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Chroniques du 1er Août.
177
1er Août 177, à Lyon, capitale de la Gaule, persécution des Chrétiens.
A loccasion dune grande fête des " fédérés " (citoyens associés à lEmpire Romain, au cours de laquelle les nouvelles villes et leurs citoyens doivent faire " allégeance " à létat, une persécution a lieu contre les Chrétiens, encore jeunes et peu nombreux dans la Gaule de lépoque.
1291
Date de naissance officielle de la Confédération Helvétique !
Lindépendance des premiers cantons montagnards est liée au grand renversement de la conjoncture européenne qui seffectue aux XIIe et XIIIe siècles. À la suite des croisades, léconomie continentale se ranime, avec la reprise des courants commerciaux et la floraison des villes.
La recherche, par les empereurs germaniques, dune prépondérance en Italie intensifie les échanges entre lAllemagne et le monde méditerranéen. Elle postule une liaison directe à travers les Alpes centrales, dont les cols vont succéder aux antiques passages orientaux et occidentaux de la chaîne. À la fin du XIIIe siècle, les habitants dUri aménagent les gorges de Schöllenen qui permettent le franchissement du Gothard.
Les vallées convergeant vers le lac des Quatre-Cantons prennent une importance géopolitique croissante.
Dans les régions dUri, de Schwyz, dUnterwald autour de Sarnen (Obwald) et de Stans (Nidwald) vivent des communautés forestières et pastorales, les Waldstätten , habituées à la gestion collective des bois et des alpages.
Au début du XIIIe siècle, les Waldstätten sont sujets des comtes de Habsbourg et craignent pour leurs libertés. Ils recherchent lappui de lempereur qui accorde à Uri, en 1231, et à Schwyz, en 1240, une charte dimmédiateté les plaçant sous sa juridiction directe et leur accordant la faculté de se gouverner eux-mêmes.
Mais Rodolphe de Habsbourg, déjà maître de Lucerne, au débouché de la route du Gothard, et dont les territoires enserrent les Waldstätten, est élu empereur en 1273. Il fait administrer les vallées par des baillis dont la rigueur indispose les populations.
En juillet 1291, Rodolphe Ier meurt, et les communautés dUri, de Schwyz et de Nidwald resserrent leur union par le pacte dalliance du 1er août 1291, document que les Suisses considèrent comme lacte de naissance de leur confédération.
Lattaque de Schwyz contre les terres du couvent dEinsiedeln est le prétexte de la répression autrichienne. Mais les montagnards sont vainqueurs à Morgarten (15 nov. 1315) et les Habsbourg signent la paix en 1318.
Lorigine de la Confédération a suscité une tradition légendaire qui ne repose pas sur des textes contemporains ou des témoignages authentiques mais se fonde sur des chroniques écrites deux siècles après les événements.
Au XVIIIe siècle, le mythe de lhelvétisme, né des théories de Jean-Jacques Rousseau sur la vertu et lesprit démocratique des montagnards, alimentera un thème promis à une immense fortune : les exploits des héros de lindépendance, Guillaume Tell, Arnold de Melchthal, Werner Stauffacher, liés par le serment de la prairie du Grütli.
Lhypercritique du XIXe siècle a nié la valeur historique de ces légendes que les spécialistes considèrent à présent comme lexpression dune tradition collective.
En 1315, les Waldstätten confirment et resserrent leur alliance par le pacte de Brunnen.
Dès lors, comme Schwyz avait eu un rôle très actif dans la lutte contre les Habsbourg, on prit lhabitude de désigner par ce nom : la Suisse, ou les Suisses, lensemble de la Confédération.
1469.
Création de lOrdre de Saint-Michel.
Alors que lAngleterre avait la Jarretière sous la protection de saint Georges et quun vassal français comme le duc de Bourgogne avait la Toison dor avec saint André, le roi de France navait aucun ordre à proposer à ses fidèles les plus proches et les plus méritants.
La guerre de Cent Ans attira lattention sur le Mont-Saint-Michel, qui ne peut être pris par les Anglais ; Jeanne dArc vit larchange saint Michel lui apparaître ; dès 1424, Charles VII eut un étendard rouge semé de soleils dor, avec saint Michel terrassant le Dragon, lors de son entrée à Paris, en 1437.
À son arrivée en France, Louis XI portait ses couleurs blanc et rouge, qui furent prises par tous les courtisans ; son étendard montrera saint Michel sur un champ blanc et rouge.
Cest au château dAmboise que Louis XI assembla pour la première fois, le 1er août 1469, "les membres de lordre et aimable compagnie de monsieur saint Michel" ; les statuts sont du même jour : le roi y rappelle tout dabord que larchange fut le premier chevalier, en combattant pour Dieu contre le Dragon, et quil avait toujours su garder le Mont des anciens ennemis du royaume ; puis il se déclare chef et souverain des trente-six chevaliers de haute noblesse. Le costume était somptueux avec manteau de damas blanc doublé dhermine et bordé dune broderie de coquilles dor ; le chaperon de velours cramoisi à longue cornette donnait la note rouge pour compléter le blanc et former ainsi les couleurs du roi.
Le souverain remettait aux chevaliers et portait lui-même un collier fait de coquilles dor, attachées par des lacs de même (transformés en cordelière stylisée par François Ier, 1516) ; y était attachée une image de saint Michel terrassant le Dragon (placée dans une médaille au XVIe s.).
Le siège de lordre était théoriquement le Mont-Saint-Michel, mais il semble quil ny eût aucune cérémonie ; dès 1476, le siège était en la chapelle Saint-Michel du palais de Paris puis, en 1557, dans la Sainte-Chapelle du château de Vincennes ; Louis XIV le mit au couvent des Cordeliers de Paris (1661-1665).
Conféré surtout à des militaires, lordre fut progressivement envahi de civils depuis la création de Saint-Louis (1693). Les artistes, docteurs et savants nommés, qui nétaient souvent que bourgeois, étaient alors anoblis, avec dispense des degrés de noblesse.
Aboli comme tous les ordres royaux nécessitant la noblesse (décret promulgué par lAssemblée nationale constituante du 30 juill. 1791, loi du 6 août et confirmation par préambule de la Constitution du 3 sept. suivant), Saint-Michel fut donné à peu de gens par Louis XVIII exilé.
Celui-ci réorganisa lordre quil fit dépendre du ministre de sa Maison (ordonnance du 16 nov. 1816).
Lordre est "spécialement destiné à servir de récompense et dencouragement à ceux de nos sujets qui se seront distingués dans les lettres, les sciences et les arts, ou par des découvertes, des ouvrages et des entreprises utiles à lÉtat" (article premier).
LAlmanach royal de 1830 comptait quatre-vingt-quatorze chevaliers reçus (dont six dAncien Régime et cinq démigration) et dix chevaliers honoraires (surtout étrangers).
La monarchie de Juillet supprima de facto cet ordre, qui ne fut plus porté en France (la Constitution de 1830 ne connaissait que la Légion dhonneur) ; une ordonnance du 10 février 1831 abolit tous les ordres créés depuis 1814.
1589
Assassinat du roi de France Henri III, sous le poignard dun moine dominicain fanatique, Jacques Clément.
A 38 ans, disparaît avec lui, le dernier représentant dune maison royale (la famille des Valois) qui pendant près de 3 siècles na pas cessé duvrer à la grandeur de la France.
Son cousin le plus proche, Henri de Navarre, faisait partie de la Famille des Bourbons, acquis au protestantisme.
1798
Défaite dAboukir.
Lamiral Nelson vainct les Français et coupe Bonaparte, en Egypte avec son armée de ses sources dapprovisionnement ou de retour en France !
Entré dans la marine à lâge de douze ans, en 1758, Horatio Nelson prend part à la guerre dAmérique, puis il est affecté en 1793 à lescadre de lamiral Hood engagée contre la France en Méditerranée.
Cest là, lors du siège et de la prise de Calvi, quil perd lil droit.
Trois ans plus tard, à la bataille du cap Saint-Vincent, Nelson, qui commande le Captain sous les ordres de Jervi, prend à labordage deux vaisseaux espagnols et gagne ses galons de contre-amiral.
Puis, cest, en juillet 1797, léchec devant Santa Cruz de Tenerife, où Nelson a le bras droit emporté.
En 1798, Nelson est chargé de couper la route à la flottille française qui emmène Bonaparte en Égypte.
Mais partout elle lui échappe : à Malte, à Candie, à Alexandrie même.
Enfin, le 1er août, en rade dAboukir, Nelson attaque et détruit la flotte française ; lamiral Brueys, qui le commande, est tué.
Il vient denlever à la République sa dernière escadre et de couper à Bonaparte le chemin du retour.
De là, Nelson se rend à Naples en proie aux révolutionnaires qui veulent renverser le roi Ferdinand IV.
On lui reproche beaucoup la répression féroce pour rétablir la monarchie, permise par la reine Marie-Caroline, et sa favorite, lady Hamilton, avec laquelle il noue une liaison.
Rappelé par le gouvernement anglais, il conduit, en qualité de vice-amiral, la flotte britannique devant Copenhague où il anéantit la flotte danoise.
Puis il reprend la lutte contre la France. Cest lui qui barre la route de la Manche à Napoléon qui, de Boulogne, voulait débarquer en Angleterre pour trancher le nud de la coalition.
Cest lui qui poursuit en Méditerranée lescadre commandée par lamiral de Villeneuve.
Indécis, persuadé de son infériorité, celui-ci se laisse bloquer dans le port de Cadix avec une escadre espagnole. Malgré les ordres de lEmpereur, Villeneuve sort pour affronter lennemi.
Le 21 octobre 1805, au large du cap de Trafalgar, Nelson rencontre les deux flottes française et espagnole, toutes deux mal armées, mal encadrées et peu manuvrières.
Après avoir galvanisé ses équipages ("LAngleterre compte que chacun fera son devoir ;"), lamiral fonce sur lennemi en deux colonnes, bien quil nait que sept vaisseaux à trois ponts contre quatre.
Grièvement blessé sur le pont du Victory , Nelson apprend, avant de mourir, que sa patrie est victorieuse. Les trente-trois vaisseaux de lescadre franco-espagnole sont capturés ou en fuite. Villeneuve est prisonnier. La France na plus de marine et la patrie de Nelson demeure vraiment maîtresse des mers.
1914
Mort sur le front du poète français, romancier dun unique chef duvre : Henri Alain-Fournier.
"Quelque chose désespérément me réclame et toutes les routes de la terre men séparent."
Henri Alain-Fournier et Augustin Meaulnes, le héros du Grand Meaulnes (1913), se rejoignent dans cette phrase. Les analogies entre la vie de celui qui prit, en 1907, juste après la khâgne, le pseudonyme dAlain-Fournier et son roman sont manifestes : La Chapelle-dAngillon et les paysages du Cher, les parents instituteurs, la rencontre avec Yvonne de Galais, une liaison avec Jeanne, modiste comme Valentine est couturière, la deuxième rencontre, huit ans plus tard, avec Yvonne...
Ce sont les traces de ce que son ami, beau-frère et correspondant Jacques Rivière nomme "une conception littéraire" : "Je sais bien", lui dit-il, évoquant Claudel qui, avec Gide et Laforgue, forma Alain-Fournier, "que tu penses toujours à : "Nous ne séparerons pas la vie davec lart" (24 mai 1906).
Cest quAlain-Fournier "nest pas dici" (13 sept. 1911) ; il est de lattente, attente-souvenir du bonheur ou de lamour, attente de lui-même : "Je ne sais si je dois lappeler mon amour ou moi-même" (22 août 1906), alors quici "on se résigne à lamour comme on se résigne à la vie" (11 oct. 1906).
Il nest donc sans doute pas davantage dun là-bas chrétien, même après sa nuit pascalienne du 5 janvier 1907, étant "trop psychologue" pour être catholique (26 janv. 1907).
Mais cette plénitude pieuse quil nomme joie, et qui "ne trouverait pas Dieu ailleurs que partout", finit peut-être par saccomplir dans lici dune vie pourtant encore traversée par labsence, grâce à Simone, le "cur pur" de lépigraphe de Colombe Blanchet .
Et le 1er août 1914, avant de partir pour le front où il disparaît aussitôt, Alain-Fournier écrit à sa sur Isabelle : "Je pars content."
Cam.
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Dernière modification le 04/10/98, ©camilist 1998
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