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Chroniques du 28 Août.

Sommaire

- en 430, la mort d’un " Père de l’Eglise ", Saint-Augustin.

- en 1789, la naissance de la " Gauche " et de la " Droite ".

- en 1883, l’éruption du Krakatoa.

- en 1963, la grande manifestation des gens de couleur à Washington, Martin Luther King.

430

Mort de Saint Augustin, l’un des pères spirituels de l’Eglise Catholique.

Aurelius Augustinus est né le 13 novembre 354, à Thagaste (aujourd’hui Souk-Ahras en Algérie).

Vous pouvez lire la chronique d’hier, 27 Août, à propos de sa mère, Sainte-Monique.

Il est mort le 28 août 430 dans sa ville épiscopale d’Hippone, assiégée par les Vandales (aujourd’hui Annaba).

C’est un Romain d’Afrique, qui a vécu, dans une constante fidélité à la civilisation romaine, l’effondrement de l’Empire d’Occident. Telle est la trame des événements de sa vie : contemporain des efforts de Rome pour arrêter le flot sans cesse grossissant des incursions barbares, il connaîtra la prise de Rome, en 410, et mourra, vingt ans plus tard, face aux Vandales venus de Silésie.

Mais Augustin n’offre pas ce seul témoignage. Il est un chrétien de ce siècle d’or que fut le IVe siècle pour l’Église chrétienne. Le christianisme a définitivement triomphé des antiques religions païennes ; dans un Empire officiellement chrétien, il est la seule foi autorisée. Les progrès démographiques, culturels, sociaux de la religion chrétienne sont alors manifestes ; seul, et pour longtemps encore, le monde rural résiste.

La recherche doctrinale n’a cessé de se développer, à travers la grande crise causée par l’arianisme.

Augustin est ainsi le contemporain des grands penseurs chrétiens d’Orient.

Mais sa situation d’Africain, si elle le rattache à la glorieuse tradition d’une Église illustrée par Cyprien de Carthage, l’isole en partie, tandis que les événements dramatiques (les grandes invasions barbares en occident) du début du Ve siècle coupent presque définitivement l’Afrique du monde oriental.

Cet homme de la fin de l’Antiquité, ce chrétien hanté par les problèmes essentiels de la grâce, de la structure de l’être de Dieu, du Bien, est enfin un écrivain de génie.

Avec Cicéron, il est sans doute l’homme que nous connaissons par le plus grand nombre de témoignages.

Auteur d’une œuvre imposante par la quantité et surtout par la profondeur de la pensée, son action ne cessera de se développer dans l’Occident médiéval, lors de la Réforme et jusqu’à nos jours, informant non seulement la pensée catholique mais, dans une mesure importante, toute méditation philosophique sur le destin de l’homme.

1789

Les termes de Gauche ou Droite pour désigner les partis politiques nous semblent tellement naturels que l’on ne se pose même plus la question de leur origine.

Et pourtant, ce n’est pas si vieux que cela.

Qu’expriment précisément ces notions ; Y a-t-il unité ou pluralité de chacune d’elles ?

Nul ne songe à contester l’existence historique d’une droite et d’une gauche : la place de droite étant, dès l’Antiquité, tenue pour la place d’honneur, les ordres privilégiés (clergé et noblesse) se trouvaient placés à la droite du siège royal, et les députés du tiers état (qui devaient fournir sa masse principale à la majorité révolutionnaire) à sa gauche, dès la réunion des États généraux.

C’est à Versailles, le 28 août 1789, que les députés de la Constituante, afin de faciliter le décompte des voix, se séparèrent en deux groupes ; par analogie avec la Chambre des communes où le parti au pouvoir siège à droite, les partisans d’un droit de veto absolu pour le roi se placèrent à droite du président, les tenants d’un régime constitutionnel dans lequel le roi ne jouerait qu’un rôle amoindri, à gauche. Le centre l’emporta : on s’entendit sur une transaction et un veto suspensif...

Dès le 15 septembre, Mirabeau parle de " géographie " de l’Assemblée : l’habitude ne sera momentanément abandonnée que sous la Convention, en faveur d’une autre répartition topographique, les partisans de Robespierre siégeant sur les gradins supérieurs (la Montagne contre la Plaine).

Droite et gauche ou, comme les appela François Goguel, ordre établi et mouvement continueront à s’affronter.

Plusieurs raisons ont été avancées ces dernières années pour contester la pérennité de cette opposition.

Selon les uns, droite et gauche seraient l’expression d’idéologies surannées fondées sur des débats périmés.

À cette critique technocratique s’est ajoutée une critique politique, celle du gaullisme qui a prétendu transcender le clivage par de multiples réformes, au premier rang desquelles la mise en œuvre de la participation.

Il faut noter à ce propos que si la droite est souvent favorable à une politique sociale avancée, elle seule a longtemps contesté la réalité d’un phénomène qui semblait la gêner.

Le terme de droite n’était pas populaire, et plusieurs mouvements, comme autrefois la Gauche républicaine au Sénat, ont usurpé un adjectif qui cachait leur conservatisme réel.

En fait, comme elles existent historiquement, droite et gauche ont également une réalité psychologique

Des tests, des sondages, des entretiens non directifs ont tenté d’isoler et de caractériser des attitudes et des comportements de gauche et de droite.

L’homme de gauche croirait au progrès, à la transformation de l’homme et de la société, à la justice plutôt qu’à l’ordre ; l’homme de droite croirait, pour sa part, à la Nature, à la religion, à l’autorité. L’un serait pacifiste, anticapitaliste, l’autre préférerait l’injustice au désordre. On peut ainsi aisément classer tout individu sur un axe droite-gauche. La conception d’un tel axe pose un autre problème, celui de l’unité ou de la pluralité de chaque camp. Là encore, historiquement et psychologiquement, il existe plusieurs gauches et plusieurs droites.

Selon Georges Lefranc, il y a eu successivement, bien qu’elles aient parfois coïncidé, une gauche libérale et parlementaire, inspirée par Benjamin Constant, dont le rôle a pris fin avec le début de la IIIe République ; une gauche démocratique et anticléricale, inspirée par Condorcet puis par la franc-maçonnerie et les radicaux et qui, malgré quelques soubresauts en 1924 et 1954, a décliné depuis 1919 ; une gauche socialiste et communiste enfin qui a su se constituer en force d’alternance dans le jeu des institutions de la Ve République, mais doit gérer depuis lors, outre ses propres dissensions, pour la partie socialiste, son expérience du pouvoir et, pour la partie communiste, l’effondrement de ses références à travers le monde.

Quant à la droite, René Rémond y a distingué également trois tendances qui survivent : une droite ultra, contre-révolutionnaire, que l’Action française et diverses ligues ont représentée au XXe siècle ; une droite libérale, orléaniste, qui a toujours accepté facilement le régime politique ; une droite nationaliste enfin, plus autoritaire et plus réformatrice, dont le bonapartisme, le boulangisme et le gaullisme auraient été les avatars successifs.

La dimension psychologique laisse apparaître des deux côtés des positions extrêmes et des positions modérées ; elle met également en évidence la survie — en termes de sociologie politique plus que de représentation électorale, il est vrai — d’un centre, différent du marais constitué par ceux qui ne s’intéressent pas à la politique.

La France voterait à droite ou à gauche mais souhaiterait être gouvernée au centre.

1883

Paroxysme de l’éruption du Krakatoa.

Ce volcan d’Indonésie est situé dans le détroit de la Sonde, entre Java et Sumatra.

Bien que son nom signifie " Mont silencieux ", le Krakatoa est l’un des plus violents volcans actuels, surtout connu pour son activité explosive spectaculaire. Son histoire est assez complexe et comporte de nombreux cycles éruptifs.

C’était un stratovolcan de 2 000 mètres environ de haut lorsqu’il fut détruit, en 1680-1681, au cours d’un premier cycle éruptif. Il n’en subsista qu’une caldeira et trois îlots qui forment le soubassement des îles actuelles de Rakata (au sud), Verlaten Island (au nord - nord-ouest) et Lang Island (au nord - nord-est).

Cet ancien massif était formé d’andésite à tridymite, de cendres et de laves basaltiques. Ce premier cycle se termina par l’éjection d’un matériel ponceux. Sur la bordure sud de la caldeira naquit un stratovolcan, le Rakata, formé d’une alternance de coulées basaltiques et de pyroclastites, de 800 mètres de hauteur.

À l’intérieur de la caldeira, et au nord - nord-ouest du Rakata, deux cônes andésitiques, le Perbuwatan et le Danan, surgirent pour former finalement, avec le Rakata, une île unique de 33 kilomètres carrés.

Le 20 mai 1883, un nouveau cycle éruptif débuta par l’émission d’un nuage de vapeur et de cendres issu du Perbuwatan ; ce nuage atteignit 11 kilomètres de hauteur.

En juin, le Danan démarra à son tour. Deux semaines avant que l’éruption atteigne son point culminant, quatre cratères et de nombreuses fumerolles étaient visibles sur l’île centrale. Les 26, 27 et 28 août, l’éruption parvint à son paroxysme.

À partir de 13 heures, le 26 août, la sévérité des éruptions augmenta ; elles atteignirent leur maximun d’intensité le 28. C’est alors que les premiers effondrements eurent lieu. Les détonations des explosions furent entendues à Singapour et en Australie. Un panache de fumée s’éleva à 15 kilomètres de hauteur et les poussières les plus fines,ainsi que des fragments de ponces furent projetés à 70-80 kilomètres de hauteur et se satellisèrent ; elles furent plusieurs fois visibles en France.

L’effondrement provoqua des raz de marée dont les vagues atteignirent 20 mètres de hauteur ; les côtes des îles de la Sonde et du nord-ouest de Java furent balayées et on déplora la mort de 36 417 personnes.

Le 28 août, le volcan était à nouveau calme, mais le Danan, le Perbuwatan ainsi que la moitié du Rakata avaient disparu ; il n’en subsistait qu’une immense caldeira irrégulière de 23 kilomètres carrés, recouverte par la mer. Les îlots restants étaient recouverts d’un dépôt de ponce d’une centaine de mètres d’épaisseur.

1963

Une des plus grandes manifestations jamais tenues aux U.S.A. Elle a lieu à Washington. Elle revendique l’égalité des droits entre blancs et gens de couleur et est conduite par Martin Luther King.

Né en 1929 à Atlanta en Georgie, King, pasteur de l’Église baptiste, est en place depuis un an à Montgomery, en Alabama, lorsqu’une passagère noire, le 1er décembre 1955, s’assoit à l’avant d’un autobus et non à l’arrière, comme le prévoit la loi. Arrêtée par la police, elle est relâchée après l’intervention de la section locale de la N.A.A.C.P. (National Association for the Advancement of Colored People).

De tels faits étaient alors courants, mais la N.A.A.C.P. locale renonce à son habituelle attitude légaliste et décide un mouvement de boycottage des autobus, auquel participe King.

Les leaders de l’organisation pacifiste Fellowship of Reconciliation viennent à Montgomery et propagent les thèmes gandhiens de non-violence, que King reprend peu à peu dans ses discours et ses sermons. Sa maison est dynamitée.

Le boycottage de Montgomery devient une affaire nationale et les mass media distinguent King parmi d’autres leaders, sans doute en raison de son éloquence.

Après un an de boycottage, la Cour suprême déclare illégale la ségrégation dans les transports de l’Alabama (nov. 1956).

Au début de 1957, Martin Luther King fonde la Southern Christian Leadership Conference (S.C.L.C.) et, jusqu’en 1966, lutte exclusivement pour les droits civiques dans le Sud.

Après un voyage en Inde en 1959, il appuie en 1960 la création du Student Non Violent Coordinating Committee (S.N.C.C.), qui coordonne les sitin  étudiants commencés dans les cafétérias (interdites aux Noirs) des grands magasins, mais regrette déjà que la non-violence des étudiants ne soit que tactique, ne soit pas une philosophie de la vie, divergence qui s’amplifiera sans cesse. Il appuie les marches de la paix (freedom rides ), mais ne s’engage pas physiquement dans ces voyages dangereux.

La popularité de King atteint son point culminant avec la grande manifestation du 28 août 1963 à Washington : dans son célèbre discours incantatoire " I have a dream " , il exprime avec émotion l’espoir, le "rêve" d’un monde de liberté et de justice pour tous.

À la fin de 1963, il reçoit le prix Nobel de la paix.

Le président Kennedy promulgue une loi sur les droits civils qui ne sera cependant mise en application que par son successeur.

Le conflit entre la non-violence de King et celle du S.N.C.C. s’aggrave en 1965, à Selma. Le S.N.C.C. le critique pour avoir renoncé à une marche dangereuse, qui promettait d’être politiquement fertile.

En janvier 1966, King s’installe à Chicago pour y mener des actions contre la ségrégation en matière de logement et d’emploi, campagne interrompue le 6 juin par l’attentat contre James Meredith, premier étudiant noir de l’université de Mississippi. Au cours des marches de protestation, trois militants blancs sont assassinés et le slogan "Black Power" est lancé pour la première fois dans le Sud par Stokely Carmichael, leader du S.N.C.C.

Les résultats de l’expérience de Chicago sont très limités. King en tire les leçons, donne une orientation plus économique et syndicale à son action, ce qui le conduit dix-neuf mois plus tard à soutenir la grève des éboueurs de Memphis, mais surtout sauvegarde sa philosophie en l’appliquant à la guerre du Vietnam.

La seule divergence avec la Spring Mobilization Campaign porte sur l’emploi, qu’il condamne, du terme de génocide. Mais il est de toutes les marches et meetings pacifistes de 1967, ce qui lui aliène ses appuis politiques à la Maison Blanche et le sépare définitivement de la N.A.A.C.P. et de l’Urban League de Whitney Young.

L’été 1967 est marqué par de violentes émeutes dans les ghettos noirs des grandes villes (Newark, Detroit, Cleveland).

Dès le début 1968, King prépare une "marche des pauvres" sur Washington.

Il est assassiné le 4 avril à Memphis par un tueur blanc.

Une grande angoisse saisit l’Amérique blanche, qui réalise la portée du slogan de Malcolm X : The ballot or the bullet  ("Le vote ou la balle") et, toutes hypocrisies réunies, célèbre fiévreusement les vertus de King.

Des incidents violents éclatent dans plus d’une centaine de villes.

L’Amérique noire bouleversée sait désormais que c’était bien un rêve que King scandait avec tant d’éloquence.

30 ans plus tard, si la situation des Noirs en Amérique a évolué, elle n’a pas fondamentalement changé.

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 04/10/98, ©camilist 1998 --- une remarque ?
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