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Chroniques du 16 Août.

1221

Mort à Bologne, en Italie, de Saint Dominique, Fondateur des Dominicains.

Dans l’histoire des ordres religieux, la fondation des Frères prêcheurs ou Dominicains représente, au début du XIIIe siècle, un tournant décisif.

Rien de nouveau certes à ce que des religieux deviennent en fait prédicateurs ou missionnaires – ce fut souvent le cas dans les siècles précédents –, mais il est original qu’une forme de vie religieuse se définisse non plus seulement par la conversion personnelle et la recherche de Dieu dans la fuite du monde, mais par l’accomplissement d’une fonction déterminée dans l’Église ; c’est une nouveauté d’identifier consécration à Dieu et prédication de l’Évangile.

L’idéal de l’imitation des Apôtresse déploie ici selon une dimension inédite : la participation, en vertu d’une profession religieuse reconnue telle par le Saint-Siège, à la mission prophétique de l’Église, l’annonce de la foi.

À la même époque, l’aspiration à des formes de vie plus intégralement évangéliques trouve expression, stimulant et, dans une certaine mesure, discipline, au sein du mouvement franciscain.

Nées dans le même contexte mais plus proches l’une du monde des clercs, l’autre du monde des laïcs, les deux familles réagissent l’une sur l’autre et servent de modèles à d’autres : ainsi apparaît un type nouveau de vie religieuse, celui des ordres mendiants.

Donnant pour devise à son ordre : " Ne parler qu’avec Dieu ou que de Dieu ", saint Dominique est l’initiateur d’un mode de vie original et difficile, qui allie intimement présence à Dieu et présence aux hommes à évangéliser.

Le renouvellement perpétuel est pour les Dominicains une condition de la fidélité profonde. C’est donc en regard de l’évolution du monde que leur histoire devrait s’écrire.

Le fondateur, c’est Dominique de Caleruega. Son initiative s’appuie sur une expérience de prédication, inaugurée neuf ans plus tôt, en pays albigeois.

Traversant le midi de la France, l’évêque castillan d’Osma et le sous-prieur de son chapitre, Dominique de Caleruega, s’étaient joints en effet en 1206 au groupe d’abbés cisterciens mandatés par Innocent III pour mener campagne contre l’hérésie, non sans les avoir d’abord persuadés de se débarrasser de l’appareil de leur puissance féodale pour prêcher à la manière des Apôtres, dans la pauvreté.

Ce qu’il entreprend à Toulouse en 1215 est nouveau, car alors ses compagnons s’engagent à son égard par les vœux de religion.

Les visées premières du petit groupe ne semblent pas se porter au-delà du diocèse de Toulouse, mais l’horizon s’élargit lorsque, le 15 août 1217, Dominique disperse ses seize premiers frères, les envoyant étudier, prêcher et constituer des communautés à Madrid, à Paris, à Bologne, à Rome.

Parallèlement, en liaison étroite avec les frères de son ordre, dont le chapitre général tenu à Bologne en 1220 est comme la première assemblée constituante, il élabore une législation religieuse d’un type nouveau, ordonnée au service de la parole de Dieu, faisant de l’étude assidue de celle-ci une valeur fondamentale, renonçant à toute espèce de revenus pour ne vivre que de mendicité, organisant le gouvernement sur une active participation de tous les frères.

Dominique rêve d’en finir rapidement avec ces tâches d’organisation pour aller porter l’Évangile hors des frontières de la chrétienté : aux Cumans (Roumanie), dit-il aux uns, aux Sarrasins, dit-il aux autres, ou encore aux peuples du Nord.

En fait c’est dans le nord de l’Italie, où l’hérésie cathare tend à s’implanter, que durant les derniers mois de sa vie il déploie son zèle.

Il meurt à Bologne, le 16 août 1221. La canonisation de Dominique par le pape Grégoire IX, en 1233, est une conséquence et une manifestation de l’élan ainsi créé.

1913

Naissance à Brest-Litovsk, de Ménahem Begin, premier ministre de l’Etat d’Israël.

La ville que les juifs appelaient Brisk, aujourd’hui biélorusse, était alors polonaise.

Durant toute sa vie, Begin est marqué par l’atmosphère pesante, voire sombre, dans laquelle vivent les juifs de Pologne au cours des années 1920 : antisémitisme latent, parfois suivi d’explosions violentes, avec de nombreux incidents quotidiens.

L’atmosphère familiale est sioniste, alors que les sionistes sont plutôt minoritaires à l’époque.

Le milieu est modeste, mais loin d’être pauvre.

Le père, relativement cultivé quoique dépourvu de diplômes universitaires, joue un rôle important dans la communauté locale.

Il incite son fils à militer dans les mouvements sionistes, mais le pousse aussi à acquérir une culture polonaise traditionnelle.

Rapidement, après la fin de ses études de droit, Begin se lance à plein temps dans la politique sioniste.

En 1939, il devient le leader du Betar de Pologne, malgré quelques désaccords avec les leaders dont il reprend les thème de prédilection : nationalisme, résistance, sens de l’honneur, du courage, mais aussi une certaine démagogie.

Lors de l’invasion de la Pologne, Begin est arrêté par les Soviétiques et déporté en Sibérie.

Libéré, il s’engage dans l’armée polonaise du général Anders et arrivera en Palestine en 1942.

Très rapidement, il s’impose comme le leader de la droite et du mouvement clandestin du Betar, Etzel (Irgoun Tsvaï Leumi, c’est-à-dire organisation militaire nationale).

À partir de 1944 et jusqu’à la création de l’État d’Israël, Begin vit dans la clandestinité.

Pourchassé par les Britanniques, mais aussi par la Haganah, l’armée clandestine conduite par les travaillistes et Ben Gourion, il mène une lutte impitoyable, marquée par quelques épisodes tragiquement célèbres, tels le dynamitage de l’hôtel King David à Jérusalem (22 juill. 1946) ou encore le massacre des habitants du village arabe de Deir Yassine, près de Jérusalem (9 avr. 1948).

Quelques semaines après la création de l’État, en juin 1948, Ben Gourion n’hésite pas à faire couler un navire qui devait fournir en armes le mouvement Etzel.

Celui-ci est alors dissous, et Begin forme un parti politique, le Herout (liberté), qui présente des candidats aux élections dès janvier 1949.

Il entame alors une lente et éprouvante traversée du désert, marquée par quelques épisodes troubles, notamment la tentation qui semble avoir été la sienne de vouloir renverser le pouvoir établi, en 1952, lors de la discussion sur l’approbation des accords de réparations avec l’Allemagne.

Le fossé qui le sépare du pouvoir est plus large que jamais.

Pour Ben Gourion, il n’y a alors en Israël que deux partis avec lesquels aucune alliance ne saurait être possible : le Parti communiste et le Herout de Begin.

En 1965, le Herout forme une alliance électorale avec le Parti libéral, qui représente la droite bourgeoise.

Mais, en mai 1977, Begin parvient à réaliser ce qui paraissait impensable jusque-là : il remporte les élections et devient Premier ministre.

La victoire de Begin sur l’establishment travailliste est interprétée par de nombreuses couches populaires comme une véritable revanche historique. Au-delà d’une simple alternance, c’est un autre Israël qui accède au pouvoir.

De nouvelles mais aussi de très anciennes valeurs sont légitimées, y compris la montée en force des thèmes religieux les plus orthodoxes. Begin s’adresse véritablement à ce qu’il y a de plus enfoui dans la conscience collective israélienne.

En novembre 1977, le président égyptien Anouar al-Sadate se rend à Jérusalem, et un an plus tard seront signés les accords de Camp David qui préfigurent le traité de paix avec l’Égypte (mars 1979). Les deux hommes sont conjointement lauréats du prix Nobel de la paix en 1978. Par ailleurs, Begin développe une politique d’implantation très poussée dans les territoires occupés et fait annexer le Golan (déc. 1981). Il se lancera dans la guerre du Liban (juin 1982), dont Israël mettra longtemps à se remettre.

Cette guerre inutile le brise, mais il est aussi très affecté par la mort de sa femme, survenue cette même année. Le 29 août 1983, il démissionne brusquement de ses fonctions et s’impose une vie de réclusion.

Il refusera toute explication sur les causes de son départ. Begin était déjà entré dans la légende. Sa lutte contre les Britanniques avait fait de lui un héros. Sa résistance à l’hégémonie travailliste, sa forte rhétorique populaire, voire populiste, son caractère affirmé mais aussi sa vie personnelle modeste lui ont donné une dimension quasi mythique.

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
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