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Chroniques du 24 Août.

Sommaire :

79 ap. J.C.

Le matin du 24 Août, une éruption catastrophique du Vésuve détruit complètement les villes de Pompéï, d’Herculanum et de Stabiès, situées à quelques 25 kms de Naples, en Italie..

En 62 après J.-C. (63 selon certaines sources), Pompéi fut secouée par un tremblement de terre qui détruisit quelques édifices et rendit nécessaires des réparations dans presque toutes les maisons.

Ces réparations n’étaient pas toutes terminées lorsque, en l’année 79, eut lieu l’éruption du Vésuve, que l’on considérait éteint pour toujours.

Cette éruption débuta le 24 août, selon la tradition littéraire, et se poursuivit pendant trois jours. Mais certaines observations botaniques amènent à proposer une correction des textes et font supposer qu’elle se produisit en novembre.

Pompéi ne fut pas atteinte par la lave (comme Herculanum), mais fut ensevelie sous une couche de lapilli et de cendres d’une épaisseur de 4 à 6 mètres.

Une description de cette éruption a été donnée dans une lettre de Pline le Jeune à Tacite (Ep.,  VI, 16), relatant la mort de son oncle, Pline l’Ancien.

Ce dernier, accouru avec les navires de la flotte de Misène placée sous son commandement, fut victime de sa curiosité scientifique.

La ville fut abandonnée et on perdit le souvenir de son emplacement.

Les fouilles des ruines débutèrent au printemps de 1748, dix ans après la découverte d’Herculanum ; mais c’est plus tard qu’on eut la certitude qu’il s’agissait effectivement de Pompéi.

Les fouilles se poursuivirent irrégulièrement, surtout dans le but de découvrir des objets et des œuvres d’art.

Ce n’est qu’après 1870 qu’elles furent entreprises de façon régulière et continue.

On établit alors une nomenclature des maisons, des rues et des quartiers.

À partir de 1924, on commença à effectuer des fouilles stratigraphiques qui permettent, en commençant par le toit, la reconstruction des maisons, en laissant à leur place originelle les objets et la décoration murale.

Dans les années 1950, les murs des fortifications et les nécropoles ont été mis au jour.

Aujourd’hui encore, la ville continue de livrer quelques secrets, mais si les travaux d’entretien continuent, on ne " découvre " plus de nouveaux espaces.

Pompéi est le document le plus important que l’on possède sur la vie et l’aspect d’une ville de moyenne importance de l’Antiquité romaine.

Elle montre la civilisation d’un centre commercial et agricole dont la situation économique était florissante et constitue une source incomparable pour la connaissance de la vie quotidienne à l’époque romaine et de son artisanat.

Des vestiges de la culture italique qui a précédé la domination de Rome s’y trouvent unis aux témoignages de la vie romaine du premier siècle de l’Empire, profondément imprégnés de l’héritage de la culture hellénistique.

1572

Massacre de la Saint-Barthélemy.

Dans la nuit du 234 Août, eut lieu à Paris, le massacre des chefs protestants en vue de décapiter le mouvement et d’empêcher les hérétiques de reprendre le pouvoir en France.

Par son retentissement européen, en particulier sur l’opinion protestante, que l’événement secoue plus encore que la nouvelle du massacre des garnisons françaises de Floride par les Espagnols (1565), par sa valeur de test sur la morale politique des siècles ultérieurs, le massacre de la Saint-Barthélemy, le 24 août 1572, constitue l’une des grandes dates de l’histoire européenne du XVIe siècle.

Il concrétise, et l’on comprend dès lors la satisfaction de Philippe II, le fait que la monarchie française se démarque du protestantisme mais aussi que la France sombre irrévocablement dans une inexpiable guerre civile.

Mais on peut pourtant se demander si la partie n’était pas déjà jouée au cours de la décennie précédente.

Beaucoup d’historiens tendent, en effet, à croire que l’apogée du protestantisme français se situe entre 1550 et 1570. Dès lors, les guerres de religion ne seraient, du côté protestant, que le moyen de pallier les effets d’une influence sur son déclin.

Quoi qu’il en soit, la paix de Saint-Germain en 1570 a permis à l’amiral de Coligny d’entrer au Conseil royal et d’acquérir un ascendant de plus en plus marqué sur l’esprit de Charles IX, qui échappe ainsi à la double influence des Guise et de la reine mère.

Or la politique de Coligny vise à la réconciliation des Français par la guerre anti-espagnole, en vue de les engager dans une lutte commune pour soutenir les Pays-Bas insurgés.

Il en résulte une alliance de fait entre Catherine de Médicis et les Guise contre l’amiral.

Les mobiles de la Florentine sont complexes : outre son désir de dominer son fils et son goût invétéré pour le pouvoir, il faut peut-être aussi faire entrer en ligne de compte, au-delà du jeu des combinazioni  successives, la raison d’État, fondée sur le sentiment que le roi ne peut mener une politique qui ne s’appuierait pas sur les forces majoritaires du pays.

Opposés à une guerre contre l’Espagne, les Guise ne cherchaient qu’une occasion d’arracher la couronne aux Valois ; Catherine préfère se lier avec le parti catholique que de le voir se dresser contre la dynastie régnante.

Resterait à savoir quelles ont été (ou non) les influences des milieux financiers comme celui des marchands-banquiers italiens de Lyon, par exemple.

L’alliance aboutit à la tentative d’assassinat de l’amiral le 22 août 1572, montée par les Guise, sans doute avec l’assentiment de la reine mère. Indigné, Charles IX ordonne une enquête qui, en remontant aux sources, risque de lier à tout jamais le roi aux conseillers protestants.

Catherine réussit à "retourner" le roi, lui avouant la préméditation mais décrivant aussi le "complot" des chefs protestants réunis à Paris pour le mariage de Marguerite de Valois (la sœur du roi) avec Henri de Navarre, le 18 août.

Effrayé, le roi se laisse entraîner par le duc de Guise et par son propre frère, le futur Henri III.

À l’aube du 24 août, sur le signal du tocsin de Saint-Germain-l’Auxerrois (la paroisse royale), les assassins se répandent dans la ville, aussitôt suivis par la populace des pillards.

Il y a quelque trois mille morts.

Le prince de Condé et le futur Henri IV n’échappent au massacre qu’au prix d’une conversion éclair, que prolonge une détention dorée à la cour, assez stricte pour qu’Henri IV ne puisse s’échapper qu’en 1576.

Du 25 août au 3 octobre, les meurtres se poursuivent dans nombre de villes de province, en dépit de l’ordre royal d’arrêter l’effusion de sang.

À court terme, la Saint-Barthélemy affaiblit numériquement et qualitativement le groupe protestant et le rejette dans le rôle de minorité d’opposition ; il accentue son caractère "démocratique".

Sur le plan extérieur, elle équivaut à une victoire du duc d’Albe et on peut penser qu’elle sauve, pour l’Espagne et le catholicisme, les provinces belges.

À moyen terme, le massacre rend la guerre civile française inexpiable : or elle est, sur le plan national, sans issue, l’équilibre des forces militaires en présence ne permettant pas de victoire décisive.

À long terme, la Saint-Barthélemy est l’une des pierres d’achoppement sur lesquelles bute l’entente entre l’Europe protestante et l’Europe catholique.

Elle est l’une des motivations profondes de l’antipapisme et de l’antihispanisme anglais.

Mais, en éloignant la France de la grande politique européenne, elle permet aussi à Philippe II, appuyé sur les trésors américains, de maintenir ce que l’on a parfois appelé, non sans quelque exagération, la "prédominance espagnole" sur l’Europe.

1786

Le Roi de France, Louis XVI apparaît à la foule des courtisans arborrant une fleur bizarre à son chapeau.

Il s’agit de la fleur de pomme de terre que Parmentier venait d’introduire en France.

Cette mode permit à ce tubercule de s’imposer sur les tables parisiennes puis françaises et de remplacer progressivement le pain comme aliment de base.

Mais qui donc est ce Parmentier dont nous avons retenu le nom grâce surtout au célèbre " hachis " qui porte son nom.

Il est, avec Jean-Jacques Rousseau, Choderlos de Laclos et le capitaine Carnot, l’un des lauréats les plus remarqués des concours des Académies provinciales françaises du XVIIIe siècle, l’un des hommes les plus typiques du siècle des Lumières.

Il est, dès l’âge de vingt ans, apothicaire sous-aide aux armées.

Fait prisonnier pendant la guerre de Sept Ans, il herborise dans le Hanovre.

Son ascension professionnelle est rapide.

En 1772 — l’année de ses grandes réussites —, il est apothicaire-major des armées françaises.

En 1773, Parmentier propose dans un mémoire (primé à Besançon) la généralisation de la culture de la pomme de terre, qu’il a connue dans le Hanovre.

En 1785 et 1786, l’aide éclairée de Louis XVI lui permet d’entreprendre la promotion du tubercule par des expériences publicitaires dont a fleur au chapeau de Louis XVI, mais aussi le fait de faire garder des champs de patates par des soldats. Ce qui intrigue les paysans. Lesquels, dès que les soldats sont parttis, s’empressent de piller le cham et de déguster les p.d.t. qu’ils trouvent délicieuses …et en redemandent !

Tout en restant dans l’armée (il participe d’abord à la guerre d’Indépendance américaine, puis aux guerres révolutionnaires et napoléoniennes), Parmentier se spécialise de plus en plus dans les problèmes alimentaires.

Après 1793, il prône le remplacement du sucre de canne par le sucre de raisin.

Toutefois, les moyens techniques dont il dispose à l’époque ne lui permettent pas de résoudre le problème de la conservation de la viande ou des produits laitiers ; il envisage cependant la conservation par le froid.

Inspecteur général du Service de santé sous Napoléon, c’est lui qui impose, de 1805 à 1813, l’obligation de la vaccination contre la variole.

Écrivain infatigable, il vulgarise ses idées dans près d’une centaine de livres et de mémoires.

Il passe pour avoir vulgarisé auprès des Français la pomme de terre, mais en fait la culture de ce tubercule ne deviendra effective que vers les années 1840.

Cet esprit éclairé est donc l’un des principaux chefs de file de cette obscure légion d’expérimentateurs, qui n’ont cessé d’œuvrer, avec des succès divers, pour traduire dans la vie quotidienne les acquis d’une science en plein progrès.

1944

Capitulation du Général Von Choltitz, qui libère Paris, malgré les ordres du Fürher de détruire complètement la ville-lumière.

C’est le Maréchal Leclerc qui a l’honneur d’entrer avec les forces françaises dans la capitale et de recevoir la reddition du général allemand.

1954

Suicide du Président du Brésil, Getulio Vargas, un " fasciste à l’Italienne ", mais gauchiste sur le plan social.

Né en 1883, dans le Rio Grande do Sul d’une famille de fermiers, Vargas entre à l’école militaire de Rio Vardo, mais en est chassé après une révolte des cadets.

Il se tourne alors vers le droit. Attiré par le positivisme d’Auguste Comte, il croit déjà à la possibilité d’une politique qui ne soit pas le fruit du hasard.

Devenu avocat en 1908, il est bientôt élu député à la Chambre de son État.

En 1922, il entre à la Chambre fédérale et y demeure 4 ans.

Ministre de l’Économie en 1926, dans le cabinet de Souza, il devient ensuite en 1928, gouverneur du Rio Grande do Sul.

Candidat malheureux à la présidence de la République en 1930 , ses partisans déclenchent un coup d’État qui triomphe au bout de 21 jours et qui met fin au régime constitutionnel.

Devenu chef du gouvernement provisoire, il réprime le soulèvement pauliste qui exigeait le rétablissement de la Constitution (1932).

Une Assemblée constituante est cependant convoquée en 1934.

Cette Assemblée adopte une Constitution qui renforce les pouvoirs du gouvernement central au détriment de ceux des États, et élit Vargas président pour 4 ans.

L’année suivante, celui-ci doit affronter une tentative de coup d’État communiste partie de Rio et qui avorte rapidement.

Avec l’appui des forces armées, il dissout, en 1937, le Congrès, suspend les libertés démocratiques et destitue tous les gouverneurs d’États.

Une Constitution calquée sur celle des États totalitaires est imposée au pays : jusqu’en 1945, le Brésil vit à l’heure de l’Estado Novo .

Durant la Seconde Guerre mondiale, Vargas se range dans le camp des Alliés et, en 1942, le Brésil déclare la guerre aux puissances de l’Axe.

Mais le 29 octobre 1945 un pronunciamento renverse Vargas.

Bien que réélu sénateur du Rio Grande do Sul immédiatement, il ne réapparaît sur le devant de la scène politique qu’en 1950, année où il est réélu à la présidence grâce au soutien du Parti travailliste brésilien et de la classe ouvrière.

Respectant le cadre institutionnel, Vargas porte son effort sur le redressement économique, mais il laisse se développer la corruption dans l’administration et donne prise aux campagnes menées par la droite et orchestrées par un redoutable polémiste, Carlos Lacerda.

Une tentative d’assassinat de ce dernier, dans laquelle sont compromis plusieurs membres de l’entourage de Vargas, fournit le prétexte pour exiger la démission du président.

À l’aube du 24 août 1954, Vargas se suicide d’une balle au cœur.

Le lendemain et pendant deux semaines les masses manifestent dans les principales villes du pays avec une violence sans précédent ; une grève générale est déclenchée à Sao Paulo.

Getúlio Vargas disparu, le getulisme demeure une donnée fondamentale de la politique brésilienne. Pour une grande part, les conditions du développement brésilien, entre 1929 et 1950, expliquent ses virages à droite — la dictature fasciste — puis à gauche — l’alliance avec les communistes.

En effet, par ses répercussions sur le commerce international, la crise de 1929 a entraîné, pour le Brésil, un blocage des importations et accéléré le développement d’une industrie autochtone destinée à pallier la réduction des importations. Socialement émerge alors une nouvelle classe moyenne, mais aussi une bourgeoisie industrielle et un nouveau prolétariat : ces derniers contestent à l’oligarchie terrienne son monopole du pouvoir et de la représentation politique.

L’Estado Novo, établi par Vargas en 1937, se donne comme une tentative de compromis entre des intérêts opposés et vise à organiser la complémentarité sociale des classes en présence : la bourgeoisie industrielle associe ses capitaux à ceux des investisseurs propriétaires fonciers ; corrélativement, elle tisse de nouvelles relations avec les travailleurs par le biais d’une législation du travail qui est alors adoptée (sécurité sociale, salaire minimum garanti).

Toutefois, Vargas, qui emprunte au fascisme italien une part de sa philosophie et de ses formes d’organisation, encadre ces mêmes travailleurs dans une organisation syndicale rigide et institue un système corporatif que contrôle le gouvernement.

Mais la politique sociale de Vargas lui assure le soutien d’une grande part de la classe ouvrière.

Jusqu’en 1950, un tel compromis maintiendra la stabilité du pays, et cela malgré l’éviction de Vargas en 1945.

Son retour au pouvoir en 1950 reflète la pression des masses exigeant de nouvelles conquêtes sociales : la bourgeoisie, pour briser la résistance des anciennes classes dominantes (propriétaires fonciers), propose un programme d’expansion économique, ouvrant des perspectives d’emploi et d’élévation du niveau de vie à la classe ouvrière et aux classes moyennes des villes ; les directions syndicales, relevant directement du ministère du Travail, permettent au gouvernement d’exercer un contrôle idéologique sur les masses.

Mais, en 1950, la situation économique est désastreuse, la marge de manœuvre du " Gaucho  ", très réduite.

Sa politique nationaliste et progressiste aura cependant permis la création, en 1952, de la Banque nationale du développement économique (B.N.D.E.), l’établissement, la même année, du plan Salte (santé, alimentation, transport, énergie), la création d’un Fonds national de l’électrification et la mise en œuvre d’un plan national du réseau routier ; les ressources pétrolières brésiliennes sont nationalisées et le monopole de leur exploitation est confié à la société nationale Petrobras.

Ce dirigisme économique se double d’une politique sociale active, conduite par le nouveau ministre du Travail Joao Goulart (augmentations de 100 p. 100 du salaire minimal, réunion d’un Congrès national de la Sécurité sociale).

L’inquiétude naît chez les classes dominantes menacées d’une " République syndicaliste " ; soumis à de furieuses pressions, Goulart doit abandonner son ministère et s’exiler en Uruguay ; Vargas calme alors l’opposition en faisant paraître la loi de Sécurité nationale et en resserrant les liens militaires entre le Brésil et les États-Unis.

Le meilleur exemple de cette tentative de conciliation qu’aura constamment menée Vargas est la réforme des changes adoptée en 1953 ; celle-ci ouvrira le Brésil à l’invasion des capitaux extérieurs.

Impliqué dans une tentative d’assassinat d’un opposant (Carlos Lacerda), en bute à l’opposition farouche de la classe dominante traditionnelle (les grands propriétaires terriens), le président se suicide d’une balle au cœur, à l’aube du 24 Août 1954.

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 04/10/98, ©camilist 1998 --- une remarque ?
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