Mois d'Août / sommaire des chroniques / sommaire de Camilist

Chroniques du 22 Août.

Sommaire :

1350

Sacre de Jean II le Bon, Roi de France.

Né en 1319, fils aîné de Philippe VI de Valois et de Jeanne de Bourgogne, Jean fut duc de Normandie, puis roi le 22 août 1350. Excellent chevalier, sa bravoure lui interdit la fuite qui avait sauvé son père à Crécy.

D’intelligence probablement médiocre, il ne put éviter de graves maladresses qui lui aliénèrent le plus souvent le concours des états, maîtres de lui refuser les ressources financières pourtant indispensables au gouvernement.

Hésitant entre la noblesse réformatrice, les bourgeois avides de promotion et les officiers au dévouement intéressé, il ne sut ni choisir ni jouer de leurs rivalités, et c’est à la faveur de sa captivité que la noblesse prit pour un temps le contrôle des rouages essentiels de l’État.

Il se brouilla avec les lignages les plus influents en faisant procéder à des exécutions sommaires, comme celle du connétable Raoul de Brienne (1350), envenima l’hostilité de son cousin le roi de Navarre, Charles le Mauvais, par d’inutiles spoliations, et humilia son propre fils, le futur Charles V, en faisant arrêter le Navarrais à Rouen alors qu’il y était l’hôte du jeune duc de Normandie.

Vaincu et pris par les Anglais à Poitiers le 19 septembre 1356, il fut libéré après la conclusion du traité de Brétigny-Calais (1360), qui coûtait la moitié du royaume et une rançon de trois millions de livres.

En janvier 1364, le roi Jean retourna en Angleterre prendre la place de son fils Louis d’Anjou, qui avait abandonné son rôle d’otage. Pendant la première captivité du roi, la France fut en proie à la révolte parisienne d’Étienne Marcel et à la Jacquerie. La ferme reprise en mains du gouvernement par le régent Charles, le discrédit des états généraux après leurs excès et le début du rétablissement militaire font des dernières années de ce règne le prélude à celui de Charles V. Mais, si Jean le Bon n’y a guère de part, il ne porte pas davantage seul la responsabilité des catastrophes accumulées pendant son règne et que les difficultés rencontrées par Philippe VI annonçaient depuis vingt ans.

Souvent critiquée, la décision de donner en apanage à son fils Philippe le duché de Bourgogne, venu à la Couronne par héritage, comportait sur le moment plus d’avantages — adhésion des Bourguignons, obstacle à l’intrusion du Navarrais dans l’affaire — que d’inconvénients, puisque la rivalité des maisons de France et de Bourgogne était imprévisible. Sans doute exagérément accablé par la postérité critique, comme exagérément loué par l’imagerie populaire, Jean le Bon est encore un sujet de controverse entre les historiens.

1791

Révolte des esclaves en Haïti. A la fin du XVIII° siècle, Saint-Domingue était considérée comme la colonie la plus florissante du monde entier. 31.000 blancs (français essentiellement, possèdent près de 500.000 esclaves.

Cette prospérité recouvre pourtant des contradictions profondes qui vont entraîner la disparition du régime esclavagiste en 1793 et celle du système colonial en 1804. Soumis à l’enfer des rapports de production esclavagiste, les Nègres de Saint-Domingue tentent de résister par divers moyens : suicides, infanticides, avortements, incendies d’habitation, empoisonnements, sabotages de la production et insurrections.

Les colons infligent toutes les formes de supplices, même les plus inimaginables, pour " contenir " les Nègres et les obliger à subir les conditions inhumaines du système esclavagiste.

Les sources fournissent des exemples accablants : plomb fondu coulé sur les plaies vives, émasculation, Nègres jetés vivants dans des fours ou dévorés par des chiens dressés à cet usage... Toutes ces sources stigmatisent la cruauté des colons français en rappelant quelques-uns de leurs supplices favoris.

Malgré ces châtiments corporels, malgré le sadisme des maîtres et de leurs rejetons, des Nègres esclaves s’efforçaient de rompre avec leur assujettissement. Cette rupture avec le système esclavagiste s’opérait par le biais du marronnage. Les cimarrons  – un terme indigène s’appliquant aux Nègres fugitifs – partaient se réfugier dans les montagnes, dans les forêts inaccessibles.

Ils vivaient en groupe dans des villages disséminés dans la région du Cap au Nord et au Nord-Est, dans le Sud (communautés de la Selle, du Cul-de-Sac et de la Hotte).

Leurs chefs dans le Nord se faisaient connaître : Colas Jambes Coupées, Noël, Polydor, Télémaque Conga, Isaac et Pyrrhus Candide. Pour traquer ces Nègres cimarrons, l’administration coloniale organisa un corps spécial de la maréchaussée.

Malgré la répression féroce qui ne les épargnait pas (Makandal supplicié au Cap en 1758), ce sont ces bandes de Nègres marrons qui, utilisant leurs connaissances africaines (vaudou), vont être les premières à s’orienter vers un processus de destruction du système esclavagiste, qui implique une phase d’indépendance et de réappropriation de leur identité physique et nationale.

Dans la nuit du 22 Août 1791, ce sont eux qui allument la grande insurrection des Nègres esclaves, près de Morne-Rouge. Les Nègres révoltés ont pour chef un prêtre vaudou, Nègre marron, le fameux Boukman entouré de ses lieutenants Romaine le prophète, Hyacinthe, Biassou, Jean-François.

Elle sera férocement réprimée. Car la volonté d’autonomie se heurtait aux intérêts de la bourgeoisie française (négociants, armateurs des ports) accrochée à la possesion exclusive des " gens de couleur " et des Nègres esclaves.

1927

Exécution de Sacco et Vanzetti. Les deux anarchistes italiens (c’est la police qui le prétend) suspectés d’avoir abattus deux employés de banque et de s’être emparés de la paie d’une usine.

Nicolas Sacco, né en 1891 dans un village d’Italie du Sud, émigre aux É.U. en 1908 ; ouvrier cordonnier à Boston, il se rend au Mexique en 1917 pour éviter la mobilisation. D’abord républicain, Sacco devient socialiste, puis anarchiste militant. Bartolomeo Vanzetti, né en 1888 dans l’Italie du Nord, d’une famille bourgeoise, s’intéresse très tôt au socialisme puis à l’anarchisme. À vingt ans il émigre à New York où il exerce toutes sortes de métiers. C’est un militant syndicaliste actif et influent.

Le 5 mai 1920, deux employés transportant la paie d’une entreprise sont assassinés à South Braintree (Massachusetts) à coups de revolver par deux hommes qui prennent la fuite en voiture.

L’affaire se produit dans une période où se répand aux États-Unis une vague de xénophobie et une psychose collective antirévolutionnaire. La police traque les militants ouvriers dont beaucoup sont des immigrés de fraîche date. Les soupçons se portent directement sur les milieux anarchistes. Sacco et Vanzetti interpellés refusent de coopérer avec la police, et leurs premières déclarations sont pour le moins ambiguës.

Ils sont inculpés sans preuves et jugés en mai 1921. Le juge Thayer qui préside le tribunal affirme que selon lui "la preuve qui condamnait ces accusés était [... leur] conscience d’avoir fait le mal".

Pendant des années, les avocats de Sacco et Vanzetti se battent pour la reprise du procès ; ils apportent en particulier la confession d’un des participants au hold-up du 5 mai 1920, Celestino Madeiros : rien n’y fait ; le juge Thayer maintient le verdict de culpabilité et prononce le 9 avril 1927 la sentence de mort contre les deux anarchistes.

Le gouverneur du Massachusetts refuse d’exercer son droit de grâce.

Ils sont exécutés le 22 août 1927 ; tout au long de ces six années Sacco et Vanzetti n’ont cessé de protester de leur innocence, tout en restant fidèles à leur idéal révolutionnaire : Sacco refuse même de signer le recours en grâce auprès du gouverneur.

C’est sur le plan international que l’affaire prend toute sa signification. Les premières manifestations de soutien viennent d’Italie en août 1921, manifestations très vite relayées par l’Internationale communiste qui, lors de son IVe congrès, décide de lancer une campagne internationale.

Le tout jeune Parti communiste français met en place un comité central d’action pour la solidarité militante à Sacco et Vanzetti. La campagne s’étend à la Belgique, à la Suisse, au Portugal, à l’Espagne, puis aux pays scandinaves ; elle devient dans les derniers temps véritablement internationale, manifestations et meetings se multipliant aux États-Unis et dans le monde à l’annonce de la sentence de mort.

Le 8 août 1927, un ordre de grève générale de vingt-quatre heures est suivi massivement en France.

Reflet des luttes sociales très dures qui suivirent la Première Guerre mondiale, l’affaire Sacco et Vanzetti reste un exemple sans précédent de solidarité ouvrière internationale. La partialité du juge Thayer et du jury populaire laisse bien comprendre qu’il fallait des coupables et spécialement des " anarchistes ", pour l’exemple ! Au pays de la liberté, il ne fait pas bon critiquer le libéralisme sauvage !

Joan Baez (et Anne Vanderlove ) a immortalisé l’affaire dans une très belle chanson " Sacco & Vanzetti ".

1989

Un raz-de-marée gigantesque transporte plus de 300.000 turcs de nationalité bulgare en Turquie. Le gouvernement Turc est obligé de fermer ses frontières.

Ces Bulgares fuient le régime communiste agonisant. Ils abandonnent maisons, terrains, récoltes, travail, parfois même famille, pour regagner un pays " libre ", pour autant que la Turquie apparaisse comme un pays libre, pour les Bulgares en tout cas, ils veulent goûter aux joies de l’économie non communiste.

Mais, sans emploi, sans travail, mal vus par la population autochtone, ils doivent vite déchanter.

Dès que le gouvernement communiste laisse la place à un régime plus libéral, en Novembre 89, plus de la moitié regagneront leur village. Mais là aussi, ils sont mal accueillis par une population de souche bulgare qui a déjà profité de leur absence pour s’emparer de leurs biens. Ballotés entre deux communautés, ils deviennent vite un " chancre humain ". Il faudra la médiation de l’Otan pour leur rendre leurs biens et leur maison.

Cam.

Mois d'Août / sommaire des chroniques / sommaire de Camilist


Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 04/10/98, ©camilist 1998 --- une remarque ?
jrmasson@nordnet.fr !