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Chroniques du 18 Août.
1634
Exécution sur le bûcher du Curé de Loudun. Mais laffaire des " possédés " ne se termine pas avec lui !
Loudun est une petite ville près de Poitiers. Ce centre protestant est entrée dans la grande histoire en 1634.
Le Mercure françois consacre, cette année-là, une longue chronique aux "possédées religieuses ursulines de Loudun". Le 18 août, Urbain Grandier, curé de Saint-Pierre, a été brûlé vif sur la place Sainte-Croix pour crime de sorcellerie. On la accusé davoir provoqué par la magie leffrayant désordre mental qui agite, depuis septembre 1632, dix jeunes religieuses ursulines de dix-huit à trente ans.
Depuis lors, une foule de plus en plus nombreuse suit, comme dans un théâtre populaire, au milieu des cris, des contestations et des cantiques, le spectacle baroque dexorcistes tonnant et luttant durant des heures contre les "diables" qui, en la personne des "possédées", leur répondent par mille insultes, prédisent lavenir, devinent les secrets des assistants, se roulent à terre et hurlent de rage en dénonçant le magicien ou en confessant la présence eucharistique.
Devenue, à travers ses objectifs apologétiques antiprotestants, un monstrueux "défoulement" collectif, cette lamentable histoire a un retentissement considérable : Richelieu suit de près laffaire, Grandier sétant malencontreusement mêlé aux adversaires de lautorité centrale ; le chancelier Séguier se fait envoyer des rapports ; des évêques viennent présider les séances ; de toute la France et des pays voisins accourent les curieux. Mersenne, Peirec, dautres savants se communiquent les "raretés" de ce dossier.
Miracle ? Duperie ? Maladie ?
Quelque chose de plus fondamental : cest le procès de lautorité religieuse, à qui se substitue la "raison dÉtat" ; cest le lapsus du désir dans linterstice de cadres sociaux en crise.
Aussi le jugement a-t-il été politique, organisé par Laubardemont, commissaire de Richelieu.
Grandier meurt après un procès dont la forme était régulière, mais qui condamnait un homme bien étranger à la sorcellerie, coupable seulement davoir cherché avec trop darrogance lélévation que lui promettaient ses talents et davoir trop aimé les femmes de ses paroissiens.
Mais la "possession" continue. Elle aurait dû disparaître avec les cendres du prétendu magicien.
On fait appel aux Jésuites. Surin est ainsi envoyé à Loudun, en décembre 1634, avec une cohorte dexorcistes.
Chargé de la prieure Jeanne des Anges, il fait tout pour diminuer, sinon supprimer, ces exorcismes publics qui théâtralisent un conflit intérieur.
La vraie lutte consiste, pour lui, à faire entrer dans un entretien les désirs qui se cachent sous le masque de Satan et qui nont, pour parler, que le langage du corps.
1850
Mort de lécrivain français, Honoré de Balzac.
Prométhée, Protée, homme à la robe de bure, créateur halluciné immortalisé par Rodin, Balzac a suscité toutes les imageries et toutes les gloses.
Luvre immense vit, de réédition en réédition : elle est traduite et lue dans le monde entier et la télévision lui a redonné, plus que le cinéma, peut-être, une nouvelle fortune.
La prodigieuse vitalité de cette vie aux multiples entreprises et au gigantesque travail littéraire se développe sur le terrain dune famille bourgeoise représentative des ascensions de ce temps de mutations.
La famille du père, né Balssa, est une famille de paysans du Tarn.
Le père, Bernard-François, petit clerc de notaire, monte à Paris à vingt ans et finit comme directeur des vivres aux armées. La mère, née Laure Sallembier, appartient à une famille de passementiers-brodeurs parisiens.
Quand Balzac naît à Tours le 20 mai 1799, le père a cinquante-trois ans et la mère vingt et un.
Balzac est laîné de quatre enfants : Laure, la sur bien-aimée, naît en 1800 ; Laurence en 1802 ; Henri-François en 1807, vraisemblablement fils naturel de M. de Margonne, le châtelain de Saché.
Bachelier en droit, dabord clerc de notaire et clerc davoué à Paris, Balzac décide, à vingt ans, de se consacrer à la littérature. Cest en effet sa principale occupation de 1820 à 1824, puis de 1829 à 1848, deux ans avant sa mort. Mais, de 1824 à 1828, et pendant tout le reste de sa vie, parallèlement à luvre littéraire, les entreprises de tout ordre se sont succédé.
En 1825, lédition. En 1826, limprimerie. En 1827, une société pour lexploitation dune fonderie de caractères dimprimerie. Cest léchec ; ce sont, déjà, les dettes. Après le retour à la littérature, les années 1829-1833 sont des années dintense activité journalistique.
Des ambitions électorales se manifestent en 1831.
En 1836, cest lentreprise malheureuse de la Chronique de Paris , revue éphémère. En 1838, désireux dexploiter une mine argentifère, Balzac part pour la Sardaigne, mais, quand il arrive, la place est déjà prise.
En 1839, il devient président de la Société des gens de lettres ; il milite pour tenter de sauver le notaire Peytel, accusé du meurtre de sa femme, et qui est condamné à mort par les assises de Bourg.
En 1840, il lance la Revue parisienne : cest un échec. En 1848, il se porte candidat à la députation. Quant à ses candidatures à lAcadémie française, elles sont toujours restées sans succès.
Les éléments marquants de sa vie personnelle ont été labsence daffection maternelle, lamitié pour sa sur Laure, la tristesse ressentie à la mort de sa sur Laurence, à vingt-trois ans, après un mariage malheureux, lirritation de voir Henri-François, le frère incapable, toujours adulé par la mère.
On ne sait pas quelles informations précises Balzac a pu recueillir sur loncle paternel guillotiné à Albi pour lassassinat dune fille de ferme.
Une longue amitié platonique le lie à Zulma Carraud. Ses amours ont été nombreuses, mais ce qui a surtout marqué sa vie, cest sa liaison avec Laure de Berny, la Dilecta (de vingt-deux ans plus âgée), quil rencontre en 1822.
Il rencontre en 1825 la duchesse dAbrantès (de quinze ans plus âgée) et mène avec elle une longue liaison.
Le long roman avec l" Étrangère ", Ève Hanska, riche propriétaire dUkraine, dont il reçoit une lettre, postée à Odessa, en 1832, quil rencontre pour la première fois à Neuchâtel en 1833, quil revoit ensuite épisodiquement pendant dix-sept ans, jusquau mariage en 1850.
Et le 18 Août, prématurément vieilli par une vie trop bien remplie, Balzac meurt rue Fortunée, à Paris (aujourdhui rue Balzac). Son uvre, elle est multiforme (40 volumes de près de 1.000 pages en édition moderne, écriture serrée). Chacun peut ouvrir un dico et sen rendre compte.
Mais il faut au moins retenir luvre de sa vie " La Comédie humaine ". Il peint essentiellement les hommes de son temps, lhistoire de la société, les deux bourgeoisies, laristocratie, la banque et la finance. Mais il ne néglige jamais lindividu qui vit lHistoire et en est parfois écrasé. Il sait sonder les âmes, découvrir des fêlures, des souffrances inconnues, des humiliations des faiblesses secrètes. Et cet individu, il laime. Il est plein de charité pour ses héros.
1944
Capitulation des Allemands à Toulon, suite au débarquement des Alliés en Provence.
Le 15 août a eu lieu en Provence le deuxième débarquement allié.
Cette opération a été longtemps refusée par Churchill, qui préconisait une poussée à partir de lItalie en direction des Balkans, appelés curieusement par lui " le ventre mou de lEurope ".
Les Américains refusèrent le plan de Churchill, et le corps de débarquement, sous le haut commandement de sir Maitland Wilson, comprenant la Ire armée française commandée par Jean de Lattre de Tassigny, fut prélevé sur les armées combattant en Italie.
Larmada partit de Naples, Tarente, Malte, Oran et Ajaccio.
Dans la nuit du 14 au 15, les commandos immobilisent les batteries de la côte. Au lever du jour, les formations aéroportées sont lâchées au nord des Maures.
Puis les premières vagues dassaut américaines semparent rapidement des régions de Saint-Tropez, Sainte-Maxime et Saint-Raphaël.
Le lendemain débarquent trois divisions françaises qui marchent sur Toulon.
Le 18 août, le commandant allemand ordonne la retraite.
Le 28 août, les garnisons allemandes de Toulon et Marseille déposent les armes.
1944
Grève générale de la C.G.T. en France.
La libération du pays peut gagner du temps si la grève paralyse les forces de loccupant.
La C.G.T. (Confédération Générale du Travail) en accord avec le bureau de la C.F.T.C. lance le mot dordre de grève générale.
Cette grève, largement suivie, plus de 90 %, paralysera effectivement les Allemands. Une semaine plus tard, la C.G.T. sortira de la clandestinité, et alors que le sol de France nest pas encore libéré, elle fonctionnera en plein jour !
Le gouvernement provisoire des Français en exil restituera leurs biens propres aux organisations syndicales, et rétablira officiellement la liberté syndicale, ce qui permettra aux organisations de fonctionner normalement et dentamer des actions qui contribueront à essouffler loccupant pour lexpulser plus rapidement !
Cam.
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écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 04/10/98, ©camilist 1998
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