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Chroniques du 27 juillet.

448

D’après une tradition apocryphe (reprenant le thème, fréquent dans la littérature, du héros qui, après un long sommeil, se réveille dans une société transformée), l’empereur Dèce (250-251), passant à Éphèse, aurait ordonné d’emmurer, dans la grotte où ils s’étaient cachés, sept jeunes chrétiens qui, tels les Maccabées, refusaient des viandes impures.

Plongés dans un merveilleux sommeil, ils se réveillèrent sous Théodose II en 448, pour quelques heures seulement, annonçant par là la résurrection des corps au dernier jour.

Ils furent alors ensevelis dans leur grotte.

Le récit de cette dormition, composé en grec à Éphèse au milieu du Ve siècle, fut traduit en latin par Grégoire de Tours (mort en 594).

Le culte des Sept Dormants devint très populaire aussi bien en Orient qu’en Occident. On a retrouvé les vestiges de leur sanctuaire d’Éphèse.

Sur leur souvenir se greffèrent des légendes locales, notamment en France aux grottes de Marmoutier près de Tours et à la crypte-dolmen du Stiffel au Vieux-Marché-en-Pluzunet (Côtes-du-Nord).

Pour les musulmans, les Sept Dormants d’Éphèse, les Ahl al-kahf, sont, par leur résurrection anticipée, les témoins de celle des derniers temps, les annonciateurs du Jugement.

Le Coran leur consacre plusieurs versets, dans le chapitre qu’on appelle la sourate de la Caverne (XVIII, 8-12).

Le fait qu’ils appartiennent à la double tradition chrétienne et islamique a été récemment mis en lumière, surtout sous l’influence de Louis Massignon, comme un gage de rapprochement, non seulement entre l’Orient et l’Occident, mais aussi entre les deux religions.

Tandis que l’islam fait réciter la sourate de la Caverne dans toutes les mosquées le vendredi, la chrétienté fête les Sept Dormants le 27 juillet dans l’Église latine, le 23 octobre et le 4 août dans les Églises d’Orient.

1136

Dans les ordres religieux " fermés " (trappistes, chartreux, clarisse, etc) les Chartreux forment un ordre très particulier.

Les règles, inspirées par la règle de Saint-Benoît (Bénédictins), transformées par les Cisterciens (l’Ordre de Cîteaux, fondé par l’abbé Robert) ont été rédigées dans un ouvrage " Coutumes " par Guigues, né en 1083, prieur de la Chartreuse dès 1109.

C’est un code de vie monastique intéressant par les détails pratiques multiples et par la sagesse de la règle.

La vie cartusienne se présente comme un commentaire vivant d’un texte du prophète Osée (II, 16) : " Je te conduirai au désert et parlerai à ton cœur. " Le désert n’est pas seulement un lieu où l’homme et Dieu parlent " bouche à bouche " (Nombres, XII, 7-8) ; dans la solitude, le silencieux saisit ses propres conflits et affronte ses démons intérieurs.

Les Chartreux sont les successeurs des solitaires d’Égypte, des Thérapeutes décrits par Philon et des Pères du désert. À toutes les époques, des hommes se sont retirés dans des lieux inhabités pour se consacrer, d’une façon rigoureuse et absolue, à Dieu.

Le Chartreux appartient déjà au monde futur. Ressuscité avec le Christ, dès son existence temporelle, il acquiert, par le creuset du désert, une vie nouvelle et assume ainsi un rôle de médiateur entre le monde et Dieu.

1214

27 Juillet, victoire Français à Bouvines

Bouvines est une bataille, c’est-à-dire, selon les conceptions du temps, un duel où deux concurrents décident de s’engager, seul à seul ou accompagnés de leurs amis, afin de forcer le jugement de Dieu et de trancher définitivement une querelle.

Procédure exceptionnelle alors, un acte quasi liturgique, nettement distinct des harcèlements de la guerre auxquels il met un terme généralement pour de longues années.

Settee querelle c’est celle de Ferrand, Comte de Flandre qui refuse de reconnaître la suzeraineté pourtant solidement établie du Roi de France sur la Flandre.

Le 27 juillet 1214, dans la plaine de Bouvines en Flandre, aux confins du domaine capétien et de l’Empire, Philippe Auguste, entouré des chevaliers des provinces royales et des gens des communes, affronte ainsi Otton de Brunswick, empereur et roi d’Allemagne, le comte de Flandre et le comte de Boulogne, alliés contre lui et stipendiés par le roi d’Angleterre, Jean sans Terre.

La veille, les anglais avaient été battus à " La Roche-aux-Moines " par le fils de Philippe-Auguste

L’engagement s’ouvre malgré le roi de France, qui ne se sent pas en position de force et s’esquive, et qui répugne à rompre la paix du dimanche imposée par l’Église.

Dieu lui donne une victoire rapide et complète, qui manifeste que ses adversaires, excommuniés, étaient maudits et condamnés d’avance : Otton a fui ; les deux comtes sont prisonniers avec des centaines de chevaliers.

Le sens de cette victoire est triple.

Elle règle le double conflit opposant depuis des générations le pape et l’empereur, le Capétien et le Plantagenêt : Jean sans Terre, qui attaquait conjointement depuis la Saintonge, doit se retirer et, l’année suivante, les barons d’Angleterre lui imposent la Grande Charte, un des premiers exemples d’une " Constitution " en Europe, au niveau national tout au moins, car régionalement parlant, Liège avait déjà obtenu la sienne en 1066.

Otton, l’empereur de Germanie, disparaît au profit du jeune Frédéric II de Hohenstaufen que soutiennent Philippe Auguste et le pape Innocent III.

Bouvines, d’autre part, manifeste la supériorité du roi de France, enrichi par les rançons et maître de deux grands vassaux rebelles, la riche Flandre et le Boulonnais ; il impose la trêve au troisième, Jean sans Terre ; plus rien ne résiste désormais au pouvoir royal.

Enfin l’événement, dûment publié, et dont l’écho retentit jusqu’aux frontières de la chrétienté, devient le noyau d’une légende : monarchique au XIIIe siècle, puis effacée, elle reprend vie sous un aspect nationaliste et bourgeois au XIXe siècle ; lors du centenaire de 1914, elle fournit l’une de ses plus fortes expressions à l’esprit de revanche anti-allemand.

1910

Naissance de Julien Gracq, un " surréaliste " contesté.

Julien Gracq c’est le pseudonyme de Louis Poirier, né le 27 juillet à Saint-Florent-le-Vieil, en Maine-et-Loire.

Agrégé d’histoire et de géographie, il enseigne cette discipline, principalement au lycée Claude-Bernard, jusqu’à sa mise à la retraite en 1970.

Cette carrière d’enseignant est interrompue par la guerre. Louis Poirier est prisonnier de juin 40 à février 41.

Parallèlement, l’écrivain Julien Gracq élabore son œuvre.

Il obtient en 1951 le prix Goncourt, qu’il refuse, pour Le Rivage des Syrtes .

Julien Gracq est vraisemblablement l’écrivain contemporain qui suscite le plus de malentendus depuis ses débuts. Son premier livre, un roman (Au château d’Argol , 1939), paraît la même année que La Nausée  : d’emblée, Gracq est hors de toute mode, et, comme son ouvrage est immédiatement salué par André Breton, un premier malentendu s’instaure : désormais, l’adjectif " surréaliste " sera très fréquemment associé à son nom.

Gracq a été un compagnon de route du surréalisme, il ne s’est jamais associé aux textes collectif s créés par les surréalistes. Par contre ces œuvres ont un caractère particulier qu’on pourrait déterminer par le terme de palimpseste.

Un palimpseste c’est un manuscrit ancien, qui a été gratté, mais sur lesquel on a réécrit un nouveau texte. Certaines méthodes permettent de recomposer correctement le texte " gratté ". L’œuvre de Julien Gracq est ainsi une continuelle répétition, une perpétuelle reprise, d’où son caractère surréaliste.

Ainsi " le Château d’Argol " superpose des textes divers : " la chute de la maison Usher " d’Edgar Poë, " Parsifal " de Wagner, " Beatrix " de Balzac. Le nom même d’Argol est une anagramme de " Argoll " le plateau sur lequel se situe le " Château des Carpathes " …

1976

27 juillet, alors que l’ouest de l’Europe souffre d’un été des plus chauds de son histoire, une province de Chine subit un séisme hors du commun.

La région du Tang-Shan, au Hébeï, connaît une secousse sismique d’une forte intensité 8 (Richter) qui causera la perte de plus de huit cent cinquante mille morts.

C’est la catastrophe naturelle la plus tragique de l’histoire de la Chine ; la précédente remonte en 1556, où une secousse tellurique aurait provoqué 800.000 morts au Shanxi et au Henan.

Face aux forces de la nature, l’Homme est impuissant.

La Chine a mis sur pied depuis des décennies un système de détection des séismes, des plus efficaces. Outre les stations scientifiques disséminées dans les endroits " fragiles " , plus d’un million de bénévoles adressent leurs observations (bruits souterrains, comportement des animaux domestiques ou sauvages, variation du niveau d’eau dans certains lacs ou dans certains puits, augmentation de la teneur en radon de l’eau dans certaines nappes phréatiques) à un " central " qui les examinent continuellement.

Ainsi un séisme en 1975 avait été annoncé. Le plan d’évacuation avait été appliqué, dans la province de Liaoning , 5 heures et 36 minutes avant le choc destructeur, épargnant ainsi des centaines de milliers de vies humaines.

Cam.

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Dernière modification le 26/10/98, ©camilist 1998 --- une remarque ?
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