Mois de Mars / sommaire des chroniques / sommaire de Camilist

Chroniques du 13 Mars.

Sommaire :

1284

La mort d’un illustre sculpteur Italie, Nicola Pisano.

On connaît la date de sa mort, p.c.q. il est célèbre, mais on n’a jamais su déterminer celle de sa naissance. On la place aux environs de 1210. Dans un document siennois de 1266, il est nommé "Nicolaus Pietri de Apulia", sans que l’on puisse savoir si ce nom de lieu désigne un lieu-dit des faubourgs de Lucques (où la présence de Nicola est attestée dès 1258) ou le duché de Pouilles en Italie méridionale. Il semble en tout cas que dès 1250 le sculpteur était établi à Pise où il exerça la charge de maître d’œuvre de la cathédrale. Encore mentionné en 1278, il est indiqué comme décédé dans un acte relatif à son fils le 13 mars 1284.

Sa plus ancienne œuvre certaine connue est la chaire du baptistère de Pise (1260) ; viennent ensuite la chaire de la cathédrale de Sienne (contrat du 29 septembre 1265), l’Arca  de saint Dominique à Bologne (commandée en 1264 et exécutée par ses élèves) et la " Fontana maggiore "  de Pérouse, commencée en collaboration avec son fils Giovanni en 1277-1278. Le rôle de Nicola Pisano a été déterminant dans l’évolution ultérieure de la sculpture italienne : rompant avec l’héritage de Benedetto Antelami et des sculpteurs de l’Italie du Nord, il se tourne plus nettement vers les modèles antiques sans négliger toutefois les créations des sculpteurs contemporains de l’Europe du Nord ; ses liens directs avec les ateliers "frédériciens" d’Italie du Sud, où, dans un contexte limité (Foggia, Castel del Monte, Capoue), s’opérait une exceptionnelle synthèse entre l’Antiquité et les nouveautés gothiques, restent problématiques.

Le caractère durable de l’action de Nicola s’explique en partie par la qualité de ses disciples : son propre fils Giovanni Pisano, Arnolfo di Cambio, mais aussi Fra Guglielmo.

1711

La mort d’un écrivain inclassable, ni critique, ni romancier, ni poète : Nicolas Boileau.

Il ne fut pas plus un grand critique qu’un grand poète. Ni sur Corneille, dont il condamne sommairement les dernières œuvres, ni sur La Fontaine, ni sur Racine dont le vrai génie lui échappe, il n’a jamais formulé un jugement personnel et pénétrant ; mais il a parmi ses contemporains une figure bien à part. Il déteste l’artifice, la fadeur, l’emphase, toutes ces dorures dont on s’émerveille autour de lui. Les modes du jour ne lui en imposent pas. Il a au moins l’intuition d’un sublime à la fois hardi et simple. Il aime le mot juste, fût-il peu académique, le détail pris sur le vif, la vérité telle qu’elle est. Hugo, Flaubert, Claudel prenaient à lire ses vers un plaisir de connaisseurs. Enfin, en un siècle courtisan, ce prétendu " flatteur de Louis " a montré, tout au long de sa vie et de son œuvre, une rare indépendance.

Si on le connaît par ses " Satires ", il a aussi écrit un " Art poétique " qui ne laisse pas d’amuser ses contemporains. L'Art poétique ne fut pas, pour les contemporains, un ouvrage normatif, puisqu'il n'a pu influencer que la création des auteurs du XVIIIe siècle. Cet ouvrage, le plus célèbre de Boileau, est en revanche une excellente description des principes mis en pratique par les écrivains classiques. Le génie de Boileau réside en effet dans son œuvre de théoricien. Imitation de la nature humaine, l'art tend, selon la doctrine classique, à réaliser un idéal de vérité, qu'il ne peut atteindre que par la voie de la raison et par l'imitation des Anciens. Justesse, clarté et naturel de l'expression, pureté de la langue, économie des moyens sont les principales valeurs esthétiques du classicisme, qui accorde par ailleurs une part importante au travail dans la création littéraire (" Vingt fois sur le métier, remettez votre ouvrage ", Art Poétique, chant I), même si Boileau ne nie pas tout ce que la réussite littéraire doit à l'inspiration.

1954

L’attaque de Dien-Bien-Phû débute au Viet-Nam. Le Vietminh achève la reconquête.

En 1947, après le rejet par Hô des propositions françaises d’armistice (1er mai), la France s’acharna à la recherche d’un " interlocuteur valable ". C’est ainsi qu’à la fin d’août, elle choisit de négocier avec l’ancien empereur Bao-Daï. Les entretiens Bollaert-Bao-Daï de décembre aboutirent aux accords de la baie d’Along (5 juin 1948), aux termes desquels la France admettait l’indépendance d’un Vietnam réunissant les Trois Ky au sein de l’Union française.

La conférence de Pau (sept. 1949) fixant les modalités du transfert de pouvoir et les accords de Saigon du 30 décembre, reconnaissant l’autonomie interne au Vietnam associé, furent ratifiés par l’Assemblée nationale le 29 janvier 1950.

Mais la situation internationale et l’intensification de la guerre froide ôtèrent à la question du Vietnam son caractère purement colonial. Successivement, les 14 et 31 janvier 1950, la République populaire de Chine, née le 21 septembre précédent, et l’U.R.S.S. reconnaissaient la R.D.V.N., à quoi les États-Unis et la Grande-Bretagne répliquaient, le 7 février, par la reconnaissance des États associés d’Indochine.

Le 25 juin 1950 commençait la guerre de Corée. Cinq jours plus tard, les États-Unis livraient pour la première fois du matériel de guerre à l’armée française d’Indochine, tandis que l’aide chinoise permettait au Vietminh de passer à la guerre ouverte et de rejeter les Français au sud du Sông Koi.

La nomination du général de Lattre de Tassigny au poste de haut-commissaire et au commandement supérieur des troupes, sa tentative pour créer une armée " nationale " et l’intensification de l’aide américaine à la suite de son voyage aux États-Unis (sept. 1951) eurent des résultats éphémères. Hoa Binh, prise par les troupes franco-vietnamiennes en novembre, était évacuée le 24 février 1952, six semaines après la mort du maréchal de Lattre que remplaçait le général Salan le 12 avril.

À partir d’octobre, Giap passait à l’offensive, au Tonkin d’abord, puis en Annam et au Laos où il pénétrait en avril 1953. Le delta tonkinois était encerclé. Le 8 mai 1953, Navarre succédait à Salan. Après l’abandon du camp retranché de Na San en pays thaï (août) et l’adoption par un Congrès national vietnamien, sur la proposition de Bao-Daï, protégé de la France, d’une motion exigeant l’indépendance totale (oct.), le malaise grandit en France, comme le reflète le débat d’octobre sur l’Indochine à l’Assemblée nationale.

On parla de " négociation honorable " et on mit ses espoirs dans le plan Navarre qui prévoyait de concentrer des forces françaises dans la cuvette de Diên Biên Phu (20 nov.). Pendant ce temps, les troupes Viêtminh enlevaient Lai Châu et atteignaient le Mékong au Laos (déc. 1953). L’attaque sur Diên Biên Phu commença le 13 mars 1954. Le 7 mai, les 15 000 Français capitulaient ; ils avaient tenu plus de cinq mois.  

Cam.

Mois de Mars / sommaire des chroniques / sommaire de Camilist


Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 05/04/99, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !