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Chroniques du 30 Août.

Sommaire

533

Libération de Carthage (Tunis) de la domination des Barbares Vandales par Bélisaire, général de Byzance.

Les Vandales, comme les Gots, étaient issus de Scandinavie, sans doute de la province danoise de Vendsyssel, au nord du Jutland ; mais, dès le Ier siècle de notre ère, ils étaient établis sur la côte méridionale de la Baltique, entre Oder et Vistule. Peu après, ils se scindèrent en deux groupes : les Silings, qui gagnèrent la Silésie (elle leur doit son nom) et les Hasdings, qui s’établirent un peu plus au sud-est. Ils restèrent un peu plus d’un siècle dans ces nouveaux habitats.

Puis, au milieu du IIIe siècle, on les retrouve beaucoup plus à l’ouest : les Hasdings en Pannonie et les Silings en Franconie. Vers 400, l’intrusion des Huns força les premiers à se rabattre vers le Rhin moyen. Les deux groupes le franchirent de conserve en 406, puis errèrent en Gaule durant trois ans. En 409, ils se ruèrent sur l’Espagne, accompagnés des Suèves et d’une partie des Alains. Une fois les Pyrénées franchies, ils se répartirent le pillage et l’exploitation de la péninsule.

Les Hasdings reçurent un lot en Galice, les Silings en Bétique (Andalousie). Ils n’en jouirent pas longtemps : dès 418, l’Empire envoya les Visigots de Wallia à leurs trousses, les Silings furent anéantis. Restaient les Hasdings : ils passèrent à leur tour en Bétique (419), puis commencèrent à sonder l’Afrique romaine, au-delà de Gibraltar.

En effet, par une mutation difficile à expliquer, ce peuple terrien se découvrit alors une vocation maritime qui dura plus d’un siècle. Le roi Genséric (ou Geiseric) décida en 429 de transférer son peuple et les débris des Alains en Afrique. Après avoir débarqué à Tanger, l’armée s’achemina lentement, par voie de terre, en direction de Carthage.

Pendant un an, elle fit le siège d’Hippone, au cours duquel mourut saint Augustin (cfr Chroniques du 29 Août).

En 435, Genséric traita avec les autorités romaines : on lui abandonnerait l’ouest de l’Afrique utile. Il ne s’en accommoda pas longtemps : le 19 octobre 439, il enlevait Carthage par surprise. La ville devait rester jusqu’en 533 la capitale d’un royaume vandale qui comprit, avec la Tunisie et le Constantinois, toutes les villes côtières entre la Grande Syrte et Oran.

Le pillage de l’Afrique intacte, loin de rassasier Genséric, le mit à même de poursuivre ses entreprises. Improvisant ou capturant une flotte, on ne sait, il utilisa Carthage comme base de raids auxquels nul ne s’opposa, vers la Sicile (440), la Corse, la Sardaigne et les Baléares (vers 455), enfin Rome, qui fut mise à sac en 455.

La plupart des îles méditerranéennes passèrent sous la dénomination vandale. Le profit fut énorme et l’insécurité qu’il put faire peser sur le trafic maritime, notamment sur le ravitaillement des capitales, fut pour Genséric un moyen efficace de chantage politique jusqu’à sa mort (477).

Dans son foyer même, en Afrique proconsulaire (Tunisie du Nord), l’organisation de l’État vandale fut tournée vers le pillage plus que vers une administration régulière.

La classe dirigeante romaine fut expropriée ou exilée, l’épiscopat catholique subit des persécutions violentes en sa qualité de complice naturel des Romains. Périodiquement, on le déportait au Sahara ou en Sardaigne ; des tentatives furent même faites pour imposer l’arianisme aux Africains.

Tout ce qui n’était pas rentable, par exemple la défense de l’Ouest face aux résurgences du nomadisme berbère, fut abandonné sans scrupules. Sur ces ruines, rien de solide ne fut bâti : l’apport des Vandales apparaît surtout négatif. La masse de la population continua cependant à vivre dans le cadre des lois romaines, comme en témoignent les remarquables " tablettes Albertini ", ces actes privés du Ve siècle retrouvés près de l’actuelle frontière algéro-tunisienne. Ce qu’il restait d’intellectuels nourrit contre les Vandales une haine profonde : d’où leur très mauvaise réputation dans l’historiographie.

En 533, Justinien décida de reconquérir l’Afrique. Bélisaire débarqua le 30 août et entra à Carthage dès le 15 septembre. En moins d’un an, tous les Vandales furent capturés et déportés en Orient. Ce qui restait de l’Afrique réintégra pour plus d’un siècle l’Empire romain.

L’Afrique n’a gardé à peu près aucune trace de la domination vandale, qui ne fut qu’un épisode transitoire.

Après leur passage, elle se retrouva profondément diminuée, amputée de presque toutes ses régions les plus occidentales et reléguée en marge du mouvement général de la civilisation méditerranéenne, auquel elle avait tant contribué du IIIe au Ve siècle, et cela sans aucune compensation, car l’apport intellectuel, juridique, artistique ou économique des Vandales fut à peu près nul.

1902

Explosion de la Montagne Pelée.

Le massif dominant de la Martinique, la montagne Pelée se situe dans la partie nord de l’île. Sa superficie est de 120 kilomètres carrés pour un diamètre de base moyen de 13 kilomètres ; avant l’éruption volcanique de 1902, elle culminait à 1 351 mètres, au Morne-La-Croix qui dominait une caldeira sommitale dite de l’Étang-Sec.

Les phénomènes précurseurs de l’éruption datent de 1889 ; ils consistèrent en l’apparition de petites fumerolles dans la caldeira. Ce type d’activité s’était déjà produit en 1792 et en 1851, mais, cette fois-ci, dès le 2 mai 1902, des cendres volcaniques tombent sans interruption.

Le 5 mai, le barrage de l’Étang-Sec se rompt et l’eau se déverse en formant rapidement un lahar qui ensevelit une usine et fait vingt-cinq morts. Quelques petits séismes sont enregistrés et, le 8 mai 1902, à 8 heures, une formidable explosion se produit, suivie d’une nuée ardente qui se déplace à la vitesse de 130 à 150 mètres par seconde, détruisant tout sur son passage et rasant la ville de Saint-Pierre, où périssent 28.000 personnes, laissant seulement deux survivants.

Une étude des cadavres a montré que beaucoup de gens sont morts à cause de l’onde de choc précédant la nuée ardente à vitesse supersonique (450 m/s), qui a fait éclater les corps, mais la température de la nuée ardente était probablement de l’ordre de 300 à 350 0C.

Le nombre des morts peut paraître important pour une explosion que de nombreux signes précurseurs pouvaient laisser prévoir. Mais le climat social et politique en est responsable (le gouverneur ayant refusé l’évacuation de la ville, car des élections devaient avoir lieu).

Jusqu’au 6 juin, l’activité du cratère reste violente et l’on peut noter trois nuées ardentes semblables à celle du 8 mai (20 mai, 26 mai et 6 juin). Du 6 juin à la mi-août, on observe un calme relatif. Il est suivi d’une recrudescence jusqu’au 30 août, jour où se produit la plus fantastique nuée ardente de l’éruption, qui détruit les villages de Morne-Rouge et d’Ajoupa-Bouillon.

Mais la phase finale sera la plus instructive pour les géologues qui surveillent l’éruption, car elle se caractérise par la construction du dôme et la mise en place d’aiguilles rigides. Le dôme atteint 1 353 mètres et ne cessera de s’accroître jusqu’en septembre 1903. C’est une masse de matières visqueuses, à haute température, couvertes d’une carapace refroidie.

L’aiguille commence à pousser au début de novembre 1902. Sa base est située, au départ, à 1 343 mètres ; elle atteint 1 575 mètres le 24 novembre 1902 et 1 600 mètres à la fin de mai 1903. Dans sa première phase d’ascension, l’aiguille croît à une vitesse moyenne de 10 mètres par 24 heures, avec un maximum de 60 mètres par 24 heures. Ensuite, l’activité s’est réduite au fonctionnement de quelques fumerolles.

Mais, en 1929, l’activité augmente et une nouvelle éruption se produit entre 1929 et 1932, d’une manière identique à l’activité de 1902, avec nuée ardente, dôme et aiguilles. Depuis lors, seule la morphologie du cône trahit un volcan actif.

L’éruption de la montagne Pelée tient une place capitale dans l’histoire de la volcanologie pour des raisons humanitaires aussi bien que scientifiques. À la suite de la catastrophe, la mise en place d’observatoires scientifiques a été décrétée par les pouvoirs publics ; c’est aussi la première fois qu’une nuée ardente et que la construction d’un dôme avec la mise en place d’une aiguille sont décrites.

Le terme " nuée ardente " est d’ailleurs créé par Alfred Lacroix à cette occasion.

1991

Création de la République Azerbaïdjanaise.

Créée le 28 avril 1920, la république socialiste soviétique d’Azerbaïdjan cesse donc d’exister le 30 août 1991.

Elle inclut la république autonome du Nakhitchevan et le Haut-Karabakh, peuplé en majorité d’Arméniens, occupe en Transcaucasie un territoire de 86 600 kilomètres carrés, sur lequel, en 1993, vivaient 7.398.000 personnes.

Les représentants de la nationalité éponyme, qui appartiennent au rameau turc de la famille ethnolinguistique altaïque, formaient 82,7 p. 100 de la population de la république, la proportion de Russes était de 5,7 p. 100 et celle des Arméniens de 5,6 p. 100.

La vitalité démographique de ce peuple est grande ; ainsi, en 1992, le taux d’accroissement naturel était de 20,7 p. 1 000, alors que la moyenne mondiale était de 17,2 p. 1 000.

Les deux principales richesses de la république sont les hydrocarbures et l’agriculture.

En 1.992, l’économie nationale dans son ensemble occupait 2.901.000 actifs.

Les entreprises agricoles ont produit 1 305 000 tonnes de céréales et 480 000 tonnes de coton, cultivé sur les terres irriguées grâce aux eaux de la Koura et de l’Araxe.

Bien que l’Azerbaïdjan soit un pays de tradition musulmane, les plantations de vigne se sont multipliées, produisant 1.100.000 tonnes de raisin en 1.992.

Les pâturages de ce pays sec se prêtent plus particulièrement à l’élevage des moutons et des chèvres (5.102.000 têtes en 1.992) qu’à celui des bovins, dont le cheptel comptait pourtant 1.800.000 têtes.

Les hydrocarbures extraits du gisement de Bakou jouent un rôle décisif dans l’essor industriel, bien que leur production ait cessé de croître depuis 1936 et se maintienne annuellement depuis lors aux alentours de 16 millions de tonnes de pétrole et 11 milliards de mètres cubes de gaz naturel (1992).

Ce gisement, mis en exploitation vers 1870, fut jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale le premier du pays, avant d’être dépassé par le gisement du Second Bakou situé entre la vallée de la Volga et l’Oural.

En 1930, l’extraction des hydrocarbures se cantonnait encore à la presqu’île d’Apchéron, au voisinage de la ville de Bakou, puis, afin de maintenir au même niveau la production, il fallut forer de nouveaux puits dans la basse vallée de la Koura et également le long du littoral de la Caspienne, dans la région de Soumgaït.

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’exploitation s’est développée en mer Caspienne.

Les hauts-fonds de la région des Neftyanyié Kamni portent de nombreuses plates-formes de forage ou d’exploitation. Tous les gisements sont électrifiés et reliés à Bakou.

Le pétrole de Bakou, ne renfermant que peu de soufre, est recherché ; il continue à être expédié au moyen de l’oléoduc Bakou-Batoumi ou par tankers. Le pétrole a permis l’essor de la pétrochimie à Bakou même, tout en fournissant l’énergie nécessaire au fonctionnement de l’aciérie et de la fonderie d’aluminium installées à Soumgaït.

Aussi la population de ces deux villes connaît-elle une croissance rapide : celle de la capitale, Bakou, est passée de 773.000 en 1939 à 1.713.000 habitants en 1993.

Cam.

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Dernière modification le 01/10/98, ©camilist 1998 --- une remarque ?
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