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Chroniques du 26 Septembre.

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1791.

Théodore Géricault, peintre français est le prototype même et l’incarnation de l'artiste romantique. Sa vie courte et tourmentée a donné naissance à de nombreux mythes.

Né en 1.791, dans une famille aisée de Rouen, Géricault étudia dans les ateliers de peintres en vogue, Carle Vernet et Pierre Guérin, avant de s'inscrire, le 5 février 1811, à l'École des beaux-arts de Paris.

Après avoir échoué au concours du grand prix de Rome, il décida de partir pour l'Italie à ses propres frais. Il fut très impressionné par les peintres de la Renaissance italienne, en particulier Michel-Ange, ainsi que par le maître flamand Pierre Paul Rubens.

Dès le début de sa carrière, Géricault témoigna de qualités qui le distinguaient nettement des peintres néoclassiques de l'école de Jacques Louis David : il choisit en effet de privilégier les thèmes de la vie quotidienne qu'il porta au rang de hauts faits héroïques. Chantre du désespoir et de la souffrance humaine, il devint rapidement le chef de file des peintres romantiques.

Son " Officier de chasseurs à cheval de la garde impériale chargeant " (1812, musée du Louvre, Paris) et le " Cuirassier blessé " (1814, musée du Louvre) relèvent déjà d'une composition audacieuse, et d'une véhémence de la touche et des couleurs que l'on retrouve de façon éclatante dans sa toile la plus célèbre, le " Radeau de la Méduse " (1818-1819, musée du Louvre).

L'œuvre montre les survivants du naufrage du navire la Méduse, entassés sur un radeau, à l'instant où un navire, visible dans le lointain, leur fait espérer le salut. La présence de figures directement inspirées des exercices académiques contraste singulièrement avec le réalisme dont l'artiste fait preuve dans l'expression de l'agonie.

Ce parti pris (d'autant plus téméraire que la toile est de très grand format) et le choix du sujet (qui condamnait ouvertement la politique du gouvernement) déclenchèrent une vague de violentes polémiques. Ce tableau fut néanmoins très remarqué au Salon de 1819 et entra au Louvre dès 1824.

D'avril 1820 à novembre 1821, Géricault voyagea en Angleterre où il peignit, entre autres, le " Derby d'Epsom " (musée du Louvre) : à la fin de sa vie, il se consacra au thème du cheval, qui l'avait passionné dès le début de sa carrière!; l'animal devint en effet le centre de sa mythologie personnelle, le messager des méditations du peintre sur la passion, la souffrance et la mort.

Peu de temps avant sa mort, survenue le 26 janvier 1824, Géricault avait commencé à peindre une série d'études de malades mentaux, les "fous", qui témoignent de l'intérêt porté par les artistes romantiques à l'expression de la névrose et de l'aliénation. Outre ses peintures à l'huile, il réalisa également des lithographies, des sculptures, rares mais remarquables, et des centaines de dessins.

 

1815.

Après Waterloo, Napoléon vient d’être exilé à l’île de Sainte-Hélène. Signature à Paris de la Saint-Alliance.

Dans l’usage commun, l’expression désigne aujourd’hui le système de réaction et de répression établi par les grandes monarchies absolutistes d’Europe après 1815 : "la ligue des rois contre les peuples". Cette image résulte de la superposition de trois entités historiquement sensiblement différentes.

1. Le pacte primitif de la Sainte-Alliance, signé à Paris, le 26 septembre 1815, par les souverains d’Autriche, de Prusse et de Russie.

Dû à l’initiative du tsar Alexandre Ier, c’était une déclaration de principes, rédigée dans le langage mystique et nébuleux du piétisme romantique de l’époque : les monarques s’engageaient à s’inspirer désormais, dans leurs relations, des préceptes du christianisme, et à se prêter assistance mutuelle dans un esprit de fraternité. L’influence que l’on a souvent attribuée à la baronne de Krüdener dans la conception de cet acte se borne à quelques formules de rédaction, car il est certain que l’idée première venait du tsar.

Le pacte fut offert ensuite à l’adhésion des autres chefs d’États. Seuls osèrent se dérober le prince régent d’Angleterre, le pape et le président des États-Unis. Cet engagement, tout personnel, ne fut jamais considéré comme un instrument diplomatique ; néanmoins, il devait avoir une influence importante sur le comportement ultérieur du tsar.

2. La Quadruple-Alliance, signée à Paris, le 20 novembre 1815, sur l’initiative de Castlereagh. C’était essentiellement un traité défensif destiné à garantir les vainqueurs de 1815 contre toute velléité de la France de répudier le traité de Paris ou de renverser la monarchie restaurée.

Mais on y trouvait aussi l’ébauche d’une organisation internationale : l’article 6 prévoyait des réunions périodiques "consacrées aux grands intérêts communs" et au maintien de la paix. De là sortirent les grands congrès qui jalonnèrent la vie internationale au cours des années suivantes.

3. L’Alliance. Le premier de ces congrès, tenu à Aix-la-Chapelle en octobre-novembre 1818, devait réintégrer dans la communauté européenne la France qui avait scrupuleusement exécuté le traité de Paris. De ce fait, la Quadruple-Alliance, sans être dissoute, disparaissait à l’arrière-plan pour faire place à l’"Alliance" (on dit aussi la "Pentarchie") : un directoire des grandes puissances, chargé d’une façon générale de maintenir l’ordre établi au congrès de Vienne, et dans l’esprit du pacte de septembre 1815.

Cette tâche se trouva plus précisément définie au congrès de Troppau (octobre-décembre 1820), réuni pour aviser aux mouvements révolutionnaires qui avaient éclaté en Italie. Metternich, d’accord avec le tsar Alexandre, y fit proclamer un droit d’intervention en faveur de tous les gouvernements légitimes. L’Angleterre refusant cette extension des engagements de Paris et d’Aix-la-Chapelle et la France se réfugiant dans une position équivoque, cette alliance de Troppau ne liait que les trois monarques absolus, précisément les signataires premiers de la Sainte-Alliance, d’où la confusion signalée plus haut.

La France se rapprocha de cette triade lorsqu’au congrès de Vérone (1822) elle eut besoin de son appui pour intervenir en Espagne en faveur de l’absolutisme. Mais ce fut aussi l’occasion pour l’Angleterre de se détacher ouvertement et définitivement de ses anciens alliés.

L’Alliance, telle que l’avait conçue Metternich, acheva de se dissoudre en 1826-1827 lorsque le tsar Nicolas Ier s’entendit directement avec l’Angleterre et la France pour régler le sort de la Grèce, en dépit des efforts de Metternich en faveur de la Turquie.

1888.

Naissance du poète T.S. Eliott.

Thomas Stearns Eliot est né à Saint Louis, Missouri, dans une famille aisée originaire de la Nouvelle-Angleterre, fils d'un père à la fois poète et homme d'affaires. Il fit ses études à l'université Harvard, à la Sorbonne et à Oxford. Il s'installa à Londres en 1.915 et devint citoyen britannique en 1.927.

Entre 1915 et 1919, Eliot occupa divers postes, dont celui d'enseignant, d'employé de banque et de rédacteur en chef adjoint à la revue littéraire Egoist.

En 1915, il épousa Vivien Haigh-Wood, mais le couple ne s'entendit pas et ils se séparèrent en 1.932-1.3933, après une période où Vivien souffrit de nombreux problèmes physiques et mentaux.

Un film, Tom et Viv, qui s'inspire du couple, est sorti en 1.993.

Poète, dramaturge, essayiste, romancier, critique. Il a abordé tous les genres.

La première grande œuvre d'Eliot est un poème intitulé le " Chant d'amour de J. Alfred Prufrock " (1.915). Dans son premier recueil en vers, " Prufrock et autres observations " (1.917), Eliot importa des images de la vie citadine dans un contexte poétique intense. Ces poèmes n'ont ni structure figée ni schéma régulier et la rime n'y apparaît qu'occasionnellement.

Peintre de la société moderne qu’il fustige volontiers à travers de mythes antiques, il évolue vers un catholicisme mystique qui lui permettra d’écrire : " Meurtres dans la Cathédrale " (1.943). Il recevra en 1.948 le Prix Nobel de littérature pour cette œuvre qui met en scène un saint martyr du XII°siècle, le chancelier d’Angleterre Thomas Becket.

Parmi ses autres œuvres : " le Livre des chats pratiques d'Old Possum " (1.939), ouvrage pour enfants écrit en vers, par la suite adapté pour la scène en comédie musicale!; les pièces " Sweeney Agonistes " (1.932) et " la Réunion de famille " (1.939)!; et enfin les œuvres en prose " l'Idée d'une société chrétienne " (1.940) et " Notes pour une définition de la culture " (1.948).

Cet homme courtois et scrupuleux, d’une rare distinction d’esprit et d’une irréprochable honnêteté intellectuelle, loin d’être écrasé par sa célébrité, est plein de réticences à l’égard de son œuvre même, et d’appréhensions pour l’avenir d’une conception du monde et de l’homme à laquelle il était profondément attaché.

Ses dernières années furent illuminées par la présence à ses côtés de Valérie Fletcher, qu’il épousa en 1957.

Il mourut le 5 janvier 1965.

1889.

Martin Heidegger.

Heidegger, Martin (1889-1976), philosophe allemand souvent considéré comme l'un des fondateurs de l'existentialisme. Né à Messkirch (Bade), Heidegger fit des études de théologie catholique et de philosophie à l'université de Fribourg-en-Brisgau. Il fut l'élève d'Edmund Husserl.

Mobilisé en 1915, il reprit ses cours en 1919. Collaborant avec Husserl sur la phénoménologie, il donna des cours de 1923 à 1927 à l'université de Marburg, qui était alors le centre du kantisme allemand. Il lui succéda bientôt à Fribourg-en-Brisgau.

Il adhéra au parti national-socialiste en 1933 et devint recteur de cette université. En cette qualité, il prononça un discours où il demandait aux étudiants de lier leur destin à l'État et y affirma que "le Führer et lui seul est la réalité allemande aujourd'hui et l'avenir et de sa loi".

Quelques mois plus tard, il démissionna du parti nazi, mais ne regretta jamais son adhésion, ni les choix qu'elle impliqua, et n'eut jamais de mot sur ses étudiants juifs disparus ni sur le génocide des Juifs. Il retira même de la dédicace de ses livres le nom de son maître, Edmund Husserl.

À la Libération, il fut suspendu par les autorités françaises, et ne put reprendre ses cours qu'en 1951. Son immense succès en France (où il rencontra Georges Braque, René Char, Jean Beaufret) date pourtant de ces années.

Ses options politiques ne l'empêchèrent pas d'exercer sur les philosophes français une influence considérable. Pierre Bourdieu et Luc Ferry figurent parmi les penseurs français qui ont démontré le lien entre l'ontologie heideggérienne et ses orientations politiques.

Parmi les œuvres les plus importantes de Heidegger figurent " Lettre sur l'humanisme " (1947), " Introduction à la métaphysique " (1953), " Qu'appelle-t-on penser ? " (1956), " Identité et différence " (1957) et " le Principe de raison " (1957).

La philosophie heideggérienne s'appuie sur une conception très particulière du langage, par laquelle il mêle des mots de l'ancien allemand à des mots actuels pris dans leur sens étymologique. En France, elle exerça une influence décisive sur des philosophes aussi différents que Jacques Lacan, Jacques Derrida, Emmanuel Levinas et Alain Badiou.

1898.

Un centenaire, mort, mais bien encore vivant !

George Gershwin est ce compositeur américain, dont les comédies musicales et les chansons populaires figurent parmi les plus achevées du genre. Ses compositions pour le théâtre musical puisent dans le langage du jazz et de la musique populaire.

Gershwin est né à Brooklyn (New York), où il étudia avec les compositeurs américains Rubin Goldmark, Henry Cowell et Wallingford Riegger, ainsi qu'avec le compositeur et théoricien d'origine russe Joseph Schillinger.

Gershwin débuta à l'âge de seize ans comme pianiste, assurant la promotion de chansons pour une maison d'édition américaine, mais c'est sa chanson intitulée Swanee (1918) qui le rendit célèbre dans la Tin Pan Alley (nom donné au quartier de New York où étaient situés les éditeurs de musique).

Les paroles de presque toutes ses chansons sont dues à son frère Ira Gershwin, avec qui il collabora pour plusieurs spectacles et comédies musicales dont " George White's Scandals " (1920-1924), " Lady Be Good " (1924), " Funny Face " (1927) et la satire politique " Of Thee I Sing " (1931), la première comédie musicale à remporter le prix Pulitzer.

Les chansons de Gershwin qui révèlent un génie harmonique peu commun furent les premières à intégrer les rythmes et les formules mélodiques du jazz. Les plus connues sont " The Man I Love ", " I Got Rhythm " et " Someone to Watch Over Me ".

C'est à la demande du chef d'orchestre Paul Whiteman que Gershwin composa la " Rhapsody in Blue " (1924) pour piano et orchestre de jazz, qui fut ensuite orchestrée par le compositeur américain Ferde Grofé. Cette pièce influença profondément l'utilisation du langage du jazz par les compositeurs européens et américains.

Les autres œuvres de concert de Gershwin comptent notamment le " Concerto pour piano en fa " (1925), le poème symphonique " An American in Paris " (1928), la " Second Rhapsody " (1931) pour piano et orchestre et l'opéra " Porgy and Bess " (1935).

1945.

Mort le 26 Septembre de Béla Bartok.

Béla Bartók, pianiste et compositeur hongrois marqué par la musique traditionnelle des Balkans et de Hongrie, et l’un des principaux compositeurs de la musique moderne, est né le 25 mars 1881 à Nagysentmiklós en Transylvanie (aujourd’hui en Roumanie).

Béla Bartók étudia à Presbourg (aujourd’hui Bratislava, en Slovaquie) et à Budapest, où il enseigna le piano à l’Académie royale (1907-1934) puis travailla pour l’Académie des sciences (1934-1940), qui lui demanda d’entreprendre le classement des chants populaires hongrois.

En 1940, après le pacte que son pays passa avec Hitler, il émigra aux États-Unis. Chargé par la Columbia University de New York d’établir un recueil de musique serbo-croate (1940-1941), il eut dans ce pays une vie difficile : il y rencontra peu de succès, donna peu de concerts et eut peu d’élèves.

Influencé par le romantisme de Franz Liszt, sensible notamment dans la " Symphonie Kossuth " (1903), et par l’impressionnisme de Claude Debussy, dont le style se retrouve dans " Image " (1911), la musique de Bartók traduisit surtout un effort de synthèse et d’assimilation des influences traditionnelles.

Avec son ami le compositeur Zoltán Kodály, il recueillit et analysa de façon systématique la musique traditionnelle hongroise et celle d’autres peuples. Cette collaboration aboutit à la production de douze volumes contenant des milliers de chansons traditionnelles hongroises et roumaines, ainsi que plusieurs centaines de chants de Turquie et d’Afrique du Nord, où il entreprit de nombreux voyages consacrés à la collecte de chansons. Mais elle aboutit également à une méthode d’apprentissage de la musique qui laisse le solfège de côté et développe l’amour de la musique. Ce qui donne à la formation musicale des pays de l’Est une avance importante sur ceux de l’Ouest.

Bartók intégra rarement les chansons traditionnelles directement dans ses compositions, mais, comme dans les Danses populaires roumaines (1909-1915) ou dans " Mikrokosmos " (1926-1939), il assimila leurs caractéristiques dans un style très personnel, fait de gammes, de contours mélodiques et d’une puissance motrice reprenant les rythmes distinctifs de la musique traditionnelle des Balkans et de Hongrie.

Pianiste brillant, il fut toujours très sensible aux couleurs du piano comme à celles de l'orchestre. Il écrivit de nombreuses études pour le piano. Les six volumes de " Mikrokosmos ", se composant de cent cinquante-trois pièces progressives pour piano, constituent une synthèse de son développement musical.

" Les Six Quatuors à cordes " (1908-1939) renouvellent un genre que Beethoven et Schubert avaient déjà porté à un haut degré de perfection. Bartók, alliant des mélodies marquées par leur inspiration populaire à un travail d’élargissement des harmonies, composa une musique fascinante, qui surprend.

Parmi les autres compositions de Bartók figurent des œuvres vocales comme " Vingt Chansons populaires hongroises " (1911), la pantomime " le Mandarin merveilleux " (1919), des compositions pour piano comme " l’Allegro barbaro " (1911) et les " Trois Concertos " (1926, 1931, 1945), l’opéra " le Château de Barbe-Bleue " (1911), le ballet " le Prince de bois " (1914-1916), des œuvres pour orchestre comme " Concerto pour violon et orchestre " (1937-1938) et " Concerto pour orchestre " (1943), qui constitue, avec la Musique pour cordes, percussion et célesta (1936) et le " Divertimento pour orchestre à cordes " (1939), son œuvre la plus jouée.

Étranger aux écoles de son temps, Béla Bartók a suscité un mouvement d’intérêt pour les traditions populaires, qui a nourri la musique du XXe siècle.

En 1945, tout en travaillant sur ses publications folkloriques, il termine son " Concerto  pour piano et orchestre no 3 " à l’intention de sa femme et compose son " Concerto  pour alto " sur la commande de William Primrose.

Au début de l’automne, son état s’aggrave subitement et il meurt au West Side Hospital, le 26 septembre 1945. Son " Concerto  pour alto " sera achevé par son ami Tibor Serly, à qui l’on doit également l’orchestration des dix-sept dernières mesures du " Concerto  pour piano et orchestre no 3 ".

Inhumé, provisoirement, à Westchester County (État de New York), sa dépouille mortelle sera exhumée et rapatriée en Hongrie en juillet 1988. Il repose à Budapest, à côté de sa mère et de son épouse Ditta.

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 26/09/98, ©camilist 1998 --- une remarque ?
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