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Chroniques du 9 Août.

1803.

Expérimentation du premier bateau à moteur, sur la Seine, par un mécanicien Américain, Robert Fulton.

Il est né en 1765 à Little Britain (aujourd’hui Fulton), en Pennsylvanie et il mourra à New York en 1815.

Pour torpiller des navires de guerre anglais, deux Américains, Bushnell et Fulton, inventent, dans le dernier quart du XVIIIe siècle, les deux premiers submersibles capables de naviguer en plongée. Si l’unique expérience de la Tortue  de Bushnell (1776), en rade de New York, est à peine convaincante, les démonstrations successives de Fulton, réalisées vingt ans plus tard, sont déterminantes.

Arrivé en France en 1796, Fulton construit le Nautilus  qu’il propose au Directoire, en lutte contre l’Angleterre.

De forme ellipsoïdale, le sous-marin (longueur : 6,50 m ; largeur : 2 m) est équipé d’une pompe à main permettant d’aspirer l’eau de mer dans un réservoir (plongée) puis de la refouler (remontée en surface), d’une hélice et d’un gouvernail commandés, de l’intérieur, par manivelles. Isolé dans un compartiment étanche, à l’avant, un treuil, lui aussi manœuvré de l’intérieur, enroule un câble qui traîne un baril d’explosifs, celui-ci devant être largué sous un navire ennemi. Le dispositif prévu pour cette opération n’a, du reste, jamais servi, les autorités militaires jugeant déloyal l’emploi d’une arme sous-marine.

En revanche, devant de nombreux officiers, le Nautilus  plonge, à maintes reprises, au large du Havre (1800) et de Brest (1801), évoluant sous l’eau parfois plusieurs heures. Il n’en sera pas moins rejeté par le gouvernement.

Fulton s’intéresse alors aux projets de l’ambassadeur des États-Unis en France, R. Livingston. Celui-ci possède, pour l’État de New York, un privilège de navigation à vapeur qu’il souhaiterait exploiter. Il propose une association et, dans l’immédiat, une expérience décisive sur la Seine, à Paris.

La propulsion des bateaux à roues n’étant pas encore établie d’une manière satisfaisante, Fulton y applique, l’un des premiers avec Symington, la puissance d’une machine à double effet. Celle-ci, exécutée par C. Périer à la fonderie de Chaillot, entraînera les deux roues à palettes (diamètre : 3,50 m) d’une péniche construite à l’Île-aux-Cygnes.

Le 9 août 1803, le bateau de Fulton (longueur : 31 m ; largeur : 2,40 m) remonte la Seine pendant une heure et demie, à la vitesse de 3 nœuds, et tirant deux embarcations. Pleinement réussie, cette démonstration va se prolonger, contrairement à tous les essais antérieurs, par une réalisation de caractère durable. RRentré à New York, Fulton construit le Clermont , lancé sur l’Hudson en 1807.

Ce bateau à vapeur est le premier qui assure, pour le transport des voyageurs et du fret, un service régulier.

1888

Mort du poète Charles Cros, grand prix du rire et de l’étrange. Personnage hors du commun, autodidacte de génie qui fut également attiré par la littérature et par la science, il est le descendant d’une lignée de professeurs.

Né en 1842, à Fabrezan (Aude), Charles Cros fait ses études sous la direction de son père.

En 1860, il entre comme surveillant à l’Institution des sourds-muets et commence des études de médecine qu’il ne tarde pas à abandonner. À partir de ce moment-là, sa vie mondaine et sa carrière de chercheur sont intimement mêlées. Il travaille à la conception d’un télégraphe automatique, qu’il présente à l’Exposition universelle de 1867, et envoie une note à l’Académie des sciences sur un projet de système de "reproduction des couleurs, des formes et des mouvements".

Parallèlement, entre 1872 et 1885, il apparaît dans tous les groupes de bohème littéraire plus ou moins marginaux : dans le salon de Nina de Villard (qui sera sa maîtresse jusqu’à son mariage avec Mary Hjardemaal, en 1878, de qui il aura deux fils dont l’aîné, Guy Charles, se révélera poète de talent), chez les zutistes, chez les "phalanstériens de Montmartre", au Chat-Noir, chez les "vilains bonshommes", au café artistique de la Nouvelle Athènes et dans d’autres cercles aussi pittoresques qu’éphémères.

Ses amis s’appellent Verlaine, Coppée, Villiers de L’Isle-Adam, Richepin, Germain Nouveau et Rimbaud, qu’il accueille à Paris en le logeant quinze jours chez lui en septembre 1871. De ces fréquentations, il gardera toujours le goût d’une vie désordonnée.

En 1869, il fait ses débuts poétiques dans L’Artiste  ; il publie Moyens de communication avec les planètes , collabore à La Parodie  et au Second Parnasse contemporain . Son premier recueil de poèmes, " Le Coffret de santal " , paraît en 1873.

Il fonde " La Revue du monde nouveau " , qui ne sortira que trois fois. Il publie " Le Fleuve "  (1874) avec des eaux-fortes de Manet, les " Dixains réalistes " (1876). Il écrit aussi des monologues pour le comédien Coquelin Cadet, genre qu’il renouvelle.

En 1877, il adresse à l’Académie un pli relatif au principe de l’enregistrement des sons et toute une série de notes au sujet du phonographe et de la photographie des couleurs. En 1879, il obtient un prix de l’Académie française, faible récompense pour ses travaux littéraires, et touche de l’État une indemnité au titre des arts et des lettres.

Cependant, sa vie de bohème, l’absinthe aidant, altère sa santé, et des années de difficultés morales, physiques et financières surviennent.

Le 9 août 1888, Charles Cros meurt inconnu et misérable, laissant non publiée la majeure partie de son œuvre, qui ne sera éditée qu’en 1908, sous le titre " Le Collier de griffes " , grâce à son fils Guy.

Cet homme, qui a vécu en marge de la société de son temps, n’a pas été admis par elle. Il n’a pas été reconnu comme inventeur, victime qu’il fut de la rivalité de Ducos de Hauron, en ce qui concerne le procédé photographique de reproduction en couleurs, et du succès d’Edison, qui ne découvrit pourtant qu’après lui le principe du phonographe.

Comme poète, il ne connut la réussite que tardivement ; il la dut aux surréalistes qui virent en lui un précurseur. Charles Cros reste un poète isolé, n’appartenant à aucune école, ni parnassien, ni symboliste, ni décadent ; un poète qui passe de l’ironie ("Le Fleuve") et de l’humour ("Le Hareng saur", "Jeune Fille de caboulot") à l’absurdité ("Révolte") et à l’angoisse la plus profonde ("L’Heure froide"), sans laisser d’être précieux et sensuel ("Distrayeuse", "Sultanerie").

1896

Dans les premiers pas de la conquête de l’espace, la mort d’un pionnier, otto lilienthal.

On doit à Otto Lilienthal, ingénieur allemand né à Anklam en 1848, les premières expériences rigoureuses sur le vol d’une machine de poids spécifique supérieur à celui de l’atmosphère et dépourvue de moteur.

De 1890 à 1896, en Poméranie, au cours de quelque deux mille cinq cents glissades en planeur, il étudie les possibilités de sustentation des surfaces courbes, la stabilité contre le vent, les conditions de navigabilité, modifiant en conséquence les appareils qu’il construit lui-même.

Ces derniers, monoplans ou biplans, présentent des caractères communs : ailes concaves (7 m) sur armature légère (rotin, bambou), queue avec dérive fixe et plan horizontal généralement articulé.

Suspendu entre les ailes, le pilote commande l’ensemble par mouvements des bras et des jambes.

S’envolant d’une colline ou du crassier (30 m) des mines de Steglitz, Lilienthal se pose jusqu’à 300 mètres de son point de départ, après avoir effectué des virages et choisi l’endroit où il voulait atterrir.

Un essai sur les dunes de Rhinower, le 9 août 1896, lui sera fatal : immobilisé par un coup de vent subit, à 20 mètres d’altitude, l’appareil tombe et s’écrase au sol

Un nouveau modèle de planeur était alors en préparation : rémiges propulsives ajoutées au bout des ailes et entraînées par un moteur à acide carbonique.

Lilienthal a laissé de précieuses études sur le vol dont allaient s’inspirer les premiers les frères Wright, pionniers de l’aviation.

1945

Deuxième Bombe Atomique, sur Nagasaki cette fois ! Ce n’est pas sans intention. Le site industriel comptait l’un des fleurons de l’industrie militaire, Mitsubishi.

Kyushu est la plus méridionale des îles de l’archipel nippon. Elle comprend sept préfectures : Fukuoka, Saga, Nagasaki, Kumamoto, Oita, Miyazaki et Kagoshima. L’île couvre, au total, 42 164 kilomètres carrés, peuplés en 1993 de 13 339 000 habitants (316 hab./km2).

C’est une île montagneuse dont le socle granitique forme de lourdes crêtes et des reliefs vigoureux au nord (où les monts Tsukushi atteignent 1 200 mètres) et au centre.

Mais le caractère essentiel de Kyushu est le volcanisme ; au centre nord se dresse le mont Aso (1 593 m), dont la partie centrale est formée de six cratères, le tout surgi dans une caldeira, l’une des plus vastes du monde (20 km de diamètre) ; à l’extrême sud s’aligne la chaîne de Kirishima, comparable à la chaîne des Puys, dont le cône le plus élevé est le Sakurajima (1 100 m) ; trois caldeiras et le grand plateau de cendres qui entoure la baie de Kagoshima sont les autres éléments volcaniques caractéristiques de cette partie méridionale.

C’est là aussi que s’ouvrent les seules grandes plaines de l’île : celle de Tsukushi, la plus grande, celle de Kumamoto et celle de Kagoshima, qui sont recouvertes de dépôts alluviaux.

Kyushu connaît un climat subtropical, avec de longs étés torrides et très arrosés, et des automnes ou sévissent de violents typhons ; l’hiver y reste toutefois suffisamment marqué, et les chutes de neige n’en sont pas exclues.

Dans les plaines, la riziculture domine et donne généralement deux récoltes annuelles, qui sont parfois suivies d’une troisième récolte d’hiver de blé ou de colza.

" Porte de la civilisation chinoise ", pénétrée la première par les influences occidentales, Kyushu a connu les premiers développements de la grande industrie au Japon ; mais, après la restauration de Meiji, qu’elle avait mal acceptée, l’île s’effaça.

Le sud de Kyushu (préfecture de Kagoshima) est l’une des régions les plus traditionnelles du Japon, et sa ville principale, Kagoshima (540 000 hab. en 1993), a longtemps vécu d’activités telles que les industries alimentaires et celles du bois ; pour animer cette région, on y a édifié une zone de développement urbain industriel, Hyuga-Nobeoka, où sont installés une usine de manganèse, un complexe pétrochimique et des chantiers navals.

Au nord-ouest, principalement dans la baie d’Ariake, la pêche reste une grande ressource ; Nagasaki (443 000 hab. en 1991), avec le complexe métallurgique de Mitsubishi, est l’un des deux pôles industriels ; l’autre est centré sur le bassin houiller de Miike-Omuta, à l’est de la baie d’Ariake, avec Omuta (149 000 hab., en 1991) où des polders industriels accueillent aciéries, industries mécaniques et pétrochimie.

Mais c’est à l’extrémité septentrionale que se situent les deux principaux foyers urbains et industriels de l’île : Fukuoka, avec 1.268.000 habitants en 1993, est la capitale culturelle et bancaire et une grande cité industrielle (chantiers navals, sidérurgie, textile) ; Kitakyushu, avec 1.020.000 habitants en 1993, est une conurbation qui doit sa fortune industrielle au bassin houiller de Chikuho, où dominent la sidérurgie, les industries métallurgique, mécanique et chimique.

 

1945

L’explosion des deux bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki ont fait émerger de nombreuses questions.

En quoi consiste exactement ce type d’armes ? Qui les détient ? Et surtout comment les utiliser ? Le monde frappé de stupeur, la capitulation du Japon, interrogent, aussi bien sur le plan éthique que sur les plans scientifique, diplomatique et militaire. Sur les plans scientifique et technique, les États-Unis sont parvenus à transformer, en un temps très bref et dans le secret absolu, une découverte fondamentale, la fission, en une réalisation terriblement efficace.

Les premiers tirs permettent une meilleure connaissance des effets et des conséquences de cette dernière : rayonnements thermiques et ionisants, ondes de choc mécanique, retombées radioactives, perturbations électromagnétiques, etc.

La période suivante est consacrée à l’accroissement de la puissance des armes nucléaires par la maîtrise de l’énergie de fusion et à la recherche d’effets spécifiques, directifs ou renforcés. Sur le plan de la politique internationale, la situation nouvelle et le monopole, provisoire, des États-Unis suscitent bien des préoccupations.

Dès 1946, l’O.N.U. (Organisation des Nations unies) crée une commission pour étudier les conséquences de la découverte de l’énergie atomique. La question sans doute la plus importante est : comment interdire la fabrication et l’utilisation d’armes atomiques ? Peu après, les États-Unis, par le plan Baruch, proposent la création d’une autorité internationale qui pourrait être propriétaire des matières fissiles et de leurs moyens de production.

Ils suggèrent, à cette occasion, l’interdiction de fabriquer des armes. Aussitôt l’U.R.S.S., avec le plan Gromyko, propose une interdiction totale des armes atomiques. L’accord entre les grandes nations achoppe sur la question des contrôles.

Trois ans plus tard, l’U.R.S.S. procède à une première explosion, suivie par le Royaume-Uni, la France et la Chine. L’O.N.U. reprend alors son action en l’étendant au cadre plus large du désarmement, et plusieurs traités de limitation sont ainsi préparés.

L’un des plus importants est le traité de non-prolifération (T.N.P.) de 1968, qui vise à freiner l’accession de nouveaux pays à une capacité nucléaire militaire, et à conduire à un désarmement nucléaire. Cependant, si les dispositions prises actuellement retardent les processus de prolifération, aucune n’est suffisante en soi pour les bloquer, ce qui reste un très grave sujet de préoccupation pour l’avenir.

1974

Le président Nixon choisit de démissionner plutôt que de risquer la sanction de " l’Impeachment ". Mais en quoi consiste donc cette procédure ?

C’est une forme de responsabilité pénale des autorités politiques, dont l’équivalent français correspond grosso modo à la responsabilité pénale du chef de l’État et des ministres.

Cette responsabilité est né en Grande-Bretagne au XVIIe siècle ; c’est ainsi qu’en 1689, deux proches conseillers du roi sont exécutés à l’issue de la procédure d’impeachment amorcée par la mise en accusation devant le Parlement, la chambre des Communes et celle des Lords.

Durant tout le XVIIIe siècle, la seule responsabilité qu’encourent les ministres est une responsabilité pénale mise en œuvre suivant cette procédure.

C’est là le seul moyen dont disposent les Chambres, moyen très limité dans la mesure où une responsabilité pénale étant forcément individuelle, toute responsabilité solidaire et collective du Cabinet est exclue.

Progressivement supplantée par la responsabilité politique en Grande-Bretagne, l’institution de l’impeachment a été exportée aux États-Unis, régime présidentiel sans responsabilité politique du pouvoir exécutif devant le Congrès, où elle conserve, dans une faible mesure, sa signification première.

L’impeachment est prévu par la Constitution américaine de 1787. L’article premier, section 3, établit le pouvoir juridictionnel du Sénat et fixe la peine applicable.

La condamnation maximale est la destitution, éventuellement assortie de l’interdiction d’exercer aucune fonction publique à l’avenir, sans préjudice des poursuites civiles ou pénales susceptibles d’être exercées par d’autres juridictions.

Seuls quatre juges fédéraux ont été effectivement destitués jusqu’à présent, bien plus nombreux étant ceux qui ont préféré démissionner au stade de l’enquête préalable ; tel fut également le cas du président Nixon, qui a choisi de quitter le pouvoir, le 9 août 1974. L’article 2, section 4, est rédigé ainsi : "Le président, le vice-président et tous les fonctionnaires civils des États-Unis pourront être destitués de leurs fonctions sur mise en accusation suivie de condamnation pour trahison, concussion ou autres crimes ou délits."

L’impeachment est donc utilisable contre tous les fonctionnaires civils américains ; mais, en raison de sa lourdeur, la procédure n’a été engagée, ou n’a failli être engagée que contre deux présidents et quelques juges fédéraux. La formule "autres crimes ou délits" est tellement imprécise qu’elle permet une appréciation très large des faits incriminés, sous réserve qu’il s’agisse bien d’infractions pénales.

Mais cette exigence n’est pas vraiment respectée dans les faits, tel que cela ressort des trop rares exemples tirés de la pratique, puisque des considérations d’ordre politique ne cessent d’interférer. La procédure se déroule en plusieurs étapes. C’est à la chambre des Représentants qu’il appartient de la mettre en marche, sur proposition de sa commission des affaires juridiques, qui doit dresser l’acte d’accusation (articles of impeachment).

Dans l’hypothèse où la Chambre vote la mise en accusation, pour laquelle la majorité simple suffit, le dossier est transmis au Sénat qui peut prononcer l’impeachment à la majorité des deux tiers des sénateurs présents.

Le seul exemple d’un président à l’encontre duquel la procédure a été engagée est celui d’Andrew Johnson, en 1868, pour des raisons politiques, non dissimulées d’ailleurs ; les sénateurs reprochaient au président de s’opposer à une loi (considérée aujourd’hui comme totalement inconstitutionnelle) qu’ils avaient votée à trois reprises.

Dans cette affaire, le Sénat était donc à la fois juge et partie, ce qui explique que les droits de la défense n’ont été que sommairement respectés. L’impeachment n’a pas été prononcé, car il manquait une voix pour atteindre la majorité requise des deux tiers. Quant au président Nixon, il a précisément démissionné au moment où sa mise en accusation par la chambre des Représentants ne faisait plus aucun doute, les chefs d’accusation retenus contre lui étant "l’obstruction à l’égard de la justice", "l’abus de pouvoir" et "le refus de remettre les enregistrements".

Là encore, il est très difficile de déceler des actes tombant sous le coup du droit pénal.

Finalement, l’impeachment a perdu l’essentiel de son caractère original, pour se transformer en une institution de contrôle politique au service du Congrès, ce qui peut constituer un palliatif à la séparation rigide des pouvoirs inhérente au système présidentiel.

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 01/10/98, ©camilist 1998 --- une remarque ?
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