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Chroniques du 16 avril

1930.

PARIS-SOIR . Fondé en 1923 comme feuille du soir à tendance de gauche par Eugène Merle, Paris-Soir connut d'abord une vie difficile : ses tirages ne dépassaient qu'occasionnellement les 100 000 exemplaires ; en sept ans, il changea cinq fois de commanditaires et de ligne politique.

Jean Prouvost (né en 1885), industriel du textile du Nord intéressé par la presse, avait appris à "faire un journal" avec Paris-Midi qu' il avait acheté en 1924 et dont il avait porté le tirage de 4 000 à 80 000 exemplaires. Le 16 avril 1930, il racheta Paris-Soir qui tirait alors à quelque 60.000 exemplaires : il en fit, en dix ans, le plus grand journal français, dépassant largement Le Petit Parisien . Dès la fin de 1932, Paris-Soir tirait à 500 000 exemplaires, à 1 million en 1934, à 1,7 million en 1939, à 2 millions en 1940.
À la veille de la guerre, Jean Prouvost possédait aussi un magazine féminin, Marie-Claire , fondé en 1937, et un hebdomadaire illustré, Match , relancé en 1938. Ces deux publications tiraient chacune à plus de 1 million d'exemplaires et avaient réalisé, dans le monde des périodiques, une révolution comparable à celle de Paris-Soir dans le monde des quotidiens.

Ces succès tenaient à de multiples raisons. D'abord aux qualités d' administrateur et de gestionnaire de Jean Prouvost qui lui-même sut s' entourer de collaborateurs de talent, tels les journalistes Gabriel Perreux, Raymond Manevy, Pierre Lazareff, le photographe Paul Renaudon, ou l'administrateur Paul Gemon. Ensuite aux moyens financiers dont disposait le groupe, grâce aux capitaux familiaux et à ceux des papeteries et sucreries Beghin, à des méthodes de gestion et de promotion modernes en partie inspirées de celles des grandes entreprises de presse anglo-saxonnes, mais aussi à une appréciation exacte des goûts et des besoins de la clientèle.
Paris-Soir , fort de son indépendance économique et politique, pratiqua un journalisme nouveau : l'illustration prit une place essentielle dans ce "quotidien d'informations illustrées" dont la mise en pages aérée, aux grands titres, bouleversa les habitudes françaises ; la petite actualité des sports et des faits divers, les chroniques distractives, les pages magazines spécialisées, l'horoscope furent traités avec de nombreux moyens et un certain souci de qualité. La grande actualité fut largement développée par le reportage, dans un style direct qui dramatisait volontiers, mais avec le souci d'éviter les prises de position partisanes susceptibles de déplaire à une partie des lecteurs. Devant les grands problèmes de politique nationale ou internationale, Paris-Soir équilibrait ses reportages et ses commentaires de manière à donner une importance égale aux nouvelles et aux arguments de tous les camps en présence, ce qui était, en France, une nouveauté.

1948.

O.E.C.E. (Organisation européenne de coopération économique) Le 16 avril 1948, quinze États de l'Europe de l'ouest (dont la Suède, ce qui est assez exceptionnel, et auxquels se joindront ultérieurement la république fédérale d'Allemagne et l'Espagne), la Turquie, le Canada et les États-Unis signèrent une convention instituant l' Organisation européenne de coopération économique (O.E.C.E.), l'une de ses tâches immédiates étant de participer à la distribution de l'aide Marshall (que les États-Unis avaient décidé d'accorder à un certain nombre de nations). À plus long terme l'O.E.C.E. devait, dans l'esprit de ses fondateurs, contribuer à développer un régime multilatéral d' échanges viables et équilibrés.

1946.

Mise en place des représentations des travailleurs. Cela n'a l'air de rien, mais c'est quand même une petite révolution que cette accession à la représentation ouvrière dans l'organisation sociale des entreprises. Les délégués du personnel, représentants élus des salariés dans l'entreprise, sont essentiellement chargés d' assister ces derniers dans les différends qui les opposent à l' employeur et de veiller à l'application de la réglementation du travail.
Davantage orientée vers les problèmes individuels que vers la marche générale de l'entreprise, la mission des délégués du personnel est donc différente de celle du comité d'entreprise. Elle se distingue aussi de l'action plus revendicative des délégués syndicaux. Sur le plan des structures, la délégation du personnel se sépare encore du comité d'entreprise en ce qu'elle ne constitue pas, comme lui, une entité collective, mais mène une action plus individualisée. L'institution, née spontanément, s'est organisée dans un cadre conventionnel avant de recevoir un statut légal avec la loi du 16 avril 1946, retouchée par la suite, et sensiblement modifiée et complétée par la loi du 28 octobre 1982.
La délégation du personnel est celle des institutions représentatives qui connaît le champ d'application le plus vaste. Non seulement, en effet, elle concerne toutes les entreprises du secteur privé et certains établissements publics, mais le seuil de mise en place obligatoire est fixé à onze salariés.

1783. C'est un Saint " relativement peu ordinaire " qui meurt ce jour.

BENOÎT-JOSEPH LABRE saint (1748-1783). Aîné de quinze enfants, Benoît-Joseph Labre naquit à Amettes (Pas-de-Calais) dans une famille modeste. Aimant la prière et la solitude, à seize ans, il manifesta le désir d'être trappiste. Ses parents s'y opposèrent. À dix-huit ans, il entra à la chartreuse du Val-Sainte-Aldegonde : on ne voulut pas le garder. Il se rendit à pied à la Grande Trappe : on ne le reçut pas. Un essai de six semaines à la chartreuse de Neuville fut un échec. Admis à commencer son noviciat à l'abbaye cistercienne de Sept-Fons, il fut renvoyé comme inquiet, peu équilibré et de mauvaise santé. En 1770, il partit pour Rome avec l'espoir d'y trouver un monastère qui le recevrait.
En route, il comprit que sa vocation n'était pas de vivre dans un monastère et il devint "le vagabond de Dieu". Incroyablement pouilleux, il portait une besace qui contenait l'Imitation , le Nouveau Testament et un bréviaire qu'il récitait chaque jour. Ne demandant rien, il acceptait un peu de nourriture, distribuant ce qu' il recevait en trop, et dormant où il pouvait. On signala son passage à Assise, à Naples, à Bari, à Einsiedeln, à Compostelle, à Paray-le-Monial. Il passa les dernières années de sa vie à Rome, dormant dans les ruines du Colisée et ne quittant la ville que pour un pèlerinage annuel à Lorette. Pris d'un grave malaise sur les marches de l'église Sainte-Marie-aux-Monts, il fut recueilli par un boucher chez lequel il mourut le 16 avril 1783. Ses obsèques furent triomphales. Il fut canonisé en 1881.

1896.

Naissance de Tristan TZARA. Ce nom ne dira probablement pas grand chose à la majorité. On peut d'ailleurs très bien vivre " sans " ! Mais c'est par un intérêt mêlé de beaucoup de curiosité que je l'ai affiché dans notre chronique. D'autant plus que c'est l'année Magritte en Belgique. D'ailleurs si vous voulez voir l'exposition, il faut réserver à l' avance. On joue en effet à bureaux fermés. Succès de foule immense. Et de tous les pays du monde. Certaines compagnies aériennes en font une promotion prioritaire.

Mais revenons en à Tzara. Quel rapport avec l'expo Magritte ? P.c.q. Tzara est le fondateur du Dadaïsme. Il restera pour tous l' inventeur de Dada, entreprise de démolition des arts, de la poésie et de la culture établie, unique aussi loin qu'on remonte la marche des idées, audacieuse tentative d'instauration d'une révolution permanente de l'esprit. Le Surréalisme !

Élève de philosophie et de mathématiques à Bucarest (il est né à Moines-ti, en Roumanie, le 16 avril 1896), il quitte son pays en 1915. A Zurich en février 1916, avec quelques amis " réformateurs du monde ", il proclame : " Je ne veux même pas savoir qu'il y a eu des hommes avant moi " ! Il vitriole toutes les valeurs et lance l'appel à la subversion totale, soutient la prééminence de la vie et de l'acte sur les arts et les idées, invite à jeter bas les idoles et tend sur l 'Europe revenue à la paix, une paix baignée de sang et de boue, le cordon Bickford de Dada : " ... Dada ne signifie rien . Je suis contre les systèmes, le plus acceptable des systèmes est celui de n'en avoir aucun ! Que chaque homme crie : il y a un grand travail destructif, négatif, à accomplir. Balayer, nettoyer , Abolition de la mémoire : DADA ; abolition de l'archéologie : DADA ; abolition des prophètes : DADA ; abolition du futur : Liberté : DADA, DADA, DADA, hurlement des douleurs crispées, entrelacement des contraires et de toutes les contradictions, des grotesques, des inconséquences : LA VIE. Surréaliste comme la vie elle-même !

Camille LECLERCQ

 

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 23/05/99, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !