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Chroniques du 3 Août.

1108

Sacre du roi de France, Louis VI dit Le Gros.

Né en 1081de Berthe de Hollande et de Philippe Ier, il est associé au trône en 1098 par son père qui lui avait confié les opérations militaires face aux Anglo-Normands. Mais le 3 Août 1108, il doit se faire sacrer précipitamment pour ne pas risquer la concurrence d’un fils de la seconde femme de son père, Bertrade de Montfort. Il épouse en 1115 Adélaïde de Savoie, nièce du pape Calixte II.

Sous son règne, le pouvoir royal s’affirme sur le domaine par l’élimination des seigneurs pillards d’Île-de-France : Ebbes de Roucy (1102), Enguerrand de Coucy (1117), et surtout Thomas de Marle (1130). Ce domaine est intelligemment mis en valeur suivant les conseils de Suger, abbé de Saint-Denis : création de villes neuves et privilèges fiscaux accordés aux communautés rurales contribuent à peupler l’Île-de-France. La charte de Lorris en Gâtinais servira de modèle pendant tout le XIIe siècle.

Au-delà du domaine, Louis VI essaie d’affirmer l’autorité de la justice royale dans les grands fiefs : il intervient avec succès en Bourbonnais et en Auvergne, mais il ne peut s’imposer ni en Normandie, ni en Flandre.

Contre Henri Ier Beauclerc, duc de Normandie et roi d’Angleterre, il mène en vain trois campagnes pour soutenir les prétentions de Robert Courteheuse puis de Guillaume Cliton. En Flandre, il ne réussit pas davantage, après l’assassinat du comte Charles le Bon (1127), à imposer son protégé, le même Guillaume Cliton, contre Thierry d’Alsace. Ce second échec témoigne de l’existence de puissances nouvelles, les villes de Flandre, dont Louis VI n’avait pas respecté les privilèges.

Pourtant, comme dans son domaine, Louis VI saura jouer des forces socio-économiques nouvelles : il soutient l’établissement des communes urbaines en Picardie et en Flandre, comme il soutient les efforts des réformateurs grégoriens pour soustraire l’élection des évêques à l’autorité des princes, mais non à la sienne propre.

Cette politique porte ses fruits puisqu’en 1124, lorsque l’empereur Henri V, allié de Henri Ier Beauclerc son gendre, envahit la France, Louis VI obtient l’aide de tous ses grands vassaux, ce qui contraint l’empereur à se retirer sans combattre. Elle semble même remporter un succès sans précédent en 1137 : Louis VI marie son fils aîné, le futur Louis VII, à Aliénor, fille et unique héritière du duc d’Aquitaine.

Le domaine royal s’étend de l’Oise aux Pyrénées, mais le divorce d’Aliénor et son remariage avec Henri II Plantagenêt (1152) devaient remettre en cause cette union contre nature du nord et du sud du royaume. C’est la cause première et ancienne de la Guerre de Cent-Ans qui surviendra deux siècles plus tard !

1492

Qui ne se souvient du 500 ème anniversaire, il y a 6 ans ?

Ce serait un 3 Août que Christophe Colomb aurait pris la mer, à Palos, sur la Santa-Maria, le navire-amiral, avec ses 3 caravelles, pour découvrir … non pas les Indes, mais " San Salvador ", la porte de l’Amérique !

1533

Mort du dernier Roi Inca. La civilisation progresse en Amérique ! " Cuzco, la ville des souverains de ce pays, est si grande et si belle qu’elle serait digne de s’élever en Espagne. Elle est pleine de palais et les pauvres y sont inconnus ", s’écria Pedro Sancho de Hoz, qui accompagnait Pizarro lorsqu’il pénétra dans la ville.

Depuis le temps où le légendaire Manco Capac avait décidé de se fixer dans cette vallée fertile, le Cuzco s’était accru et embelli. À l’origine simple hameau de chaumières, il devint, sous le règne de Pachacutec, une cité aux vastes places bordées d’édifices imposants, réservés au souverain, à la noblesse et aux prêtres.

Sur la grande place Huacaipata , centre de la ville, s’élevaient le palais de l’Inca régnant et ceux de ses prédécesseurs, le temple du dieu Viracocha, ainsi que différents édifices abritant les fonctionnaires, Yachay-huasi , " la maison du savoir ", où étaient formés les comptables, les chroniqueurs officiels, les savants, et, à proximité, Aclla-huasi , " la maison des femmes choisies " où chaque année étaient envoyées des jeunes filles " réquisitionnées " dans les villages, afin d’être consacrées au service de l’Inca ou des dieux.

De cette place partaient les quatre grandes routes dallées qui reliaient Cuzco aux provinces du Tahuantinsuyu.

Les plus beaux spécimens de la maçonnerie inca – ce célèbre appareillage fait de blocs étroitement encastrés sans mortier – se trouvent au Cuzco, où certains édifices, tel le temple du Soleil Coricancha , atteignent la perfection.

De nos jours, la plupart des vestiges forment les soubassements des édifices coloniaux ; du haut de trois murailles en dents de scie superposées, la forteresse de Sacsayhuamán domine la ville de ses blocs cyclopéens dont Sancho de Hoz disait qu’ils étaient si grands " que nul ne suppose en les voyant qu’ils ont été placés par la main de l’homme ".

Sur les chemins qui menaient à la capitale, les voyageurs en s’approchant disaient " je te salue, grande cité du Cuzco ", et lorsqu’ils croisaient des hommes qui en venaient, ils les saluaient, car ils venaient de la Ville des Dieux.

En 1527, Huayna Capac, onzième Inca, venait malencontreusement de partager l’empire entre ses deux fils, Huascar le fils légitime et Atahualpa, fils d’une concubine, tandis que d’alarmantes nouvelles arrivaient du nord de l’empire, où le conquistador Pizarro débarquait, pour la première fois, à Tumbes.

La prédiction s’était accomplie, Viracocha le dieu blanc et barbu, qui était autrefois parti vers l’ouest, sur la mer, en promettant de revenir, était de retour. Les deux frères ne tardèrent pas à entrer en lutte, et lorsque, en 1531, Pizarro revint pour la troisième fois, l’empire était plongé dans la guerre civile.

Atahualpa avait réussi à battre les armées de son demi-frère et campait alors dans la vallé de Cajamarca, avant de marcher sur le Cuzco. Dès lors les événements se précipitèrent. À la tête de sa petite troupe de cent quatre-vingt-deux hommes, Pizarro défit et mit en fuite l’armée impériale, terrorisée par les chevaux et les armes à feu inconnues.

Moins d’une heure suffit à abattre un empire et une dynastie ; Atahualpa, prisonnier de Pizarro, tenta d’acheter sa liberté en échange d’une fabuleuse rançon d’or et d’argent. Mais les Espagnols décidèrent sa mort, le jugeant trop dangereux vivant. Le 3 août 1533, le dernier souverain inca était étranglé. Peu après, la troupe de Pizarro marcha sur le Cuzco et s’en empara, scellant définitivement le destin du Tahuantinsuyu.

" Ne nous attardons pas à énumérer les griefs qui pèsent sur les épaules de ceux qui tuèrent Atahualpa, le dernier roi inca. Succombant sous le poids de leurs crimes, tous ont mal fini " (López de Gomara).

En effet, en quelques années, Francisco Pizarro, Diego de Almagro, Gonzalo Pizarro, tous les chefs importants de la conquête mourront assassinés ou exécutés au cours de guerres civiles acharnées.

1546

Mort sur le bûcher, à Paris, d’un humaniste, défenseur de la langue française, hérétique non convaincu ( ! ! !).

Etienne Dolet.

Né en 1509, après avoir fait à Paris des humanités classiques très soignées, Étienne Dolet entreprend le traditionnel tour des universités européennes, notamment à Padoue, qui est l’un des centres les plus réputés de l’humanisme italien avec une forte coloration épicurienne. Après un passage à Toulouse (droit), où son éloquence fait des ravages dans les milieux estudiantins, il se fixe à Lyon auprès de l’un des plus grands imprimeurs du siècle, Gryphius (Sébastien Gryphe).

Dès lors, il mène conjointement un travail de philologue érudit et d’imprimeur, correcteur et lecteur d’épreuves. Il rédige les Commentaires de la langue latine , énorme compilation d’étymologies, de racines et d’élucubrations parfois saugrenues, constituant l’un des premiers lexiques étymologiques pour le latin.

Bourré de notes et de digressions, c’est un livre de travail, à lire à loisir, et qui ne manque pas d’intérêt. Cependant, la vie agitée de Dolet semble mal s’accorder avec le métier austère et calme qu’il s’est choisi : à Lyon, il commet notamment, de manière semble-t-il accidentelle, un meurtre qui inaugure la longue série de ses déboires avec l’autorité ; il s’enfuit à Paris, obtient sa grâce de François Ier lui-même, retourne à Lyon, où il n’en est pas moins jeté en prison, pour ne retrouver sa liberté qu’après nombre de requêtes auprès du cardinal de Tournon.

Il s’installe alors imprimeur à son compte et publie, outre Galien, Rabelais et Marot ; ce qui ne manque pas d’attirer sur lui l’attention de la censure ecclésiastique : après la publication du Manuel du chevalier chrétien  d’Érasme, livre convaincu d’hérésie, il est incarcéré à la demande de l’Inquisition.

Il passe quatre années, de 1542 à 1546, à s’évader pour être repris ; enfin, il est conduit à la Conciergerie, où il écrit en vers le Cantique d’Estienne Dolet, l’an 1546, sur sa désolation et sa consolation. Le 3 août 1546, ce curieux homme est brûlé vif avec ses livres place Maubert à Paris.

On raconte qu’en allant au bûcher Dolet aurait fait le jeu de mots suivant : Non dolet ipse Dolet, sed pro ratione dolet  (Dolet ne s’afflige pas sur lui-même, mais s’afflige pour la raison).

À côté des Carmina , recueil de vers latins contenant notamment de virulentes épigrammes sur les moines et les superstitions, l’un des textes les plus clairs et les plus courts que Dolet ait écrits s’intitule "La Manière de bien traduire d’une langue en autre", et constitue, avant la Défense et illustration  de Du Bellay, un vibrant appel à tous les écrivains pour qu’ils utilisent leur langue maternelle plutôt que le latin, afin que les "étrangers ne nous appellent plus barbares".

1778

Inauguration d’un des plus célèbres espace lyrique : la Scala de Milan.

Construit en 1778 par l’architecte Giuseppe Piermarini pour remplacer le théâtre ducal détruit deux ans auparavant, le " Teatro alla Scala " (3 600 places) doit son nom à Regina della Scala, épouse du duc Barnabo Visconti, fondatrice au XIVe siècle d’une église sur le site du futur théâtre.

Inauguré par l’Europa riconosciuta  de Salieri le 3 août 1778, la Scala, après avoir longtemps partagé la vedette avec ses rivaux de Rome, Naples et Venise, est depuis le milieu du XIXe siècle le théâtre lyrique le plus glorieux d’Italie.

Tout compositeur d’importance séjournant dans la péninsule a écrit pour lui, à commencer par Mozart, qui écrivit Lucio Silla  pour Milan au XVIIIe siècle, précédant ainsi Rossini, Donizetti et Bellini dans la première moitié du XIXe siècle.

Ont été créés à la Scala : La Gazza Ladra , Lucrezia Borgia , Norma , Otello , Falstaff , Madama Butterfly , Turandot ...

Arturo Toscanini (chef permanent de 1898 à 1903, et de 1906 à 1908, puis directeur artistique de 1921 à 1929) est à l’origine du plus splendide rayonnement de l’institution : il ouvre le théâtre le plus italien à Wagner, Strauss ou Debussy et impose des productions parmi les plus marquantes de l’époque.

C’est alors seulement que la troupe de la Scala atteint à un rayonnement international, répété à travers le monde par des artistes comme Rosa Raisa, Aureliano Pertile, Conchita Supervia, Mariano Stabile ou des chefs comme Tullio Serafin.

En 1921, l’administration du théâtre est confiée à une Ente Autonomo, regroupant ses différents subventionnaires. La direction est assumée par un superintendant qui est assisté d’un directeur artistique et d’un directeur de la musique.

Malgré l’ingérence de l’État fasciste, désireux de donner la première place à l’Opéra de Rome (ce qui causera le départ de Toscanini), Vittorio de Sabata parviendra à maintenir le niveau artistique du théâtre, avant sa destruction par un bombardement en août 1943.

Il sera reconstruit à l’identique et réinauguré par Toscanini le 11 mai 1946. Il retrouvera rapidement son rang parmi les toutes premières scènes mondiales.

Sous la direction d’Antonio Ghiringhelli (1948-1972, commissaire extraordinaire de 1945 à 1948), la troupe comporte des artistes comme Renata Tebaldi et Maria Callas et assure des spectacles dirigés par Herbert von Karajan ou Leonard Bernstein, et mis en scène par Lucchino Visconti ; ces spectacles correspondent à la renaissance de tout un répertoire belcantiste disparu, sans que soit pour autant négligée la politique de créations : on verra ainsi la première des Dialogues des carmélites  de Poulenc en 1957 ou celle, bien tardive, de l’Atlantida  de De Falla en 1962.

En 1955 s’ouvre dans l’enceinte du théâtre la Piccola Scala (600 places), fondée par Paolo Grassi pour jouer les opéras de chambre et les œuvres de recherche.

En 1972, Claudio Abbado réorganise la politique du théâtre vers une plus grande ouverture artistique et une démocratisation plus importante.

Et la période de la direction musicale d’Abbado (1968-1986) et de Riccardo Muti depuis 1986 — avec des productions somptueuses signées Strehler ou Ronconi, les artistes italiens ou internationaux du plus grand renom, des créations aussi considérables que des opéras de Nono (Au grand soleil d’amour chargé , 1975 ; Prométhée , 1985) et de Berio (Un rè in ascolto , 1986), ou le gigantesque Licht  de Stockhausen (Donnerstag aus Licht , 1981 ; Samstag aus Licht , 1984 ; Montag aus Licht , 1988) — s’inscrit dans l’histoire du théâtre comme l’une des plus brillantes.

1787

Le Mont Blanc est vaincu ! Un Mathématicien, Horace Bénédicte de Saussure, viole le sommet invaincu ! Naturaliste et physicien suisse, né en 1740 à Genève, Horace Bénédict de Saussure concourt à vingt ans pour une chaire de mathématiques et obtient à vingt-deux ans celle de philosophie à l’université de Genève, poste qu’il abandonnera à quarante-six ans pour se consacrer à la géologie. Ses observations sur les Alpes forment la base de cette science.

Dès 1760, il parcourt les glaciers de Chamonix et, le 3 août 1787, avec dix-sept guides menés par Balmat, il arrive le premier au sommet du mont Blanc (Journal d’un voyage à Chamouni et à la cime du Mont-Blanc en juillet et aoust , 1787). L’année suivante, il séjourne 2 semaines au glacier des Géants pour des études météos. On lui doit des observations sur les ballons, l’électricité, la température des eaux, la décomposition de l’air, les étoiles filantes...

Il a inventé l’hygromètre à cheveu qui porte son nom (Essais sur l’hygrométrie , 1783) et de nombreux instruments : un anémomètre, le diaphanomètre et le cyanomètre, destinés à comparer respectivement la couleur du ciel et la transparence de l’air aux différentes altitudes. Ses travaux ont porté sur la minéralogie, la physique, la chimie, la botanique, la zoologie et la météorologie dans leurs relations avec les montagnes.

En physiologie végétale, il a démontré l’existence des phénomènes respiratoires chez les végétaux chlorophylliens non exposés à la lumière.

Dans ses Voyages dans les Alpes  (1795), il écrit : "J’ai traversé quatorze fois les Alpes par huit passages différents, parcouru le Jura, les Vosges, les montagnes de la Suisse, de l’Italie, de la Sicile, de l’Angleterre, de l’Allemagne et visité les anciens volcans de l’Auvergne. J’ai fait tous ces voyages le marteau de mineur à la main."

1914

Mobilisation d’un écrivain et poète français, peintre de la Franche-Comté et de la condition paysanne.

Cet instituteur mobilisé exceptionnellement (la classe 1882 n’était pas prévue dans le plan général) mourra 9 mois plus tard ! Le temps d’une genèse. Celle de la perte d’un grand écrivain régionaliste à qui l’on doit une des répliques célèbres de la littérature : " Si j’avais su, j’aurais pas v’nu " ! " (Le petit Gibus dans la guerre des boutons) de Louis Pergaud. J’en ai parlé le 7 ou le 8 Avril. Relire la Chronique à ce sujet.

1954

Mort de la maman de " Claudine " et de " Bel-Gazou " , l’écrivain Français, Colette.

1977

Mort du " Bienheureux ", Monseigneur Makarios, archevêque de Chypre et chef de gouvernement, héros de l’Indépendance Chypriote. Il incarne aujourd’hui encore la lutte millénaire des Grecs contre les Turcs, des Chrétiens contre l’Islam, du nationalisme contre toute occupation étrangère.

Né en 1913 à Páfos, dans une famille paysanne, le jeune Mikhaíl Khristódhoulos Mouskos ne peut "étudier " que grâce à l’assistance d’un monastère. Après des études secondaires à Nicosie, il est, en 1938, ordonné diacre de l’Église orthodoxe grecque.

De 1938 à 1943, il étudie le droit et la théologie à Athènes et assure des prédications dans une église du Pirée. Ordonné prêtre en 1946 — il reçoit le nom de Makarios (Bienheureux) —, il poursuit avec l’aide du Conseil mondial des Églises ses études à Boston (1946-1948).

À son retour, il est nommé évêque de Kition (Kéti) et dès lors participe activement au mouvement des Chypriotes grecs revendiquant le rattachement de leur île à la Grèce. Élu en 1950 archevêque de Chypre, il devient également "ethnarque" — c’est-à-dire chef — de la communauté grecque orthodoxe de l’île ; attribuée par l’administration ottomane aux chefs des communautés religieuses de l’Empire, la charge comportait à la fois, outre l’exercice de pouvoirs temporels, des pouvoirs administratifs, économiques et fiscaux, ainsi que des responsabilités en matière d’éducation, de représentation politique et même d’organisation militaire.

L’Église de Chypre étant autocéphale, Makarios avait droit au titre de chef de la communauté orthodoxe et pouvait, par sa position, influer grandement sur le devenir politique de l’île.

La population grecque de Chypre avait demandé huit mois plus tôt par plébiscite l’union à la Grèce.

L’Enôsis est porteur de ce mouivement populaire.

Makarios se fait leader de ce mouvement nationaliste et parcourt les pays occidentaux pour faire connaître et confirmer les justes raisons de la revendication des Chypriotes ; l’administration britannique feint d’ignorer la demande, puis en 1955-1956 laisse le gouverneur de Chypre, sir John Harding, engager des négociations avec Makarios et, pour couper court aux manifestations populaires, déporte en 1956 Mgr Makarios aux îles Seychelles.

L’action terroriste de l’E.O.K.A. (Organisation nationale des combattants chypriotes), créée en 1955 par le colonel chypriote grec Grivas, n’avait pas été pour rien dans la décision britannique ; toutefois, Makarios préconisait que l’on ne recoure qu’aux manifestations pacifiques et désavouait l’E.O.K.A.

La relégation du leader chypriote s’étant opérée dans des conditions fort particulières — son avion est détourné par les Anglais vers les Seychelles, alors que celui-ci se rendait traiter des conditions de l’autodétermination avec Londres —, le terrorisme s’accroît dans l’île ; la communauté musulmane de l’île prend de son côté les armes contre l’E.O.K.A. et réclame son rattachement à la Turquie.

Londres et Washington ne voulant pas d’un conflit entre deux membres de l’O.T.A.N., des négociations entre la Turquie et la Grèce s’ouvrent à Athènes ; libéré, Makarios prend part aux négociations ; préconisant une solution pacifique, il obtient l’indépendance de l’île et devient en décembre 1959 chef de ce nouvel État.

Devant affronter très vite les partisans du rattachement à la Grèce — le général Grivas avec l’E.O.K.A. et une partie de l’Église chypriote animée par Mgr Kyprianos —, il neutralise Grivas en lui confiant le commandement des forces armées et œuvre au rapprochement des communautés orthodoxe et musulmane.

En 1964, prenant occasion de l’arrivée au pouvoir à Athènes de forces centristes animées par Georges Papandréou et devant faire face à des affrontements sanglants entre les communautés, il demande la révision des accords définissant le statut de Chypre et tente de faire admettre une formule réalisant l’Enôsis.

La chute de Papandréou et la prise de position de Grivas en faveur des colonels le font alors se retrancher dans une volonté d’indépendance complète de l’île qui respecte l’existence des deux communautés. Plébiscité aux élections de 1968 et soutenu par le centre travailliste et par la gauche communiste (A.K.E.L.), il rompt avec les nationalistes de Grivas et épure l’Église des prélats nationalistes.

Il échappe à plusieurs attentats, mais la mort de Grivas en janvier 1974 lui permet d’envisager une action qui le libère des actions nationalistes. Makarios demande à la Grèce de rappeler les officiers grecs qui encadrent la garde nationale chypriote, mais avant même qu’Athènes n’ait réagi en réponse à sa demande les officiers grecs en poste à Chypre entraînent la garde nationale à se révolter. Makarios, dont on a annoncé la mort, est renversé le 15 juillet 1974 et doit fuir à Londres ; les troupes grecques et turques interviennent.

En août, Glafcos Cléridès, chef du gouvernement chypriote, doit quitter Nicosie pour Limassol. En décembre, Makarios rentre à Nicosie, où il est triomphalement accueilli, et reprend la tête du gouvernement, jusqu’à sa mort le 3 août 1977.

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 01/10/98, ©camilist 1998 --- une remarque ?
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