Mois de Février / sommaire des chroniques / sommaire de Camilist

Chroniques du 15 février.

Sommaire :

1917

La naissance de l’auteur de " Orange Mécanique ", Anthony Burgess.

S’il fut un film culte dans les " seventhies ", ce fut bien " Orange Mécanique " de Stanley Kubrick. C’est en 1971, grâce à Kubrick, qu’Anthony Burgess connut pour la première fois la grande notoriété lorsque fut porté à l’écran le roman " Orange mécanique "  (The Clockwork Orange ) qu’il avait publié en 1962 et qui reste sans doute son plus brillant exploit. C’est une fable anti-utopique dans la tradition anglaise qui va de Swift à Huxley  : des gangs de jeunes terrorisent la population d’une ville qui n’est plus qu’une immense zone urbaine déshumanisée ; l’histoire est racontée, à la première personne et dans une langue, un idiolecte, qui amalgame de façon saisissante argot américain et lexique russe, par leur chef, Alex, voyou au charme pervers, archange passionné de musique classique et de langues anciennes pour qui cogner, violer, brûler, torturer, faire régner le mal dans sa pureté, est un acte de liberté spirituelle dans un monde programmé pour le progrès social et le bonheur.

John Anthony Burgess est né le 15 février 1917 dans le Lancashire, d’une famille de musiciens : son père était pianiste, sa mère, morte alors qu’il avait un an, cantatrice d’opérette (il relate ces circonstances dans son autobiographie, Little Wilson and Big God , 1987). A 14 ans il décide de devenir écrivain.

A Manchester, John Burgess Wilson (son vrai nom), étudia la littérature et la philologie avant de devenir lui-même professeur à l'université de Birmingham. En 1950, chargé des affaires scolaires dans le cadre du service colonial, il partit pour Borneo en Malaisie occidentale (1954-1959). C'est pendant ce séjour qu'il commença à écrire ; il y produisit ses trois premiers romans, publiés ensemble sous le titre " la Trilogie malaise " en 1972.

C'est son roman " Orange mécanique " (1962) qui le fit connaître, et cette popularité devint un véritable culte en 1971, à la sortie du film réalisé par Stanley Kubrick. Le film était tellement saisissant dans sa représentation de la violence qu'il fut retiré de l'affiche en Grande-Bretagne, où il avait été accusé de provoquer de violents incidents.

L'abondante production littéraire de Burgess dans les années 1960 et 1970 se caractérise par une extraordinaire invention verbale, une virtuosité ludique et par une satire sociale acerbe, d'un humour grinçant. Ses romans les plus récents traitent de la condition humaine au sein de la société moderne et sont hantés par la question du mal et de la culpabilité : ces thèmes sont abordés par exemple dans " les Puissances des ténèbres " (1980), " Dernières Nouvelles du monde " (1982) ou encore " le Royaume des mécréants " (1985).

Burgess est également à l'origine d'une importante œuvre journalistique, ainsi que d'une œuvre critique qui comprend notamment des études consacrées à Joyce et des biographies de D.H. Lawrence et d'Hemingway. Il est aussi l'auteur d'ouvrages autobiographiques tels que Little Wilson and Big God ("le Petit Wilson et le grand Dieu").

1899

La naissance d’un grand musicien, le Français Georges Auric.

Il est né à Lodève, dans l'Hérault et reçut un enseignement musical au Conservatoire de Paris et à la Schola cantorum. Auric était le plus jeune du " Groupe des Six ", groupe formé en réaction contre la suprématie de compositeurs comme Claude Debussy et Vincent d'Indy. La musique d'Auric pour la comédie-ballet " les Fâcheux " de Molière, a été sa première œuvre saluée par la critique.

Il composa de la musique pour plusieurs films réalisés par le poète, peintre et metteur en scène Jean Cocteau, dont " le Sang d'un poète " (1930), " la Belle et la Bête " (1935) et " Orphée " (1949). Auric a également écrit des musiques pour des films américains, par exemple " Moulin-Rouge " (1953) et " Roman Holiday " (1953).

De 1962 à 1968, Auric fut administrateur général de la Réunion des théâtres lyriques nationaux.

Il est mort en 1983.

1966

La mort d’un prêtre révolutionnaire, Camillo Torres.

Né en 1929 à Bogotá, dans une famille de la grande bourgeoisie citadine, Camilo Torres- Restrepo fait des études de droit et collabore au journal La Razón .

Ordonné prêtre en 1952, il étudie la sociologie à Louvain (en réalité, Leuven en Belgique), où il est nommé vice-recteur pour l’Amérique latine.

À Paris, il travaille un temps avec l’abbé Pierre, puis obtient sa licence de sociologie en 1958. Aumônier des étudiants à son retour à Bogotá, il crée la faculté de sociologie et entreprend diverses études sur les problèmes sociaux en Colombie ; il lance alors un mouvement d’universitaires et de membres des professions libérales pour le développement communal, ce qui lui vaut de participer à l’élaboration d’un projet de loi relatif à l’action communale.

Exclu de l’université pour avoir défendu deux étudiants communistes, Torres devient vicaire à Veracruz et crée plusieurs coopératives dans un quartier ouvrier de Bogotá. Tissant des liens avec les représentants de différents courants politiques, tous acquis à des réformes, il est amené à s’opposer de plus en plus au gouvernement et à la hiérarchie catholique. Il décide alors de se lancer ouvertement dans l’action politique et cherche à constituer un front regroupant l’ensemble des forces progressistes.

Il crée un rassemblement du Front uni du peuple colombien que soutiennent tous les partis démocratiques. Ce rassemblement prône une ouverture commerciale avec tous les pays, l’établissement de nouvelles relations avec Cuba, le développement du mouvement coopératif, le rétablissement des libertés individuelles et publiques. Le "Frente unido" répond à l’attente des Colombiens qui attendaient un renouveau politique, mais se heurte à l’insuffisance de cadres politiques formés et à la répression gouvernementale ; des divergences se font jour au sein du Front.

L’appel de Camilo Torres, lors des élections de mars 1964, en faveur d’une "abstention active, belligérante et révolutionnaire", entraîne la défection du Parti social-démocrate chrétien et du Mouvement révolutionnaire libéral ; le parti de Rojas Pinilla et le Parti communiste prennent également leurs distances.

En difficulté avec la hiérarchie catholique, Torres demande, en juin 1964, sa réduction à l’état laïc. Mais jusqu’au bout il se considérera comme chrétien et comme prêtre. Il estime désormais nulles les chances de transformer la vie politique par la voie légale ; il prend contact avec les groupes armés formés par le P.C. ; mais ce dernier, pour lequel la guérilla n’est qu’un appui à l’action légale, ne tient guère à compter dans ses rangs une personnalité aussi prestigieuse.

Torres rejoint alors l’Armée de libération nationale, d’orientation castriste, en octobre 1965.

Dans sa dernière allocution, en janvier 1966, il déclare "la lutte armée, la seule voie qui reste encore libre... pas un pas en arrière ; pour la liberté ou la mort ;" Celle-ci le prend le 15 février, au cours d’un accrochage avec l’armée. Dès lors, son nom devient, en Amérique latine, un symbole pour les jeunes prêtres et chrétiens contestataires.

Cam.

Mois de Février / sommaire des chroniques / sommaire de Camilist


Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 05/03/99, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !