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Chroniques du 6 Mars.

Sommaire :

1520

Le départ du premier tour du monde, Magellan appareille en Espagne.

Navigateur portugais, né en 1480 dans la province de Trás-os-Montes, d’une famille de petite noblesse, Fernao de Magalhaes (Magellan) prit du service très tôt en Afrique, puis en Asie (1509). Comme la cour des Bragance (Portugal) lui reprochait certaines malversations, c’est à celle d’Espagne qu’il proposa en 1516 son projet d’atteindre les "îles aux épices", et notamment les Moluques, par la route de l’ouest.

Celle-ci avait l’avantage d’éviter les mers réservées aux Portugais par le traité de Tordesillas. Avec l’appui de la Casa de contratación et celui de l’évêque de Burgos, il put armer cinq navires qui appareillèrent de Sanlúcar de Barrameda le 6 mars 1520. Après une escale à la Terre de Feu et le difficile passage du détroit qui devait porter son nom, Magellan atteignit les îles Mariannes (Guam), puis l’archipel des Philippines (Cebú).

C’est là que, le 21 avril 1521, il tomba dans un obscur guet-apens sur la plage de l’île de Mactan et fut massacré. L’expédition, désorganisée et ayant subi de nombreuses pertes, parvint néanmoins aux Moluques le 8 novembre, puis dut fuir devant les réactions hostiles des Portugais.

Un seul navire, la Victoria , commandé par Elcano, un des lieutenants de Magellan put rejoindre l’Espagne le 6 septembre 1522, avec seulement dix-huit hommes à bord. Toutefois, ce premier périple qui apportait la preuve pratique de la sphéricité de la Terre eut un retentissement considérable, en partie grâce à Antonio Pigafetta, l’historiographe de l’expédition. Bien au-delà des considérations mercantiles qui en furent l’origine, la gloire de Magellan devait très vite devenir universelle.

1869

Le célèbre tableau de Mendeleïev est présenté à l’Académie des Sciences en Russie.

Vers le milieu du XIXe siècle, la chimie est à la fois en pleine évolution et en plein chaos. Une soixantaine d’éléments chimiques (corps indécomposables par les moyens connus) ont été découverts et isolés ; des liens semblent exister entre les propriétés physiques ou chimiques de certains d’entre eux, et plusieurs savants sentent, plus ou moins confusément, la nécessité d’une classification, premier pas vers l’élaboration d’une théorie regroupant sous une seule idée maîtresse la diversité observée.

Cette classification, un chimiste russe de trente-cinq ans, Mendeleïev, la réalise en 1869, suivant un critère très simple : l’ordre croissant des poids atomiques. Mais cette apparente simplicité dissimule en réalité bien des difficultés, et Mendeleïev n’a pu les éviter que grâce à sa profonde connaissance de la physique et de la chimie du moment, jointe à une ardente conviction en la signification physique naturelle de sa classification. C’est ainsi que, ayant mis en évidence la répétition régulière des propriétés des éléments classés de cette façon, il n’hésite pas, au nom de cette " périodicité ", à rectifier la masse atomique de certains d’entre eux pour qu’ils retrouvent leur place " naturelle " et à laisser des places vides pour quelques éléments non encore connus. Les découvertes ultérieures lui donneront raison sur tous les points, et le tableau de Mendeleïev deviendra l’outil indispensable du chimiste.

1870

La naissance à Vienne d’un Strauss qui deviendra célèbre, mais pas dans cette dynastie musicale.

Ce compositeur d’opérettes et chef d’orchestre autrichien a souvent été apparenté, à tort, à l’auteur du " Beau Danube bleu ". Pour mieux se différencier, il a lui-même modifié l’orthographe de son nom, qui, à l’origine, comportait deux " s  ".

Né à Vienne le 6 mars 1870, dans une famille de banquiers, il fait des études privées avec les plus grands musiciens. Il commence une carrière de chef d’orchestre qui le mène dans divers opéras allemands et autrichiens. En 1901, il est engagé comme pianiste et compositeur dans un cabaret artistique berlinois, l’Überbrettl.

Après un premier opéra créé à Berlin en 1894, " Die Waise von Cordova " , il fait représenter à Vienne plusieurs opérettes qui trahissent l’influence d’Offenbach, notamment " Die lustigen Nibelungen " , une parodie de la tétralogie wagnérienne (1904). Il obtient son premier succès durable en 1907 avec " Ein Waltzertraum "  (" Rêve de valse "), qui se situe davantage dans la lignée de Johann Strauss et de Franz Lehár. " Der tapfere Soldat "  (1908), d’après Le Héros et le Soldat  de George Bernard Shaw, fait une brillante carrière dans les pays anglo-saxons sous le titre " The Chocolate Soldier "  (New York, 1909). En 1920, il donne à Berlin " Der letzte Walzer "  (" La Dernière Valse "). A Vienne depuis 1927, il fait créer " Drei Waltzer "  (" Trois Valses "), compilation d’œuvres de Johann Strauss père et fils à laquelle il a ajouté un troisième acte de sa composition et qui triomphe aux Bouffes-Parisiens, à Paris, à partir de 1937, avec Yvonne Printemps dans le rôle principal.

Chassé par l’Anschluss, il quitte Vienne pour Paris en 1938, où il acquiert la nationalité française un an plus tard. En 1940, il émigre aux États-Unis et partage sa vie entre New York et les studios de Hollywood, avec lesquels il collaborait déjà depuis 1932 ; sa meilleure contribution au septième art reste la partition qu’il a écrite pour le film de Max Ophuls, " La Ronde "  (1950), avec la fameuse " Ronde de l’amour ".

De retour en Europe en 1948, il compose l’opérette Die Musik kommt , qui reprend plusieurs chansons écrites à l’époque de l’Überbrettl (Zurich, 1948), et qui est révisée sous le titre " Ihr erster Waltzer "  (Munich, 1952).

Il se fixe à Bad Ischl, où il meurt le 11 janvier 1954.

1891

Au Théâtre des Variétés, à Paris, la première d’une attraction sensationnelle dans " Paris, port de mer " !

Pour illustrer l’attrait de Paris en tant que Mecque du sport hippique, les réalisateurs avaient organisé une véritable course sur scène.12 chevaux concourraient sur un " tuf " particulier puisqu’il s’agissaient de tapis roulants. Le décor se déplaçait pour compléter l’illusion. La course dura 3 minutes et les chevaux parcoururent ainsi 1600 m.

Notez qu’à cette époque, Paris avait été doté de " trottoirs " roulants mécaniques.

1899

La naissance d’un médicament incomparable et banal, l’acide acétylsalicylique : l’aspirine.

De formule brute C9H8O4, l’aspirine (ou acide acétylsalicylique) a juste 100 ans et le brevet a été déposé le 6 Mars 1899 par Dreser à Munich. Mais c’est le chimiste allemand Felix Hoffmann qui a synthétisé en 1893 le dérivé acétylé de l’acide salicylique pour répondre aux demandes pressantes de son père qui prenait de l’acide salicylique pour soigner ses " rhumatismes ".

Autrefois, l’aspirine provenait de l’écorce de saule. Elle était déjà utilisée par les Grecs et les Amérindiens. Aujourd’hui, on l’obtient par synthèse, ainsi que des substances qui lui sont apparentées et qu’on appelle salicylés. Le terme aspirine, en France, est un nom scientifique synonyme d’acide acétylsalicylique, produit vendu sous différents noms commerciaux déposés, mais " aspirine " est resté un nom déposé dans certains pays.

Depuis, de nombreux autres procédés de préparation ont vu le jour et ce produit est devenu le médicament le plus utilisé. Une première méthode de synthèse consiste à faire agir de l’anhydride acétique (270 g) sur de l’acide salicylique (250 g), puis à pratiquer une distillation sous vide. Une autre méthode utilise l’action du chlorure d’acétyle sur de l’acide salicylique, en milieu pyridinique et à chaud, suivie d’un brusque refroidissement sur de la glace pilée. Quelle que soit la méthode employée, l’aspirine se présente sous la forme de petites aiguilles incolores, inodores, fondant vers 135 0C ; peu soluble dans l’eau (1 partie pour 300 parties d’eau), elle est très soluble dans l’alcool et l’éther.

Son usage thérapeutique est bien connu : c’est un antirhumatismal (fort utile dans le traitement des arthroses), un analgésique (il atténue la sensation de douleur) et un antithermique ou antipyrétique (il calme la fièvre), d’où son intensive utilisation dans les états fébriles (grippe) ou les syndromes névralgiques. En association avec certains barbituriques (nembutal), l’aspirine traite le surmenage et l’insomnie.

L’aspirine n’est plus le médicament de premier choix pour faire baisser la fièvre et soulager la douleur, elle a, en effet, été détrônée par le paracétamol, aux effets indésirables moins marqués. Ces deux substances font partie des analgésiques périphériques, suffisants pour l’usage courant mais nettement moins efficaces que les analgésiques centraux comme la codéine.

Parmi les effets indésirables possibles, il y a un risque de saignements de l’estomac et de l’intestin qui peuvent, à la longue, causer une anémie par carence en fer ; un ulcère gastrique peut aussi survenir en cas d’usage prolongé ou à doses trop fortes. La probabilité de ces complications peut être réduite par une présentation pharmaceutique particulière qui ne libère l’aspirine qu’après son arrivée dans l’intestin. Dans certains pays (surtout les États-Unis), on n’administre pas d’aspirine aux enfants souffrant d’une infection virale (essentiellement la varicelle et la grippe), ou même on l’évite systématiquement chez l’enfant, car elle augmente le risque d’apparition du syndrome de Reye. Cette maladie, rare mais grave, atteint le cerveau (encéphalopathie) et le foie. En France, où le syndrome de Reye est exceptionnel, la règle est moins stricte, sauf dans le cas de la varicelle.

On suppose que le mode d’action (incomplètement expliqué) de l’aspirine passe par les prostaglandines, impliquées dans les phénomènes d’inflammation et de fièvre.

L’étude des effets antiagrégants plaquettaires (empêchant les plaquettes sanguines de s’agglutiner) permet de prescrire l’aspirine pour prévenir l’infarctus du myocarde et l’accident vasculaire cérébral, mais uniquement à faibles doses et chez certains individus. En revanche, l’aspirine n’a pas les propriétés suffisantes pour que l’on puisse étendre ses indications à celles d’une autre catégorie de médicaments, les anticoagulants (que l’on emploie, par exemple, comme traitement curatif d’une thrombose, une fois qu’elle est apparue).

Enfin, l’aspirine a un pouvoir anti-inflammatoire, mais seulement à fortes doses (qui augmentent sa toxicité). Selon des études menées au début des années 1990, l’aspirine pourrait favoriser la croissance au cours de la vie intra-utérine, réduire le risque de cancer du rectum et du côlon, diminuer le risque de cécité lié au diabète, ralentir l’apparition de la cataracte et retarder les manifestations du vieillissement cutané. Cependant, il n’y a, pour l’instant, aucune conséquence pratique, ces résultats et leur intérêt réel restant à confirmer. L’aspirine est formellement contre-indiquée au cours de la grossesse, du fait de l’importante toxicité qu’elle présente pour le fœtus.

1946

Un traité entre la France et l’Indochine, inspiré par le Maréchal Leclerc reconnaît le Vietnam comme état.

Philippe de Hautecloque, dit Leclerc, a été élevé à la dignité de maréchal à titre posthume en 1952, 5 ans après sa mort accidentelle. Né en 1902, ancien élève de Saint-Cyr et de Saumur, Philippe de Hauteclocque est reçu premier à l’École de guerre. Lieutenant de cavalerie au Maroc avant 1940, il a déjà fait preuve des qualités qui en feront un des meilleurs chefs militaires de la Seconde Guerre mondiale : entraîneur d’hommes, capable d’imagination et de décision dans la conception et l’exécution de manœuvres inattendues et audacieuses. Durant la campagne de France, capitaine d’état-major de la 4e division, il est fait prisonnier deux fois et, bien que blessé, parvient à échapper aux Allemands.

Ayant rejoint le général de Gaulle à Londres, parmi les premiers, il accomplit une série d’actions importantes au bénéfice de la France libre à laquelle, en août 1940, il rallie le Cameroun puis le Tchad, d’où il va capturer, avec une poignée d’hommes, Koufra et les postes italiens du Fezzan, après une marche de 1600 kms dans le désert (mars 1941).

Le général Leclerc prononça, dans l’oasis reconquise, le serment dit de Koufra et devenu célèbre " de ne déposer les armes qu’après avoir fait flotter le drapeau français sur Metz et sur Strasbourg ".

En janvier 1943, il fait sa jonction avec le général anglais Montgomery à Tripoli et participe à la campagne de Tunisie. C’est alors que, à la suite de l’accord intervenu entre Eisenhower et de Gaulle pour qu’une unité française assure la libération de la capitale, Leclerc est chargé de former au Maroc la 2e division blindée, avant de rejoindre l’Angleterre ; son noyau est composé du régiment des tirailleurs sénégalais du Tchad, du 2e chasseur d’Afrique de Dakar et des compagnons d’armes de Tripolitaine et de Tunisie. Certains éléments, récemment ralliés, appartiennent également à cette renaissance des armes françaises.

La 2e D.B. débarque, le 1er août 1944, en Normandie sur la plage d’Utah. Le 7 août, la division, rattachée au 20e corps de la XXXe armée américaine, se bat devant Avranches, le 12 août devant Alençon et le 22 août Leclerc reçoit l’ordre de marcher sur Paris. Il y entre le 24 août et reçoit la capitulation du général von Choltitz. Il participe ensuite aux batailles des Vosges et de l’Alsace, s’empare de Strasbourg le 25 novembre 1944 et atteint Berchtesgaden en Bavière. Il représente la France lors de la capitulation du Japon.

Dès août 1945, Leclerc est envoyé en Indochine comme commandant des forces terrestres ; il dégage la Cochinchine, puis occupe Hanoi, le 18 mars 1946. Témoignant de qualités politiques, Leclerc se rend compte de la volonté d’indépendance des peuples du Vietnam. Il conseille de rechercher l’entente avec le gouvernement formé à Hanoi par Hô Chi Minh avant le retour des Français, sans craindre même d’offrir l’indépendance. Il est l’inspirateur de l’accord du 6 mars 1946, signé par Hô Chi Minh et Sainteny (gouverneur français en Indochine), qui "reconnaît la République du Vietnam comme un État libre [...] faisant partie de la Fédération indochinoise et de l’Union française".

Pendant son court séjour à la tête du gouvernement, Léon Blum aurait voulu faire de lui le haut commissaire, à la place de l’amiral Thierry d’Argenlieu. Après consultation du général de Gaulle, Leclerc refuse. En juillet 1946, il est nommé inspecteur des forces d’Afrique du Nord.

Des hommes aussi différents que de Gaulle ou Léon Blum ont loué sa loyauté, la clarté de son jugement et son esprit de décision. Sa carrière glorieuse ne lui avait pas ôté sa simplicité. Pierre Olivier Lapie, qui relate son action en Indochine, dit : "Il avait compris non seulement que la force militaire, employée ou non, est un instrument de la diplomatie, et de la politique des nations, mais encore l’importance du fait politique et de son analyse dans la conduite des affaires ".

La mort de Leclerc – dans un accident d’avion en 1947, près de Colomb-Béchar en Algérie, lors d’une tournée d’inspection dans le désert – fut une grande perte pour la France."

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 05/04/99, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !