Mois d'Août / sommaire des chroniques / sommaire de Camilist

Chroniques du 12 Août.

Antiquité Greco-Romaine

La fête d’Hercule. Le nom du dieu Hercule est une déformation du grec Héraklès. On trouve aussi un dieu Herclè chez les Étrusques qui occupaient l’Italie du Nord, la Toscane, avant les Romains.

La tradition romaine fait remonter son installation sur le site de Rome avant la fondation de la ville (-753). Mais ce n’est en réalité qu’une variante des nombreuses légendes relatives au passage du héros en Italie que connaissaient les villes de la Grande Grèce (comme Locres et Crotone).

La lutte d’Hercule et du brigand Cacus, qui avait tenté de lui voler les bœufs de Géryon, le rôle du roi Faunus-Évandre servaient aux Romains à expliquer la fondation du sanctuaire de la porta Trigemina  et celle de l’Ara maxima , où un culte était rendu au héros "selon le rite grec" (le sacrifiant ayant la tête nue).

De fait, ces deux centres cultuels, bien que fort rapprochés géographiquement, dans le voisinage du forum Boarium, centre commercial et cosmopolite au bord du Tibre, ont une histoire différente et leurs relations sont relativement tardives.

Près de la porta Trigemina, au pied de l’Aventin et hors du pomerium , une chapelle était consacrée à Hercule Victor. La personnalité de cet Hercule, installé par des commerçants grecs, est essentiellement celle d’un purificateur (ce qui explique les alliances successives de ce dieu avec des divinités de la fécondité).

L’Ara maxima, au pied du Palatin, était l’objet d’un culte privé de la part de deux familles, les Potitii et les Pinarii (on y honorait une statuette d’Hercule attribuée au sculpteur étrusque Volca).

En ~ 312, le culte de l’Ara maxima est transmis à l’État : la tradition annalistique rapporte que le censeur Appius Claudius "acheta" aux Potitii le sacerdoce de l’Ara maxima qui fut confié à des esclaves publics.

Le dieu, irrité de cette transaction commerciale, punit Appius Claudius en le frappant de cécité ainsi que la famille des Potitii, dont tous les membres moururent dans l’année.

Faut-il voir dans cette tradition une légende traduisant la réprobation de la plèbe hostile à la pénétration des dieux helléniques dans la religion nationale ?

Le rituel conservé à l’Ara maxima est grec et la fête du 12 août, interdite aux femmes. En effet d’après une légende, Hercule, assoiffé après le meurtre de Cacus, aurait été écarté d’une fontaine par des femmes célébrant les mystères de la Bonne Déesse ; dans sa colère, il aurait exclu les femmes de son culte.

Ce rituel consistait principalement dans un sacrifice de forme originale (une partie des rites le matin, l’autre le soir ; les participants consommaient en entier l’animal sacrifié).

On connaît une autre particularité du culte de l’Ara maxima : la dîme des biens ou du butin de guerre consacrée par les fidèles à Hercule. On attribuait l’institution de cette dîme à M. Octavius Herennus, qui, joueur de flûte devenu marchand, consacra à Hercule le dixième de son gain ; pour remercier le dieu de sa protection, il l’appela Victor.

À la fin de la République, Hercule reçoit un culte en plusieurs endroits de la ville : outre les deux sanctuaires primitifs, plusieurs temples lui sont consacrés par des généraux victorieux

S’opposant à Antoine, qui se prétendait descendant d’Hercule, Auguste préfère choisir Mars Ultor comme dieu de la victoire militaire ; cependant, l’évocation du combat entre Hercule et Cacus est un des thèmes littéraires favoris des écrivains augustéens, qui l’intègrent sous sa forme définitive dans le patrimoine national.

Hercule devient ensuite le symbole de la puissance impériale (il peut en effet, par les légendes concernant ses travaux et sa mort, patronner le triomphe et l’apothéose) et il est revendiqué comme protecteur personnel par la plupart des empereurs (Caligula, Néron, Domitien) ; Trajan et Hadrien se font représenter sous les traits du dieu ; Commode est l’"Hercule romain" vivant et combat dans l’arène vêtu comme le dieu.

1099.

12 Août, prise d’Asacalon par les Croisés, peu après la prise de Jérusalem.

Port de l’ancienne Palestine méridionale (actuellement Isjël), place forte stratégique sur la route d’Égypte, Ascalon était l’ancienne cité royale des Philistins (rappelez-vous la Bible, les combats des Juifs contre les Philistins).

La situation stratégique de la forteresse d’Ascalon détermina l’acharnement que mirent à l’occuper les croisés et les Égyptiens. D’ailleurs, malgré leur victoire, les Francs ne purent s’en emparer qu’en 1153.

C’est le 12 Août 1099 qu’et lieu la bataille dite d’Ascalon, entre les remparts et la mer. Les Francs, menés par Godefroi de Bouillon, Raymond de Saint-Gilles, Trancrède, Robert de Normandie et Robert de Flandre, surprirent les Égyptiens par la rapidité de leur attaque. La victoire d’Ascalon fut particulièrement importante parce qu’elle libéra la Terre sainte, encore inorganisée, de la menace d’une reconquête imminente par les Égyptiens.

Mais les discordes entre les barons francs empêchèrent une exploitation de la victoire qui eût été, cependant, facile. La prise de la ville, que ses défenseurs étaient prêts à livrer, fut retardée d’un demi-siècle parce que les vainqueurs ne pouvaient s’accorder sur le maître qu’il convenait de donner à la grande forteresse, et qu’ils refusaient surtout d’en accroître l’assise territoriale en la plaçant sous l’autorité de Godefroi de Bouillon.

Saladin la leur reprit, après un siège très dur, en 1187. Rendue aux Francs en 1240 par le sultan d’Égypte, désireux d’acquérir l’alliance du royaume latin contre Damas, les Égyptiens la reprirent définitivement en 1247.

1793.

Vote par la Convention Nationale de la " Loi des suspects ".

Votée le 12 août 1793, en pleine Terreur dont elle devient le meilleur instrument, la loi des suspects voit son champ d’application, déjà fort vaste, singulièrement élargi.

Elle permet l’arrestation immédiate, sans motif comme sans preuve, de tous ceux qui "n’ont pas constamment manifesté leur attachement à la Révolution" ou de ceux qui "n’ayant rien fait contre la Liberté, n’ont rien fait pour elle".

D’abord dirigée contre les nobles, les prêtres, les émigrés, les possédants, elle finit par englober dans la catégorie des suspects tous ceux qui, par leurs manières, leurs propos, leurs façons de penser ou de s’habiller, ne donnent pas l’exemple quotidien d’un enthousiasme militant pour l’idéal révolutionnaire.

Sont suspects non seulement les riches ou les anciens notables, mais les tièdes, les égoïstes, les peureux, les indifférents, les insouciants, et, finalement, les révolutionnaires eux-mêmes, qui finissent par tomber à leur tour sous le coup de cette loi à double tranchant qu’ils ont faite pour se débarrasser de leurs ennemis.

Ainsi que s’écrie l’un d’eux, Carrier, à la Convention : "Tout le monde est coupable, jusqu’à la sonnette du président !"

La loi des suspects, après avoir rempli les prisons, est adoucie puis abrogée le 4 octobre 1795.

1858.

Allo, New-York ? Ici, Paris, m’entendez-vous ?

Le 12 Août 1858, le premier message télégraphique transatlantique fonctionne, et les deux métropoles peuvent échanger quelques mots.

1961.

Assassinat politique du leader du Néo-Destour Tunisien, Ben Youssef.

Djerbien de naissance, avocat de formation, politicien de vocation, Salah ben Youssef (Salah ibn Yusuf), figure de proue, avec Bourguiba, du nationalisme tunisien, était promis, par ses éminentes qualités, à l’avenir que lui assurait auprès du Combattant suprême son rôle de brillant dauphin.

Secrétaire général du Parti socialiste destourien, le Néo-Destour, il joue un rôle de premier plan en l’absence de Bourguiba, président exilé (1948).

Il est désigné en août 1950 par le parti pour occuper un poste ministériel (gouvernement Chenik) dans le cadre d’une expérience (qui échouera) de négociation avec le résident général Perillier.

Chargé de porter à l’O.N.U., réunie à Paris, une plainte tunisienne (mars 1952), il échappe de peu à l’arrestation et à la déportation.

Tandis qu’il se déplace dans le monde (il est reçu par Nasser, par Nehru, par Zhou Enlai) pendant plus de trois ans, les accords avec la France sur l’autonomie interne sont signés.

Ce fait accompli sans lui et qu’il tient pour "un pas en arrière et une entrave" l’ulcère.

L’évacuation des troupes françaises de l’ensemble du territoire tunisien constitue à ses yeux un préalable indiscutable à une véritable indépendance nationale.

De lieutenant et d’ami fraternel de Bourguiba (qui rentre triomphant le 1er juin 1955 à Tunis), il devient son ennemi irréductible.

Une épreuve de force, terrible et déchirante, va s’engager avec les membres du bureau politique du parti, coupables de pratiquer une "politique de reniement et de trahison" à l’égard du peuple tunisien et de la révolution algérienne.

Rentré du Caire en Tunisie en septembre 1955, il s’engage dans la voie du pire, mettant en œuvre un plan d’agitation dans tout le pays.

Démis de son poste de secrétaire général du Néo-Destour et exclu du parti, il persiste dans son action jusqu’en janvier 1958.

Traqué, il fuit à Tripoli, puis au Caire où il bénéficie d’une brouille passagère entre Bourguiba et Nasser ; mais bientôt sa présence devient gênante.

Resté intraitable à l’égard de Bourguiba qui, par sentiment, le reçoit à Zurich en mars 1961, Ben Youssef se retire en Allemagne où ses jours seront comptés.

Le 12 août 1961, il est assassiné dans un hôtel de Francfort où l’ont attiré deux compatriotes.

En Tunisie comme ailleurs, il ne fait pas bon s’opposer au pouvoir en place.

Cam.

Mois d'Août / sommaire des chroniques / sommaire de Camilist


Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 04/10/98, ©camilist 1998 --- une remarque ?
jrmasson@nordnet.fr !