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Chroniques du 21 avril

1521.

Mort obscure du plus grand des découvreurs de la Renaissance. MAGELLAN (1480-1521), navigateur portugais, né dans en Espagne, de petite noblesse, Fern÷ao de Magalh÷aes (Magellan) prend du service très tôt en Afrique, puis en Asie (1509). Comme la royauté Portugaise lui reprochait (à tort semble-t-il) certaines malversations, c'est à celle d'Espagne qu'il propose en 1516 son projet d'atteindre les "îles aux épices", et notamment les Moluques, par la route de l'ouest. Cet itinéraire avait l'avantage d'éviter les mers réservées aux Portugais par le traité de Tordesillas. Avec l'appui de la Casa de contratación (Grande Cie privée financière d'Import &endash; Export) et celui de l'évêque de Burgos, il peut armer cinq navires. Départ le 6 mars 1520. Escale à la Terre de Feu et puis le difficile passage du détroit qui devait porter son nom, Magellan atteint les îles Mariannes (Guam), puis l'archipel des Philippines (Cebú). C'est là que, le 21 avril 1521, il tombe dans un obscur guet-apens sur la plage de l'île de Mactan où il est massacré. L' expédition, désorganisée, put rejoindre l'Espagne le 6 septembre 1522, avec seulement dix-huit hommes à bord. Toutefois, ce premier périple apportait la preuve pratique de la sphéricité de la Terre. Elle eut un retentissement considérable grâce à Antonio Pigafetta, l'historiographe de l'expédition. Bien au-delà des considérations mercantiles qui en furent l'origine, la gloire de Magellan devait très vite devenir universelle.

1800.

Rentrée à Paris du jeune écrivain, mais déjà célèbre en France, François-René de Châteaubriand. Né à St-Malo, en 1768, d'une ancienne famille noble et Royaliste de la Bretagne profonde, il a dû, en 1792, suite à la Terreur (Révolution Française) s'exiler à Londres. Il y connut naturellement les lettres anglaises et le poète Byron (dont on parlait le 10) qu'il ne portait pas dans son cÏur. Dandy élégant, poète romantique, il souffrait de la gloire du poète Anglais. Il publie à Londres un " Essai sur les Révolutions ". Radié des listes de " proscription ", il est libre de rentrer à Paris. Il publiera bientôt " Atala " où se développe, comme chez Jean-Jacques Rousseau, le mythe naïf du " bon sauvage ", espèce de paternalisme propre aux Romantiques. Nous avons déjà parlé du " Génie du Christianisme " publié le 14 Avril 1802. Il y développe le thème du " vague des passions " qui engendrera le " Spleen " et ensuite le " Mal de vivre " plus moderne. Mais surtout il contribue à réconcilier l'Eglise et l'Etat, ce qui lui vaudra la reconnaissance de Napoléon Bonaparte, bientôt Empereur des Français.

Il obtiendra des postes diplomatiques et même son élection à l 'Académie Française (de justesse, mais il faut dire qu'il avait aussi critiqué ouvertement le Régime Impérial). Sous la restauration, il alterne les faveurs et les disgrâces dans le nouveau régime monarchique. Parfois trop à droite, parfois trop à gauche. Il écrira ses " Mémoires " (vers 1841) puis s'éteindra en 1848, lors de la 3 ème Révolution qu'aie connu la France en moins de 60 ans !

1948.

Ouverture le 21 Avril à Genève d'une Conférence Internationale portant sur la protection des civils et des prisonniers lors des conflits entre nations.
Les conventions antérieures avaient été largement non-respectées durant les deux guerres mondiales et spécialement par les Japonais et les Allemands en 40 &endash; 45. Il s'agissait donc d'atténuer le plus possible les souffrances suite à l'emploi des armes de guerre, mais aussi de réglementer les mesures de privation de liberté. Les malades et les blessés, les prisonniers et les naufragés etc. bénéficient d'une amélioration de leurs conditions de soin (ce qui est relatif dans des pays du Tiers-Monde comme en Irak, lors de la Guerre du Golfe, ou dans les pays dictatoriaux É). Les populations civiles reçoivent des garanties. Mais comme les textes tentent de réaliser un équilibre entre les droits de l'occupant (d'assurer sa sécurité et celle de ses troupes) et ceux de l'occupé, ces textes restent empreints de bonnes intentions mais ne sont pas assez concrets, et de toute façon, les sanctions restent aléatoires. Imaginer au moment où la Corée (aidée par la Chine et l'URSS) obtient un armistice (suite à la menace d'un conflit mondial). Les Nations-Unies ne vont pas demander des sanctions contre la Corée pour le non-respect des Conventions. Ne vaudrait-il pas mieux mettre tous ses efforts à supprimer les conflits que de les réglementer ?

1959.

Par décret présidentiel, toutes les plages de La Havane deviennent publiques. Dans l'ensemble de l'Histoire ce détail apparaît comme dérisoire. La lecture " occidentale " que nous avons de l'Histoire, nous amène souvent à " juger " des événements en fonction de l'Ordre établi. Ici l'Ordre Américain : la " Pax Américanus " ! En l'occurrence, à Cuba, nous réagissons plus souvent en faveur des Américains que des Cubains. Et pourtant É. ! L'ouverture de toutes les plages de l'île à toute la population Cubaine, le 21 Avril, après la prise de pouvoir de Fidel Castro et le renversement du régime corrompu du dictateur Battista montre à suffisance dans quel état se trouvait relégué le peuple de Cuba.

Ségrégation, apartheid, discrimination, pauvreté ; bien sûr sans fondement légal. Mais permise partout grâce à la corruption. Les E.U. régnaient en maître. Le peuple Cubain était ignoré, sauf ceux qui par débrouillardise et corruption obtenaient quelques miettes de la richesse nationale toute aux mains de la maffia et des grandes Sociétés Nord-Américaines. On peut juger négativement Fidel Castro, mais dans la vie de tous les jours, le peuple s'il n'y a guère conquis de richesse (suite au blocus économique de l'île) y a quand même gagné une réelle liberté.

1960.

Rio de Janeiro, capitale du Brésil depuis 1763, s'encastre dans les guirlandes de plaines qui frangent les hauteurs à l'ouest de la passe qui fait communiquer la grande baie de Guanabara avec l' Océan.

Capitale depuis plus de deux siècles, le 21 avril 1960, elle est détrônée par la ville nouvelle de Brasília, la ville &endash;béton construite artificiellement en plein cÏur de la jungle. Le président de la République, Juscelino Kubitschek, inaugure solennellement Brasília, nouvelle capitale fédérale du Brésil. Quatre ans auparavant, il n'y avait rien sur ce plateau, à plus de 1 000 kilomètres à l'intérieur des terres, que des arbres maigres et rabougris au milieu de la savane et quelques cabanes abritant des gardiens de troupeaux errants dont l'élevage extensif constituait la seule activité économique au sein de ce véritable désert humain. Il s' en faut encore que Brasília soit une grande métropole, pilier de l' armature urbaine du Brésil entier... mais divers indices, dont sa croissance et son dynamisme, permettent d'affirmer qu'elle est déjà une grande ville et qu'elle pourra sans doute un jour jouer ce rôle. Renverser des tendances séculaires dans l'implantation des métropoles et des noyaux de mise en valeur est une Ïuvre de longue haleine. L'an 2000 montrera si Brasília a réussi une telle transformation.

1967.

Le 21 Avril, éclate un coup d'état à Athènes. Les " généraux " de l'armée Grecque, formés avant la guerre à l'école anglaise, formaient une caste éloignée de la base, avec leurs privilèges, et proche du roi Constantin. Devant la montée du socialisme et la crainte du communisme, ils préparèrent un putsch. Mais la jeune armée, les Colonels, plus éloignés de la royauté, prirent le pouvoir et imposèrent leur junte militaire. La Grèce entrait pour de nombreuses années dans la dictature et l' inégalité, la torture et l'injustice. Les peuples occidentaux ne réagirent guère car dans la stratégie de guerre froide, la Grèce Méditerranéenne, tout comme la Turquie d' ailleurs occupaient une place importante et il valait mieux fermer les yeux sur ces exactions, ces atteintes à la Liberté individuelle pour maintenir l'équilibre des forces de l'Otan face au Pacte de Varsovie (U.R.S.S et ses satellites). La chanteuse Mélina Mercouri, épouse du cinéaste Jules Dassin (Jamais le Dimanche) père du célèbre Joë Dassin, ne cessera de s' opposer à cette tyrannie des " Colonels ". Costa Gravas (dans " Z ", avec Yves Montand) tente de soulever l'opinion publique contre la Dictature militaire. Mais celle-ci se maintiendra jusqu'aux élections libres de 1981.

Camille LECLERCQ

 

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 23/05/99, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !