Mois de Février / sommaire des chroniques / sommaire de Camilist

Chroniques du 11 février.

Sommaire :

1879

La mort d’un artiste révolutionnaire, caricaturiste génial, Honoré Daumier.

Né en 1808 à Marseille, Honoré Daumier est le fils d'un artisan verrier, poète amateur qui s'installa à Paris en 1816. Il a donc dans sa famille même une solide formation de peintre, car les verriers étaient à l’époque peintre sur miniature. Sans argent, il travailla chez un huissier puis chez un libraire. Il s'initia à la lithographie auprès de Ramelet et à la peinture auprès d'Alexandre Lenoir avant de fréquenter l'Académie suisse.

Il publia ses premiers dessins humoristiques dans la Silhouette en 1829 et fut engagé la même année par Philipon, un élève de Jean-Antoine Gros, dans le journal la Caricature. Il devint alors rapidement célèbre pour ses caricatures politiques au ton franchement irrévérencieux.

L'une d'elles, représentant le roi Louis-Philippe sous les traits du géant Gargantua, lui valut en 1832 six mois d'emprisonnement. Il continua toutefois à caricaturer la société bourgeoise de façon féroce et bouffonne, composant en 1834 certaines de ses lithographies les plus violentes (" le Ventre législatif ", la " Liberté de la presse ", " l'Enterrement de La Fayette ", " la Rue Transnonain ") et exécutant une première série de petits bustes de notabilités politiques en argile (musée d'Orsay, Paris).

La Caricature ayant été interdite en 1835, Daumier fut engagé dans le Charivari et se consacra alors plus exclusivement à la peinture de mœurs (sa série sur l'escroc Robert Macaire, publiée à partir de 1836, rencontrant un vif succès) avant de s'intéresser de nouveau aux hommes politiques après la Révolution de 1848.

Se tournant un temps vers la peinture (la République, 1848, musée du Louvre), il revint à ses premières amours avec le personnage de " Ratapoil " (1850), obscur mouchard à la solde du Prince-Président.

Ami de Camille Corot et de Jean-François Millet, il composa dans des clairs-obscurs appuyés des tableaux dont les sujets sont le plus souvent empruntés à la vie quotidienne des plus humbles (" les Blanchisseuses ",1862, musée d'Orsay ; " le Fardeau ", 1860, Paris, collection particulière "  le Wagon de troisième classe ", 1862, Boston, collection particulière), mais illustra également certaines œuvres littéraires (" Don Quichotte ",1860).

Malade et quasi aveugle, il se retira à Valmondois en 1865, dans une maison offerte par son ami Corot. À l'initiative de ses proches, une grande rétrospective de son œuvre se tint en 1878 à la galerie Durand-Ruel.

Admiré par Balzac, loué par Baudelaire, Daumier est considéré comme le plus grand caricaturiste français du XIXe siècle. Ses coups de pinceau violents et sans repentir, sa facture riche et dynamique en font l'un des précurseurs de l'expressionnisme. Mais on lui reproche souvent son inspiration révolutionnaire et populaire ; à tort, car c’est là la source profonde de sa vigueur et de son unicité.

1910

Monsieur Marcel Bodez devient un personnage étonnant pour toute la France.

Le 8 février, le paquebot " Général Chanzy ", qui avait quitté l’île de " Minorque " (aux Baléares) pour ramener en France des vacanciers fortunés qui avaient passé l’hiver dans un climat plus doux, drosse contre les rochers de la côte. En quelques minutes, il coule. Le navire est perdu " corps et biens ".

154 passagers et une trentaine d’hommes d’équipages sont déclarés " perdus " au bout de quelques jours de recherche. La tempête ne pouvait laisser aucune chance à un éventuel survivant.

Mais le 9 février au matin, un passager est rejeté par la marée sur les côtes de l’île. Recueilli par des pêcheurs, soigné et restauré, il est ramené aux autorités qui reconnaissent son aventure. Il est le seul survivant du naufrage.

La France entière tentera de le voir lors de son arrivée sur le sol de l’Hexagone.

1911

Robert Grandseigne accomplit un exploit inouï qui constitue une grande première.

A 3 heures du matin, les Parisiens sont réveillés par un vrombissement de moteur. Des dizaines de milliers de Parisiens courent à leur fenêtre et scrutent la rue pour en deviner l’origine. Mais c’est vers le ciel qu’ils doivent regarder. Un aéroplane survole la ville.

Ce 1er exploit aérien est accompli en quelques heures par l’aviateur Grandseigne (ou Granseigne) sur un aéroplane de type Caudron.

1945

Les accords de Yalta déterminent la nouvelle face du monde pour les 45 ans à venir.

Yalta, conférence de, rencontre, pendant la Seconde Guerre mondiale, du 4 au 11 février 1945, entre le président des États-Unis, Franklin Roosevelt, le Premier ministre du Royaume-Uni, Winston Churchill et Joseph Staline, le dirigeant de l'Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS). La conférence eut lieu dans une atmosphère cordiale, à Yalta, sur la côte de Crimée, en Ukraine. Elle fut menée par les "Trois Grands" à un moment où les Alliés avaient largement pris l'avantage sur l'Allemagne ; elle faisait suite à la conférence de Téhéran, qui avait eu lieu quatorze mois plus tôt. La conférence de Yalta porta sur les conditions de la capitulation allemande, aussi bien sur le plan militaire que politique, ainsi que sur l'organisation de l'Europe après la guerre.

Une capitulation inconditionnelle de l'Allemagne fut décidée ; elle s'accompagna d'une réorganisation de son territoire. 4 zones d'occupation furent donc constituées en Allemagne et à Berlin, 3 étant occupées et administrées par une des grandes puissances et la 4ème par la France, pays non invité à Yalta, au sein d'une commission de contrôle.

La conférence de Yalta porta également sur des problèmes de frontières. Ainsi, l'URSS conserva la partie orientale de la Pologne, tandis que celle-ci s'étendait vers l'ouest, annexant une partie du territoire allemand. Un gouvernement d'union nationale devait être constitué et installé en Pologne. En outre, l'URSS s'engagea à intervenir dans le conflit contre le Japon, après la capitulation allemande. En échange, elle réclamait la moitié méridionale de l'île de Sakhaline, les îles Kouriles, et le contrôle des chemins de fer en Mandchourie.

À Yalta fut proclamée une Déclaration sur l'Europe libérée, qui prévoyait une participation tripartite aux conseils de contrôle et à l'administration des États européens, avant la mise en place, sur tout le continent, de gouvernements démocratiques, par la voie d'élections libres. Cette déclaration s'inspirait de la Charte de l'Atlantique et du "droit des peuples à disposer d'eux-mêmes".

Enfin, Roosevelt persuada les Alliés d'adhérer au projet de l'Organisation des Nations unies, dont les bases avaient été posées à la conférence de Dumbarton Oaks, en octobre 1944. Un nouveau rendez-vous fut pris pour le mois d'avril 1945, date à laquelle devait se tenir une nouvelle conférence, à San Francisco.

Lors de la conférence de Yalta, ce fut bien l'idée de coordination entre les Grands qui domina — et non celle d'un partage du monde. Cependant, elle fut également le point de départ de malentendus, en particulier entre les États-Unis et l'URSS, qui ne s’éteindront qu’avec la chute du Rideau de Fer, et encore !

1946

la naissance dans le secteur britannique de Berlin d’un grand journal, Die Zeit.

Die Zeit  est l’" autre " hebdomadaire allemand lancé, comme Der Spiegel  à Hambourg, le 11 février 1946 dans la zone d’occupation britannique. Sa présentation est traditionnelle, d’orientation libérale, au sens politique du terme, sauf dans sa section économique, qui développe des idées très conformistes, Die Zeit  est l’un des hebdomadaires les plus prestigieux d’Allemagne. Ses analyses, ses reportages, ses articles, qui accordent une large place à la politique étrangère, font autorité.

Il a toujours soutenu la coalition libérale-socialiste et, naguère, l’Ostpolitik , la politique de normalisation des relations entre la république fédérale d’Allemagne et les pays socialistes européens. Sa partie littéraire est rédigée par des intellectuels et des écrivains de gauche. Très complet, trop copieux peut-être (sa lecture intégrale demande plusieurs heures), il est écrit dans un style classique et rigoureux. Partisan du respect de l’équilibre des opinions, soucieux d’objectivité, il veille à présenter, sur les faits saillants, des prises de position divergentes ou contradictoires. Ses collaborateurs ne se permettent pas les facilités journalistiques qu’affectionnent ceux du Spiegel .

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 05/03/99, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !