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Chroniques du 10 février.

Sommaire :

1947

La Bucovine est cette région du nord-est des Carpates, aujourd'hui partagée entre l'Ukraine, la Moldavie et la Roumanie. Elle couvre environ 10440 kms². Le tiers de la Belgique. Elle fit longtemps partie de la Moldavie, mais en 1538 fut annexée par l'Empire ottoman. En 1769, elle fut occupée par la Russie puis annexée par l'Autriche en 1775 et fit partie de la Galice (région située sur les pentes septentrionales des Carpates) jusqu'en 1849. Lorsque l'Empire austro-hongrois fut dissous, à la fin de la Première Guerre mondiale, la Bucovine devint roumaine.

En 1940, pendant la Seconde Guerre mondiale, la Bucovine fut cédée, avec la Bessarabie, à l'URSS, à la suite d'un ultimatum soviétique, mais fut occupée par les troupes allemandes et roumaines de 1941 à 1944. Aux termes de l'armistice signé en septembre 1944, la Bucovine du Nord fut annexée à l'URSS par le traité de paix du 10 février 1947 et la Bucovine méridionale fut conservée par la Roumanie. Après la fin de l'URSS, en 1991, la partie septentrionale fut partagée entre l'Ukraine et la Moldavie.

Aujourd’hui la Roumanie revendique fortement ces régions historiquement leurs, mais les oppositions sont nombreuses et importantes.

1974

Don Helder Camara, l’Evêque rouge reçoit le Prix Nobel (" Sauvage ") de la Paix !

Ce prix Nobel " Sauvage " avait été créé à l’initiative d’organisations caritatives catholiques de Scandinavie qui estimaient qu’un évêque qui se battait depuis des décennies contre la misère et l’oppression des peuples (indiens notamment) avait tout autant de droit à être " couronné " Prix Nobel que le diplomate Henri Kiesinger (octobre 1973).

Né en 1909, dans le Nordeste brésilien, Mgr Camara, archevêque d’Olinda et de Recife (de 1964 à 1985), que certains appellent l’" évêque rouge " de l’Amérique latine et que le monde entier connaît sous son nom de simple prêtre, don Helder Camara, fut ordonné en 1931 et quitta en 1936 le Nordeste pour la grande cité de Rio de Janeiro, dont un million d’habitants vivent dans les favelas (les banlieues pauvres, les bidonvilles).

À Rio, don Helder Camara prend le pouls du pays : 80 % de Brésiliens sont condamnés à la faim et au désespoir. À cette époque, il devient une voix nationale ; il interpelle le gouvernement, les politiciens, les groupes économiques responsables. Il se consacre plus particulièrement aux régions du Nordeste. Evêque auxiliaire de Rio en 1955, il découvre l’Amérique latine en participant activement à la création du Conseil épiscopal latino-américain et à la lutte contre le sous-développement dans tous les pays concernés. Il veut dénoncer ce fléau et provoquer une prise de conscience de la masse (la " conscientisation "). Il entreprend une vaste lutte de libération et sort des frontières du Brésil pour se poser en citoyen latino-américain.

En 1962, au IIe concile du Vatican son audience devient mondiale ; le concile est pour lui un lieu privilégié de rencontres et de diffusion de ses idées : il entre en dialogue avec des hommes de toutes les régions du monde, il se laisse interpeller par les jeunes nations d’Afrique et par les vieilles cultures asiatiques. Le vent de liberté qui souffle sur l’ensemble du Tiers Monde et ébranle les anciennes structures coloniales lui révèle la nécessité d’élargir encore son propre combat. Nommé archevêque de Recife en 1964, puis vice-président du Centre d’études pour l’Amérique latine (Celam), de 1966 à 1969, don Helder Camara diffuse son message dans les diverses parties du monde, secoue les consciences endormies des nations riches et travaille à éveiller les masses sous-développées.

Il veut créer un vaste mouvement d’opinion qui traverse les Églises, les Universités, les groupes économiques et politiques, les jeunesses de toutes tendances. Contestant les critères de rentabilité et de production de consommation et de bien-être, il plaide en faveur d’un développement qui serait le produit non d’une technocratie mais de l’effort créateur de toute l’humanité.

La situation particulière du Brésil en 1969, amène don Helder Camara à subir lui-même l’horreur du cercle infernal de la violence ; il affirme donc que la lutte armée, même si elle semble aboutir à des résultats efficaces, engendre à son tour d’autres violences que nul n’est capable de limiter. Le cercle se referme alors autour de ses amis. Ils sont d’abord menacés de mort, puis certains d’entre eux tombent sous les coups : l’étudiant Candido Pinto Melo et le père Henrique, auxiliaire direct de l’évêque, qui déclara lors de l’assassinat de ce dernier : " Nous croyons avoir le droit de protester pour qu’au moins ce nouvel escadron de la mort ne continue pas sa sinistre tâche. "

Le 10 février 1974, à Oslo, don Helder Camara reçut donc le Nobel " sauvage ", en octobre 1973. Les promoteurs de ce " prix sauvage " voulaient ainsi contester, face au jury du prix Nobel traditionnel, une certaine conception de la paix et souligner que celui qui lutte pour la libération des peuples et contre la misère est autant digne qu’un négociateur et un diplomate d’être regardé comme un serviteur de la paix du monde.

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 05/03/99, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !