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Chroniques du 24 Juin.
1920.
Création de la République de Tchouvachie, république libre de la Fédération de Russie, depuis 1991. La Tchouvachie a été créée le 24 juin 1920 avec le statut doblast autonome, devenant République socialiste soviétique autonome le 21 avril 1925.
Elle occupe, au sein de la région économique Volga-Viatka, un territoire de 18.300 kilomètres carrés comprenant 1.353.000 habitants selon les estimations de 1992.
Au recensement de 1970, les représentants de la nationalité éponyme, qui appartiennent au groupe turc de la famille ethno-linguistique altaïque, étaient au nombre de 856.000, formant ainsi 70 p. 100 de la population de la république à laquelle ils ont donné leur nom.
À cette date, 299.000 Russes, 36.000 Tatares et 21.000 Mordves vivaient à leurs côtés, alors que 838.000 Tchouvaches étaient installés en dehors des frontières de la Tchouvachie.
Bien que multipliée par 26 entre 1940 et 1971, la valeur de la production industrielle demeure faible en Tchouvachie, région avant tout agricole.
Lénergie produite provient essentiellement des centrales hydrauliques de la région.
On y trouve des industries du bois, de matériel de construction, des industries chimiques, textiles et alimentaires.
Lurbanisation reste faible ; la capitale de la République, Tcheboksary, a cependant vu sa population passer de 9.000 habitants en 1926 à 104.000 en 1939 et à 442.000 en 1992, mais elle doit cette progression aux investissements consentis par les pouvoirs publics fédéraux en faveur de la Tchouvachie, qui lui sont réservés en priorité.
1894.
Assassinat du président de la République Française, Sadi Carnot, par lanarchiste italien, Santo Jeronimo Caserio (1873-1894).
Fils dun batelier, Caserio est né en Lombardie. Devenu apprenti boulanger, il se convertit à lanarchisme à une période où le terrorisme anarchiste italien connaît son apogée.
Ses activités politiques lui valent une condamnation puis lexil. Il exerce son métier à Lyon, à Vienne et à Sète.
Cest dans cette dernière ville quil a lidée daccomplir "un grand exploit". Le 23 juin 1894, il prend le train pour Lyon.
Le 24 juin, le président de la République, Sadi Carnot, est en visite à Lyon ; Caserio lui porte un coup de poignard, dont le président meurt quelques heures plus tard.
Le lendemain, la veuve de Sadi Carnot reçoit une photographie de Ravachol, expédiée par Caserio, avec ces simples mots : "Il est bien vengé."
Condamné à mort, Caserio accueille la sentence au cri de "Vive la révolution sociale !"
Il est exécuté le 15 août 1894.
1859.
Le royaume de Piemont et de Sardaigne, allié à la France, mène une guerre pour lIndépendance de lItalie contre lAutriche.
Pour prix de sa participation, la France recevra la Savoie et Nice.
Deux sanglantes victoires, Magenta (voir article à ce sujet à la date du 4 Juin) et Solferino, le 24 juin.
LEmpereur Napoléon III, par peur de lopinion publique, qui ne comprend pas que ses enfants aillent mourir en Italie, ainsi que par crainte de voir la Prusse entrer dans la guerre, arrête brusquement son aide.
Le royaume de Piémont reçoit la Lombardie.
Mais les mouvements de libération narrêteront pas pour autant. Les carbonari sont actifs et demandent lunion des états pontificaux au Piémont.
En 1960, Napoléon acquiesce aux demandes dunion.
Cest alors lépisode " Garibaldi " (voir anniversaire des 24 Mars et 11 Mai).
1859.
La même bataille de Solférino, si importante dans le processus dunification et dindépendance de lItalie, connaît également une autre conséquence importante et positive, la création de la " Croix Rouge Internationale" par le suisse Henri Dunant (1828 1910).
Philanthrope suisse, ce Genevois élevé dans latmosphère de piété milite dans les Unions chrétiennes de jeunes gens et entre au service de la Compagnie genevoise de colonisation, à Sétif.
En 1858, tout en gardant la citoyenneté suisse, Henri Dunant est naturalisé français.
Pour régler les problèmes nés de ses activités algériennes, il cherche à intéresser Napoléon III à ses difficultés en lui offrant la dédicace dun ouvrage écrit à sa louange.
En 1859, il le suit en Italie, lors de la guerre contre lAutriche. Cette circonstance va décider de sa destinée.
Il se trouve présent, sur les arrières de larmée française, à la journée de Solferino (24 juin), qui fait 40 000 tués et blessés.
Dunant voit affluer au quartier général de Castiglione les blessés et les mourants. Il constate lincurie et lindifférence avec laquelle on traite les victimes.
Dunant improvise des secours, organise les soins, mobilise les volontés et, jusquau 12 juillet, continue son action à Brescia, publiant dans les journaux de Genève des appels à la charité. Il traduit le choc qui a bouleversé sa vie dans un récit, publié en novembre 1862, Un souvenir de Solferino .
Toute lEurope sémeut à la lecture de ces pages qui auront huit éditions, jusquen 1873.
Lauteur formule le vu de "quelque principe international, conventionnel et sacré, lequel, une fois agréé et ratifié, servirait de base à des sociétés de secours pour les blessés dans les divers pays de lEurope".
Son souhait trouve un écho à la Société genevoise dutilité publique.
Une commission est créée. Elle charge Dunant de présenter le mémoire quelle a élaboré, au Congrès de statistique de Berlin, en septembre 1863.
La Commission des cinq se transforme en un Comité international de secours aux blessés.
Dans la capitale prussienne, Dunant, aidé du médecin militaire hollandais Basting, lance un appel aux puissances pour réunir une conférence internationale à Genève, initiative qui fait de lui le promoteur indiscutable de la future Croix-Rouge.
La Conférence de Genève, groupant les représentants de seize États, souvre en octobre 1863.
Elle préconise la création de sociétés nationales de secours aux blessés militaires officiellement reconnues. Appia et Dufour font adopter un signe distinctif : le brassard blanc à croix rouge, inverse du drapeau fédéral suisse.
Le 24 août 1864 sont signées les conventions de Genève , qui jettent les bases du droit humanitaire. Elles font obligation de soigner les blessés, sans distinction de nationalité, et prévoient la neutralisation du personnel et du matériel sanitaires.
Dunant est alors au comble de sa renommée et couvert dhonneurs. Vice-président de la Société française de secours aux blessés militaires (1864), il parcourt lEurope pour propager lidéal de la Croix-Rouge. Son imagination ne cesse dengendrer des projets politico-économiques passablement utopiques, comme la neutralisation de la Méditerranée ou, ce qui fait de lui un précurseur du sionisme, le retour des Juifs en Palestine.
Ses affaires algériennes périclitent et Dunant use de son crédit pour tenter de les renflouer en multipliant les emprunts. Il fait investir plus de trois millions de francs dans des mines, des fabriques, des exploitations forestières, mal gérées et déficitaires.
En 1867, le Crédit genevois, principal créancier, le fait déclarer en faillite et condamner comme civilement responsable.
À trente-neuf ans, totalement ruiné, Dunant quitte sa ville natale. Mis au ban de la société, il démissionne de ses fonctions de secrétaire du Comité international de la Croix-Rouge, qui passe désormais son nom sous silence.
Il cherche à rétablir sa situation, mêlant philanthropie et commerce dans des entreprises qui savèrent malheureuses.
En 1888, il échoue à Heiden, comme indigent, à lhôpital du district.
Pendant vingt ans, dans son étroite chambre, Dunant accumule une énorme documentation, écrit et récrit ses Mémoires, quil laissera inachevées.
Il a retrouvé quelques fidèles, qui semploient à le tirer de lisolement.
En 1895, Georg Baumgartner, journaliste au Zürcher Nachrichten , apprend, par hasard, lexistence du créateur de la Croix-Rouge.
Dans des articles à sensation, il dénonce le "scandale Dunant" et lance un appel au Conseil fédéral suisse, pour que soit rendue au philanthrope la place qui lui revient.
Dunant reprend la plume pour soutenir les idées sur le pacifisme et le désarmement qui connaissent un regain de faveur à la fin du XIXe siècle.
Lopinion européenne le redécouvre. En 1901, tardive réhabilitation, il reçoit, avec le pacifiste français Frédéric Passy, le premier prix Nobel de la paix et lègue le capital qui lui est attribué à des uvres de bienfaisance. Déjà entré dans la légende, il meurt à Heiden.
1812.
24 Juin. Napoléon I, lempereur des Français, envahit la Russie. Il a en tête un projet européen, lEurope, dominée par la France, de lAtlantique à lOural (ce qui rappelle furieusement certaines idéologies fascistes, mais aussi la parole de De Gaulle).
841.
Bataille de Fontenoy, défaite de Lothaire, un des 3 fils de Louis le Débonnaire et petits-fils de Charlemagne. Héritier de lEmpire Carolingien.
Au soir de la bataille de Fontenoy (24 juin 841), Lothaire, qui hérite légitimement de son père Louis le Pieux le vaste empire de Charlemagne, est en déroute.
Il a été vaincu par son frère Louis le Germanique et par son demi-frère Charles le Chauve, alliés militairement.
Pour lÉglise, pour les clercs qui entourent les deux jeunes princes, cette victoire est un "jugement de Dieu".
Par la défaite de lhéritier légitime et unique, la volonté divine a voulu marquer quun seul homme ne doit plus régner sur un si grand territoire.
Lidée dempire, très personnelle du temps de Charlemagne (au point que celui-ci souhaitait que fussent partagées, à sa mort, les terres quil avait conquises), sétait maintenue de par la mort des fils de Charlemagne, sauf un, Louis le Pieux (ou le Débonnaire) ; elle sétait renforcée avec Lothaire, qui entendait bien régner seul sur lEmpire.
La bataille de Fontenoy a montré quil convient de revenir à lidée de partage. Mais pour cela il faut que Charles et Louis, que lient seulement les armes, passent un véritable accord politique, traité dalliance entre deux rois dès lors égaux (ce sont les Serments prononcés à Strasbourg, le 14 février 842) ; il importe ensuite que, se partageant lEmpire (et en laissant une part à Lothaire), ils se reconnaissent des territoires (traité de Verdun, 843).
Devant les difficultés à partager des terres dissemblables, on finit par choisir le critère linguistique : Charles obtient la partie francophone, Louis le domaine germanophone de lEmpire.
Cest donc la langue qui signifie le partage : elle est le nouveau signe du politique.
Les Serments sont prêtés en langues vulgaires, ancêtres respectifs du français et de lallemand.
Et comme il sagit de se reconnaître des territoires, Louis jure dans la langue du royaume attribué à Charles (donc, en français), et Charles dans la langue du royaume attribué à Louis (donc, en allemand).
Puis les troupes de chacun prêtent serment dans leur propre langue.
Ces quatre Serments (deux en roman : Louis et les officiers de Charles ; deux en germanique : Charles et les officiers de Louis) adaptent en langue vulgaire les formules quutilise le latin juridique des chancelleries : "Pro Deo amur et pro christian poblo et nostro commun salvament, dist di en avant, in quant Deus savir et podir me dunat, si salvarai eo cist meon fradre Karlo [...]."
Ils nont toutefois pas été conservés par quelque document diplomatique, minute de ce qui fut prononcé, mais par une uvre littéraire.
En effet, au premier rang des intellectuels qui guidèrent cette opération politique figure Nithard. Petit-fils de Charlemagne, et donc cousin des princes, cest à la fois un lettré et un guerrier ; proche conseiller de Charles, il rédige en latin, à sa demande et dans le feu de laction, une Histoire des fils de Louis le Pieux , qui explique et justifie les événements comme les décisions.
Afin de signifier dans son texte, et par son texte même, cette nouvelle alliance, Nithard utilise léchange linguistique et reproduit les Serments dans les deux langues vulgaires.
Lécriture était jusque-là entièrement latine. Par le geste de Nithard (miraculeusement conservés, les Serments ne se lisent que dans un manuscrit de son Histoire ), le français accède à lécrit, et cest la première langue romane à le faire.
Cam.
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Dernière modification le 26/09/98, ©camilist 1998
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