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Chroniques du 6 Août.

1623

Election de Maffeo Barberini à la tiare pontificale sous le nom d’Urbain VIII.

Élégant Florentin qui commence la carrière comme nonce à Paris et qui, nommé cardinal de curie à trente-huit ans, connaît déjà le milieu romain quand il est élu pape le 6 août 1623, à 55 ans, sous le nom d’Urbain VIII. Politicien de tempérament et de tradition familiale, Maffeo Barberini ne résiste pas longtemps à la tentation d’un affrontement des Barberini avec les Farnèse à propos du duché de Castro. Durant ses vingt et un ans de pontificat, il prétend bien être un partenaire à part entière dans le grand jeu des politiques internationales.

Sincère ami de la paix, réalisant mal la nouveauté de l’Europe du Grand Siècle, il évite de justesse de graves querelles avec les Impériaux, qui ont toujours envie d’une descente sur Rome, notamment quand le pape se rapproche trop de Richelieu ; avec l’Autriche ou Venise, quand il se mêle de l’équilibre entre catholiques et protestants dans les cantons suisses ; avec le jeune Portugal passionné de liberté, quand il ne veut pas reconnaître son indépendance.

Sa politique religieuse fut, elle aussi, d’un pacifique obligé à de douloureuses batailles : admirateur sincère de Galilée, il dut le laisser condamner par le Saint-Office en 1633, réussissant tout juste à transformer en résidence surveillée à Sienne ou à Florence le régime de prison imposé au savant jusqu’à sa mort en 1642.

Quand l’Augustinus  de Cornelius Jansenius parut en 1640, il ne put empêcher la préparation d’une condamnation, mais la bulle In eminenti  ne sortit qu’en 1643. Le souci des Églises extra-européennes l’amena à prendre sous sa protection les chrétiens persécutés du Japon, à lancer vers l’Orient le plus extrême les missionnaires des grands ordres et même à accueillir, dans un Collegio Urbano fondé pour eux (1629), les Asiatiques qui se portaient volontaires pour le clergé latin.

Le touriste d’aujourd’hui sait surtout qu’Urbain VIII est le pape de la forteresse du château Saint-Ange et de Cività Vecchia, du baldaquin pour la confession de Saint-Pierre commandé au Bernin et coulé avec le bronze du Panthéon et, mérite peut-être encore plus grand, de la merveilleuse fontaine dans la perspective de la piazza di Spagna.

1790

Suppression de " l’aubaine " ; mais la " bonne aubaine " restera dans la langue ! L’aubain est un terme qui, dans l’ancien droit français, désigne l’étranger. Dans le morcellement politique du premier âge féodal, l’aubain était non seulement l’étranger au royaume, mais même à la seigneurie : ceux qui venaient du dehors s’établir dans une seigneurie devaient dans l’an et jour s’avouer l’homme du seigneur sur la terre duquel ils s’établissaient, sous peine de s’exposer à être saisis corps et biens ; quant aux aubains venant de l’étranger, ils étaient parfois exposés à être traités par les seigneurs comme des serfs.

Peu à peu, la royauté prit les aubains sous sa protection. L’aubain fut alors essentiellement l’étranger au royaume et il ne put reconnaître d’autre seigneur que le roi ; le mouvement ne se fit pas sans de vives résistances de la part des seigneurs hauts justiciers.

Une ordonnance de Charles VI de 1386 réserve au roi la succession des aubains dans toute la Champagne et, progressivement, l’aubaine devint droit royal. Telle est la doctrine fortement affirmée par les théoriciens du pouvoir royal à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle. L’aubain, dans ce dernier état de notre ancien droit, est soumis à certaines obligations et se voit frappé de certaines incapacités : il doit payer un droit de chevage, parfois un droit de formariage. Ces droits furent progressivement remplacés par des taxes perçues à diverses occasions par la royauté ; la première fut imposée aux marchands et banquiers étrangers par Henri III en 1587.

En outre, si l’aubain ne pouvait exercer des fonctions publiques, il jouissait de la plupart des droits de famille, pouvait librement passer des contrats, acquérir des immeubles et faire des donations ; s’il était demandeur d’un procès, il devait fournir caution garantissant le paiement éventuel des condamnations. L’incapacité la plus lourde résistait donc dans l’impossibilité de recevoir à cause de mort ou de disposer par testament : seul le roi pouvait relever l’étranger de cette incapacité par des lettres de naturalité.

Au 18° s. des traités internationaux avec clause de réciprocité firent disparaître le droit d’aubaine au profit de ressortissants de nombreux États. La Constituante abolit le droit d’aubaine le 6 août 1790, mais le Code civil, sans réintroduire le nom d’aubain, rétablit l’incapacité de disposer et de recevoir à titre gratuit à l’encontre des étrangers.

1806

Le 6 Août, François II, qui avait pris en 1804 le titre d’Empereur d’Autriche (suite aux victoires de Napoléon, à la formation de la Ligue palatine et à la dissolution de L’Empire Germanique) délie les Allemands de leur serment de fidélité à l’Empereur de Germanie. C’est la fin du Saint Empire Romain Germanique qui compte près de 8 siècles d’Histoire.

Le Saint Empire romain germanique marque la continuation, en Occident, selon une forme originale et dans un cadre territorial particulier, de l’Empire romain. Cet Empire avait disparu en 476, lors de la prise de Rome par les Barbares Hérules et de leur roi Odoacre qui avait renvoyé à Constantinople les insignes impériaux. Mais il avait été lui-même restauré théoriquement entre 800 et 924 dans l’Empire Carolingien. Ce fut une institution essentiellement médiévale ; la suprême institution d’ailleurs, puisque, apparu en 962 grâce à l’action d’Otton le Grand, il prétendit très tôt être l’organisme politique unique de la Chrétienté, qui avait vocation à regrouper peuples, royaumes et principautés de l’Europe catholique et à les gouverner conformément à la mission spéciale que Dieu lui avait confiée.

Toutefois, cette prétention au " dominium mundi ", qu’exprimèrent très rarement les empereurs eux-mêmes, ne fut qu’une ambition idéale. En réalité, ceux-ci dirigèrent l’Allemagne et l’Italie, ainsi que quelques régions limitrophes, mais non le sud de la Péninsule où se forma le royaume de Sicile.

Aux XIe, XIIe et XIIIe siècles, de sa fondation à l’année 1250, le Saint Empire, dont la gloire était éclatante, représenta ainsi une force singulière. Cependant, les plus brillants empereurs, Ottonides avec les trois Ottons, Saliens avec Henri III et Henri IV, Staufen surtout avec Frédéric Ier Barberousse et Frédéric II, ne surent jamais s’imposer définitivement à l’Allemagne.

D’une part parce qu’ils ne purent pas instituer l’hérédité de la couronne, qui était conférée par l’élection des princes électeurs et d’autre part parce qu’ils s’épuisèrent en des combats harassants en Italie, où ils se heurtèrent à l’esprit d’indépendance des villes.

En 1250, la mort de Frédéric II sonna le glas des rêves de domination de l’Italie. Dès lors, l’Empire devint seulement allemand; il en donna acte à l’histoire par la Bulle d’or de 1356. Mais l’institution officielle durera jusqu’au XIX° siècle, et même symbolique le titre est convoité par de puissants candidats   les querelles entre Charles roi d'Espagne et François Ier roi de France en témoignent.

Il échut alors, grâce aux relations nouées avec les princes électeurs, à la dynastie des Habsbourg, qui tenta de lui redonner de l’éclat, mais n’y réussit pas en raison des contestations internes et de l’opposition de la France. En 1648, les traités de Westphalie démembrèrent l’Allemagne, et l’Empire cessa d’être un élément de puissance ; il resta un titre prestigieux mais creux.

Postérieurement, en perdant la prédominance en Allemagne au profit de la Prusse et en ne sachant pas résister aux menées de la Révolution française et de Napoléon Ier, les Habsbourg ne lui conférèrent aucun renom nouveau. Ils durent y renoncer en 1806, date à laquelle mourut effectivement la vieille institution médiévale, altérée depuis fort longtemps.

1945

Explosion de la Bombe Atomique. Hiroshima (1 096 900 hab., estimation de 1992), chef-lieu du département (ken) du même nom est la plus grande ville de la région occidentale de la grande île nippone de Honshu. Elle s’est développée, à partir d’un château féodal, sur le petit delta du fleuve Ota, qui se jette dans la mer Intérieure ; son essor primitif est dû à ses fonctions de grand centre militaire du Japon occidental.

Le 6 août 1945, la ville fut détruite à 90 % par l’explosion de la première bombe atomique que larguèrent les Américains pour contraindre le Japon à déposer les armes. On compta 150 000 victimes, dont 80 000 tués.

Entièrement reconstruite, c’est aujourd’hui une des villes les plus modernes et les plus dynamiques du Japon, qui, à l’étroit sur son delta cerné de hauteurs, gagne sur la mer, que l’on comble progressivement, à l’est comme à l’ouest. De grand travaux ont été entrepris pour doter Hiroshima d’un complexe portuaire ultramoderne. La ville est devenue un important centre industriel où dominent les activités métallurgiques, et notamment les constructions automobile et navale, ainsi que l’industrie chimique.

Si l’on ne peut que déplorer les centaines de milliers de victimes directes, mais aussi indirectes (malformation, séquelles psychologiques etc), il faut cependant reconnaître que le bilan de la fin de la guerre aurait été dix fois plus lourd sans Hiroshima et Nagasaki. Le parti militaro-politique au pouvoir ne voulait pas entendre parler de capitulation et tous les hommes valides auraient dû se sacrifier en " Kamikaze ".

Cam.

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Dernière modification le 01/10/98, ©camilist 1998 --- une remarque ?
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