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Chroniques du 18 Septembre.

Sommaire

53 (P.C.N.).

Naissance de l’Empereur Trajan (en latin Marcus Ulpius Trajanus,connu pour la conquête de la Dacie et de la Mésopotamie. Il est né à Italica, près de l'actuelle Séville en Espagne, dans une famille probablement d'origine romaine. Entré jeune dans l'armée romaine, il participa à des campagnes en Espagne, en Syrie et en Germanie pendant les règnes des empereurs Titus et Domitien.

Trajan se fit remarquer comme général d'une valeur exceptionnelle et fut élu consul en 91. En 97, il fut adopté par l'empereur Nerva (successeur de Domitien) comme collègue et successeur.

À la mort de Nerva l'année suivante, Trajan, qui était alors en tournée d'inspection sur la frontière romaine en Allemagne, devint le seul maître de l'Empire. Mais il ne rentra à Rome que deux ans plus tard.

Il marqua son accession à l'Empire par des gratifications aux soldats et organisa l'entretien des enfants de citoyens pauvres à Rome et dans d'autres villes d'Italie, continuant ainsi le système d'assistance gouvernementale inauguré par Nerva.

En 101, Trajan entreprit sa première campagne contre les Daces au sud-est de l'Europe. Le combat fut rude et long, mais les Romains avaient complètement soumis ce pays en 106, qui devint la province romaine de Dacie (aujourd'hui l'ouest et le centre de la Roumanie). Cette conquête fut célébrée par un triomphe et par des jeux qui durèrent quatre mois. La fameuse colonne Trajane sur le forum de Trajan à Rome fut érigée pour commémorer cette victoire.

En 113, l'empereur quitta l'Italie pour sa grande expédition vers l'est, dirigée surtout contre les Parthes. Débarquant en Syrie, il annexa l'Arménie et le nord de la Mésopotamie pour en faire des provinces romaines, prit Ctésiphon (près de Bagdad, dans l'Irak actuel), capitale des Parthes sur le Tigre et arriva jusqu'au golfe Persique.

À ce moment, les peuples récemment conquis se révoltèrent, profitant de la position isolée de l'empereur. Trajan, dont la santé déclinait, fit voile vers l'Italie mais mourut pendant le trajet à Sélinonte dans la province romaine de Cilicie (en Turquie actuelle). Son neveu Hadrien lui succéda.

Même si la plus grande partie du règne de Trajan fut marquée par des campagnes militaires, le gouvernement de Rome fut dirigé avec soin et il y eut plusieurs réformes administratives. Des routes, des canaux et des ponts furent construits. La voie Appienne fut restaurée. Les marais Pontins furent en partie drainés et le magnifique forum de Trajan fut construit. En Italie, le port de Centumcellae (l'actuelle Civitavecchia) fut créé et la province romaine de Numidie en Afrique du Nord vit la fondation de la ville de Timgad.

96 (P.C.N.).

Domitien succède à Vespasien et à Titus qui l’ont laissé longtemps loin du pouvoir.

Né le 24 octobre 51, Titus Flavius Domitianus, fils de Vespasien et frère de Titus, accède à l’Empire en 81.

Son règne commence bien : il développe l’agriculture italienne (loi sur les terres abandonnées dès 82, édit protégeant la viticulture). Il active de nombreuses constructions (vaste demeure sur le Palatin, temple de Jupiter Capitolin, Forum dit de Vespasien, arc de Titus, nombreuses routes).

Il légifère (tables de Salpensa et de Malaca), s’attache en particulier à Jupiter et à Minerve et s’appuie sur l’armée, dont il augmente la solde. Certes compétent, il est aussi aigri car Vespasien et Titus l’ont longtemps écarté du pouvoir ; il est de plus violent et autoritaire : il se fait appeler " seigneur et dieu ", " empereur très saint " et même " Jupiter ".

La seconde partie du règne tourne à la tyrannie. Domitien persécute les philosophes, les astrologues, les juifs, les chrétiens (son cousin Clemens ;) et surtout les sénateurs : certains, accusés de lèse-majesté, sont contraints au suicide ; d’autres complotent (Saturninus en 89). L’empereur s’appuie alors sur les chevaliers, qu’il met au-dessus des affranchis à la tête des grands services de l’État. Cette époque est aussi marquée par des guerres. Agricola poursuit la conquête de la Bretagne, Frontin bouscule les Chattes (83), et l’Empire s’agrandit de l’angle Rhin-Danube, les Champs Décumates.

En Afrique, les Nasamons sont battus. Mais le roi des Daces, Décébale, vainc le légat de Mésie, Oppius Sabinus (85), puis le préfet du prétoire, Cornelius Fuscus.

Malgré la victoire de Tettius Julianus aux Portes de Fer (89), Domitien préfère traiter.

Mais l’armée est humiliée et les sénateurs ont peur : ce contexte facilite le complot de Domitia Longina, l’impératrice, et de Petronius Secundus, le préfet du prétoire : Domitien est poignardé le 18 septembre 96.

Nerva lui succédera et après lui, Trajan (voir ci-dessus)

1794

La fin d’un des derniers piliers de l’Ancien Régime : la séparation de l’Eglise et de l’état.

La France de la Révolution reste d’abord théoriquement fidèle au principe de l’État confessionnel avec la Constitution civile du clergé de 1790, puis les cultes de la Raison et de l’Être suprême de 1793 et 1794. Mais, lasse des guerres de religion que toutes ces dispositions ont entraînées, la Convention, régime d’ailleurs hostile aux cultes, tout particulièrement à l’Église catholique, abroge, le 18 septembre 1794, les cultes de la Raison et de l’Être suprême et établit, par la loi du 21 janvier 1795, la séparation complète des cultes et de l’État.

Leur préoccupation majeure est d’ailleurs d’ordre religieux plus que politique. Sans vouloir nier la déchristianisation déjà poussée de certaines régions, il reste que le catholicisme demeure " la religion de la majorité des Français ", comme le constatera le concordat de 1801.

Or, après la destruction de l’ancienne Église de France en 1790, après les persécutions de 1791 à 1794, après la séparation de l’Église et de l’État découlant de la loi du 18 septembre 1794, l’an III de la République (1794-1795) est marqué par un renouveau religieux : réouverture des églises, reprise du culte.

Mais quel culte ? Les catholiques sont divisés. L’ancien clergé constitutionnel essaye de se reconstituer sous la direction d’Henri Grégoire, conventionnel et évêque du Loir-et-Cher, qui parvient à réunir un synode à Paris en 1797. Mais cette Église " gallicane " est en porte à faux, car elle ne se conçoit qu’appuyée par l’État.

Quant aux réfractaires, qui se sont maintenus dans le pays même pendant la Terreur, leur position est renforcée par le retour plus ou moins clandestin en 1795, 1796 et 1797 des prêtres émigrés. Mais ils n’adoptent pas une attitude unanime à l’égard du pouvoir : les " soumissionnaires " acceptent de prêter le serment (exigé par la Constitution) de soumission et obéissance aux lois de la République, tandis que leurs adversaires, suivant les directives des évêques émigrés, persistent à identifier catholicisme et royalisme.

Un nouveau serment de " haine à la royauté et à l’anarchie ", exigé par le Directoire après Fructidor (1797), introduit encore une division au sein des soumissionnaires. Fructidor marque d’ailleurs une reprise de la persécution religieuse qui provoque chez les catholiques lassitude et désarroi, d’autant que la destruction de l’État pontifical en 1798, la mort de Pie VI en 1799 semblent annoncer la disparition prochaine du catholicisme.

Bonaparte qui veut rétablir la paix en France et donc la paix religieuse, conclura un concordat, en 1801, avec le Saint-Siège. Il adjoint unilatéralement à ce texte des articles organiques (1802), qui concernent tous les cultes. L’ensemble du régime est le suivant : il est constaté que la religion catholique est professée par la majorité des Français, mais trois cultes sont " reconnus ", donc bénéficient d’une sorte d’investiture officielle, le culte catholique et deux cultes protestants ; par la suite, le culte israélite est également reconnu.

On est donc en présence d’une œuvre de compromis, qui emprunte à la fois à l’Ancien Régime et à la Révolution.

1934

L’U.R.S.S. entre à la Société des Nations (ancêtre de l’O.N.U.) et signe plusieurs pactes d’entente et d’assistance mutuelle (dont la France, le 2 Mai 1935). La Société des Nations (SDN) est une organisation internationale créée en 1920, pour favoriser l'alliance entre les peuples et le maintien de la paix.

Située à Genève, elle comptait lors de sa création 32 membres, et réunit jusqu'à 60 pays, parmi lesquels l'Allemagne (1926) et l'Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS) (1934).

Elle fut dissoute en 1946, et remplacée par l'Organisation des Nations unies (ONU). Elle s'était en effet montrée inapte à gérer efficacement la montée des conflits dans les années 1930, inapte également à prévenir la Seconde Guerre mondiale.

À son manque de moyens, notamment de troupes armées, s'ajoutait son faible poids diplomatique : les États-Unis ne s'y étant jamais inscrits, l'Allemagne, l'Italie, l'URSS, le Japon s'en étant retirés. Il reste que cette organisation a néanmoins ouvert la voie à l'ONU, en se structurant autour des grands thèmes que sont la paix internationale, la sécurité et le développement.

L'idée d'une organisation internationale, quoiqu'elle existât dès le XVIIIe siècle, notamment chez Kant, ne prit véritablement corps qu'en 1918, en constituant l'un des quatorze points définis par le président des États-Unis Woodrow Wilson. Ceux-ci organisaient, au terme de la Première Guerre mondiale, la paix entre les Alliés. Proposant une coalition générale des nations, ce plan fut à l'origine du pacte de la Société des Nations, composé de 26 articles définissant les règles de fonctionnement de la SDN.

Il fut incorporé en 1919 au traité de Versailles qui mit fin à la Première Guerre mondiale, et dont l'entrée en vigueur marqua la naissance officielle de la SDN.

Paradoxalement, quoique la SDN se fût créée à l'instigation du président des États-Unis qui faisait partie du comité de rédaction du pacte, ce dernier ne fut jamais ratifié par le Sénat américain en raison de l'article X, suivant lequel chacun des membres s'engageait à préserver l'indépendance territoriale des autres et à intervenir en cas d'agression. Si, durant les deux décennies qui suivirent, les diplomates américains encouragèrent les activités de la SDN de façon officieuse, les États-Unis n'y adhérèrent jamais et l'efficacité de cette organisation s'en trouva considérablement amoindrie.

1939

Stanislaw Ignacy Witkiewicz, dit Witkacy est né en 1885.

Auteur dramatique, romancier, essayiste, théoricien de l’art et peintre polonais, StanisLaw Ignacy Witkiewicz naît à Varsovie dans une famille de la petite noblesse terrienne originaire de Lituanie. Fils unique du peintre et critique d’art StanisLaw Witkiewicz, il reçoit une éducation peu commune qui, le plaçant dès son plus jeune âge en marge (à côté et au-dessus des autres), en fera un individualiste irréductible.

Il se dirige d’abord vers la peinture et suit les cours de l’Académie des beaux-arts de Cracovie. En 1910, une liaison tumultueuse avec une actrice célèbre lui inspire son premier roman : " Les 622 Chutes de Bungo " ou " la Femme démoniaque ".

Après la guerre de 1914-1918, qu’il fait à Saint-Pétersbourg, dans la garde impériale (originaire de Varsovie, il était alors sujet du tsar), commence pour lui, de 1918 à 1926, une période de fécondité exceptionnelle. Dandy déjà célèbre par ses excentricités, il peint beaucoup et écrit énormément, surtout pour le théâtre.

En huit ans, il produit une trentaine de pièces (dont dix-neuf seulement nous sont parvenues) sans compter des écrits théoriques (Théâtre , Introduction à la théorie de la forme pure au théâtre , etc., 1923) et de nombreux articles de journaux, le plus souvent violemment polémiques.

Ses pièces, écrites très vite (il ne se relit jamais) et de valeur très inégale, illustrent toutes ses théories esthétiques sur la "forme pure" au théâtre. Il donne, entre autres, " Les Pragmatistes "  (1919), " Eux "  (1920), " L’Indépendance des triangles "  (1921), " La Métaphysique du veau à deux têtes "  (1921), " La Poule d’eau "  (1921), " L’Œuvre sans nom "  (1921), " Le Fou et la Nonne  (1923), " La Mère "  (1924) et enfin, en 1925, " La Sonate de Belzébuth ". Onze seulement de ses trente pièces seront jouées, la plupart du temps pour une ou deux représentations, dans des théâtres expérimentaux.

Après 1926, son activité se ralentit beaucoup. Sujet à des crises de dépression de plus en plus profondes, il s’enferme en des méditations métaphysiques. Paraîssent encore deux romans : " L’Adieu à l’automne "  (1927) et " Inassouvissement "  (1930) ; en 1931, puis " La Seule Issue ", inachevé ; enfin, en 1934, sa dernière comédie, " Les Cordonniers " , dont le ton tranche assez nettement sur sa production antérieure.

Le 18 septembre 1939, Witkiewicz, qui fuyait à pied l’envahisseur nazi, constatant l’effondrement des valeurs de culture et de civilisation qu’il a toujours défendues, se suicide à l’orée d’un petit bois de Polésie.

Le théâtre de Witkiewicz est actuellement très prisé en Pologne. On voit en lui un précurseur de notre théâtre dit de "l’absurde". Pourtant, les préoccupations de Witkiewicz étaient assez éloignées de celles d’un Ionesco ou d’un Beckett. Son théâtre est avant tout une tentative — un peu désespérée — de transposition à la scène des révolutions picturales de la fin du XIXe siècle. Il voulait des éléments scéniques (situations, décors, personnages, dialogues) non contingents, enfin dépouillés de tout assujettissement au réel.

Cette recherche exaspérée d’une théâtralité pure, il ne réussira pas à l’affranchir d’une surabondance de littérature, peut-être parce que, arrivé trop tôt, il n’a pas disposé de la scène qui lui aurait permis d’expérimenter réellement ses théories.

Son théâtre reste joyeusement destructeur, il est fondé essentiellement sur une arme à double tranchant : la parodie. Aussi ne réussit-il que rarement à produire le "rêve étrange" qu’il réclamait, qu’il avait sans doute entrevu et que d’autres, plus tard, approcheront par des voies plus sûres.

Cam.

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Dernière modification le 04/10/98, ©camilist 1998 --- une remarque ?
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