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Chroniques du 11 Août.

1253

Mort de Claire d’Assise, la sœur du " Poverello ".

Claire naquit en 1193, à Assise de la noble famille des Offreduccio.

Le dimanche des Rameaux, 18 mars 1212, à Sainte-Marie-des-Anges, elle fit vœu de chasteté et de pauvreté entre les mains de François, converti depuis quatre ans.

Il la confia à des moniales de saint Benoît, la mettant ainsi à l’abri des poursuites de sa famille.

Quelques années plus tard, il l’installa, avec sa sœur Agnès et quelques compagnes, à Saint-Damien.

C’est dans le jardin de ce pauvre monastère que François composa son admirable " Cantique des créatures " .

Après la mort du saint, Claire apparut comme la dépositaire de son esprit.

Elle rédigea la règle de son ordre que le pape Innocent IV approuva à Assise (où il vint visiter Claire à deux reprises) peu avant sa mort, le 11 août 1253.

Sa fête, longtemps fixée au 12 août, a été ramenée au 11 août.

Son ordre les " Clarisses " a connu un énorme succès pour s’éteindre peu à peu dans le seconde moitié du XX° siècle.

1258

11 Août, couronnement à Palerme en Sicile, du roi Manfred de Hohenstaufen.

Né en 1231, fils de Frédéric II de Hohenstaufen, Manfred devient à la mort de son père (1250) régent du royaume de Sicile pour son demi-frère Conrad IV.

Cultivé, chevaleresque, il bénéficie du soutien de l’aristocratie du royaume et des conseils de son oncle Galvano Lancia, mais doit combattre les prétentions du maréchal Pietro Ruffo, les Allemands de Berthold de Hohenburg et l’hostilité d’Innocent IV à l’égard des Hohenstaufen.

De décembre 1251 à mai 1254, Conrad IV, venu dans le royaume, le tient à l’écart.

À sa mort, Manfred s’entend avec Berthold de Hohenburg, qui tient le royaume pour le jeune Conrad V (Conradin), et avec Innocent IV, qui le nomme vicaire de l’Église romaine en Pouille et en Basilicate.

Mais, avec l’appui des Sarrasins de Lucera, il se révolte contre le pape et vainc l’armée pontificale : en 1257, il est maître de presque tout le royaume.

Faisant croire à la mort de son neveu, il est élu et couronné roi à Palerme, le 11 août 1258.

Il reprend la grande politique italienne et méditerranéenne de ses prédécesseurs : chef des gibelins (partisans de l’Empereur en lutte contre les Guelfes, partisans du Pape), il s’entend avec Gênes et Venise ; la victoire des gibelins toscans à Montaperti, le 4 septembre 1260, marque l’apogée de sa puissance.

Dans les Balkans, il soutient le despote d’Épire, dont il épouse la fille, Hélène, et s’accorde avec l’archevêché indépendant de Split ; il fait construire en Pouille le nouveau port de Manfredonia.

Le mariage de sa fille Constance avec le fils du roi d’Aragon, le futur Pierre III, est à l’origine de la domination aragonaise en Sicile après les Vêpres siciliennes en 1282.

Mais, en 1262, le pape Urbain IV investit Charles d’Anjou du royaume de Sicile et fait financer son expédition par les banques toscanes.

Charles, arrivé à Rome en 1265, bat Manfred Bénévent, le 26 février 1266.

Manfred est tué dans la bataille et Charles d’Anjou s’empare du royaume, modifiant profondément l’organisation politique de l’Italie.

1492

Le 11 Août 1492, l’année de la découverte de l’Amérique, l’on vit arriver sur le trône de Saint-Pierre, un homme que l’Eglise ancienne n’aurait pas accueilli au dernier rang du clergé, à cause de sa vie dévergondée.

Ce jugement de Louis Pastor dans son " Histoire des Papes " s’adresse à Alexandre VI, anciennement Rodrigo Borgia, la célèbre et sulfureuse famille.

Ce sexagénaire (il était né en 1431, à Játiva, en Espagne) avait une solide réputation : la prêtrise qu’il avait reçue en 1468 n’avait pas tempéré le cardinal libre de chasteté que le népotisme de Callixte III avait créé en 1456 — l’année de la réhabilitation de Jeanne d’Arc — et nommé vice-chancelier de l’Église en 1457.

D’influence en influence, aussi bien sous Pie II que sous Paul II, Sixte IV ou Innocent VIII, il avait fait fructifier la fortune des Borgia.

Des Borgia, car Rodrigo, "haut de taille, toujours souriant, aux yeux noirs, aux lèvres vermeilles, à la santé robuste, infatigable", portait une famille — une "bande" — au trône de saint Pierre : pas moins de six enfants (il y en aurait eu sept, si Pier Luigi, le premier duc de Gandie, n’était mort l’année qui précéda le sacre).

Il tenait ces enfants (dont César et lucrèce Borgia) de sa liaison avec Vanozza Catanei,.

César devint archevêque de Valence le jour même du couronnement et fut créé cardinal l’année suivante. Lucrèce, mariée à un Sforza en 1493 (suivant une saine politique d’alliances matrimoniales), inaugurait le sacrifice de famille — elle ne sera "tranquille" qu’à partir de son troisième mariage.

Car les choses n’étaient pas simples dans la Péninsule du XVe siècle, et Alexandre VI n’était pas le seul de sa trempe : Ludovic le More, duc de Milan, Ferdinand de Naples, non plus que son fils Alphonse II, n’avaient rien à lui envier.

L’idée d’en appeler à l’étranger, comme l’avait déjà tenté Innocent VIII, faisait son chemin dans bien des têtes soucieuses de réforme (voire de déposition du pape) et d’équilibre politique.

D’autant plus que Charles VIII ne demandait qu’à faire valoir ses droits à la couronne de Naples et que ni Pierre de Médicis ni Venise ne semblaient alors désireux de sortir de la neutralité.

En septembre 1494, Charles VIII entrait en Italie.

Jérôme Savonarole, leader des Inquisiteurs, s’écriait : "Le glaive est venu ; les prophéties s’accomplissent ; c’est le Seigneur qui mène ces armées."

Florence chassait Médicis et pavoisait en l’honneur des Français.

Le 31 décembre, c’était le tour de Rome, mais Alexandre échappait à la déposition pour simonie.

Malheureusement survint l’assassinat de Giovanni Borgia, son fils aîné, le 14 juin 1497.

Le pape fut pris d’une très grande douleur ; il songea "à son propre amendement et à celui de l’Église".

Imaginait-il que son fils César était pour quelque chose dans le meurtre ?

On peut le supposer : "La cause de sa mort resta quelque temps cachée ; mais enfin on eut la certitude que le cardinal de Valence (César Borgia) avait commis lui-même, ou du moins fait commettre, ce meurtre, par envie et par jalousie, au sujet de madame Lucrezia" (Machiavel, Histoires florentines ).

Après avoir fait assassiner Savonaroel, leader des mystiques qui voulait la chute du Pape, Alexandre VI, assuré d’avoir la paix de ce côté, arrangea sa politique : pour se concilier le roi de France Louis XII, il lui permit d’épouser Anne de Bretagne (et d’annexer la Bretagne au royaume) en annulant son précédent mariage avec Jeanne de Valois ; cependant, César, "décardinalisé" et devenu duc de Valentinois, épousait la sœur du roi de Navarre, Charlotte d’Albret.

Inféodés à la France, les Borgia tendaient à étoffer sous leur nom l’Italie du centre : le "royaume de César" se constituait au prix du sang, des Marches à l’Ombrie en passant par la Romagne, de manière à former une souveraineté que respecteraient aussi bien les Espagnols de Naples que les principautés italiennes du Nord.

Pensant tirer bénéfice d’un conflit entre la France et l’Espagne, Alexandre VI partageait le royaume des Deux-Siciles entre Louis XII et Ferdinand le Catholique.

Quant à l’Italie, il en faisait sa proie, "la proie du loup", et sa logique se simplifiait : "Nous avons été si loin contre eux, qu’il faut nous assurer de tous pour qu’ils ne nous fassent point de mal."

Il se trouva alors qu’au mois d’août 1503, la fièvre ravageant Rome, Alexandre et César cédèrent à une invitation dans la vigne du cardinal Adrien : si César s’en remit, son père entra dans la mort.

Le 18 août, après avoir reçu les sacrements à l’heure des vêpres, Rodrigo Borgia expirait.

Dogmatiquement sobre, son pontificat ne devait guère troubler les théologiens.

Quant à son arbitrage entre Espagnols et Portugais concernant les territoires du Nouveau Monde, il n’y avait eu là rien que de très catholique...

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 04/10/98, ©camilist 1998 --- une remarque ?
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