Mois d'Octobre / sommaire des chroniques / sommaire de Camilist

Chroniques du 18 Octobre.

Sommaire

31

La mort de Séjan.

Issu d’une famille de chevaliers romains, Séjan (Lucius Aelius Seianus) accomplit, sous Auguste, une brillante carrière, surtout militaire. Dès l’arrivée au pouvoir de Tibère, il obtient les plus hautes fonctions de la carrière équestre et devient préfet du prétoire. Son influence est de plus en plus grande à mesure que Tibère s’éloigne des affaires de l’État.

Cet homme ambitieux poursuit un but : succéder à Tibère. Pour cela, il veut éliminer tous les descendants d’Auguste et réussit à faire condamner les enfants de Germanicus pour complot ; en outre, il cherche à entrer dans la famille impériale en épousant la belle-fille de Tibère.

Il est comblé d’honneurs et ses pouvoirs sont immenses ; le Sénat et le peuple de Rome lui semblent entièrement dévoués. Tout lui aurait été acquis si, grisé par sa puissance, il n’avait ouvertement dévoilé ses ambitions. Tibère, qui avait failli lui confier la tutelle du jeune Caius (le futur empereur Caligula), le fit condamner par le Sénat, ainsi que ses enfants et ses amis, et exécuter le 18 octobre 31.

1503

Mort du Pape Pie III, après 30 jours de règne.

Très ancienne famille de Sienne qui apparaît dès le XIe siècle. Elle est parmi les premières de la cité à se vouer à la banque, avec des succursales à Gênes, à Venise, en France et en Angleterre. Après le déclin qui suit l’apogée économique toscan du XIIIe siècle, les Piccolomini se vouent à la gestion de leurs vastes domaines terriens. La lignée se ramifie en branches, étroitement unies dans un consortium économique. Trois d’entre elles sont éteintes : le rameau papal des Todeschini et ceux de Sticciano et de Modanella ; quatre existent toujours (Clementini et Carli, d’Aragona, Febei, Naldi et Bandini). Hommes de guerre et d’Église, ils ont donné à l’Italie plusieurs personnalités célèbres.

Aux Sticciano appartient Ottavio, duc d’Amalfi, né à Florence le 11 novembre 1599. Général au service des Habsbourg, il commence sa carrière comme commandant des troupes espagnoles, opérant en Italie lors des guerres de Mantoue et de Montferrat, et passe ensuite au service de l’empereur d’Autriche. Lors de la guerre de Trente Ans, il se distingue à la Montagne Blanche (1618), combat aux Pays-Bas (1627) et à Lützen (1632).

Homme de confiance de Wallenstein, qu’il trahit par la suite (épisode immortalisé par Schiller dans sa trilogie de Wallenstein ), il contribue à la victoire des impériaux à Nordlingen (1632). Sa carrière se poursuit aux Pays-Bas contre les Français, qu’il oblige à lever le siège de Thionville (1639), puis en Bohême, où il contient l’invasion suédoise sans pouvoir empêcher la défaite de Leipzig (1642). Redevenu commandant des armées espagnoles, il n’est pas plus heureux en Brabant. Rappelé de nouveau en Autriche contre les Suédois (1648), promu feld-maréchal et prince d’Empire, puis plénipotentiaire au Congrès de Nuremberg, il meurt à Vienne le 10 août 1656.

Mais c’est la branche Todeschini qui devait fournir aux Piccolomini leur plus grande renommée. Antonio, mort en 1493, duc d’Amalfi, est à la tête des troupes pontificales qui luttent, aux côtés des Aragon, contre les rois d’Anjou ; Alfonso, capitaine de Sienne, est l’adversaire de Charles VIII de France dans les guerres d’Italie (1494). Aeneas Sylvius, après avoir mené la vie débauchée d’un mondain épicurien, se réforme et se consacre au service de Dieu : il est élu pape sous le nom de Pie II en 1458. Son règne, marqué par le conservatisme, le népotisme et le mécénat, s’achève en 1464 avant qu’il ait pu réaliser son grand rêve d’une croisade réunissant tous les princes de l’Europe.

Francesco Todeschini, né vers 1440, archevêque de Sienne et cardinal en 1460, le seconda dans l’administration des domaines pontificaux et fut désigné comme vicaire lors du départ de son oncle pour la croisade. Dans sa retraite studieuse, il est le mécène de Michel-Ange et de Pinturicchio. Il en est tiré par le conclave qui l’élit pape, le 22 octobre 1503, sous le nom de Pie III.

Mais ses projets de réforme de l’Église ne purent s’accomplir, car il mourut le 18 octobre de la même année après avoir régné trente jours.

1685

La révocation de l édit de Nantes

L’édit de Nantes (1598) avait établi, pour la première fois dans un grand État européen, la tolérance religieuse. L’édit de grâce d’Alès (1629) retirait aux protestants leurs garanties politiques ; ils demeurèrent cependant loyaux durant la Fronde. Louis XIV considéra que cette présence de sujets étrangers à l’Église, assez nombreux dans le Midi et dans l’Ouest, nuisait à la grandeur du royaume ; il les soupçonnait d’être liés à des puissances adverses comme les Provinces-Unies et l’Angleterre ; il les accusait de répandre des conceptions politiques dangereuses.

Entre 1660 et 1679, il entreprit, en accord avec le clergé, et tout en respectant l’édit de Nantes dans sa lettre, une action de "persuasion". Des mesures restrictives furent prises : enquêtes sur les infractions commises par les huguenots, destructions de temples, obligation de procéder aux enterrements de nuit. Un arrêt du Conseil, en 1665, facilita la conversion des enfants de protestants. Une caisse de conversion aidait à l’insertion des nouveaux catholiques dans la vie sociale. En dépit de quelques conversions éclatantes, comme celle de Turenne, cette politique de persuasion s’avéra inefficace.

À partir de 1679, la conjoncture changea. L’influence de Colbert, attentif à la puissance économique des huguenots, s’estompa derrière celle de Le Tellier et de Louvois. Dans l’entourage du monarque s’affirme alors le rôle de Mme de Maintenon, petite-fille d’Agrippa d’Aubigné, convertie, mariée secrètement au roi. Plus mystérieuse est l’influence du confesseur jésuite le père La Chaise. Le monarque devient dévot, veut réaliser son "grand dessein" : contribuer au rayonnement de l’Église catholique en Angleterre, contre le Turc aussi bien que contre les "égarés" du royaume. Pour lui, la Réforme est née des abus de l’Église, depuis longtemps disparus. Extirper le protestantisme lui vaudra la reconnaissance du pape et, sans doute, des avantages pour l’Église gallicane.

Entre 1679 et 1685 une série d’arrêts vide l’édit de Nantes de son contenu : suppression des chambres mi-parties, abaissement à sept ans de l’âge admis pour les conversions, destruction des temples, suppression de l’Académie de Sedan ainsi que de nombreux collèges. En 1681, la persécution violente se substitue à la persécution sournoise. L’intendant du Poitou, Marillac, usant d’un procédé traditionnel, impose le logement des gens de guerre aux huguenots les plus riches et les plus influents. Ces "missionnaires bottés", par leur brutalité, obtiennent des conversions massives. Même procédé en Languedoc ; des massacres se déclenchent dans les Cévennes et le Dauphiné ; les abjurations affluent. Le roi connaît-il ces excès ? Il laisse les dragonnades se généraliser, ce qui lui permet de confisquer des biens. L’intendant Foucault recourt à la même violence en Béarn. D’après La Chaise, les conversions atteignent le nombre de 700 000 en trois mois.

Les huguenots adressent une supplique au roi en janvier 1685 ; dans son entourage, Harlay de Champvallon, en particulier veut se faire pardonner et son hostilité envers le Saint-Siège et quelques scandales privés ; il insiste pour obtenir la révocation d’un édit devenu sans objet, puisque, dit-il, la quasi-totalité des huguenots sont rentrés dans le giron de l’Église. Après beaucoup d’hésitations, Louis XIV soumet la question au Conseil, qui se montre divisé.

L’édit de Fontainebleau du 18 octobre 1685 prétend effacer le souvenir des divisions causées par cette fausse religion. Il ordonne la démolition des temples, interdit toute assemblée pour l’exercice du culte, exile les ministres, décide le baptême d’office des enfants protestants, ferme leurs écoles, oblige les protestants émigrés à regagner le royaume sous peine de confiscation, interdit d’émigrer sous peine de galère pour les hommes, de prison à perpétuité pour les femmes. Toutefois, l’article 12 tolère la présence des sujets de la "religion prétendue réformée" dans le royaume "sans abjurer, jusqu’à ce qu’il plaise à Dieu de les éclairer". C’est admettre une certaine liberté de conscience.

L’édit de Fontainebleau a été accueilli avec enthousiasme par l’opinion catholique. Seul Vauban s’inquiète, et Saint-Simon, dans ses Mémoires , publiés au XVIIIe siècle, blâme cet acte. Innocent XI se contente d’adresser un bref contenant "un témoignage authentique d’éloges", car, pour le pape, l’Église de France était presque schismatique. Sur le plan religieux, l’édit de Fontainebleau échoue. Les réformés ne se convertissent pas et s’efforcent de maintenir clandestinement leur culte. Des pasteurs venus de Hollande, les pastorales de Jurieu entretiennent la foi, stimulent les assemblées au "désert", annoncent la chute de l’Antéchrist. Les succès de la Ligue d’Augsbourg encouragent cette résistance.

La révolte des camisards éclate en 1702. L’édit active l’émigration des protestants vers les puissances réformées. L’Électeur de Brandebourg, par l’édit de Potsdam, appelle ces émigrés. Malgré les rigueurs prévues et la surveillance exercée, près de 300 000 huguenots s’expatrient, privant le royaume de leur énergie (maréchal de Schomberg, Denis Papin...) et de leurs capitaux.

Cet acte politique, ultime étape d’une politique visant à rétablir, conformément aux idées de l’époque, l’unité de la foi dans le royaume de France, et peut-être le geste le plus populaire du règne de Louis XIV, affaiblit l’économie française, provoque l’indignation d’une partie de l’Europe, ne peut satisfaire Rome et ne triomphe pas de la fermeté des protestants.

1905

Emile Loubet est Président de la République. Il reçoit à l’occasion de son passage à Paris un célèbre Globe Trotter, Frisco Kid qui a déjà accompli plusieurs dizaines de milliers de kilomètres et rendu visite aux grands de ce monde.

Et à sa plus grande stupéfaction, le voyageur lui propose de lui cirer les chaussures, son ancien métier.

Il faut dire qu’il avait déjà ciré celles du Président Américain, du roi Léopold II de Belgique et du Tasr Nicolas II de Russie.

Emile Loubet est né en 1838. Élu député en 1876, puis sénateur en 1885, il fut nommé ministre des Travaux publics en 1887, peu avant le scandale du canal de Panamá qui le contraignit à démissionner. Président du Sénat en 1896, il remplaça Félix Faure comme président de la République en 1899.

C’est lui qui sous la pression de l’opinion publique, gracia le capitaine Dreyfus en dépit de la violente opposition des nationalistes. Son séjour à l'Élysée fut marqué par une politique anticléricale (séparation de l'Église et de l'État en 1905) et une diplomatie très active, avec les visites de nombreux chefs d'État étrangers (Russie, Grande-Bretagne, Italie), préparant l'Entente cordiale.

1950

Nomination, à Chypre, de l’Archevêque Makarios.

Makarios III, de son nom d'origine Mikhaïl Khristodoulos Mouskos, est né à Ano Panaïa, à Chypre, dans un milieu rural. Prêtre en 1946, puis évêque de Kition (1948), il fut élu archevêque et ethnarque (chef suprême) de Chypre en 1950.

Défenseur de l'Enosis (union avec la Grèce), réclamée par la population grecque de l'île, il soutint l'armée de l'Organisation nationale des combattants chypriotes (EOKA) et fut exilé par les Britanniques en 1956.

Après l'indépendance de Chypre (août 1960), il fut élu président de la République en 1960, 1968 et 1973 et déposé temporairement par le coup d'État de 1974 qui précéda la partition de l'île.

Il mourut à Nicosie le 3 août 1977.

Cam.

Mois d'Octobre / sommaire des chroniques / sommaire de Camilist


Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 26/10/98, ©camilist 1998 --- une remarque ?
jrmasson@nordnet.fr !