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Chroniques du 21 Août.

Antiquité Romaine

21 Août, Fête de Quirinus, dans ce qu’il représente l’énergie productrice, donc de l’engrangement en liaison avec la fécondité.

Un des personnages les plus difficiles et les plus complexes du panthéon romain, et qui fut encore compliqué par les exégètes modernes.

À l’époque archaïque, il formait avec Jupiter et Mars une triade cohérente et articulée.

La preuve en est fournie, d’une part, par l’existence d’un flamine majeur attaché à sa personne (le troisième dans l’ordre de préséance), d’autre part, par la formule de la "dévotion" où cette triade est énoncée dans l’ordre même où sont rangés les flamines majeurs.

Son nom (dont la formation rappelle celle de dominus  ou tribunus ) renvoie à une racine qui devait désigner la totalité d’une collectivité humaine ; on pourrait le traduire par "le maître de la totalité des hommes".

Son flamine intervenait dans trois fêtes d’une grande importance pour la croissance, la conservation et la consommation des céréales : le 25 avril, où l’on s’efforçait de protéger les blés des attaques de la rouille ; le 21 août et le 15 décembre, où l’on honorait le dieu protecteur de l’engrangement en étroite liaison avec la déesse de la fécondité Ops ; le 17 février, clôture des fêtes consacrées à la torréfaction des grains pour les rendre consommables.

A la création de Rome, en –753 (A.C.N.), il y a déjà une des 7 collines qui lui est consacrée, le Quirinal.

1831

Révolte des Esclaves en Virginie, mieux connue sous le nom de Révolte de Nat Turner.

Né en 1800, esclave noir de Virginie, Nat Turner fomenta une révolte d’esclaves qui fut une des plus importantes du XIXe siècle avec celles de Gabriel Presser en 1800 et de Denmark Vesey en 1822.

Il est né dans une petite exploitation prospère de Virginie.

Sa mère, venue d’Afrique, lui inculque une haine féroce de l’esclavage. Son père disparaît alors qu’il était encore enfant.

Nat Turner apprit à lire avec les enfants de son maître et suivit avec passion une éducation religieuse qui imprégna par la suite tous ses actes.

Travaillant comme charpentier dans les plantations, il fut vendu deux fois, en 1820 et autour de 1830, alors qu’il avait espéré être libéré.

Il se maria avec une jeune esclave appartenant à une autre plantation que lui.

En 1820, il se sauva et se cacha dans les marais pendant un mois, mais revint à la plantation, poussé, dit-il, par une inspiration divine.

À cette époque, il commença à répandre les idées défendues par le sénateur Rufus King de New York et par les quakers, selon lesquelles l’esclavage va contre les lois de la nature, donc contre les lois de Dieu ; il décide alors de faire de l’émancipation le grand but de sa vie.

En 1825, il se met à prêcher ; il est doué d’un magnétisme certain, et son mysticisme lui fait identifier la condition des esclaves avec le sort des Israélites de l’Ancien Testament.

Il montre Dieu exerçant sa vengeance et faisant passer sa justice contre les oppresseurs. Devant l’attitude des Blancs, il pense que seules les armes peuvent sauver les Noirs, et, alléguant une instruction divine, il décide en mai 1828 de lancer son insurrection.

Prédicateur jouissant d’une grande renommée dans la région, il s’entoure d’un tout petit groupe, afin de ne pas risquer l’échec qu’avait connu Denmark Vesey.

Il voit dans une éclipse du soleil, le 12 février 1831, un signe de Dieu lui ordonnant de passer à l’action.

Le 21 août, il part avec sept autres esclaves pour une marche sanglante au cours de laquelle il s’en prend à tous les Blancs rencontrés.

En deux jours et deux nuits, 51 Blancs sont égorgés.

Environ 75 Noirs se joignent alors à lui dans sa marche vers Jérusalem, la capitale du comté de Southampton.

Mais les troupes du "général Nat", peu disciplinées et portées à s’enivrer, n’ont aucune chance même d’y parvenir.

Les Blancs commencent à se défendre ; la milice d’État est convoquée et plus de 3 000 hommes pourchassent les rebelles qui sont dispersés, arrêtés ou tués.

Nat Turner réussit à se cacher pendant six semaines, mais il est finalement fait prisonnier, jugé (il plaide non coupable, invoquant sa "mission") et pendu.

Une vague de peur se répand alors chez les Blancs de Virginie ; des esclaves sont tués sans raison ; la "bestialité" des Noirs est sans cesse évoquée ; les sociétés d’émancipation disparaissent dans le Sud, et l’État de Virginie édicte des lois implacables qui restreignent encore les libertés des Noirs (interdiction de prêcher, de se rassembler).

Cette sévérité durera jusqu’à la guerre civile.

Mais pendant longtemps, dans les États du Sud, le nom de Nat Turner sera vénéré ; et, dans les cantiques des Noirs, le nom de Jérusalem évoquera autant sa révolte que la cité de la Bible.

1944

Le quotidien communiste français, l’Humanité après 5 ans de silence et/ou de clandestinité est diffusé à nouveau au grand jour.

317 numéros paraissent dans la clandestinité dans des conditions extrêmement difficiles qui vaudront la mort à plusieurs collaborateurs tant de la rédaction que de la composition ou de la distribution.

Il est à noter que ce ne sont pas les allemands en 1940 qui l’ont interdit, mais bien les Français, le 26 Août 1939, p. c. q. il affichait, selon sa tradition, des idées pacifistes.

Il sera d’ailleurs régulièrement saisi également par les gouvernements de gauche comme de droite pendant les guerres d’Indochine et d’Algérie.

1968

Le Rude Pravo, organe officiel du Parti Communiste Tchèque connaît le même sort que l’Humanité dès 1938 et sous l’occupation allemande.

Mais, ô paradoxe, également sous l’occupation communiste ! ! !

Le Rudé Pravo (le Droit Rouge) est un quotidien en langue tchèque fondé en septembre 1920.

Il est, à partir de 1921, l’organe du comité central du Parti communiste tchécoslovaque.

Le Rudé Pravo  affirme être le successeur du Pravo Lidu  (Le Droit du peuple ), quotidien du Parti social-démocrate ouvrier tchécoslovaque depuis 1897.

En fait, il tire son origine de la " gauche marxiste " pro-bolchevique et " centriste " de ce parti, qui donna naissance au Parti social-démocrate (gauche) puis au Parti communiste tchécoslovaque (P.C.T.).

Entre 1922 et 1930, son tirage ne cesse de baisser (15 000 exemplaires en 1927).

Prônant la grève générale insurrectionnelle, il est souvent saisi.

En outre, ses rédacteurs en chef sont destitués par la direction du parti pour avoir suivi et défendu une ligne de défense nationale antifasciste.

Son tirage augmente à nouveau lors de la crise de 1938, accueillant les proclamations patriotiques des intellectuels et de la population.

Après Munich, le journal fait paraître le 20 octobre 1938 son dernier numéro légal.

Le premier numéro illégal ne sort qu’en août 1939.

Le journal constitue alors le seul bulletin intérieur du parti, le contact radio avec Moscou étant souvent interrompu.

Les nazis exécutent successivement quatre rédacteurs en chef . De ce fait, sa publication est arrêtée pour une longue période, en 1942, puis pendant le second semestre de l’année 1944.

Au total, il y aura, pendant la guerre, soixante et un numéros du Rudé Pravo  édités avec des moyens de fortune.

Le 6 mai 1945, les Pragois insurgés retrouvent un Rudé Pravo  légal sur grand format qui redevient quotidien à partir du 9 mai.

Il est, avec ses 750 000 exemplaires, le journal le plus lu et le plus combatif. En février 1948, il passe à un million de lecteurs.

Mais après 1948 il s’enlise dans l’antititisme abstrait et la reproduction de " pavés " indigestes. Stagnation !

Le tirage varie alors entre 750 000 et 1 000 000 d’exemplaires, ce qui dénote un recul malgré les commissions de presse du parti, les réseaux de correspondants ouvriers et l’institution d’une journée de la presse communiste.

En 1968, le million d’acheteurs, correspondant à trois millions et demi de lecteurs réels, est assuré.

La rédaction en chef devient un enjeu important dans la bataille entre novotnystes et dubcekiens.

Après l’intervention soviétique des 20 - 21 août 1968, le XIVe congrès (clandestin) du parti nomme le " libéral " J. Sekera rédacteur en chef.

Pendant douze jours, un Rudé Pravo  imprimé clandestinement sur petit format est distribué gratuitement à la population. Le 3 septembre, il reprend son format habituel et épouse fidèlement la ligne " possibiliste " de Dubcek sans renier les principes du Printemps de Prague.

Le processus de normalisation s’accélère après Pâques 1969. Dubcek limogé, Miroslav Moc, un des vice-rédacteurs en chef " conservateurs " du début d’août, accède au poste de commande.

Plus de 40 p. 100 des anciens rédacteurs libéraux démissionnent alors collectivement.

Le Rudé Pravo  reconnaît que son tirage n’excède guère plus de 750 000 exemplaires (900 000 pour l’édition du samedi, Halo Sobota ), ce qui trahit une stagnation, voire une baisse de popularité, du premier journal tchécoslovaque. En 1990, le tirage était évalué à 320 000 exemplaires.

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 04/10/98, ©camilist 1998 --- une remarque ?
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