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Chroniques du 2 Septembre.

Sommaire

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Bataille d’Actium.

Le sort du monde se joue. La flotte romaine placée par Octave (fils adoptif et héritier spirituel de César) sous le commandement d’Agrippa, rencontre au Cap d’Actium (côte orientale de la Grèce) la flotte d’Antoine, grossie de quelques partisans Grecs et Egyptiens. Chacun des deux alignait plus de 400 navires. Le combat fut décisif.

Cléopâtre, reine d’Egypte, mère de Césarion (fils de Jules César lui-même) maîtresse de Marc-Antoine, lieutenant de César et qui se veut héritier également, Cléopâtre donc, craignant que Marc-Antoine, vainqueur, ne se détache d’elle, abandonna son amant et retira son escadre. Antoine la suivit ! Par amour ? On ne sait ? Toujours est-il que sa flotte, sans chef, désarçonnée par son départ, se rendit à Octave.

De plus l’armée terrestre du lieutenant de César, plus de 100.000 hommes se rendirent également au vainqueur, Octave, à qui, cette victoire un peu confuse, et peu méritée, livrait les clés de l’Empire ainsi que du Bassin Méditerranéen. Cléopâtre se suicida (en avalant du poison de l’uraeus, le serpent d’Amon-Râ) quand elle comprit qu’Octave ne lui pardonnerait pas ses deux précédents amants non plus que la rivalité éventuelle du fils égyptien de César, Césarion.

Octave devenait le seul candidat valable. Rentré à Rome il triomphait de ses adversaires et devenait Auguste. Rarement une bataille, dans l’Histoire du Monde aura marqué autant l’imagination que l’Histoire et la Politique. D’autant qu’elle créait, de par la magnanimité du vainqueur, une réconciliation étonnante entre les partis que déchirèrent pendant près d’un quart de siècle de multiples guerres civiles. Le fils spirituel rejoignait son maître.

909

Non pas en 910, comme on le prétend à tort (erreur de calendrier), mais bien en 909, fondation de l’abbaye de Cluny, en Bourgogne. Le 2 septembre 909, le duc d’Aquitaine, Guillaume III, donna la villa de Cluny à Bernon, abbé de Baume (Baume-les-Messieurs, Jura) pour y fonder un monastère de douze moines vivant sous la règle de saint Benoît, sans être soumis à d’autre juridiction, ecclésiastique ou laïque, que celle du pape.

Grâce à la protection pontificale qui s’affirma sans relâche, à la valeur exceptionnelle de ses abbés et à son heureuse situation aux confins de l’Empire, l’abbaye de Cluny prospéra vite, au point de constituer le premier groupement qui, dépassant les conceptions de la règle de saint Benoît, rassembla sous une autorité unique un grand nombre de monastères.

Rarement, fondation religieuse aura joué un tel rôle. Il faut remonter à Saint-Benoît au IV° siècle ! Cluny, abbaye bourguignonne de l’ancien diocèse de Mâcon (aujourd’hui de celui d’Autun, Saône-et-Loire), a joué un rôle majeur dans le renouveau monastique français des Xe et XIe siècles.

Ce ne fut certes pas le seul foyer de réforme : Fleury-sur-Loire, Saint-Bénigne de Dijon, les abbayes de Gorze, Metz, Toul et Verdun, et d’autres encore, ont aussi puissamment contribué au relèvement général. Mais Cluny eut le rayonnement le plus étendu et le plus durable. L’organisation de la vie religieuse y avait atteint une perfection telle qu’un " non-clunisien ", le cardinal-légat Pierre Damien, pouvait légitimement qualifier Cluny d’" incomparable ".

Au sommet de sa puissance, Cluny se dotera du cadre artistique le plus impressionnant de l’époque romane. La plus vaste église chrétienne du Moyen Âge ne fut achevée qu’à l’orée de l’époque gothique, au moment même où les bâtisseurs cisterciens imprimaient à la pierre leur austère doctrine.

Au premier abbé succédèrent des hommes remarquables qui conduisirent l’ordre à son apogée. On estime à 1 184 le nombre de monastères clunisiens à cette époque, dont 883 pour les provinces françaises, 99 pour l’Allemagne et la Suisse, 44 pour l’Angleterre, 54 pour la Lombardie, 31 pour l’Espagne.

Ces chiffres pourtant considérables ne donnent qu’une idée incomplète de l’activité de Cluny et de son influence, qui s’exerça aussi bien sur de nombreuses abbayes restées indépendantes que sur le gouvernement de l’Église, à une époque où la papauté traversait une des crises les plus graves de son histoire, qu’en politique, car les grands abbés de Cluny étaient écoutés de l’empereur et des princes.

1670

Fondation au Canada, de la célèbre Compagnie de la " Baie d’Hudson ".

Elle prend le monopole du commerce des fourrures avec les Inuits, puis elle les remplace progressivement et les chasse honteusement de leurs terres. Aujourd’hui encore, bien que depuis 1986 elle ait été rebaptisée Northern, " La Baie " reste l’appellation officieuse de cette Multinationale.

1792

Rien de plus ambigu que le cri, lancé à Paris, au mois d’août 1792 : "La patrie en danger !"

Le péril est-il à l’intérieur, où de nombreuses perquisitions, chez les prêtres réfractaires, débusquent des agences royalistes et prouvent les complicités épistolaires avec les émigrés ? Est-il à l’extérieur, d’où parviennent de sinistres nouvelles : passage de la frontière du duc de Brunswick à la tête de 80 000 hommes ; capitulation de Longwy, le 22 août ; Verdun menacé ; La Commune d’un Paris surchauffé par l’arrivée des Marseillais suit le conseil de Marat : liquider les "traîtres" que sont ces prêtres réfractaires, déclarés suspects par la loi du 27 mai 1792, et la panique des patriotes cessera.

Dès le 11 août, la chasse commence ; les rafles se multiplient dans les quartiers à forte densité cléricale : Saint-Sulpice et Saint-Germain-des-Prés. Après un interrogatoire sommaire à la section de l’Hôtel de Ville, les suspects, à qui personne ne fait mention du serment, sont jetés pêle-mêle dans des prisons de fortune : 160 aux Carmes de la rue de Vaugirard, 92 au séminaire de Saint-Firmin, d’autres encore à l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, à la Force, etc.

Sur les quelque trois cents prêtres ainsi incarcérés, près de la moitié sont étrangers à la capitale ; on y trouve des séculiers, des religieux et même des assermentés qu’on soupçonne d’incivisme. Aux Carmes, une vie communautaire s’improvise autour du vénérable archevêque d’Arles, au domicile parisien duquel on avait saisi une correspondance compromettante avec ses collègues en émigration.

On souffre de la promiscuité, d’une atmosphère rendue irrespirable par la population, de la privation de la messe, d’une attente mystérieusement entretenue par des gardes muets sur le sort éventuel des détenus.

Le samedi 1er septembre, Paris apprend que les Prussiens ont pris Verdun. Un branle-bas de combat, des cris lointains, la garde doublée maintiennent, toute la nuit, en prières les prisonniers.

Le dimanche, en début d’après-midi, le tocsin sonne à Saint-Sulpice ; les sections siègent en permanence ; elles recueillent les enrôlements des citoyens, enflammés par la défense des frontières

Sur un ordre, dont on n’établira jamais la source (Danton, alors ministre de la Justice ?), les septembriseurs surprennent, aux Carmes, les prisonniers à la promenade : on les refoule dans l’étroit couloir, et le commissaire Violet leur crie : "Allons, Messieurs, deux à deux ;..."

C’est ainsi qu’ils franchissent le petit escalier du jardin, sans autre forme de procès : les égorgeurs se livrent à une ignoble boucherie et à des sévices raffinés. On parle de deux cents prêtres massacrés dans les autres prisons où la nouvelle se répand comme une traînée de poudre. C’est à l’Abbaye que Maillard, dans la soirée du 2, installe une parodie de tribunal : des 284 prisonniers (clercs et laïcs), tous ceux qui déclarent refuser le serment sont massacrés jusqu’à l’aube.

Le 3, à Saint-Firmin, la tuerie est encore plus confuse. Aussi confuse que la foule d’hommes et de femmes qui pille, tue, vole et viole les jeunes prisonnières de la Salpêtrière, dont certaines ont moins de douze ans ; hébétés par le sang et par le vin, ils ne s’arrêteront que le 5 septembre, au milieu d’horreurs ; la mutilation de la jolie princesse de Lamballe n’est peut-être pas la pire. Le bataillon des Marseillais, parfois mis en cause par des témoins, a sauvé, au contraire, des prêtres et des compatriotes.

Alors qui est responsable ? Pourquoi cette hystérie collective d’autant plus troublante qu’elle se répète à Meaux, à Provins et ailleurs ? Le procès des septembriseurs, commencé peu après, n’apporte aucun éclaircissement satisfaisant, et toutes les hypothèses demeurent permises.

Deux certitudes se dégagent néanmoins. La première porte sur le bilan officiel des victimes parisiennes. Le Comité de surveillance les estime à 1 100 sur 2 637 détenus parisiens (Arch. nat. , DXLII/5, rapport du 10 nov. 1792).

Sur les 1.100, il y a environ 260 ecclésiastiques : 115 aux Carmes (qui ont été béatifiés en 1926), 76 à Saint-Firmin, 22 à l’Abbaye ; les autres se répartissent entre les prisons où dominaient les nobles et les condamnés de droit commun.

La seconde certitude est que les prêtres ne se sont vus que rarement placés devant l’alternative : le serment ou la mort. Ils ont fait plutôt figures d’otages politiques, que des républicains se proposaient encore d’échanger, au matin du 2 septembre. La psychose de "trahison de l’intérieur" les a désignés comme représentants de cette classe du clergé liée par des intérêts multiples avec la noblesse prête à écraser la Révolution.

Aujourd’hui encore, où l’on ne comprend guère les massacres religieux dus à certains intégristes, l’on n’essaye pas non plus de comprendre comment une telle folie a pu se produire chez nous.

Il y a deux cents ans ? Certes, mais qu’est-ce aux regards de l’Histoire ?

1924

Naissance à Wolomin, près de Varsovie, en pologne, de Henri Krasucki.

Ses parents, juifs communistes, fuient les persécutions deux ans plus tard. Henri Krasucki grandit dans le XXe arrondissement de Paris, à Belleville. Très tôt, il s’engage dans la lutte politique aux côtés de ses parents.

Résistant à quinze ans, il est arrêté en 1943 alors qu’il participe au Mouvement des travailleurs immigrés, le M.O.I. du Parti communiste. Il est aussi le responsable des Jeunesses communistes juives du XXe arrondissement. L’adolescent est déporté à Auschwitz et à Buchenwald.

À la Libération, Henri Krasucki passe son C.A.P. d’ajusteur et devient ouvrier pour quelques mois. Très rapidement, il entre comme permanent à la C.G.T. En 1947 Henri Krasucki a acquis la nationalité française. Il va mener une brillante carrière dans l’appareil communiste tant au sein de la C.G.T. que du P.C.F.

En 1949 il est secrétaire de l’Union départementale de la C.G.T. de la Seine. En 1953 il entre au bureau fédéral de la Seine du P.C.F. En 1956, c’est le comité central du P.C.F. et en 1961 le bureau conféréral de la C.G.T. Il devient ensuite directeur de l’organe de la C.G.T., La Vie ouvrière , et en 1964 membre du bureau politique du P.C.F.

Au départ de Benoît Frachon à la tête de la C.G.T., il fait figure de possible successeur mais on lui préfère son cadet, Georges Séguy. Le voilà numéro 2. Travailleur infatigable, toujours disponible, il apparaît comme le premier des militants de son organisation.

Quand Georges Séguy est amené à se retirer en 1982 il lui succède à la tête de la C.G.T. La gauche est au pouvoir, son parti aussi, Henri Krasucki se place en principal interlocuteur du gouvernement d’autant plus qu’après la concurrence succède l’unité avec la C.F.D.T. Mais lorsque le Parti communiste se fait critique, la C.G.T. redevient la machine qui pèse d’un grand poids dans les tensions sociales en France.

Henri Krasucki est l’auteur de plusieurs livres, tous publiés aux Éditions sociales : Syndicats et lutte des classes , Syndicats et socialisme  (1972), Syndicats et unité  (1980).

1944

Libération de Bruxelles du joug allemand.

Depuis quelques jours, les troupes nazies, en tant que telles, avaient disparu. Les immeubles réquisitionnés par l’occupant se vident de leurs gardes et des centaines de soldats, fatigués, désarmés, traqués parfois, traversaient la ville couchés sur des véhicules hétéroclites, chargés de leur butin, fuyant vers l’est, vers l’Allemagne. Mais avant de partir, ils mettent le feu au Palais de Justice pour détruire les tonnes de documents compromettants qui y étaient entassés.

La population se mobilise pour éteindre l’incendie et récupérer les précieux documents. Des chaînes de centaines de citoyens font passer les seaux d’eau. Dans les immenses caves on découvres d’énormes quantités de vivres, de spiritueux et de marchandises de luxe que les allemands avaient " réquisitionnés ".

Des " résistants " surgissent de partout, certains collaborateurs espèrent ainsi échapper à leur punition, mais le tri s’organise et les F.I. (Front de l’Indépendance) investissent quartier par quartier les maison des " inciviques ". Les prisons se vident de leurs prisonniers politiques (beaucoup dans un état lamentable) pour se remplir de " collaborateurs ".

Des soldats alliés nettoient les quelques nids de résistants. Cette action, effectuée en partie par la Brigade Belge du Général Piron, en partie par des soldats anglais, précéde de peu la Libération quasi totale de la Capitale et de tout le territoire belge. Malheureusement la contre offensive du général allemand Von Rustedt allait faire payer à la Belgique, en homme et en matériel, un tribut extrêmement lourd que peu de pays connurent !

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 04/10/98, ©camilist 1998 --- une remarque ?
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