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Chroniques du 31 Juillet.

1993

Dans la nuit du 31 Juillet 1.993, mort de Baudouin Ier, Roi des Belges.

Une onde de choc rarissime, un séisme humain déferlent sur le pays ! Des millions de Belges apprennent ce Lundi 1er Août 1993 la mort de leur Roi.

Même la Marche Blanche de 1996 suite à l’affaire Julie et Mélissa n’aura pas l’ampleur de ce rententissement.

Certains parleront de " canonisation " du Roi.

Un homme qui fut plus qu’un simple homme et bien plus qu’un simple roi. Un saint Homme selon certains !

Si aujourd’hui les esprits se sont calmés et que l’on n’avance aucun culte particulier, la ferveur populaire vis-à-vis de Baudouin reste entière et rejaillit sur toute la Famille Royale.

Fils aîné de Léopold III et d’Astrid de Suède, Baudouin est né à Bruxelles, le 7 septembre 1930.

Deux grandes épreuves ont marqué son enfance : la mort accidentelle de sa mère en 1935 et la captivité dans la forteresse d’Hirschstein-sur-Elbe où les Allemands ont déporté son père en juin 1944.

Après la libération de la famille royale par la VIIe armée américaine, le prince héritier poursuit ses études en Suisse.

Le 22 juillet 1950, le Parlement ayant mis fin à l’impossibilité de régner de son père, il rentre en Belgique en compagnie de celui-ci. Mais des émeutes éclatent et, dans la nuit du 31 juillet au 1er août 1950, Léopold III cède ses pouvoirs à son fils aîné qui reçoit le titre de " prince royal ". Moins d’un an plus tard, le 16 juillet 1951, a lieu l’abdication de Léopold III, suivie de la prestation de serment de Baudouin Ier, roi des Belges.

Trois affrontements majeurs jalonnent les vingt-cinq premières années du règne de Baudouin Ier.

Le premier, assez traditionnel dans l’histoire de la Belgique, prend un caractère aigu à partir de 1954. Il met aux prises les partisans de l’école laïque, réclamant pour l’État le monopole de l’enseignement, et les défenseurs de l’enseignement libre, rejetant l’ingérence de l’État tout en réclamant les subsides nécessaires à son existence.

Dans cette " question scolaire " qui divise les Belges jusqu’aux élections de 1958, le roi se garde de toute intervention publique.

Au demeurant, le conflit s’apaise, le 6 novembre 1958, lorsque les représentants des trois partis nationaux signent le Pacte scolaire qui comporte des concessions dont le prix sera payé par le budget de l’État.

Le second affrontement suit de très près le premier. Le roi s’y trouve engagé, à la fois par conviction et par devoir constitutionnel.

Le 4 janvier 1959, Léopoldville connaît des troubles graves et maladroitement réprimés. Ni en Belgique ni au Congo, l’opinion publique belge n’est consciente du proche achèvement de l’ère coloniale.

Par contre, le roi, le Premier ministre Eyskens et le ministre Van Hemelrijck réagissent avec lucidité. Le 13 janvier, Baudouin 1er promet, dans une allocution radiodiffusée, " de conduire, sans atermoiements funestes mais sans précipitation inconsidérée, les populations congolaises à l’indépendance, dans la prospérité et la paix ".

Le même jour, devant les deux Chambres, est lue la déclaration gouvernementale exprimant une résolution identique.

Mais les " atermoiements funestes " ne tardent pas. Ils provoquent l’impatience des milieux nationalistes congolais et la démission du ministre Van Hemelrijck.

Auguste De Schryver lui succède et obtient du roi qu’il effectue un rapide voyage au Congo. Le souverain constate ainsi que sa popularité est restée ce qu’elle était en 1955, lors de son premier voyage, mais que le contrôle de la situation échappe de plus en plus aux autorités.

Dès lors, les événements se précipitent : table ronde en janvier 1960, au cours de laquelle " le trousseau de clefs " est remis aux Congolais ; proclamation de l’indépendance, le 30 juin suivant ; discours insolent de Patrice Lumumba en présence du roi ; mutineries de la force publique, le 4 juillet ; intempestive sécession du Katanga ; intervention des forces de l’O.N.U.

Le fameux " pari congolais " est perdu. Le roi, cependant, ne se résigne pas ; il n’accepte aucune humiliation, mais ne s’encombre d’aucun ressentiment.

Le 15 décembre 1960, il a épousé doña Fabiola de Mora y Aragón. C’est en compagnie de la reine qu’il accueille le président Mobutu, en 1969 et qu’il se rend en visite officielle au Zaïre, en juin 1970, dix ans après le discours mortifiant de Lumumba.

La réconciliation belgo-zaïroise est, en grande partie, son œuvre.

Le troisième affrontement a pour objet les rapports entre Flamands, Wallons et Bruxellois.

Le 24 décembre 1963, sont votées des lois concernant la fixation de la frontière linguistique, le régime linguistique dans l’enseignement et le bilinguisme à Bruxelles.

" Assurer dans le cadre d’institutions rénovées une collaboration loyale entre Flamands et Wallons, déclare le roi, répondre aux désirs légitimes d’autonomie et de décentralisation dans divers domaines de la vie publique, tout cela est réalisable. "

Ce n’est qu’à la fin de 1970 que le gouvernement, social-chrétien et socialiste, dirigé par Gaston Eyskens, réussit à faire voter une réforme constitutionnelle qui divise la Belgique en quatre régions : " la région de langue française, la région de langue néerlandaise, la région bilingue de Bruxelles-Capitale et la région de langue allemande ", et prévoit deux conseils culturels pouvant voter des décrets, des conseils économiques et des sociétés de développement régional, cinq grandes agglomérations et des fédérations de communes ainsi que des conseils régionaux.

L’application de la réforme constitutionnelle pose toutefois des problèmes qui mettent en évidence la nécessité d’une simplification. Le roi le rappelle devant les chambres réunies, le 31 mars 1976, à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire du règne : " La régionalisation se poursuit. Il conviendrait qu’un souci de simplification, de clarté et d’efficacité inspire sa mise en forme définitive... " Et il ajoute : " Fédérer c’est unir dans la différence acceptée et non pas dissocier dans l’affrontement. "

La loi de régionalisation de 1980, qui dote la Flandre et la Wallonie d’institutions autonomes, va dans le sens du compromis souhaité par le souverain, encore que la question du statut de Bruxelles reste entière.

Le 14 juillet 1993, quelques jours avant la mort de Baudouin Ier, le Parlement adopte définitivement les accords transformant le royaume en un État fédéral.

En avril 1990, le roi refuse de parapher la loi dépénalisant l’avortement. Il souhaite que soit trouvée une formule permettant à la fois de prendre en compte son problème de conscience et d’assurer le fonctionnement des institutions démocratiques : le Conseil des ministres déclare alors " l’impossibilité de régner " temporaire de Baudouin.

Cet exemple illustre bien sa haute intégrité morale.

Exerçant une influence croissante et bénéfique sur la vie d’un pays particulièrement difficile à gouverner, Baudouin Ier a, durant son règne, arbitré une vingtaine de crises ministérielles, dont plus de la moitié après des élections législatives.

1944

De sa neuvième mission dans la région de Grenoble, Antoine de Saint-Exupéry ne reviendra jamais.

L’auteur du " Petit Prince ", de " Vol de nuit ", de " Terre des hommes ", de " Pilotes de Guerre " et de bien d’autres, est allé rejoindre le Petit Prince et sa rose sur un astéroïde lointain.

1914

Assassinat de Jean Jaurès le tribun socialiste français par un faible d’esprit, Raoul Villain, manipulé par des nationalistes. Jean Jaurès était un antimilitariste notoire, car il pensait que toute guerre enrichit la classe possédante, augmente les privilèges de quelques-uns, mais sacrifie des millions de travailleurs.

Les obsèques solennelles de Jaurès auront lieu le 4 Août, alors que la France a ordonné la mobilisation générale le 1er Août et que l’Allemagne lui a déclaré la guerre le 3 Août.

1886

Mort à Bayreuth du musicien Franz Liszt.

Né en 1811, il est le contemporain de Mendelssohn (1809), de Chopin et de Schumann (1810), de Wagner et de Verdi (1813), les personnalités les plus marquantes du Romantisme Musical.

George Sand sétait décrit comme " une enfant du siècle ayant partagé toutes les douleurs et toutes les erreurs de son temps, et ayant bu à toutes les sources de la vie et de la mort ". Ces termes dans sa bouche, la concernant, étaient grandiloquents, et non dénués de prétention.

Mais appliqués à Liszt, ils deviennent naturels et authentiques.

Franz Liszt, en effet, a porté le poids de la musique de son siècle, mais également celui de la musique du passé, et de la musique de l’avenir.

Il a puisé à toutes les sources intellectuelles et musicales de son époque, assimilant jusqu’à leurs produits alluviaux pour les épurer, les féconder et en faire bénéficier ses contemporains et ses successeurs.

Il fut réellement " l’enfant du siècle " ; son génie n’est pas seulement " typiquement romantique ", il est l’esprit même de la musique romantique, dans laquelle l’exaltation rêveuse du romantisme naissant s’allie avec le feu des révolutions, le spleen byronien avec l’humanisme élevé d’un Schiller, la responsabilité sociale et l’engagement politique avec le mysticisme religieux et le scepticisme de la résignation, la fascination germanique pour la mort avec la revendication d’un destin est-européen, le sens artistique raffiné de l’Occident avec un penchant tout oriental et ancestral pour les rhapsodes épiques.

Sa biographie se trouve partout. Vous saurez vous y référer.

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 26/10/98, ©camilist 1998 --- une remarque ?
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