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Chroniques du 4 Août.

1265

Mort de Simon de Montfort, pas celui de la Croisade des Albigeois dont on tant parlé dans ces Chroniques, mais de Simon de Montfort, duc de Gloucester, le fils du chef de la Croisade. Né en 1208, héritier, par sa grand-mère, d’un comté anglais, il vient en Angleterre à la cour de Henri III et obtient, en 1239, la confirmation de ses droits sur le comté de Leicester.

Suivent près de vingt ans d’orageux rapports, traversés de phases de réconciliation, entre Simon de Montfort et le roi ; celui-ci, ayant, en 1253, relevé son vassal du gouvernement de la Gascogne, s’en fait définitivement un ennemi.

De 1258 à 1265, le comte de Leicester va jouer un rôle majeur dans l’ébranlement de la puissance royale. Allié aux barons, il obtient en 1258 la ratification des Provisions d’Oxford qui soumettent pratiquement la couronne au contrôle d’un Conseil royal de quinze membres et limitent ses initiatives en matière fiscale et ecclésiastique.

Les dissensions intestines ruinent le système mis en place et, à partir de 1263, Simon de Montfort reconstruit un parti nouveau. Associé encore à quelques puissants barons, dont le nouveau comte de Gloucester, et à un certain nombre d’évêques, il recrute ses partisans dans des milieux plus humbles, les chevaliers et les bourgeois des villes, en particulier de Londres ; il devient le champion d’une Angleterre du Sud et de l’Est et, en 1264, grâce à sa victoire de Lewes, il s’empare de la personne du roi.

Il exerce alors le pouvoir dans le cadre d’un conseil de neuf membres. Soucieux de le consolider, il convoque en 1265 un Parlement (issu de la Grande Charte de 1215) qui comprend, outre des barons, des représentants des chevaliers et des bourgs. Il aurait ainsi, à tout le moins, favorisé l’évolution historique conduisant à la création de la représentation parlementaire des " Communes ", ne serait-ce que par l’exemple donné au futur Édouard Ier.

Celui-ci, alors prince héritier, met pourtant fin à la tentative de Simon de Montfort en le battant et en le tuant lors de la bataille d’Evesham (4 août), après l’avoir privé du soutien de plusieurs barons, dont Gloucester.

1789

La nuit du 4 Août 1789 reste désormais dans l’Histoire au même titre que la prise de la Bastille. Mais si la prise de la Bastille ne constituait qu’un symbole, la Nuit du 4 Août est terriblement réelle car disparaît alors l’ancienne France fondée sur le privilège et les vieilles structures de la féodalité.

La séance du 4 août 1789 de l’Assemblée nationale est la conséquence de la Grande Peur, qui jette les paysans contre les châteaux. Le soulèvement des campagnes rappelle aux députés le problème paysan. Les révoltes agraires ne touchent pas seulement les intérêts de la noblesse, mais également ceux de la bourgeoisie, qui avait acquis de nombreux biens fonciers. Faut-il défendre la propriété par la force ou faire des concessions ? Nobles libéraux et bourgeois penchent pour la dernière solution, l’abolition des privilèges fiscaux, la suppression des corvées et de la mainmorte. L’Assemblée, d’abord réticente, se laisse entraîner par un véritable délire qui a frappé tous les contemporains. " On pleurait, on s’embrassait. Quelle nation ! Quel honneur d’être français ! ", note un témoin.

Disparaissent d’un coup, dans l’élan qui emporte l’Assemblée, les corvées, les justices seigneuriales, les dîmes, la vénalité des offices, les privilèges fiscaux des provinces, des villes et des individus. C’est reconnaître l’égalité de tous devant l’impôt et devant l’emploi et achever l’unité de la nation. " Nous avons fait en dix heures, écrit un député, ce qui devait durer des mois. " En réalité les décrets des 5 et 11 août n’abolissent que les servitudes personnelles, les corvées et le droit de chasse, tandis que les droits réels pesant sur la terre ne sont déclarés que rachetables à un taux onéreux.

L’abolition de la vénalité des offices s’accompagne d’une indemnisation qui permet aux anciens titulaires de réinvestir l’argent dans l’achat de biens nationaux. Quant aux corporations, l’article 10 du décret du 11 août se borne à leur interdire de nommer des représentants particuliers pour défendre leurs intérêts devant la municipalité. Elles ne disparaîtront qu’avec la loi d’Allarde, le 2 mars 1791.

La nuit du 4 août doit être ramenée, en dépit de son retentissement, à de plus modestes proportions, car elle a eu surtout pour but de calmer les jacqueries qui menaçaient les intérêts de la bourgeoisie autant que ceux des nobles. Elle n’en a pas moins consacré l’abolition du régime féodal et des privilèges.

Notons que le Roi Louis XVI s’est refusé à reconnaître cette suppression des privilèges de la Noblesse. Mais les émeutes d’Octobre 1789 et la pression populaire le pousseront à les accepter officiellement.

1901

Naissance à La Nouvelle Orléans, de Louis Armstrong. Le 4 Août et non pas le 4 Juillet (Independance Day) 1900 comme l’ont laissé croire son imprésario et la légende alimentée par le trompettiste lui-même.

1919

Naissance de Michel Déon, académicien, auteur du " Taxi Mauve ". Il naît à Paris le 4 août 1919. Mais la capitale se montre impuissante à ce nomade que sollicite la chaude lumière du Midi et l’insistante musique du bonheur.

C’est d’abord Monaco, lié au souvenir fugace d’un père conseiller à la cour du prince Louis II, puis les rues du vieux Nice, et la faculté de droit de Paris après Janson-de-Sailly. Au carrefour d’une jeunesse prématurément livrée aux emballements de l’histoire, le jeune étudiant hésite entre trois voies qui s’ouvrent devant lui comme autant de tentations incertaines : la politique à l’ombre du vieux Maurras et de L’Action française , la guerre rapidement entrevue sous De Lattre, la littérature à l’appel de ces maîtres exigeants que l’on se donne à vingt ans et pour toujours.

Après la Libération, Michel Déon sillonne l’Europe et fait un sort à ses regrets dans quelques livres maladroits. " Je ne veux jamais l’oublier "  (1950), miroir fêlé d’un bonheur envolé, marque son entrée dans les lettres et son départ vers le Nouveau Monde dont il revient avec " La Corrida "  (1952), histoire d’un réfugié meurtri dont on gage qu’il ressemble à l’auteur comme un frère.

Il fait bientôt escorte aux " hussards " (Nimier, Blondin, Laurent) qui ont entrepris de donner le coup de grâce aux mandarins fatigués de l’existentialisme parisien. De 1952 à 1956, il publie trois livres tendres et insolents : " Le Dieu pâle "  (1954), Tout l’amour du monde  (1955) et la vitriolique " Lettre à un jeune Rastignac "  (1956). Ils sont suivis par trois livres disparates où s’affirme, dans un style intimiste, une très étonnante maîtrise des choses du cœur : " Les Trompeuses Espérances "  (1956), " Fleur de colchique "  (1957) et " Les Gens de la nuit "  (1958), un adieu tendrement déchiré aux aventures nocturnes de Saint-Germain-des-Près qui prélude à de nouveaux départs.

Il voyage au Portugal, dans le Tessin, en Grèce mais il n’oublie pas pour autant les épreuves que traverse son pays, comme en témoigne un essai sur " L’Armée d’Algérie et la pacification "  (1959) et un roman sur le contre-terrorisme en Afrique du Nord, " La Carotte et le Bâton "  (1960).

Il mûrit son œuvre la plus forte et la plus ambitieuse : " Les Poneys sauvages "  (1970), chant funèbre ample et puissant sur la décadence irréversible de l’Occident, qui obtient le prix Interallié. Désormais, pour Michel Déon, c’est la consécration du succès et la rencontre avec un large public. En 1973, l’Académie française couronne " Un taxi mauve " , roman échevelé à la gloire de l’Irlande, dernier refuge de ce nomade sédentaire. Viendront ensuite " Le Jeune Homme vert "  (1975) et " Les Vingt Ans du jeune homme vert "  (1977), roman d’apprentissage qui est aussi une chronique douce-amère de la vie française depuis 1918.

L’ombre de Stendhal plane sur ces deux romans, comme sur " Je vous écris d’Italie "  (1984). Michel Déon a écrit également un délicieux conte pour enfants, " Thomas et l’Infini ", " Un déjeuner de soleil "  (1981), biographie imaginaire d’un romancier cosmopolite dont bien des traits sont empruntés à Paul Morand (à qui il fut très lié) et une gerbe de souvenirs et de réflexions, " Mes Arches de Noé "  (1978), composant le portrait d’un artiste solitaire qui a pu porter à un degré de perfection rare l’honneur et la grâce d’écrire.

1984

Le 4 Août, la république de Haute Volta devient officiellement le Burkina Faso : " la patrie des Hommes intègres " ! Ancien territoire de l’Afrique-Occidentale française, la république de Haute-Volta (parfois appelée République Voltaïque, capitale Ouagadougou) a accédé à l’indépendance en 1960 ; elle est devenue, depuis le 4 août 1984, le Burkina Faso (" la patrie des hommes intègres ").

Situé au sud de la boucle du Niger, ce pays sahélo-soudanien n’a pas de débouché sur l’océan Atlantique, dont il est éloigné de plusieurs centaines de kilomètres ; ses voisins sont le Mali, la Côte-d’Ivoire, le Ghana, le Togo, le Bénin et le Niger. Défavorisé par des conditions naturelles ingrates, presque totalement démuni de ressources minières immédiatement exploitables et habité par une population parmi les plus denses d’Afrique (estimée à 8,8 millions d’habitants pour une superficie de 274 000 km2), le Burkina Faso est un des pays les plus pauvres du monde ; son P.N.B. par habitant, en baisse depuis plus de 10 ans, est de 320 dollars (rapport de la Banque mondiale 1991).

La population est divisée en une soixantaine d’ethnies d’inégale importance, qui se partagent entre deux groupes linguistiques : gur, ou voltaïque, et mandé. Les principaux ensembles ethniques sont : les Moose, ou Mossi (47 p. 100 de la population), les Gourmantché, les Bisa, les populations dites gourounsi, les Samo, les Marka, ou Dafing, les Bwa, les Bobo, les Dagari, les Lobi et une fraction des Sénoufo ; Peuls et Touaregs occupent la partie septentrionale du pays.

Les religions traditionnelles (animisme) sont largement majoritaires. Mais l’islam, depuis longtemps religion des commerçants, étend son influence sur plusieurs régions, notamment chez les Moose. Les cadres administratifs et politiques appartiennent à la minorité chrétienne et exercent une influence prépondérante sur les affaires publiques.

Le territoire du Burkina Faso forme, au centre du bouclier ouest-africain, une pénéplaine au relief monotone, dont l’altitude moyenne est de 300 mètres. Le climat est tropical soudanien, avec une longue saison sèche (de novembre à mai) et une courte saison humide (de juin à octobre). L’harmattan, vent chaud et sec, se fait particulièrement sentir de mars à mai. Le territoire du Burkina Faso appartient pour l’essentiel au haut bassin des Voltas (d’est en ouest : Voltas Blanche, Rouge et Noire) ; le réseau hydrographique est extrêmement médiocre. Aux trois sous-climats soudaniens correspondent trois zones de végétation : la steppe arbustive (climat sahélien), la savane (climat nord-soudanien) et la forêt sèche (climat sud-soudanien).

Les 2 principales villes du pays sont Ouagadougou (442000 hab. en 1991), capitale actuelle et ancienne capitale du plus important des anciens royaumes moose, et Bobo-Dioulasso (231000 hab.), centre économique de l’époque coloniale.

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 01/10/98, ©camilist 1998 --- une remarque ?
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