petit-fils de Louis XV, fils du Dauphin et de Marie-Josèphe de Saxe, Louis Auguste devient dauphin lui-même à douze ans par la mort de son père (il sera orphelin de mère à treize ans). De son père, quil na guère connu et qui ne sest guère intéressé à lui, il gardera toujours le culte ; il en héritera la piété, la générosité, laversion contre les idées nouvelles et la méfiance envers tous ceux qui, hommes dÉtat, écrivains ou penseurs, ont touché de près à cette coterie des philosophes protégés par Mme de Pompadour et tenue pour responsable des murs relâchées de Louis XV.
Il est élevé par son gouverneur, le duc de La Vauguyon, et par son précepteur, Mgr de Coestloquet. Linstruction, à la fois livresque et pratique, est bonne, mais la formation médiocre ; il entendra le latin, parlera litalien, rédigera dans un français clair et nuancé, excellera dans les mathématiques, la géographie et les sciences physiques, sintéressera de très près au droit et à lhistoire. En revanche, il ignorera tout de lart militaire et méconnaîtra le soldat. Il manque de manières, fait preuve de brusquerie et de bizarrerie. Chasseur infatigable, cavalier dune rare adresse, doué pour les travaux artisanaux (on connaît assez son goût pour la serrurerie), il semble peu porté sur lamour. Peut-être est-il encore vierge lorsque, à quinze ans, il épouse Marie-Antoinette. Une légère malformation retardera la réalité de lunion consacrée par la naissance de Mme Royale (1778).
Devenu roi à vingt ans par la mort de son grand-père, Louis XVI se sépare des ministres du défunt roi, interrompt la révolution royale commencée en 1771, ouvre son Conseil à Maurepas, à Vergennes et à Turgot. La roideur dogmatique de ce dernier amène le souverain à sen séparer dès 1776, non sans que le ministre ait réalisé dutiles réformes. Louis XVI refusera de même de soutenir longtemps Necker quelques années plus tard. Il nest pas un monarque doué pour agir fermement, ni même pour conserver sa confiance à ceux qui pourraient agir en son nom.
Contre les parlements rétablis qui multiplient les entraves à ladministration royale, le roi se refuse à sévir tant il croit nécessaire dappuyer son gouvernement sur sa propre popularité. Celle-ci ne souffrira longtemps que des inconséquences de la reine. Louis XVI, passionné pour la renaissance navale de la France, enflammé par lidée de revanche sur lAngleterre, intervient victorieusement en Amérique (avec Rochambeau), aux Indes (avec Suffren) et rend au royaume une position darbitre européen inconnue depuis le temps de Fontenoy. Mais ces campagnes ont, de concert avec les dépenses de la cour et des privilégiés, épuisé les finances publiques.
Un État pauvre dans une France riche assure de plus en plus malaisément ses fonctions, cependant que les récoltes médiocres engendrent sporadiquement des disettes. Louis XVI voudrait revenir aux combats de son grand-père pour la gratuité de la justice et légalité devant limpôt mais ne veut pas se heurter aux privilégiés. Par loctroi aux nobles des bénéfices ecclésiastiques et le monopole à leur profit des grades dofficiers, la soutane et lépée, promotions traditionnelles dans lancienne France et ouvrant au troisième ordre les portes des deux premiers, sont désormais confisquées. En 1787, Louis XVI tente lassainissement fiscal et financier en réunissant, à linstigation du contrôleur général Calonne, une Assemblée des notables. Devant léchec, il renvoie Calonne et fait appel à son adversaire, Loménie de Brienne. Celui-ci connaît les mêmes difficultés et revient, trop tard pour la monarchie, à la politique de Louis XV ; il exile les parlements. Une nouvelle fois Louis XVI, si constant en politique extérieure mais répugnant aux mesures violentes, même nécessaires, dans le domaine intérieur, se sépare de Loménie et renonce à sa tentative de despotisme éclairé.
Comme lAssemblée des notables na pas engendré de désordres, le roi, sur le conseil de Necker, croit pouvoir sans risque faire appel aux États généraux et autorise le doublement du tiers. À cette date, sa popularité, attestée par tous, est immense, à la mesure des espoirs que sa décision fait naître. Contrairement aux prévisions du monarque, les députés exigent de se constituer en Assemblée nationale. Louis XVI atermoie, puis leur ordonne de se disperser, enfin cède à leur résistance. Toujours à contretemps, il se décide pour la répression, renvoie Necker, concentre des troupes, provoque ainsi la journée parisienne du 14 juillet, dont il limite les effets en affrontant avec crânerie Paris insurgé. De même, agissant à contretemps, il refuse de sanctionner les décrets du 4-Août et la Déclaration des droits de lhomme avant de se voir forcé dy adhérer par lémeute de la faim des 5 et 6 octobre, et obligé de venir résider à Paris. Il sassure alors la complicité de Mirabeau, mais nose suivre ses conseils ; celui-ci préconisait le départ du souverain et de lAssemblée pour une ville éloignée de la capitale. Restant prisonnier du peuple de Paris, Louis XVI se condamne à ne pouvoir prendre aucune des initiatives susceptibles de briser le cours de la Révolution ou, du moins, de lui opposer une alternative réalisable. Il accable la Constituante de déclarations où il proteste de son dévouement total à luvre de régénération de la patrie et il intrigue en cachette avec les cours hostiles à la Révolution. En son âme et conscience, tel quil a été façonné par les principes de son éducation, il est convaincu dagir ainsi selon son devoir ; son caractère indécis et souvent dissimulé par timidité saccommode aisément de ses louvoiements et de ce quil faut bien appeler ses mensonges ; mais, à mesure quelle est pressentie puis avérée, sa duplicité lui aliène les sympathies et même les estimes. La fuite à Varennes (juin 1791) mettra fin à toute possibilité pour lui dêtre le roi le plus populaire et peut-être le plus réellement puissant de sa dynastie en prenant la tête dune nation rénovée.
Torturé dans sa conscience de chrétien par lapplication de la Constitution civile du clergé, quil avait pourtant ratifiée en décembre 1790, indigné par une émeute lempêchant de se rendre à Saint-Cloud pour faire ses Pâques sans le secours dun prêtre assermenté, Louis XVI tente avec sa famille de gagner la place fidèle de Montmédy, se fait arrêter à Varennes avant davoir pu rejoindre les troupes envoyées par Bouillé ; reconduit à Paris, il est suspendu par lAssemblée.
Rétabli dans ses prérogatives un mois plus tard, il a la chance, la dernière de son règne, de voir venir à lui les Feuillants (ancienne aile droite des Jacobins : les Lameth, Duport et Barnave) ; comme ceux de Mirabeau naguère, il écoute leurs conseils mais, par défiance, ne les suit pas. Face à la Législative, passablement soupçonneuse à son égard, le roi paraît se cantonner dans ses devoirs constitutionnels, mais ne renonce pas à reconquérir ses pouvoirs. Quand Brissot fait campagne en faveur de la guerre contre lEmpire, Louis XVI pense en tirer avantage ; si la guerre est gagnée, lunité se cimentera dans la victoire ; si elle est perdue, comme il lespère, le roi pourra seul négocier utilement avec le vainqueur, et partant recouvrer son autorité.
Toutefois, entre les émigrés, résolus à supplanter le monarque, et les Jacobins, déterminés à confisquer ses derniers pouvoirs, la marge de manuvre est dautant plus étroite que Louis inquiète les révolutionnaires par ses tractations mal dissimulées avec les chancelleries étrangères. En opposant son veto suspensif aux mesures dexception proposées par les ministres girondins, il sattire la colère des faubourgs et subit, le 20 juin 1792, linvasion de son palais. Sa fermeté et sa dignité dans cette circonstance lui valent un relatif retour de popularité, mais le manifeste de Brunswick, menaçant de raser Paris si la famille royale nest pas respectée, provoque lindignation populaire et linsurrection du 10 août. Louis XVI, voyant les Tuileries investies, croit habile den appeler à la légalité ; il se rend à lAssemblée, ordonne aux gardes suisses de cesser leur défense contre les sections parisiennes et les fédérés. Suspendu pour la seconde fois, livré par les députés à la Commune, il est conduit à la prison du Temple.
Après la proclamation de la République (21 sept. 1792), la Convention, soucieuse de légitimer linsurrection du 10 août, se prononce pour le procès de "Louis Capet". Celui-ci, craignant des représailles contre sa famille, se laisse conduire devant lAssemblée, paraissant du même coup la reconnaître. Embarrassé par la découverte de papiers compromettants dans larmoire de fer des Tuileries, linculpé oppose à toutes les accusations des dénégations systématiques et maladroites mais impressionne les députés par sa dignité. Le manque dunanimité des Girondins et la pression des tribunes provoquent néanmoins la condamnation à mort (théorique par 387 voix contre 344, effective par 361 voix contre 360). Un vote ultime en faveur du sursis ayant été rejeté par 380 voix contre 310, le condamné, montrant au matin de son exécution la majesté vraiment royale qui lui avait fait défaut durant son règne, monte à léchafaud le 21 janvier 1793 à dix heures dix du matin.
1793 Depuis 1803, tous les ans, jusquil y a peu, une messe populaire avait lieu à Paris. Aucune organisation royaliste, aucune pompe particulière. Il sagit dune messe fondée par le bourreau de louis XVI.Ce bourreau sappelait Sanson. Il tenta dabord déchapper à la responsabilité écrasante liée à sa fonction. Mais toutes les échappatoires furent vaines. Le bourreau officiel, le seul dailleurs, légalement, à pouvoir monter les " bois de Justice ", les montants de la Veuve Noire (de la guillotine) et à pouvoir officier, dut exécuter la sentence.
Frappé par la dignité du Roi, par sa bonté, il en perdit dabord la parole, puis peu à peu la raison. Trois mois plus tard, il mourut de chagrin. Non sans avoir laissé une somme importante pour fonder une messe anniversaire annuelle à la mémoire du Roi, qui lui avait quand même confié cet emploi.
1801 La mort dun Chouan, royaliste, opposant féroce de Bonaparte, Mercier-La-Vendée.Né en 1774, fils dun aubergiste du "Lion dAngers", installé à Château-Gontier à lenseigne de La Boule dor , Pierre Mercier abandonne ses études de droit pour rejoindre Bonchamps à la "Grande Armée catholique et royale", où il devient chef descadron.
Doté dun rare prestige physique, et déguisant, sous une courtoisie de gentilhomme, une implacable volonté, il impose, en 1794, ses conceptions tactiques aux chouans du Morbihan, organise les tailles de Saint-Billy, modèle de camp retranché. Élu chef détat-major de larmée du Morbihan le 16 août 1795, après laventure de l"Armée rouge" quil contribue à dégager de lemprise de Hoche, il obtient la confiance du comte dArtois, alors à lîle dYeu. Puis il se tourne contre Puisaye, quil arrête avant de se réconcilier avec lui.
Virtuose de la guérilla, on le nomme Mercier-La-Vendée, car il la connaît mieux que quiconque. Organisateur des enlèvements de fonds publics, des actions de représailles et de la chouannerie des officiers (1798), "superviseur" de la petite marine de chasse-marée commandée par Hermely, il ne rêve que de grandes batailles, discipline les paysans, les "militarise", contribue à lordonnance de Georges Cadoudal interdisant le mariage aux hommes de moins de quarante ans. Maréchal de camp et adjudant général depuis 1797, il habille et arme toute la Basse-Bretagne, tout en dirigeant personnellement les Côtes-du-Nord. Aux conférences de Pouancé (sept. 1799), il se prononce fortement pour la généralisation des hostilités.
Adoptant la tactique de la guerre des chefs-lieux, il enlève Saint-Brieuc en compagnie de Saint-Régeant. Il couvre le débarquement de Penlan par le combat indécis de Kerléau-Elven, puis, le premier, lors des réunions de Candé, soppose à Bonaparte, bien vu des Vendéo-Angevins : "Il faut combattre le nouveau Cromwell."
Georges Cadoudal passé en Angleterre, il cache les émigrés, les armes et le matériel, puis déclenche les opérations contre les prêtres "soumissionnistes" (réfractaires à la Constitution civile du clergé mais acceptant lautorité du Directoire), codirige la chouannerie à volonté, organise le ravitaillement de la rive gauche et, pour lexemple, fait tuer lévêque constitutionnel Audrein.
Au début de 1801, sétant secrètement assuré le concours des garnisons de Brest et de Belle-Isle, il veut passer en Angleterre pour obtenir un soutien du comte dArtois. Dans la nuit du 21 janvier, il est surpris par les gendarmes, dans la maison où se reposait son escorte, à La Fontaine-aux-Anges. Il tente de sesquiver pour soustraire ses compagnons à la police républicaine, mais cible facile, car il est en corps de chemise il est tué par le gendarme Charlopin.
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Dernière modification le 30/01/99,
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