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Chroniques du 4 Septembre.

Sommaire 

1870

Le 4 septembre 1870, la révolution renverse le régime de Napoléon III.

Comme en 1830 et en 1848, la république est proclamée à l’Hôtel de Ville. C’est le général Trochu, gouverneur militaire de Paris qui devient Président du gouvernement de défense nationale. Ce changement s’opère une nouvelle fois en dehors de la province, il s’effectue dans une France envahie et un Paris bientôt investi par l’armée prussienne.

Les souffrances du siège, l’humiliation de la défaite, la désorganisation des pouvoirs civils et militaires sont à l’origine du mouvement insurrectionnel de la Commune, maître de la capitale entre le 18 mars 1870 et le 21 avril 1871. Mais les forces que Thiers, chef du pouvoir exécutif, a rassemblées à Versailles écrasent l’insurrection lors de la " semaine sanglante ".

Le passif de la Commune est lourd : destruction des Tuileries et de l’Hôtel de Ville, du ministère des Finances et du Conseil d’État, de la Cour des comptes et de nombreux immeubles privés (les incendies ne sauraient s’expliquer uniquement par les canons de M. Thiers). De plus, mal préparée et mal organisée, menant une politique incohérente, la Commune a envoyé au massacre les meilleurs militants de la capitale.

Paris ne s’en relèvera pas ; sa vocation révolutionnaire est brisée. Ni les émeutes du 6 février 1934, ni le soulèvement de 1944, aidé par l’arrivée des troupes alliées, ni la révolte estudiantine de mai 1968 ne retrouveront les fastes révolutionnaires de 1830, 1848 et 1870, quand Paris " faisait l’Histoire ".

La défaite de la Commune, c’est aussi la revanche de la province sur la capitale. Les troupes versaillaises n’étaient-elles pas formées de paysans venus des départements ? Cet antagonisme, qui se manifeste notamment au moment des élections, se poursuivra tout au long de l’histoire de la IIIe République.

Mais qui donc était ce Général Trochu ?

Né en 1.815, au Palais, à Belle-Île-en-Mer, Louis Jules Trochu fut aide de camp du général Bugeaud en Algérie (1843-1846) puis attaché à l'état major du maréchal de Saint-Arnaud pendant la guerre de Crimée. Blessé à Sébastopol, il fut nommé général de brigade en 1854. Après avoir participé à la campagne d'Italie en 1859, il fut, peu après son élévation au grade de général de division, affecté au ministère de la Guerre (1866). Il dut démissionner l'année suivante à la suite du scandale provoqué par la publication de son livre, l'Armée française en 1867, dans lequel il dénonçait l'état d'impréparation de la France devant la menace prussienne.

Populaire, peu suspect de sympathie envers le régime, il fut nommé gouverneur militaire de Paris, au mois d’août 1870, un mois après la déclaration de la guerre avec la Prusse (qui va devenir l’Allemagne). Lors de la chute de l'Empire, consécutive au désastre de Sedan, il fut porté à la tête du gouvernement de la Défense nationale, qui regroupait notamment Gambetta, Jules Favre et Jules Grévy, et fut plus particulièrement chargé de la défense de Paris.

Tandis que Gambetta quittait à bord d'un ballon la capitale assiégée afin d'organiser la guerre en province, l'inaction de Trochu, qui prétendait avoir un plan secret pour sauver Paris, apparut de plus en plus évidente, et dès octobre des manifestations populaires réclamèrent sa démission.

Ce n'est qu'après le désastreux combat de Buzenval, en janvier 1871, qu'il accepta de démissionner.

Élu député orléaniste en février, il se retira de la vie politique en 1872.

1892

Naissance à Aix-en-Provence du compositeur français, Darius Milhaud, le compositeur le plus fécond de tous les temps puisqu’il nous laisse plus de 450 opus. Sans compter son œuvre de pédagogue en tant que professeur de composition au Conservatoire de Paris.

Je vous reporte à la chronique du 22 Juin 1974 concernant sa mort et à celle plus complète du 5 Mai 1930 où il crée triomphalement à Berlin son célèbre " Christophe Colomb ".

1896

Naissance à Marseille d’Antoine-Marie-Joseph Artaud, dit Antonin Artaud, acteur, poète, écrivain, conférencier, compositeur et réalisateur pour le théâtre.

Son enfance sera marquée de nombreux troubles physiques et mentaux. En 1920, il s’installe à Paris, où il devint comédien de théâtre et de cinéma. Il tourna notamment avec Abel Gance (" Napoléon "), Carl Dreyer et Marcel L’Herbier.

Il fit ses débuts de comédien chez Dullin à l’Atelier et joua avec Lugné-Poe et Pitoëff. En 1927, il fonda, avec Roger Vitrac le théâtre Alfred-Jarry,où il mit en scène plusieurs pièces, dont les Cenci (1935), avec Roger Blin, dans des décors de Balthus.

" Les Cenci " fut l’une de ses créations qui illustrèrent son "théâtre total", conception qui accordait peu d’importance au texte et privilégiait, comme moyen d’expression, une combinaison de mouvements, de gestes et de sons imprécis, éliminant les décors conventionnels. Il cherchait à désorienter le spectateur pour le forcer à se confronter à son moi intérieur primordial et dépouillé de toute norme civilisatrice.

Artaud partagea avec d’autres dramaturges le rejet du théâtre occidental et adhéra au surréalisme dans cette perspective. Pour lui, le théâtre était le lieu où il pouvait exprimer son rapport au monde et où se jouerait l’existence entière, tant pour le spectateur que pour l’acteur. Mais, freiné par des troubles physiques et mentaux, (il fit dès l’enfance de nombreux séjours en hôpital psychiatrique) Artaud ne parvint jamais à mettre en pratique ses théories.

Dans " le Théâtre et son double " (1938), il exposa les principes de son "théâtre de la cruauté" qui jetèrent les bases d’un changement radical des conceptions théâtrales et qui furent repris plus tard par le théâtre de l’absurde.

Le 13 janvier 1947, Antonin Artaud, qui venait de sortir de l’asile de Rodez, prononça au Vieux-Colombier une conférence restée célèbre, qu’il consacra à la critique violente de la société, des psychiatres et des religions, tentant de rassembler les lambeaux d’une pensée parfois géniale.

1970

Election à la présidence du Chili, du leader communiste Salvador Allende.

Président du Chili sous le gouvernement d’Unité populaire, Salvador Allende restera dans l’histoire comme le premier leader politique ayant dirigé une tentative de "transition pacifique" et dans la légalité vers le socialisme.

Né en 1908, issu d’une famille de la bonne bourgeoisie de Valparaiso se réclamant de la libre pensée, il adhère très tôt à la franc-maçonnerie. Étudiant en médecine, vice-président de la Fédération des étudiants de Santiago, il est plusieurs fois emprisonné et chassé de l’université. Mais c’est sa découverte de la misère, à travers son travail de médecin dans les bidonvilles, qui le lance dans l’action politique.

En 1933, il est cofondateur du Parti socialiste chilien auquel il ne cessera d’appartenir ; en 1938, élu député, il dirige la campagne du radical Aguirre Cerda, premier président du Front populaire ; en 1942, ministre de la Santé, il administre la sécurité sociale ouvrière ; il est sénateur à partir de 1945.

À trois reprises, il sera candidat malheureux à la présidence de la République, en 1952, en 1958 et en 1964, avant de l’emporter le 4 septembre 1970 avec 36,3 p. 100 des voix, devant le candidat conservateur Jorge Alessandri (34,98 p. 100) et le candidat démocrate-chrétien Radomiro Tomic (27,84 p. 100).

Soutenu par une coalition d’Unité populaire allant des communistes aux radicaux et aux chrétiens de gauche, Salvador Allende dut aussi son élection à son prestige auprès des masses populaires.

On appréciait chez lui à la fois sa conviction politique, sa chaleur humaine et son goût des plaisirs de la vie.

Son gouvernement se proposait de transformer dans la légalité les structures économiques et sociales du Chili et de le libérer de l’emprise économique des États-Unis. La vigueur avec laquelle Allende soutint certaines mesures, comme la nationalisation des mines de cuivre en juillet 1971, ne l’empêcha pas d’adopter, sur le plan intérieur comme sur le plan international, une attitude modérée.

Il était d’ailleurs minoritaire à l’intérieur de son propre parti qui prônait des mesures plus radicales, et il s’appuyait sur les sociaux-démocrates et les communistes qui voulaient "consolider" les acquis avant "d’avancer". Lorsque les difficultés économiques se multiplièrent à partir de 1972, Salvador Allende accorda une importance toute particulière au problème de l’armée. Malgré la réputation de professionnalisme et d’apolitisme de cette dernière, un secteur militaire avait tenté, en 1970, d’empêcher l’installation d’Allende à la tête de l’État.

Le président comptait avant tout sur ses relations personnelles avec un certain nombre d’officiers, par le biais de la franc-maçonnerie en particulier, et sur son habileté manœuvrière. Après la démission, le 23 août 1973, du général Prats, son soutien le plus ferme à l’intérieur de l’armée, il fit une entière confiance au général Augusto Pinochet qui remplaça ce dernier comme commandant en chef.

Les désordres s’aggravèrent durant l’hiver austral de 1973 (inflation galopante, émeutes, pressions du M.I.R., ou Mouvement de la gauche révolutionnaire, et du mouvement fasciste Patrie et Liberté) et les partis de l’Unité populaire ne parvinrent pas à s’accorder sur la politique à suivre.

Salvador Allende s’apprêtait à annoncer le 11 septembre un référendum concernant la politique de son gouvernement quand il fut pris de vitesse par la rébellion militaire. Celle-ci était soutenue par le C.I.A. des Etats-Unis ainsi que par les financiers américains qui ne pouvaient accepter les nationalisations ni la présence au pouvoir sur le continent américain d’un gouvernement avec la présence des communistes.

Lorsque, dans la matinée, l’armée entra en dissidence il s’enferma avec une poignée de fidèles dans le palais présidentiel de la Moneda. Refusant les offres de la junte de quitter le pays, il en dirigea lui-même la défense pendant de longues heures.

Le gouvernement militaire annonça le 12 septembre 1793 qu’il s’était suicidé après avoir estimé toute résistance vaine. Mais les contradictions des versions successives données par le nouveau pouvoir, autant que le caractère de Salvador Allende, donnent à penser qu’il est mort les armes à la main. Dans son entourage on parle même d’assassinat. De toute façon, il ne pouvait rester vivant, il avait encore trop d’influence sur le peuple.

Cam.

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Dernière modification le 04/10/98, ©camilist 1998 --- une remarque ?
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