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Chroniques du 15 Septembre.

Sommaire

Antiquité Mésopotamienne

La fête d’Akitu, comparable au Nouvel-An.

Ce mot désigne, dans la civilisation assyro-babylonienne, à la fois une des plus importantes fêtes du calendrier liturgique et civil et, en même temps, le temple où une part essentielle du rituel se déroulait. Peu de textes nous en transmettent le récit ; encore sont-ils lacuneux et souvent, volontairement ou non, obscurs.

Il n’est pas sûr, d’autre part, que ces documents reflètent la réalité ; ils peuvent n’être que les produits de l’imagination de certains prêtres, rédigés pour une part à l’époque hellénistique, quand la fête était déjà disparue, selon S. A. Pallis, historien distingué.

L’akitu était à l’origine, manifestement, une fête saisonnière de la fertilité et du renouveau ; elle est devenue, on ne sait par quel processus, le point cardinal de la religion assyro-babylonienne. L’étymologie du mot étant inconnue, elle n’est d’aucun secours, même s’il est sûr qu’il est passé de Sumer, au milieu du IIIe millénaire (A.C.N.), au monde babylonien. L’akitu est attestée dès la seconde moitié du ~ IIe millénaire en Assyrie.

L’interruption de l’akitu pour cause de malheurs publics est toujours notée dans les chroniques, tant un tel empêchement choquait les esprits. Elle disparaîtra pourtant à l’époque perse, après les répressions brutales antibabyloniennes de Darius et de Xerxès.

C’est fondamentalement la fête du début de l’an, célébrée, autant qu’on puisse le savoir, au Ier millénaire dans toutes les villes importantes de Mésopotamie : sa date variait donc selon les lieux ; elle finit par se fixer au 1er nisan (environ le 15 mars de notre calendrier), mais elle a pu être aussi fêtée le 1er tisri (le 15 septembre) ; certaines cités la célébraient même de six mois en six mois. Ce jour le peuple et les fidèles récitaient les Poèmes de la Création.

C’est seulement pendant la fête que le peuple pouvait apercevoir ses divinités ; le reste de l’année, elles étaient confinées dans leurs cellas, visibles seulement pour des prêtres attachés à elles. Des cérémonies de fécondation ou de fertilité se déroulaient ce jour-là, avec un caractère orgiaque et religieux.

Le rôle du roi, à Babylone, était important pour le déroulement de la cérémonie. D’après un rituel, le cinquième jour, il se présentait devant le grand prêtre ; il lui abandonnait ses attributs royaux et, introduit devant Marduk, faisait une confession, plus politique d’ailleurs que religieuse.

Sa prière agréée, il reprenait son appareil royal, puis le grand prêtre le souffletait : que les larmes vinssent aux yeux de sa victime consentante et le bonheur du pays était assuré.

41 ap.J.C.

Né en 12, Caius Julius Caesar Germanicus, (plus jeune fils du général Germanicus), arrière-petit-fils d’Auguste, connaît très jeune la vie des camps avec son père Germanicus ; il y reçoit le surnom de Caligula (ou petit brodequin ou petite bottine).

Protégé par Tibère, il est considéré comme son héritier après la conjuration de Séjan. À la mort de l’empereur, en 37, il est acclamé comme empereur à 25 ans, par les troupes de Misène, et sa désignation est confirmée par le Sénat et par le peuple.

Peu préparé à sa nouvelle tâche, mal entouré, trop jeune pour être sûr de lui-même mais profondément imbu des prérogatives de sa fonction, il mène une politique peu cohérente qui mécontente rapidement une grande partie des milieux dirigeants. (C’est, du reste, leur opinion défavorable qu’a transmise l’historiographie romaine.) Clément durant les six premiers mois de son règne, il se transforma ensuite en un tyran brutal. Ce changement radical est en général attribué à la maladie.

Il dilapida sa fortune en finançant de coûteux divertissements et des projets de construction audacieux. Il se livra en outre à toutes sortes d'excès. Il voulut être adoré comme une divinité, entretenant comme certains dieux des relations incestueuses avec ses sœurs.

Très hostile au Sénat, il cherche par la démagogie à trouver des compensations dans la plèbe de Rome. Il fit tuer des sénateurs et de riches citoyens pour confisquer leur fortune et assassina la plupart de ses parents. Il décerna à son cheval favori le titre de consul (une magistrature des plus élevées, un peu comme le premier ministre).

Porté aux innovations venues d’Orient, il choque par son attitude religieuse (il apparaît costumé en Jupiter ou en Hercule et veut qu’on le compare à Neptune). Sa politique extérieure reste pacifique et prudente malgré l’annexion de la Maurétanie.

Répandant la terreur par des procès de lèse-majesté, il doit déjouer de nombreux complots ; il ne peut éviter celui que fomentent des tribuns des cohortes prétoriennes, qui l’assassinent le 15 septembre 41. Caligula disparaît sans avoir assuré sa succession.

1440

La pédophilie ne date pas d’hier ! Gille de Rais est accusé de crimes sexuels et de sodomie sur des enfants.

Né en 1404, arrière-petit-neveu de Du Guesclin, fils de Marie de Craon et de Guy de Laval de Blaison, Gilles de Rais appartient à l’une des plus hautes et des plus influentes familles du début du XVe siècle. Orphelin à onze ans, il est élevé par son grand-père Jean de Craon, qui ne réfrène aucune des passions de l’enfant et lui enseigne au contraire la désobéissance à l’égard de l’autorité, tant religieuse que royale.

L’enfant, qui avait appris le latin jusqu’à la mort de ses parents, n’est initié ensuite qu’aux jeux de la guerre et de la chasse. Pour des raisons d’intérêt, il est fiancé deux fois, à treize et à quinze ans, mais c’est à seize ans qu’il sera uni secrètement à Catherine de Thouars, le mariage officiel avec autorisation de Rome n’ayant lieu que 2 ans plus tard.

En 1424, Gilles décide d’administrer tous ses biens et, à l’instigation de son cousin La Trémoille, entreprend une carrière militaire, ajoutant à sa fortune une compétence guerrière et un courage dont témoignent ses nombreuses victoires sur les Anglais.

À Chinon, quand Charles VII reçoit Jeanne d’Arc, il se voit confier les troupes et part avec la Pucelle pour Orléans. Au combat décisif des Tourelles, il est près d’elle quand elle est blessée et entre dans la ville. Après d’autres victoires comme celle de Patay, c’est Gilles qui est chargé de porter à Reims le saint chrême du sacre ; ce même jour de juillet 1429, il est fait maréchal de France.

Trois mois plus tard, lorsqu’elle est blessée sous les murs de Paris, c’est le sire de Rais que Jeanne veut près d’elle, mais la Pucelle doit abandonner, cependant que le roi accorde à Gilles, privilège qu’il partage seul avec Jeanne, d’ajouter à ses armes un semis de fleurs de lys.

Jusqu’en 1433, Gilles guerroie, dilapide sa fortune. À partir de la mort de son grand-père, il apparaît cependant sous cet autre jour, qui lui vaudra d’être le vrai Barbe-Bleue de la légende sans qu’on sache s’il est bien à l’origine du personnage ou s’il représente sa concrétisation dans l’esprit populaire.

Désormais, et jusqu’à son arrestation, avec la complicité de serviteurs qui partagent ses passions et enlèvent les enfants, Gilles de Rais se rend coupable de très nombreux meurtres (officiellement cent quarante), commis surtout sur des jeunes garçons au cours de scènes d’orgie. Entièrement adonné à sa débauche, Gilles ne néglige pas pour autant les fondations pieuses : il crée à Machecoul, " pour le bien et le salut de son âme ", la fondation des Saints-Innocents, dépense une fortune pour monter à Orléans, en 1435, une grande machine théâtrale en mémoire de Jeanne d’Arc.

Il mène grand train et dévelopep sa " maison ecclésiastique ", digne des plus grands. Mais, en 1437, deux squelettes sont découverts dans son château, une rumeur naît que les petits n’osent amplifier et que les grands écoutent peu. Sans être inquiété, Gilles installe près de lui François Prelati et commence à Tiffauges, en Vendée, des évocations de Satan... qui ne lui répond d’ailleurs jamais, même quand il lui offre dans un verre le cœur et le sang d’un enfant.

Gilles confie alors une partie de ses hommes à Jeanne d’Arc ressuscitée, la dame des Armoises, mais ce n’est qu’un intermède dans sa vie partagée entre le meurtre, l’appel de Satan et le désir d’aller pleurer en Terre sainte pour la rémission de ses péchés. En mars 1440, il se confesse, communie au milieu des paysans, mais les crimes continuent.

Cependant, l’évêque de Nantes ayant secrètement mené une enquête, Gilles est arrêté le 15 septembre 1440 ; il est accusé de crime et de sodomie sur des enfants, d’évocation des démons, de violation de l’immunité ecclésiastique. Après un temps de silence, et pour éviter la torture (à moins que ce ne fût aussi chez ce monstre qui se voulut jusqu’à sa mort bon chrétien et dévot la preuve d’un remords sincère, d’un souci du salut de son âme), Gilles passe aux aveux : il reconnaît tous les méfaits qui lui sont reprochés, donnant, avec ses complices, les plus horribles détails sur ses pratiques, implorant le pardon de ses juges et exhortant le peuple " à vénérer notre Sainte Mère l’Église ".

Ses complices condamnés à mort, la cour ecclésiastique l’ excommunie pour "apostasie hérétique évocation des démons, crime et vice contre nature avec des enfants de l’un et de l’autre sexe selon la pratique sodomite". À genoux, " avec des soupirs et des gémissements ", Gilles demande à être réincorporé dans l’Église et se confesse. Il est ensuite remis à la cour séculière, qui le condamne à verser une amende de 50.000 écus d’or, puis à être brûlé, le lendemain même. Après la procession demandée par Gilles et suivie par une foule immense qui prie pour son âme, il est livré aux flammes, mais son corps est retiré du brasier à temps pour qu’il puisse reposer en terre chrétienne.

Sa dépouille est ensevelie " par 4 ou 5 dames ou demoiselles de grand état" dans l’église de N.-D.-du-Carmel de Nantes. 3 siècles plus tard, lors du pillage de l’église par les révolutionnaires, le corps de " Barbe-Bleue " disparaîtra.

Toute la littérature " spécialisée " évoque aujourd’hui encore le Barbe-bleue français. C’est que l’excès même de ses crimes commis en assure la conservation.

1594

Le Sport en France au Moyen-Age était toujours pratiqué. Le peuple, recru de fatigue, ne le pratiquait guère. Mais les hommes aisés, les bourgeois, et la noblesse, pratiquaient le tir à l’arc, la chasse à courre, la lutte, et bien sûr les " tournois " (jeu guerrier aux règles civiles.

A la fin du Moyen-Âge, la lutte se développa ppartout. De même que le jeu de Paume. La lutte est sans doute alors le sport le plus répandu, le plus spontanément pratiqué. Selon Jean-Jacques Jusserand, en Bretagne notamment, chaque village, le dimanche, organisait des fêtes d’armes. Le seigneur du hameau venait souvent y participer. En Angleterre, cette tradition se perpétua jusqu’aux dernières décennies.

Au XVIe siècle, partant pour le camp du Drap d’or, le roi Henry VIII emmena avec lui des lutteurs pour qu’ils se mesurent avec ceux de France. Henry VIII se flattait de briller dans tous les exercices du corps : [… S’étant retiré dans le pavillon de François Ier, le roi d’Angleterre prit le roi de France par le collet et lui dit : " Mon frère, je veux lutter avec vous ", et il lui donna une attrape ou deux ; et le roi de France, qui est un fort bon lutteur, lui donna un tour et le jeta par terre et lui donna un merveilleux saut.]

Le roi Henry, très fier de sa solide carrure et qui faisait constater aux ambassadeurs combien ses mollets étaient " mieux tournés " que ceux de François Ier, voulut recommencer ; mais c’était l’heure du souper et l’on en resta là.

On pratiquait en France bien d’autres sports. Pour la postérité, le roi des anciens jeux français est bien la paume. Elle est connue dans notre pays dès le XIe siècle. Le jeu absorbait tellement les esprits que des lois répressives furent jugées nécessaires par le roi. Dans une chronique de Geoffroi de Paris, on peut lire au sujet du roi Louis X le Hutin : " Il avait joué à un jeuqu’il savait [être] À la paume. Si but trop froid et se boua. Là il perdit plumes et pennes ". Autrement dit il trépassa

Vers 1450, après que l’on eut joué uniquement à main découverte ou avec un gant, on eut l’idée d’utiliser des cordes et des tendons afin de renvoyer la balle plus facilement ; ce fut l’invention de la raquette.

Érasme écrit, en 1541, que " l’on compte par quinze, trente, quarante ou avantage. On renvoie la balle de volée après le premier bond ; au second le coup est mauvais ".

Ainsi furent définies les règles du futur tennis. Au XVIe siècle, on eut aussi l’idée de circonscrire le champ de jeu et de l’entourer de murs. Les camps étaient d’abord séparés par des cordes d’où pendaient des franges ; l’invention du filet date de 1600. Le nombre des jeux de paume construits en France jusqu’au milieu du XVIIe siècle fut prodigieux. L’Anglais Robert Dallington, maître d’école qui séjourna en France sous Henri IV, affirme que l’on jouait à la paume en France plus que dans tout le reste de la chrétienté.

Et il ajoutait : " Il y a plus de joueurs de paume en France que d’ivrognes en Angleterre. " L’Estoile raconte pour sa part que, après l’entrée d’Henri IV dans Paris, on retrouva le roi, dès le lendemain, au jeu de la Sphère.

C’était le 15 septembre 1594 : " Il était tout en chemise, encore était-elle déchirée sur le dos, et il avait des chaussures grises, qu’on appelle à jambes de chien ". Le 27 octobre, le roi avait gagné quatre cents écus à la paume.

La décadence de la paume devait commencer au XVIIe siècle, sous Louis XIV, alors qu’en Angleterre elle proliférait sous une forme remaniée qui reviendra en France sous le nom de tennis, mot dérivé du français " tenez ".

1792

Né en 1747, arrière-petit-fils du Régent, le duc d’Orléans est, à la veille de la Révolution, l’un des princes les plus riches de France et le partisan le plus chaleureux des idées nouvelles.

Grand maître de la franc-maçonnerie, affectant de penser comme les républicains d’Amérique et de vivre comme les membres des clubs londoniens, il s’est élevé contre les réformes de Maupeou, ce qui lui a valu une première disgrâce en 1771, puis contre les nouveaux projets fiscaux présentés par Louis XVI au Parlement, en novembre 1787, d’où un nouvel exil.

Élu aux États généraux, il affecte de se mêler au tiers état lors de l’ouverture du 4 mai 1789, critique le vote par ordre et fait du Palais-Royal, qui lui appartient et dont il loue les boutiques, un centre d’agitation. Après les journées d’octobre 1789, dont on lui impute la responsabilité, il est écarté par le roi qui l’envoie en mission à Londres.

A-t-il inspiré la pétition du Champ-de-Mars demandant la déchéance de Louis XVI à la suite de la fuite manquée du roi ? C’est probable. La rupture avec la famille royale achève de jeter le prince dans les rangs de la Révolution. Le 15 Septembre 1.792, à sa demande, la commune de Paris prend l’arrêté suivant : "Louis Philippe Joseph et sa postérité porteront désormais le nom de famille Égalité."

Quelques jours plus tard, Philippe Égalité est élu par la capitale à la Convention, le vingt-quatrième et dernier. Il vient siéger sur les bancs de la Montagne. Dans le procès du roi, n’écoutant que la vengeance ou la peur, on ne sait, il vote la mort de son cousin. Robespierre dira : "Il était le seul membre qui pût se récuser."

Le 6 avril suivant, la Convention ordonne l’arrestation de tous les membres de la famille des Bourbons. Philippe Égalité est incarcéré à Marseille. Décrété d’accusation en octobre, il est condamné à mort par le Tribunal révolutionnaire de Paris comme coupable d’avoir aspiré à la royauté. Il est exécuté le 6 novembre.

Son rôle au début de la Révolution a été incontestablement celui d’un agitateur. Ses Instructions , rédigées par son secrétaire Choderlos de Laclos, ont servi de modèle à de nombreux cahiers de doléances. Le duc d’Orléans a peut-être inspiré certaines émeutes comme celles du 14 juillet ou du 5 octobre.

Son rêve secret a été sans nul doute de se substituer à Louis XVI et il a bénéficié de l’appui d’une puissante faction. Son fils, le duc de Chartres, l’en défend vainement dans ses Mémoires  enfin publiés en 1973. Mais Philippe Égalité a été vite dépassé par l’accélération du mouvement révolutionnaire.

C’est son fils, ce duc de Chartres si attaché à sa défense, qui réalisera en 1830 les espoirs des orléanistes en devenant Louis-Philippe, roi des Français.

1894

Jean Renoir, second fils du peintre impressionniste Pierre-Auguste Renoir, né à Montmartre, en 1894 est un réalisateur, producteur, scénariste et metteur en scène français à l’inspiration très éclectique et au style mariant la fantaisie et l’insolence au réalisme le plus familier. Son œuvre, longtemps incomprise et mésestimée, apparaît aujourd’hui comme l’une des plus admirables du cinéma français.

Après des études médiocres, son service pendant la grande guerer comem aviateur, en 1920, il épousa l’un des modèles de son père, Andrée Heuchling, et s’installa comme céramiste. La sortie, en 1921, du film d’Erich von Stroheim " Folies de femmes " (Foolish Wives) décida de la suite de sa carrière.

Son premier long-métrage, la " Fille de l’eau " (1924), était une fable bucolique impressionniste. L’accueil mitigé réservé au film ne découragea pas le cinéaste. Il se lança dans une production coûteuse, " Nana " (d’après Émile Zola, 1926), puis dans une série de réalisations aux inspirations très diverses " la Petite Marchande d’allumettes " d’Andersen, " Tire-au-flanc ", comédie militaire, " On purge Bébé ", d’après Feydeau , mais sans succès not oire. " La Chienne " (1931) marqua un tournant dans l’œuvre de Jean Renoir. Film parlant, adapté d’un roman de Georges de La Fouchardière, la Chienne offrait à Michel Simon l’un de ses plus beaux rôles — celui d’un petit-bourgeois jaloux, assassin et veule. —

Après " la Nuit du carrefour " (d’après Simenon, 1932), dans lequel Pierre Renoir interprétait le commissaire Maigret, le réalisateur tourna une série impressionnante de chefs-d’œuvre : " Boudu sauvé des eaux " (avec, de nouveau, Michel Simon, 1932), " le Crime de M. Lange " (avec Jules Berry, 1935), " Une partie de campagne " (1936, sorti en 1946) et " les Bas-fonds " (avec Louis Jouvet, 1936).

Puisant son inspiration dans les romans de Gorki ou dans les nouvelles de Maupassant, Jean Renoir fit preuve d’un sens aigu du réel, qu’il mit au service d’un véritable naturalisme poétique. Lié au groupe Octobre, ses collaborateurs (Jacques Prévert, Roger Blin) donnèrent à sa production une dimension très politique, favorable au Front populaire ("La vie est à nous" et "le Crime de M. Lange" qui allait ouvrir la voie au néoréalisme italien.

Avant la Seconde Guerre mondiale, Jean Renoir essaya, avec la " Grande Illusion " (1937), de promouvoir un message de paix, faisant tourner, en manière d’hommage, son père spirituel Erich von Stroheim aux côtés de Jean Gabin.

Dans " la Bête humaine " (1937), il s’efforça de mettre en scène les enjeux sociaux de l’époque. Dans son chef-d’œuvre, " la Règle du jeu " (1939), il prévoyait l’effondrement des valeurs humanistes et brossait un tableau sans complaisance des mœurs de la société française. L’œuvre témoigne d’une nouvelle appréhension de l’espace cinématographique, aussi bien dans le découpage de l’espace que dans le montage discontinu du temps de l’action.

Exilé aux États-Unis en 1940, Jean Renoir prit la nationalité américaine. S’il s’adapta difficilement au système hollywoodien, il réalisa néanmoins plusieurs œuvres de commande, notamment des films de propagande (Vivre libre / This Land is Mine, avec Charles Laughton, 1943 ; Salut à la France / A Salute to France, 1944) et des adaptations littéraires ("Journal d’une femme de chambre" / The Diary of a Chambermaid, d’après Octave Mirbeau, 1946), avant de partir en Inde tourner "le Fleuve" (The River, 1951), film en couleurs, contemplatif et serein, d’un humanisme parfois désenchanté mais qui eut une influence durable sur le cinéma indien lui-même.

De retour en Europe au début des années 1950, Jean Renoir tourna encore le " Carrosse d’or " (d’après Prosper Mérimée, 1952), " French Cancan " (avec Jean Gabin et Françoise Arnoul, 1955), " Elena et les Hommes " (avec Ingrid Bergman et Jean Marais, 1956) et " le Caporal épinglé " (d’après Jacques Perret, 1962).

Rencontrant des difficultés de plus en plus importantes à produire ses films, il se tourna vers la télévision (" le Petit Théâtre de Jean Renoir ", 1969-1971) et se consacra plus largement à l’écriture.

Il publia un livre sur son père, " Renoir, mon père " (1962), son autobiographie, " Ma vie et mes films " (1974), un essai (" Écrits " 1926-1971, 1974), quelques pièces de théâtre (" Orvet ", 1955) ainsi que plusieurs romans ("Cahiers du capitaine Georges", 1966 ; " le Crime de l’Anglais ", 1979).

En 1970, il prit sa retraite à Beverly Hills, où il mourut en 1979.

1916

Le 15 septembre 1916, à Flers, dans la Somme, neuf engins blindés britanniques, montés sur chenilles et appartenant à l’armée Rawlinson, faisaient irruption dans les lignes allemandes et y semaient la panique. Ils apportaient la réponse à ce problème, posé depuis un an que s’affrontaient des millions de combattants terrés dans la boue : comment franchir le triple obstacle des tranchées, des barbelés et du feu ?

Une arme nouvelle était née, bien rudimentaire encore, puisque au départ ces engins étaient trente-neuf. En Grande-Bretagne, c’est Winston Churchill qui, par son obstination, parvint à imposer son emploi. Premier Lord de l’Amirauté, il fit dessiner, par les ingénieurs de la marine, les premiers projets de tanks , nom conventionnel de camouflage, mais qui resta. C’étaient les " croiseurs terrestres ".

En France, en même temps, le général Estienne, le père des chars, imposait le nom de " chars de combat " aux engins blindés.

Certes, Hannibal avec ses éléphants et Léonard de Vinci avec ses dessins avaient montré la voie.

En Cyrénaïque, en 1913, les Italiens avaient déjà fait intervenir des automobiles blindées, prélude à la guerre du Désert de 1941.

Mais il fallait le génie inventif des Américains pour imaginer de munir leurs tracteurs, afin de défricher leurs immenses espaces agricoles, de chenilles , sans lesquelles le char d’assaut serait demeuré enlisé.

Les Allemands n’accordèrent pas assez d’attention à l’arme nouvelle. Les Français y crurent, et Renault, le 11 novembre 1918, avait livré 3 177 chars d’assaut.

Tout de suite, on comprit que l’engin sur chenilles pouvait faire figure soit de char d’assaut accompagnant l’infanterie, soit d’affût extrêmement mobile pour toute pièce d’artillerie. Le mariage entre la cavalerie et les blindés serait plus tardif : il était appelé à durer.

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 04/10/98, ©camilist 1998 --- une remarque ?
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