Mois d'Août / sommaire des chroniques / sommaire de Camilist

Chroniques du 10 Août.

1792.

La journée du 10 Août 1792 est classée par les historiens français, comme l’une des 200 journées les plus importantes de l’Histoire. Bien plus encore que celle du 14 Juillet 1789.

Le 20 Juin précédent, le peuple avait envahi les Tuileries pour obliger le Roi à signer deux décrets, contre les prêtres réfractaires et pour la création d’une milice de défense de la ville de Paris.

Le Roi, Louis XVI, avait bu avec le peuple mais n’avait pas signé.

En Juillet, devant les menaces d’invasions, la patrie est déclarée " en danger " (11 Juillet).

La déchéance du Roi est de plus en plus demandée.

Le 30 Juillet, les fédérés arrivent de Marseille et font connaître cet hymne de l’Armée du Rhin, encore inconnu, qui deviendra " La Marseillaise ".

Le 1er Août, l’on édite à Paris, le texte du " Manifeste de Brunswick " qui menaçait de livrer la ville de Paris à une exécution militaire, si la liberté du roi n’était pas garantie. Ce texte n’avait nullement été rédigé par un Noble en exil, mais par un obscur émigré. Ce qui attise encore la colère du peuple.

Le 3 Août, 47 des 48 sections de la commune de Paris réclame la déchéance du Roi et la convocation d’une " Convention Nationale " (pour remplacer la Constituante).

Le 10 Août se crée à Paris une " Commune Insurrectionnelle " qui se substitue à la commune légale.

Le peuple encadrés par les " sections " marche sur les Tuileries.

1500 hommes sûrs (Suisses et gentilshommes nobles) défendent les Tuileries.

Le Roi quitte les Tuileries pour se mettre sous la protection de " l’Assemblée ".

Le château est alors attaqué par les insurgés et, après un violent combat, il est emporté.

Plus de 600 Suisses (sur les 900 défenseurs) moururent. Il est difficile de faire le décompte des nobles car ils étaient présents spontanément, sans enr^lement. Mais plus de la moitié périrent.

Les assaillants ne comptèrent qu’une centaine de morts.

L’Assemblée décréta alors la suspension du Roi qui fut enfermé au " Temple ". Elle décida aussi de la réunion d’une " Convention Nationale " qui puisse se prononcer sur les mesures à prendre pour assurer la souveraineté du peuple et le règne de la liberté et de l’égalité.

En fait, le 10 Août avait vu tomber la Monarchie française, après plus de 8 siècles de règne.

1792.

Une femme dans l’insurrection du 10 Août. Théroigne de Méricourt.

Avec Olympe de Gouges et Claire Lacombe, Anne-Josèphe Théroigne de Méricourt est l’une des premières féministes françaises de la période révolutionnaire.

Née en 1762, à Marcourt, au sud de Liège, dans les Pays-Bas autrichiens, Théroigne était issue d’une famille de paysans propriétaires.

Elle passa son enfance dans une grande misère morale, qui fut sans doute à l’origine de son état mélancolique.

Très vite, elle rêva de changer de condition et de devenir musicienne.

À la veille de la Révolution, rongée par la vérole, elle mena une existence de demi-mondaine, entre Londres et Paris, entretenue par un marquis jaloux et escroquée par un castrat, chanteur à la chapelle Sixtine, qui lui fait miroiter une carrière de chanteuse.

Engagée dans le combat en faveur de la liberté, elle suit chaque jour les travaux de l’Assemblée constituante et se construit une identité nouvelle en fréquentant l’abbé Sieyès, Barnave et Pétion.

Elle ouvre d’abord un salon intellectuel, puis fonde une société patriotique avec Gilbert Romme, futur inventeur du calendrier républicain et futur conventionnel dans les rangs de la Montagne.

Plus elle apparaît comme une mystique de la Révolution, plus elle devient la cible de la presse royaliste, qui fait d’elle une libertine sadienne et l’accuse d’avoir voulu assassiner Marie-Antoinette lors des journées d’octobre, auxquelles elle n’a pas pris part.

Les Actes des apôtres , journal fondé par Antoine Rivarol, Jean-Gabriel Peltier et François Suleau, se montre le plus virulent.

Poursuivie par le tribunal du Châtelet pour un " crime " qu’elle n’a pas commis, elle retourne dans son pays natal.

Mais la rumeur la précède et elle est enlevée par des aristocrates en exil qui la livrent à la justice autrichienne.

L’empereur Léopold II, dont elle est sujette, reconnaît son innocence et la fait libérer.

De retour à Paris, elle s’engage au côté de la Gironde et tente en vain de lever des " bataillons d’Amazones " pour combattre les monarchies européennes.

Elle réclame aussi pour les femmes l’égalité civile et politique.

Lors de la journée insurrectionnelle du 10 août, qui fait tomber la royauté, elle prend part, sur la terrasse des Feuillants, à un meurtre collectif au cours duquel François Suleau, le chroniqueur des " Actes des apôtres ", un journal de droite (Noblesse et Clergé) très royaliste, est massacré.

Elle le reconnaît quand la foule crie son nom.

Puis elle participe à l’assaut des Tuileries avec les fédérés marseillais.

Lors de la chute de la Gironde, en mai 1793, elle est fouettée à nu, devant la Convention, par des femmes jacobines qui lui reprochent ses idées " brissotines ".

Marat la protège ; mais cette humiliante flagellation la conduit sur le chemin de l’asile.

n s’achevant dans la Terreur, la Révolution ne porte plus l’idéal de Théroigne et celle-ci s’enfonce alors dans la folie, comme pour "  témoigner ", à son insu, que la Révolution est devenue " folle  ".

Internée en 1794, Théroigne de Méricourt passera vingt-trois années à l’asile, à l’Hôtel-Dieu d’abord, puis à la Salpêtrière, où elle deviendra, sous le regard d’Étienne Esquirol, l’un des cas les plus célèbres de la médecine mentale.

Son histoire, sa légende et sa folie ont été plusieurs fois racontées, notamment par Michelet, Lamartine et les Goncourt.

 

1920.

Traité de Sèvres, qui reconnaît l’existence de l’Arménie.

En 1917, pendant la 1ère guerre mondiale, la chute du tsar Nicolas II laisse les Arméniens seuls face aux Turcs.

Le 3 mars 1918, par la paix de Brest-Litovsk, Lénine cède Batoum, Kars et Ardahan aux Ottomans.

Abandonnée par les bolcheviks, la récente Assemblée législative de Transcaucasie, le Seïm, proclame l’indépendance de la Transcaucasie regroupant la Géorgie, l’Arménie et l’Azerbaïdjan (22 avr. 1918).

Les Turcs profitent de ces changements politiques et de la dissolution de l’armée tsariste pour passer à l’offensive.

Battus par les Arméniens commandés par les généraux Antranik et Dro lors de la bataille de Sardarabad, ils n’en menacent pas moins les Géorgiens qui, pour leur échapper, proclament leur indépendance et demandent protection à l’Allemagne.

Le 28 mai 1918, c’est au tour des Arméniens de quitter la Fédération transcaucasienne. Mais, exsangue et encombrée de réfugiés d’Anatolie, la jeune république doit traiter avec la Turquie, et ses frontières se réduisent comme une peau de chagrin.

Six mois plus tard, la défaite des Turcs et des Allemands desserre l’étau autour de la république.

Les Arméniens réoccupent Kars, le Nakhitchevan et le Lori.

Le 10 août 1920, le traité de Sèvres reconnaît officiellement l’indépendance de l’Arménie, qui devient un État viable s’étendant sur 70 000 kilomètres carrés environ.

Par ailleurs, un foyer national arménien est créé en Cilicie sous protectorat français.

C’était sans compter avec la renaissance du nationalisme turc conduit par le général Mustafa Kemal.

En octobre 1921, les kémalistes chassent les Français de Cilicie, massacrant à l’occasion les Arméniens.

Entre-temps, en septembre 1920, les forces kémalistes pénètrent dans la république d’Arménie aidées par les Azéris et les bolcheviks.

Le 2 décembre 1920, le gouvernement arménien est obligé de renoncer à l’application du traité de Sèvres et rétrocède Kars, Ardahan et le Nakhitchevan.

Le lendemain, le pays devient une république soviétique.

Dernier espoir des rescapés du génocide, l’Arménie indépendante se meurt.

Désormais, le peuple arménien allait suivre deux voies : l’une en diaspora, l’autre à l’ombre de l’U.R.S.S.

Lors de la signature du traité de Lausanne le 24 juillet 1923, le nom d’Arménie n’est même plus mentionné.

Un long calvaire continue pour ce pays qui a déjà connu bien des chemins de croix.

Cam.

Mois d'Août / sommaire des chroniques / sommaire de Camilist


Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 04/10/98, ©camilist 1998 --- une remarque ?
jrmasson@nordnet.fr !