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Chroniques du 9 Septembre.

Sommaire

1513

Mort à Flodden du roi d’Ecosse, Jacques IV.

Fils aîné de Jacques III, le futur Jacques IV est aux côtés des rebelles qui battent son père au Sauchieburn (1488), bataille suivie du meurtre du roi. Son rôle dans ces événements est mal connu et contesté. Malgré son jeune âge, 16 ans, il s’empare immédiatement du pouvoir.

À l’intérieur, il continue l’œuvre de pacification de ses prédécesseurs ; le sud du pays étant calme, il cherche à imposer son autorité aux Highlands et aux Îles. En 1493, il confisque les biens du dernier seigneur des Îles. Parallèlement, il poursuit l’œuvre d’organisation monarchique, améliore la justice malgré un manque de spécialistes et de moyens financiers, encourage le commerce à un moment où la conjoncture est favorable à l’Écosse (commerce avec la Hollande et l’Espagne), développe sa puissance militaire et en particulier la marine.

Si sa politique étrangère est active (il entretient des rapports avec les principales puissances), elle est longtemps prudente : l’alliance avec la France est maintenue, mais un traité de paix, le premier depuis 1328, est signé avec l’Angleterre en 1502.

Mais avec Henri VIII, qui accède au trône en 1509, les rapports se tendent et la guerre éclate en 1513. La rencontre décisive à lieu le 9 septembre 1513 à Flodden où les Écossais sont battus et leur roi tué.

Homme intelligent et cultivé, favorisant la vie littéraire et la médecine aussi bien que l’imprimerie et la marine, Jacques IV sait utiliser les circonstances pour renforcer l’unité du pays autour de la monarchie et donner à l’Écosse sa place dans la politique européenne.

1561

Réuni à l’instigation de Catherine de Médicis et de Michel de L’Hospital, le Colloque de Poissy devait théoriquement rapprocher les points de vue catholiques et calvinistes et si possible rétablir l’unité religieuse du royaume, ce qui prouve que, pour nombre de contemporains, l’abîme entre les deux religions ne paraissait pas infranchissable.

L’occasion immédiate est fournie par les limitations apportées par le Parlement de Paris à l’édit d’avril 1561, autorisant les réformés à prier en commun mais à huis clos. Le colloque s’ouvre le 9 septembre de cette même année. Du côté catholique, on trouve le cardinal de Tournon, le général des Jésuites et, représentant le pape, le cardinal-légat d’Este. Calvin est représenté par Théodore de Bèze.

À l’intérieur du colloque, la "conférence secrète" essaie de résoudre les problèmes les plus délicats. On aboutit à un constat d’échec. Les principaux points de désaccord portent sur la transsubstantiation, sur l’invitation proposée par le cardinal de Lorraine aux luthériens et refusée par Calvin, sur la représentativité des jésuites.

Le Colloque de Poissy se situe à l’apogée du protestantisme français, qui se trouve dans une situation de force relative. Des deux côtés, la méfiance est trop grande pour que la politique de conciliation puisse aboutir. L’échec du colloque fait de la décennie 1560-1570 la période décisive pour l’avenir religieux français.

Michel de L’Hospital essaie de remédier à cette crise en promulguant l’édit de janvier 1562, qui autorise le culte protestant dans les villes closes. L’édit suscite de violentes réactions d’hostilité qui aboutissent au massacre de Wassy, en Champagne. Catherine de Médicis est obligée d’abandonner Michel de L’Hospital, qui se retire provisoirement. Ce dernier ne peut empêcher la reprise des luttes religieuses, dont l’effet immédiat est, dans les années 1560-1570, un coup d’arrêt porté aux progrès du protestantisme et son recul, souvent rapide, dans nombre de provinces.

Si Poissy avait été choisi pour ce " Colloque " c’est que c’était une ville " royale ", comme Reims ou Senlis. Saint-Louis y avait d’ailleurs été baptisé en 1.214.

1666

Londres brûle depuis une semaine.

Le calme étant revenu avec la Restauration, Londres connaît pourtant son épreuve suprême : après une grande peste, c’est, en 1666, un gigantesque incendie, la " Grande Conflagration ", dont Samuel Pepys, fonctionnaire sans scrupules et chroniqueur de génie, a laissé la description saisissante ; en l’espace de la semaine du 2 au 9 septembre, 150 hectares construits à l’intérieur de la Cité sont ravagés, 25 autres hors les murs, 13 200 maisons et 87 églises sont totalement détruites.

La reconstruction exigera dix ans, elle se fait en partie selon les vues de sir Christopher Wren, qui a dessiné les plans de 51 églises nouvelles, de la cathédrale Saint-Paul, du " Monument " commémoratif de la catastrophe. Mais l’urbanisme rêvé par l’architecte ne s’impose pas et on reconstruit les rues à l’identique avec quelques modifications mineures.

Une conséquence de l’incendie a pourtant été la croissance de faubourgs, le lotissement de nouveaux quartiers : Lincoln’s Inn, puis Soho. Le Parlement a aussi édicté de nouvelles règles de construction, et la brique et la tuile prennent désormais la relève du bois et du chaume.

Au temps de la glorieuse révolution, bénéficiaire de l’immense essor du commerce au lointain, mais aussi de l’installation en nombre grandissant d’immigrants huguenots français, dont 30 000 vont peupler le quartier textile de Spitalfields, Londres aurait plus que compensé les effets des cataclysmes, elle compterait un demi-million d’habitants, près de vingt fois la population de Bristol, la deuxième ville du royaume.

Et, les activités semblant appeler les activités, c’est dans les années 1680 qu’apparaissent les premières sociétés d’assurances, comme la Lloyd’s ; c’est en 1694, avec la fondation de la Banque d’Angleterre, que la capitale anglaise commence à poser sa candidature à la succession financière d’Amsterdam.

1891

Course cycliste étonnante : Paris - Brest – Paris. Une épreuve nationale, remportée par Charles Terront à la moyenne de 16 Kms 140 à l’heure et répartie sur 4 jours de course. La particularité est que c’était la première bicyclette avec des pneumatiques démontables. Elle pesait néanmoins 21 Kgs et demi. Quand même moins que les 28 à 30 kgs de la plupart de ses adversaires !

L’on connaît peu ou prou les compétitions qui opposèrent sans doute les possesseurs des premières draisiennes. Conçues par un ingénieur des forêts du grand-duché de Bade, Karl Friedrich Drais von Sauerbronn en 1817 : des poutres joignent deux roues de charrette.

Mais l’on n’a pas encore authentifié les courses qui mirent probablement aux prises les propriétaires des vélocipèdes  réalisés, à partir de mars 1861, à l’initiative du serrurier-charron Pierre Michaux qui plaça un axe et des pédales de part et d’autre du moyeu de la roue avant d’une antique draisienne qu’on lui avait amenée en réparation, on peut dater de 1868 l’année où les journaux donnent de premiers résultats.

Le 7 novembre 1869, James Moore, Anglais résidant à Maisons-Laffitte, remporte une épreuve étonnante : Paris-Rouen, soit 123 kilomètres parcourus en 10 heures 25 minutes sur une machine d’un poids se situant entre 25 et 30 kilogrammes. L’organisation de la course est déjà soutenue par la presse, en l’occurrence Le Vélocipède illustré .

En France puis en Angleterre se développent déjà, en même temps qu’une industrie spécialisée, des programmes de courses sur route et sur piste.

Pendant une quinzaine d’années, le grand bi  permet l’amélioration des vitesses. Puis la bicyclette  s’impose, avec ses roues égales de modeste diamètre, et la traction par chaîne.

L’année 1891 sera marquée en France par un double événement : le Bordeaux-Paris des 23 et 24 mai, soit 572 kilomètres parcourus en 26 heures 34 minutes 57 secondes par l’Anglais George Pilkington Mills, et, du 6 au 9 septembre, le Paris-Brest-Paris, épreuve nationale remportée par Charles Terront à 16,140 km de moyenne, sur une bicyclette de 21,5 kg, dotée des premiers " pneumatiques démontables ".

Désormais, le sport cycliste va se développer dans deux univers différents. La piste  d’abord. Les vélodromes, arènes spécialisées, ont mis en valeur les hommes les plus rapides ou les plus doués, roulant sur des bicyclettes à pignon fixe et sans frein. La vitesse  distingua au fil des décennies Zimmermann (États-Unis), Jacquelin (France), Ellegaard (Danemark), Michard (France), Scherens (Belgique) et, plus récemment, le double champion olympique en 1968 et 1972 Morelon (France), le Japonais Nakano ou l’Allemand Hesslich.

Les américaines  et les Six-Jours , disputés par équipes, ont eu leurs spécialistes : Mac Namara (Australie), Van Kempen (Pays-Bas), Schulte (Pays-Bas), Sercu (Belgique). Effort solitaire et violent, la poursuite , de création plus récente, convient soit à des routiers tels que l’Italien Coppi, soit à de purs pistards. Le demi-fond , derrière de grosses motos, fascina les foules de l’entre-deux-guerres, friandes de ses pétarades et des affrontements auxquels il donnait lieu entre Sérès, " Toto " Grassin, Paillard, Lacquehay et les stayers  de l’école allemande.

Mais aujourd’hui, si la piste demeure une remarquable école d’adresse et de vélocité, si elle comporte ses championnats officiels et figure au programme olympique, la popularité des " coureurs en maillots de soie " le cède de loin à celle des " routiers ", même si une certaine renaissance se fait sentir.

L’univers de la route , en venant chercher les spectateurs sur le pas de leur porte, stimule désormais les efforts des coureurs, attire à soi l’essentiel des commanditaires ainsi que l’intérêt du public, auquel les retransmissions télévisées en direct ont permis de mieux comprendre les mouvements intérieurs du peloton.

Nul doute que le Tour de France, épreuve par étapes , feuilleton quotidien créé en 1903 par le quotidien sportif L’Auto , ait tout entraîné dans son sillage. Le Giro d’Italia (1909), le Tour de Belgique (1908), la Vuelta espagnole (1935) ont servi également de modèles à d’innombrables organisations, professionnelles ou d’amateurs comme la Course de la paix (Varsovie-Berlin-Prague, à partir de 1948).

La montée des grands cols et la lutte pour le maillot jaune (inauguré en fait en 1919) ont ému le public populaire, ainsi que l’éternel combat qui a lieu entre les rouleurs et les grimpeurs.

Anquetil, Merckx, Hinault et Indurain partagent l’étonnant record de cinq victoires dans le Tour. Et si la popularité de la Grande Boucle a baissé en 1.998 suite à la Coupe du Monde de Football et aux affaires de dopage, il reste que cette épreuve " surhumaine " peut encore enthousiasmer les foules, dès qu’un champion sérieux et honnête aura dépassé ses limites …

Mais les classiques  d’un jour — Paris - Roubaix, par exemple, ou Milan-San Remo, gagnée 7 fois par Eddy Merckx, Liège-Bastogne-Liège (gagné 5 fois par le " Cannibale  - ont, de leur côté, mis en valeur des champions capables de se surpasser pour arracher le bouquet du vainqueur. L’utilisation généralisée du changement de vitesses, l’amélioration des routes et l’allégement des machines (environ 8 kg de nos jours) ont provoqué, à partir de l’immédiat après-guerre, une singulière accélération des moyennes.

Les Belges Rik Van Steenbergen, Rik Van Looy ou Roger De Vlaminck ont été les prototypes de ce style de " coursiers ". Des hommes tels que Fausto Coppi ou Eddy Merckx ont excellé dans tous les genres, de même, par exemple, qu’un Louison Bobet. Mais ce dernier ne figure pas sur la liste des détenteurs successifs du plus prestigieux des records cyclistes, le record de l’heure sans entraîneurs, officiellement ouvert le 11 mai 1893 par le Français Henri Desgrange avec 35,325 km en 60 minutes, et que le Suisse Tony Rominger a porté à 55,291 km en 1994 et l’Anglais Chris Boardman à 56 Km/H. en 1.996.

1976

La mort de MaoTseToung.

Le Maoïsme, qui avait tant déçu ses meilleurs partisans, ne lui survivra guère. En 1958, Mao met en œuvre le Grand Bond en avant, une tentative de remplacement de l'État bureaucratique par un système de communes locales autonomes (référence à la Commune de Paris de 1871).

La vie en commun fut généralisée, et la différence entre villes et campagnes, unies par la même idéologie, était appelée à disparaître. Ce programme se solda par de graves déconvenues. La plupart des grands projets d'infrastructures échouèrent, et la famine réapparut. La rupture avec l'URSS, en 1960, accentua encore l'isolement du pays.

Mao dut quitter la tête de l'État en 1959. Les dirigeants communistes désabusés en revinrent à une politique pragmatique. Liu Shaoqi et Deng Xiaoping donnèrent la priorité à l'industrie légère et à l'agriculture et tolérèrent un marché privé et la possession de petits lopins de terre. Le pouvoir revint à une élite cultivée.

Persuadé qu'une participation populaire la plus large possible était le moyen le plus rapide pour atteindre le socialisme, Mao s'efforça d'imposer son projet. La grande Révolution culturelle prolétarienne marqua son retour au premier plan en 1965. Mobilisée au sein des Gardes rouges, la jeunesse s'attaqua aux dirigeants du parti. Les pensées du dirigeant suprême, résumées dans le "petit livre rouge", " Les Pensées du président Mao ", furent diffusées et commentées dans tout le pays. L'ouvrage contribua largement à l'édification d'un véritable culte autour de Mao, dont le visage fut imprimé sur des affiches à des millions d'exemplaires. Vénéré en Chine, il fut étudié dans le tiers-monde et pris comme modèle par certains mouvements gauchistes d'Occident.

Mais la Révolution culturelle mena le pays au chaos et dans un état de guerre civile larvée. Mao fut contraint d'appeler l'armée à restaurer l'ordre et laissa le Parti communiste se reconstruire.Surnommé le Grand Timonier de Chine en 1970, il abandonna l'administration courante, confiée à Zhou Enlai à partir de 1972, et ne prit pas part à la lutte entre les radicaux de la Bande des Quatre et les modérés.

Atteint de la maladie de Parkinson, il se retira totalement de la vie politique en 1974. Il semblait alors que ce serait l’ordre de décès des dirigeants historiques qui déterminerait la nature de la succession.

Le 8 janvier 1976, Zhou Enlai mourait, en pleine offensive radicale. Le sort de ses héritiers semblait scellé, et Deng Xiaoping, soudain introuvable, fut attaqué de tous côtés. Mais un protagoniste oublié se manifesta soudain. Le 4 avril, une manifestation populaire sur la place Tian’anmen à la mémoire de Zhou Enlai tourna à l’attaque contre les radicaux maoïstes.

Les Chinois avaient peur d’une nouvelle révolution culturelle, et les manifestants dénonçaient l’autocratie avec des poèmes et des citations de l’ère impériale. Cette apparition du peuple fut brève, et la répression lourde, tandis que les radicaux obtenaient la destitution de Deng Xiaoping. L’occasion profitait à Hua Guofeng, qui devenait Premier ministre. Mais, à nouveau, le parti était divisé en deux camps et les troubles prenaient de l’ampleur dans le pays. La réalité du pouvoir devenait régionale, et Deng Xiaoping attendait son heure.

Le tremblement de terre de Tangshan en juillet 1976 (250.000 morts) signalait la fin d’un règne.

Le 9 septembre 76, Mao Zedong expirait. Un deuil d’un mois fut décrété ; chaque faction se mobilisait. Le 7 octobre, Hua Guofeng, renversant ses alliances, fit arrêter la " bande des Quatre " : la veuve de Mao, Jiang Qing, était accusée d’avoir fomenté un coup d’État. Cette date, qui sera considérée officiellement comme une " seconde libération ", marque aussi la fin de l’ère maoïste. Une foule en liesse envahit les rues, et participe bientôt à une grande campagne de masse, contre les héritiers de Mao cette fois-ci.

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 04/10/98, ©camilist 1998 --- une remarque ?
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