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Chroniques du 2 Mars.

Sommaire :

1476

La victoire des Suisses à Grandson affaiblit le Téméraire qui approche de sa fin.

La Suisse continue son expansion

Ce dernier succéda à son père comme duc de Bourgogne en 1467 et épousa en troisièmes noces Marguerite de York, formant une alliance avec le frère de cette dernière, le roi Edouard IV d'Angleterre. Plus riche et plus puissant que tous les autres princes, il entreprit la restauration du vieux royaume de Bourgogne et la création entre la France et l'Empire d'une nouvelle Lotharingie, qui regrouperait ses possessions de Flandre, de Bourgogne et de Franche-Comté aux dépens de ses voisins. Ce fut l'annexion de la Gueldre, et la tentative de la conquête de la Lorraine, en 1475.

Mais Charles le Téméraire se heurta aux armées de Louis XI et à celles de ses alliés contre l'expansion bourguignonne. Il subit de sévères défaites contre les Suisses à Grandson (2 mars) et à Morat (28 juin). Il refusa cependant les conditions de paix et entreprit, en octobre 1476, le siège de Nancy, devant lequel il mourut le 5 janvier 1477. La Bourgogne revint à la France, tandis que les possessions de Flandre revinrent aux Habsbourgs, après le mariage de son héritière, Marie, avec Maximilien Ier.

Au début du XV° siècle, la Suisse est en expansion continue. Les villes d’Allemagne du Sud, alliées des Suisses, sont battues par les princes d’Empire et leur ligue est dissoute, alors que les cantons maintiennent leur indépendance. Le destin de la Suisse commence à se séparer définitivement de celui de l’Empire. " La Suisse resta désormais le réduit du particularisme communal dans une Europe où, partout ailleurs, l’avenir appartenait à l’État territorial et unificateur " (H. Lüthy).

Les confédérés nouent des alliances de combourgeoisie avec leurs voisins : communautés comme Appenzell, les dizains du Valais, les trois ligues des Grisons ; seigneuries comme les évêchés de Genève, de Sion, l’abbaye de Saint-Gall, les comtés de Neuchâtel et de l’oggenbourg ; villes indépendantes comme Bâle, Soleure, Schaffhouse, Rottweil, Mulhouse. Mais l’expansion territoriale se fait également par des conquêtes. Entre 1403 et 1416, Uri, pour contrôler totalement le Gothard, occupe la Léventine (haute vallée du Tessin) et les vals Maggia et Verzasca. En 1415, les confédérés s’emparent de l’Argovie autrichienne et, en 1460, de la Thurgovie.

À côté des alliés, ces territoires forment une nouvelle catégorie : les pays sujets, ou bailliages, propriétés d’un seul canton ou communs à plusieurs. La Confédération est, désormais, une puissance militaire redoutable. Le service obligatoire peut mettre sur pied 100000 hommes aguerris, avec une infanterie armée de la hallebarde, sur l’ordre de la Diète fédérale. La surpopulation incite les cantons à signer avec l’étranger des accords qui stipulent l’envoi de mercenaires (80000 au total).

En 1436, Schwyz et Zurich entrent en conflit pour la possession du comté de Toggenbourg, clé des routes vers l’Autriche et les cols grisons. Zurich s’allie à l’Autriche, mais les sept cantons remportent la victoire de Saint-Jacques sur la Sihl (juillet 1443). L’empereur obtient l’aide de la France. Charles VII envoie le dauphin Louis avec 40000 mercenaires " armagnacs " qui tiennent les confédérés en échec, à Saint-Jacques sur la Birse (août 1444). Cependant la France signe la paix sans poursuivre son offensive et, au bout de dix ans de guerre civile, Zurich reprend sa place dans l’alliance.

La France de Louis XI est, tout comme les confédérés, inquiète des ambitions de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne. Le roi persuade les Suisses de signer la paix avec l’Autriche (1474) et d’attaquer le Téméraire, pour porter secours à leurs alliés de Bâle et de Mulhouse. Le conflit prend une dimension internationale avec la Suisse, la France, les villes d’Alsace d’une part, et avec la Bourgogne, la Savoie et le duc de Milan d’autre part.

En 1474, la haute Alsace est libérée, et, en 1475, les Bernois envahissent le pays de Vaud savoyard. Tandis que Louis XI et l’empereur signent une paix séparée, la Suisse, isolée, est attaquée par le Téméraire. Les confédérés sont vainqueurs à Grandson (2 mars 1476) et à Morat (28 juin 1476), remportant un immense butin et mettant fin au rêve d’hégémonie bourguignonne. Berne conservait, en possession directe ou en commun avec Fribourg, une série de terres vaudoises et les Valaisans gardaient le bas Valais, jusque-là savoyard.

Au lendemain des guerres de Bourgogne, la suprématie des Waldstätten semble mise en question par les grands cantons. En 1481, la Diète de Stans ne peut trouver un accord, mais, à l’ultime moment, la rupture est évitée par l’arbitrage de l’ermite Nicolas de Flue. Fribourg et Soleure entrent dans la Confédération.

1939

La mort d’un poète Franco-Lituanien (ou Biélorusse) des plus original, Oscar Vladislas Milosz

Le surgissement à notre époque de ce poète lituanien de langue française, qui fait songer à la fois à Nerval, à Verlaine et à Claudel, ressemble à celui d’une comète : venu d’ailleurs, vivant à l’écart du monde et des modes littéraires, on dirait un romantique égaré entre la fin du symbolisme et les débuts du surréalisme. Nourri de Dante, de Goethe, de Byron et de Poe, féru d’illuminisme, d’alchimie, de Kabbale, ses vrais héros sont Faust et Salomon ; cette constellation de noms suffit à le placer hors du temps, surtout hors de notre temps.

Mais sa démarche, dont l’unité réside dans le " pèlerinage aux sources ", lui permet d’être un contemporain de toutes les époques : il a cherché passionnément, à travers tous les livres des sages qui passent pour fous, à travers tous les mythes comme à travers tous les langages, le secret de la souffrance et de la noblesse de l’homme ; il a même rêvé d’être un nouvel Adam.

Oscar Vladislas de Lubicz-Milosz naquit à Czereïa, en Lituanie (aujourd'hui en Biélorussie) et grandit dans le château familial jusqu'en 1889. Il fut initié précocement au français par sa gouvernante, et garda toute sa vie cette double appartenance à la Lituanie, que les bouleversements de l'Histoire rendirent de plus en plus inaccessible, et à la France (il adopta la nationalité française en 1931).

Cette éternelle mélancolie de l'exilé nostalgique lui inspira d'abord des poèmes décadentistes (" Poème des décadences ", 1899 ; " les Sept Solitudes ", 1906), puis " l'Amoureuse Initiation " (1910), roman historique situé dans la Venise du XVIIIe siècle, où il fait un bilan amer de ses déceptions. Ses premières pièces (" Miguel Mañara ", 1912 ; " Méphiboseth ", 1913 ; " Saül de Tarse ", 1914, publié en 1971) annoncent le tour mystique, voire occultiste, que va prendre son œuvre à partir de la nuit du 14 décembre 1914, où il connaît une illumination dont il essaiera de rendre compte dans " l'Épître à Storge " (1917).

Il se consacra dès lors à des recherches ésotériques, aidé en cela par ses vastes connaissances des langues et par son appartenance à plusieurs cultures. On retrouve la trace de ses préoccupations métaphysiques dans le lyrisme de ses recueils poétiques " Nihumim " (1915), " Adramandoni " (1918) et la " Confession de Lemuel " (1922), mais elles font surtout l'objet d'essais et de traités, plus poétiques que scientifiques, où se manifestent parfois de remarquables intuitions : " les Arcanes " (1927), " l'Apocalypse de saint Jean déchiffrée " (1933), " la Clef de l'Apocalypse " (1938).

1956

Le sultan Alaouite Mohammed arrache l’Indépendance du Maroc et devient Mohammed V.

Troisième fils du sultan Moulay Youssef, de la dynastie alaouite, Mohammed fut imposé par la France, qui croyait pouvoir l'influencer à sa guise, mais il se révéla être une forte personnalité qui se manifesta à partir de la Seconde Guerre mondiale. Ainsi, pour bien montrer son indépendance vis-à-vis du résident français, il refusa d'appliquer aux juifs du Maroc les décrets antisémites du gouvernement de Vichy.

Fort des promesses américaines concernant le droit du Maroc à l'autodétermination, il appuya le débarquement allié en Afrique du Nord (1942). En 1945, il prit parti pour le mouvement nationaliste d'Allal el-Fassi et, en 1947, manifesta son attachement à la cause nationaliste arabe. Mécontents, les colons et la métropole tentèrent de jouer la carte des Berbères. Ils déposèrent le sultan, qui fut envoyé en exil à Madagascar. En 1953, ils mirent à sa place le Glaoui, pacha de Marrakech qui avait pourtant été un fidèle partisan de l’Axe durant la 2° guerre.

Dans les villes, les populations se soulevèrent et la situation devint incontrôlable, forçant la France à rappeler le sultan et à s'engager sur l'accession du Maroc à l'indépendance (La Celle-Saint-Cloud, 1955), qui devint effective le 2 Mars 1956. L'année suivante, il prit le titre de Mohammed V.

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 05/03/99, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !