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Chroniques du 25 Juillet.

325 P.C.N.

Fin du Concile de Nicée, convoqué et présidé par l’Empereur Romain Constantin le Grand (celui qui par l’édit de Tolérance, et ensuite l’Edit de Milan, en 313 rendit la Religion Chrétienne, d’abord légale puis religion d’état).

Le but recherché est de lutter contre les hérésies du prêtre oriental Arius (Arianisme).

Cfr Chroniques du 20 Mai 325.

1446

Pose de la première pierre de la Chapelle Royale du Kings Collège à Cambridge, par le Roi Henri VI.

Par suite de difficultés financières, les travaux progressèrent lentement : en 1509, le gros œuvre était achevé et la voûte, pur chef-d’œuvre du style perpendiculaire, fut construite entre 1512 et 1515.

Les travaux de vitrerie, entreprise considérable puisqu’il s’agissait de vitrer vingt-cinq fenêtres à cinq lancettes et deux autres à neuf lancettes, commencèrent en 1515 et furent achevés en 1547 à l’exception de la fenêtre occidentale, vitrée en 1879 seulement.

Le programme iconographique, défini dans le contrat du 30 novembre 1515, met en parallèle l’Ancien et le Nouveau Testament, suivant une formule courante à cette époque.

En dehors de trois baies illustrant les Actes des Apôtres, de la fenêtre orientale consacrée à la Passion et d’une autre fenêtre retraçant la vie de la Vierge, chaque vitrail contient donc deux épisodes de l’Ancien Testament et deux épisodes du Nouveau Testament.

Ces scènes, vivement colorées, d’un caractère monumental, réunissent de nombreux personnages fort animés, portant des vêtements très ornés, qui se détachent sur d’immenses arrière-plans de paysages ou d’architectures.

Le vocabulaire de la Renaissance, qui s’y développe, révèle une influence assez forte de l’art continental, en particulier de la peinture flamande.

Parmi les sept peintres verriers, dont les archives ont transmis les noms, quatre sont Flamands ou Hollandais ; de plus, on attribue environ huit scènes à Dirck Vellert, célèbre pour ses dessins et ses gravures, mais aussi connu comme peintre verrier (H. Wayment, " The Windows of King’s College Chapel ", Cambridge , Londres, 1972).

La vitrerie de King’s College est l’illustration la plus célèbre des échanges artistiques qui se développèrent entre l’Angleterre et la Flandre au début de la Renaissance.

1474

Traité entre Charles le Téméraire, duc de Bourgogne et Edouard IV d’Angleterre. Ce dernier promet son aide aux Bourguignons en conflit avec la royauté française (Louis XI). Il envoie une armée moins pour soutenir Charles que pour tenter de reprendre les domaines continentaux détenus par la Famille des Plantagenêts (mariage d’Eléonor d’Aquitaine avec Henri II en …

Edouard IV débarquera le 6 Juillet 1475 à Calais. Mais Louis XI, désireux de ne pas s’encombrer de ce puissant ennemi, conclura à son tour un traité avec Edouard (Picquigny, 1475).

Il payera une forte indemnité aux Seigneurs Anglais.

Edouard IV ayant appris que le Bourguignon s’était imprudemment avancé en Lorraine (défaites prochaines de Morat, Granson …) rompt son contrat avec le Téméraire et accepte l’offre française.

Il rembarque ne gardant que la place forte de Calais pour encore trois quarts de siècle (1558).

On connaît la suite, Charles le Téméraire, déforcé connaîtra défaites sur défaites et finira par mourir à Nancy (cfr Chroniques du 22 Juin 1476, Morat).

1593

Henri IV, roi de Navarre, abjure solennellement le Protestantisme à Saint-Denis.

Il peut ainsi obtenir la couronne de France (" Paris vaut bien une messe " !).

Il rentre en grande pompe dans Paris le 22 Mars 1594 (cfr Chroniques de ce jour).

Il sera sacré Roi, le 27 Juin 1594. (Cfr Chroniques du 27 juin 1594).

1794

Comme un dernier rayon, comme un dernier zéphyre

Animent la fin d’un beau jour

Au pied de l’échafaud j’essaye encor ma lyre.

Peut-être est-ce bientôt mon tour ?

Peut-être avant que l’heure en cercle promené

Ait posé sur l’émail brillant,

Dans les soixante pas où sa route est bornée,

Son pied sonore et vigilant ;

Le sommeil du tombeau pressera ma paupière.

Mort sur l’échafaud du poète André Chénier.

Né en 1762, à Constantinople, d’une mère grecque et d’un père français, il gardera l’influence hellénistique de sa mère.

Il suivra dès 3 ans en France de solides études au Collège de Navarre.

Sans emploi, sans ressources, il profite de la Révolution pour " s’engager " politiquement.

Il lutte avec passion contre la tyrannie Jacobine.

Une de ses amies (Camille de Mazan) dira de lui : " Rempli de charme et fort laid, avec de gros traits et une tête énorme, c’est un adolescent fougueux, ardent et comblé ; il vit entre la fureur d’aimer et la fièvre d’écrire ".

Sur 9 ans de vie (1.781 à 1790) il écrit les " Bucoliques ", les " Idylles " et ses " Elégies ".

En 1790, son " Avis au Peuple Français sur ses véritables ennemis " ainsi que l’ensemble de ses articles politiques, très engagés, le désignent au ressentiment de la Convention. Son ardeur agressive le perdra, il mourra guillotiné.

Les poètes modernes le revendiquent comme leur précurseur, car dans toute sa poésie comme dans sa vie il enseigne que la Poésie, la seule vraie, engage l’Homme tout entier. Et si elle commence par une perception " virginale " du réel, elle ne trouve son accomplissement que dans le surréel.

Elévation du matériel vers l’immatériel, elle naît dans un transport violent et bref, élan spasmodique dont le dernier soupir de " Néère " et le cri rageur des " Iambes " restent deux belles illustrations.

1835.

Attentat manqué de Fieschi contre Louis-Philippe.

Né à Murato (Corse) d’une famille misérable, Giuseppe Fieschi s’engage, en 1806, à seize ans dans l’armée de Murat, où il gagne les galons de sergent.

Intelligent, mais fourbe et intrigant, il trahit ses chefs en livrant des renseignements aux Autrichiens.

Il parvient cependant à entrer dans les gardes du corps du roi de Naples et fait, avec bravoure, les campagnes napoléoniennes de 1812 à 1814.

Fieschi trahit une seconde fois Murat et permet ainsi aux Autrichiens de battre ce dernier à Tolentino (1815), défaite qui entraîne la perte de ses États.

Il simule ensuite un dévouement total à Murat qui, de Corse, prépare une expédition en Italie du Sud.

Chargé d’organiser l’opération par une mission secrète à Naples, Fieschi livre les plans au gouvernement de Ferdinand II.

Lors du débarquement au Pizzo de Calabre (1815), il se met à couvert, abandonnant Murat et ses compagnons qui sont pris et fusillés. Rentré en Corse, il commet un vol et un faux en écriture au cours d’un procès de succession avec ses frères et sœurs.

Ses antécédents bonapartistes le font condamner en 1819 par la cour d’assises d’Ajaccio à dix ans de réclusion.

Après sa libération, il erre à travers la France et, au lendemain de la révolution de 1830, se faisant passer pour une victime de la Restauration, il obtient un emploi de sergent à la garde du moulin de Croulebarbe à Paris.

Mais son imposture est démasquée et sa vie dissolue le fait congédier en 1834.

Hébergé par deux complices, Fieschi met longuement au point un attentat contre Louis-Philippe, qu’il exécute le 25 juillet 1835.

De la fenêtre de son logement, 50, boulevard du Temple, il tire sur le cortège commémorant le cinquième anniversaire de la révolution de Juillet avec une "machine infernale" faite de vingt-quatre canons de fusils juxtaposés.

Le roi et les membres de sa famille sont miraculeusement indemnes, mais on relève vingt-trois blessés et dix-neuf morts. Blessé, Fieschi est capturé et jugé avec ses complices.

L’attentat avait suscité une énorme émotion et l’opinion publique suivit avec passion le procès.

Les débats mirent en relief la personnalité de Fieschi, plein de jactance, vaniteux, arrogant et avide d’attirer l’attention sur lui. Son forfait est celui d’un pur caractériel, sans motivations politiques ou idéologiques. A ce titre, il est resté classique dans les annales de la criminologie.

Il fut guillotiné à Paris le 19 février 1836.

1907

Premier camp scout, organisé par Baden-Powell (himself) et destiné à remédier aux carences de la formation de ses " éclaireurs ". Si ce n’est pas encore la naissance du scoutisme en tant que tel, ce n’en est pas moins durant ce camp de 16 jours que le " Master " conçut la décision de créer ce mouvement.

Mouvement de jeunesse, qui comprend toutes les associations rattachées à l’Organisation mondiale du mouvement scout, plus celles qui, sans lui appartenir, se réclament de la pensée et des écrits de son fondateur, sir Robert Baden-Powell, lord de Gilwell, le scoutisme se caractérise d’abord par sa fidélité et par une sorte d’identification constante à celui-ci.

Officier dans l’armée des Indes, Baden-Powell voulut remédier aux carences de la formation de ses éclaireurs par la publication de fascicules : Aids of Scouting  (1899).

Leur succès en dehors de l’armée le conduit à appliquer les mêmes principes aux " garçons " : il organise, du 25 juillet au 9 août 1907, le camp de Brownsea, près de l’île de Wright.

L’expérience et ses enseignements sont consignés en 1908 dans Scouting for Boys .

" Méthode d’éducation visant à former des citoyens actifs, joyeux et utiles ", le scoutisme exalte le sport, la vie au grand air, le goût de l’effort et du commandement. Sans autre présupposé théorique ou doctrinal qu’un code vaguement chevaleresque (Honour is made the high ideal for the boys ) incluant la fidélité à Dieu et au roi, il s’étend très rapidement, chacun trouvant son bien dans cette idéologie de l’action, qui se proclame non militaire, non politique et interconfessionnelle.

Il compte 123 000 membres dès 1910 pour l’Empire britannique ; trente-deux pays sont représentés au premier " jamboree " (1920), avec l’approbation du roi ; et, en 1926, il recueille les félicitations du président Calvin Coolidge, qui salue dans le scoutisme un élément unificateur de la nation américaine.

L’efficacité même du mouvement, autant que son idéal explicitement civique et social, l’engage nécessairement dans l’évolution des idées et des mœurs : son histoire " intègre " les divergences des politiques (qui, notamment pendant la Seconde Guerre mondiale, ont organisé sur son modèle leurs propres associations), celles des autorités religieuses et finalement celles des éducateurs, maintes fois conduits à s’interroger sur les rapports entre morale et société.

Le scoutisme français reste largement confessionnel, puisque les Scouts et guides de France (catholiques) groupaient, en 1995, environ 170000 adhérents, contre 36500 Éclaireuses et éclaireurs de France (le mouvement laïque mixte), 8000 membres de la Fédération des éclaireuses et éclaireurs unionistes de France, 4500 Éclaireuses et éclaireurs israélites — toutes ces associations étant affiliées à l’Organisation mondiale du mouvement scout.

Quantité d’autres n’en font pas partie : Scouts unitaires de France, Cadets de la mer, de l’air et de la montagne, Scouts Saint-Georges, Éclaireurs neutres européens, Scouts Saint-Louis, Scouts et guides Notre-Dame de France, Scouts Baden-Powell de France, Scouts mormons, etc., ni surtout les Scouts d’Europe, que Pery Geraud Keroad fonda avec la volonté d’un " retour aux sources " et qui comptent environ 60000 adhérents (catholiques) dans quatorze pays d’Europe plus le Canada, dont plus de la moitié en France.

1909

Traversée de la Manche par Louis Blériot.

En 37 minutes, sur un Blériot de sa fabrication, équipé d’un moteur Anzani de … 25 CH., il réussit son exploit et bat de justesse le courageux Latham qui tomba deux fois dans la mer …

1978

Naissance en Angleterre, après 12 ans d’expérience et de multiples essais du premier bébé-éprouvette.

Les prédictions terrifiantes des " Utopistes " anglais, se vérifient.

Aldous Huxley (Le meilleur des Mondes) ou George Orwel (1994) voient l’illustration de leur fiction.

Dans 1984 , une autre "anti-utopie", dérisoire et terrifiante, d’une ironie swiftienne, Orwell (Eric Blair, dit George Orwel, né en 1903, écrivain engagé) présente un monde totalitaire où la guerre perpétuelle — gérée par le ministère de la Paix — est le prix de la prospérité ; un monde où le ministère de l’Amour fait régner la loi et l’ordre.

Rien n’échappe à Big Brother (Grand Frère), le maître suprême, ni à sa police de la Pensée.

Le héros, Winston, en fera l’expérience : sa révolte échouera ; vaincu, il sera contraint, pour finir, de retomber dans l’"amour" obligatoire pour Big Brother.

Ce monde de cauchemar, où l’individu est écrasé par la technocratie, est-il si éloigné du nôtre ?

Ce dernier roman de George Orwell, mort (1950) un an à peine après sa publication, reste une sorte de testament tragique et prophétique.

On relève des traits schizophréniques chez Orwel comme chez Huxley, mais plus discrets chez ce dernier.

On y trouve, en revanche, une prévision prophétique de la tentation de la drogue dans une société d’abondance.

L’utopie de Huxley et celle d’Orwell sont à première vue aux antipodes : l’univers de Huxley est un monde hédoniste de l’abondance avec liberté totale du sexe ; celui d’Orwell est un monde " antihédoniste " de la pénurie, avec répression sexuelle totale.

Mais, tout en étant opposés, ils se trouvent sur la même planète, car le résultat est le même : dévalorisation de l’existence, et en particulier de l’amour, dans un univers sans précarité axiologique.

Dans l’univers figé de l’utopie réalisée, il n’y a plus de place pour l’utopiste, ferment de changement.

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 26/10/98, ©camilist 1998 --- une remarque ?
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