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Chroniques du 14 Août.
14 P.C.N.
Mort à Nola du 1er Empereur Romain, Auguste (César na jamais été Empereur).
Ce personnage est certainement le plus important de lHistoire de lAntiquité, mis à part Jésus-Christ lui même qui vécut et mourut sous son " Imperium ".
Il a forcé le passage dune République, conçue sur un modèle dunité nationale et territoriale à un " Empire " centralisateur et bureaucratisé, géré par une armée de fonctionnaires.
Octave est est né à Rome en 63 avant J.-C., il fonda sous le nom de " principat " lEmpire romain, qui devait durer, avec bien des avatars, presque cinq siècles.
Caius Octavius est devenu par adoption C. Julius Caesar Octavianus et lhéritier légal et spirituel de Jules César. Ladoption, même dun adulte, était chose courante chez les Romains qui échappaient ainsi à de lourdes charges de succession.
Il a été officiellement appelé Augustus à partir de 27 avant J.-C..
Ce titre correspondait à celui de " Sacré " qui en faisait un Dieu vivant,.
On a donné le nom de " siècle dAuguste " à la période marquée par son long règne qui, après les excès des guerres civiles, vit fleurir, dans le domaine des lettres et des arts, des uvres devenues classiques.
Laventure politique dAuguste est lune des plus extraordinaires qui soient.
Alors quil navait ni laudace de Sylla, ni les talents de César, il a réussi là où ils avaient échoué et, comme la bien vu Tacite, il a établi sur Rome cest-à-dire, pour lépoque, sur le monde entier à son profit et à celui de ses héritiers, une monarchie de fait.
La plupart des formes politiques et presque toute lidéologie du régime impérial romain résultent de ses initiatives.
Ce régime durera cinq siècles et marquera pour toujours lhistoire de lEurope : le titre dAugustus , quil fut le premier à se faire octroyer, fut porté par tous ses successeurs, ainsi que le nom de César, qui était le sien, et quon retrouve encore dans le Kaiser allemand ou le czar russe.
1844.
Bataille de loued Isly, en Algérie.
Larmée dinvasion française, commandée par le général Bugeaud (" lhomme à la casquette ") vainc les troupes réunies des sultans du Maroc Abd-al-Rahman, et de lAlgérien Abd-el-Kader.
Ce nom dAbd-El-Kader reste dans les mémoires souvent avec un rôle négatif vis-à-vis de la France, et pourtant il reçut lOrdre de Pie IX ainsi que la Grand-Croix de la Légion dHonneur.
Ce théologien, chef de guerre, Abd-El-Khader est né en 1808, à Mouaskar en Algérie, dune famille dominante.
Il reçoit une éducation religieuse et mystique. Il deviendra un théologien de tout premier rang, mais les circonstances, luttes entre les différents pouvoirs (Maroc, Tunisie et tribus Kabyles) et la Conquête Française, vont en faire un guerrier, un Héros de lIndépendance, que lAlgérie honore comme un des plus grands parmi les grands.
Il tentera même de créer un Etat indépendant, mais les rivalités entre ethnies et tribus empêcheront ce rêve dont profitera la France pour simposer en Afrique du Nord.
Alors que le Maroc occupe la France, pendant 5 ans il apprend à connaître la civilisation française ainsi que le Christianisme.
Il écrira même un ouvrage de philosophie religieuse à lusage des Chrétiens (" Rappel à lIntelligent, Avis à lindifférent ") pour expliquer la philosophie de lIslam.
En Juillet 1860, installé à Damas avec des milliers de fidèles, Algériens et Marocains, lors des émeutes anti-chrétiennes, il prit sous sa protection et celle de ses fidèles, des dizaines de milliers de Chrétiens et de Maronites pourchassés par la haine religieuse, ce qui leur permit déchapper aux massacres. Cest pour cette action souvent oubliée par les Français comme par les Arabes quil sera décoré des deux ordres précités.
Il meurt le 26 Mai 1883 (voir Chroniques de ce jour), à Damas, en Syrie.
1945.
Suite aux deux bombes atomiques dHiroshima et de Nagasaki, les Japonais acceptent lArmistice sans condition dans leur guerre contre les Alliés. Lon peut seulement dire à ce moment que la seconde guerre mondiale est effectivement terminée.
1947.
Aboutissement dun long mouvement de Panislamisme, à la création du Pakistan.
Ce mot a été créé à la fin du XIXe siècle pour exprimer lidée dune cohésion défensive de la communauté musulmane contre les ambitions des puissances européennes qui tendaient à dominer la quasi-totalité du monde musulman.
Le panislamisme repose sur le sentiment dappartenance à la Cité musulmane fondée par Mahomet à Médine (622-632).
Après la mort du Prophète fut instauré le califat, qui nassura lunité de la communauté (Umma ) quà peine un peu plus dune vingtaine dannées.
Celle-ci se brisa au temps du quatrième calife, Ali, et par la suite aucun successeur na régi la totalité des musulmans.
Mais lunité de la foi, des obligations cultuelles et des comportements sociaux ont fait de lislam une sorte de fraternité sociale, par-dessus les frontières : la Cité musulmane.
À la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe, sous linfluence de lOccident, lidée dun califat, puissance spirituelle, sorte de papauté en islam, véritable hérésie du point de vue de lorthodoxie musulmane, finit par saccréditer.
Le sultan Abdul Hamid II (1876-1909) tenta de regrouper par ce moyen, autour de son empire déclinant, lensemble des musulmans (Empire ottoman).
La révolution jeune-turque de 1908 porta un premier coup au panislamisme : Turcs et Arabes sorientent vers des nationalismes rivaux, fondés principalement sur la communauté de langue.
La Première Guerre mondiale révéla quelques années plus tard la faiblesse de celui-ci (échec de la guerre sainte proclamée par le calife et, par contre, révolte arabe dirigée par les hachémites).
Au lendemain de celle-ci, le démembrement de lEmpire ottoman, la proclamation de la République turque, la suppression du califat par Atatürk privèrent les peuples islamiques de lespoir de voir rétablir une direction spirituelle et temporelle.
Une série de congrès entre les deux guerres (notamment à La Mecque et au Caire en 1926 et à Jérusalem en 1931) constata limpossibilité de rétablir sous une forme monarchique et théocratique lunité musulmane.
La communauté tendait à se fractionner en nations aux intérêts opposés.
Le panislamisme trouva cependant une nouvelle voie dans le sous-continent indien. Lidée de réunir les Bengalis, Pathans, Baloutches, Sindhis et Pendjabis, musulmans parlant des langues différentes et possédant leurs propres traditions culturelles, née en 1930, aboutit le 14 août 1947 à la création du Pakistan.
Mais il éclate en 1971 à la naissance du Bangladesh.
Les inspirateurs de ce regroupement tentèrent dans les années 1950 de répéter leur expérience à léchelle mondiale, utilisant divers moyens (activité culturelle, émancipation économique, solidarité religieuse, volonté des peuples, initiatives gouvernementales, etc.).
Ils échouèrent, certains de leurs interlocuteurs arabes ayant adopté sous linfluence de dirigeants comme Nasser dautres options : arabisme, anti-impérialisme, neutralisme les rapprochant de Nehru...
Elles sefforcent de réaliser une sorte de concert des nations islamiques (revues LAfrique et lAsie , Orient , Cahiers de lOrient contemporain , Maghreb-Machrek , publiées à Paris).
Ces initiatives butent sur la force des nationalismes régionaux ou locaux, sur la diversité des alliances internationales et des choix idéologiques ou économiques.
Lidée panislamique resurgit ici ou là pour faire face aux pressions de létranger (sommets islamiques), sopposer à lexpansion du rationalisme athée, soutenir des croyants opprimés, empêcher enfin la spoliation dune terre considérée comme musulmane (Palestine).
1952.
Naissance du Tiers-Monde ? ? ?
Non, bien sûr, le Tiers-Monde existe, en fait, depuis toujours. Mais le concept est né dans laprès-guerre, de laffrontement entre les deux grandes superpuisances , les U.S.A. et lU.R.S.S.
Quant au terme lui-même il a été utilisé pour la première fois le 14 Août 1952, dans la revue LObservateur politique, économique et littéraire , sous la plume dAlfred Sauvy.
Son article, intitulé " Trois Mondes, une planète ", traitait des pays sous-développés en tant quenjeu des grandes puissances. Il se terminait ainsi : " car enfin ce Tiers Monde, ignoré, exploité, méprisé, comme le tiers état, veut lui aussi être quelque chose ".
Entité symbolique formalisée par la réunion de Bandung en 1955, le Tiers Monde est dabord une formule commode pour désigner un ensemble de pays extrêmement hétérogènes, mais quunit le trait commun de navoir pas connu, pour des raisons diverses, la révolution industrielle au XIXe siècle.
Une " communauté de destins " apparente qui na pu réellement aboutir, en quatre décennies, à des actions communes, en raison de divergences politiques et idéologiques, mais aussi dintérêts économiques plus concurrentiels que complémentaires. Les pays dits du Tiers Monde ont considérablement évolué. Ils sont aujourdhui éclatés entre des groupes fort hétérogènes, en ce qui concerne tant les niveaux de vie que les activités économiques.
Plusieurs pays ont quitté le Tiers Monde, car ils nont plus rien à envier aux nations développées en termes despérance de vie, de revenu par habitant et de niveau éducatif : ce sont les " dragons " dAsie de lEst (Corée du Sud, Hong Kong, Singapour, Taiwan).
Le P.N.B. par habitant de la Corée du Sud, qui atteignait seulement 100 dollars en 1962, dépassait 8500 dollars en 1994, soit plus que celui du Portugal ou de la Grèce.
De véritables puissances économiques se sont constituées, qui entendent désormais compter sur la scène internationale, et certaines dentre elles revendiquent dailleurs un siège de membre permanent au Conseil de sécurité des Nations unies. Citons le Brésil, le Mexique (qui, depuis 1994, fait partie de lO.C.D.E.), les " tigres " (Thaïlande, Malaisie, Indonésie), le Pakistan, lAfrique du Sud... sans oublier bien sûr les deux géants économiques et démographiques que sont lInde et la Chine (cette dernière, déjà membre permanent du Conseil de sécurité), qui regroupent à eux deux plus du tiers de la population mondiale.
Voilà pourquoi de nombreux auteurs emploient désormais le terme de " Sud " plutôt que celui de " Tiers Monde " : à un concept géopolitique devenu obsolète du fait de laffaiblissement de la rivalité Est-Ouest ils préfèrent une notion plus pragmatique.
Le terme de Sud se définit par opposition à un Nord riche et dominant sur la scène politique et économique mondiale, même si la distinction ne correspond que très approximativement à la réalité géographique : tous les pays en développement (P.V.D.) ne sont pas situés au sud, ni tous les pays riches au nord.
En 1993, le F.M.I. a modifié ses modes de calcul des produits intérieurs bruts pour se fonder non plus sur les taux de change courants des monnaies nationales par rapport au dollar, comme cest lusage, mais sur les taux de change pondérés en termes de pouvoir dachat effectif dans le pays considéré.
Les résultats de cette nouvelle méthode de calcul attestent de lémergence du Sud sur la scène internationale : les pays industriels représenteraient non plus les deux tiers du P.I.B. mondial, mais à peine plus de la moitié (54 p. 100).
Le Sud contribuerait alors à un tiers de la production mondiale, et non plus à moins du cinquième comme les calculs actuels lindiquent. La Chine, dont la monnaie a toujours été notoirement sous-évaluée, deviendrait la quatrième puissance économique mondiale (derrière les États-Unis, lex-U.R.S.S. et le Japon), devançant lAllemagne ! Le Brésil pèserait plus lourd que le Canada...
La croissance économique du Tiers Monde a été, depuis le début des années 1950, bien supérieure à celle des pays développés, faisant justice du mythe du développement des pays riches au détriment des pays pauvres et montrant que la richesse du monde nest pas un gâteau que lon partage en un certain nombre de parts, mais un processus de création permanente de biens et de services, une dynamique qui sauto-alimente, une suite de synergies réussies.
Cam.
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Dernière modification le 04/10/98, ©camilist 1998
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