Mois d'Octobre / sommaire des chroniques / sommaire de Camilist

Chroniques du 25 Octobre.

Sommaire

1767

Naissance de l’écrivain philosophe, homme politique français, le père d’ " Adolphe ", Benjamin Constant.

Né à Lausanne, le 25 octobre 1767, dans une famille de souche française, Benjamin Constant de Rebecque poursuivit ses études en Allemagne et en Écosse, avant d'être introduit par son précepteur dans les milieux littéraires parisiens. Lors d'un voyage en Suisse (1794), il fit la connaissance de Mme de Staël, avec qui il entretint une liaison orageuse pendant quatorze ans.

Projeté sur la scène politique par sa maîtresse, il se montra hostile à Bonaparte et dut quitter la France ; c'est en exil qu'il écrivit Adolphe (1806). Peu avant la fin du régime impérial, Benjamin Constant reprit sa carrière politique en publiant notamment un pamphlet antibonapartiste : De l'esprit de conquête et de l'usurpation (1814). Représentant des idées libérales et progressistes — quoique parfois très contradictoire dans ses prises de position —, il fut l'un des chefs de l'opposition les plus populaires de la Restauration.

Ce n'est pas à ses écrits politiques ni à ses traités de philosophie religieuse que Benjamin Constant doit sa renommée, mais à ses romans et ses mémoires. Par la peinture d'un certain mal du siècle, l'auteur s'apparente au mouvement romantique tout en adoptant un style très sobre.

Adolphe, roman composé en 1806 et publié à Londres en 1816, est une transposition du "perpétuel orage" que furent ses relations avec Mme de Staël. Ce récit à la première personne restitue la fluctuation des sentiments qui unissent Adolphe à sa maîtresse Elléonore ; avec une lucidité neuve pour l'époque, l'auteur y analyse le besoin d'amour et l'incapacité à aimer de son héros. Dans une même veine, " Cécile " (composé en 1810), s'inspire des relations de l'auteur avec son épouse, laquelle fut chargée d'annoncer à Mme de Staël la fin de leur liaison. Ces deux romans eurent peu de succès en leur temps et ce n'est qu'à la fin du XIXe siècle, grâce à la mode du roman psychologique, qu'ils rencontrèrent le public. Outre sa correspondance (" Lettres à Mme Récamier ", 1882; Lettres à sa famille, 1888, etc.) on publia après sa mort son " Journal intime " (1887) ainsi que ses mémoires (" le Cahier rouge ", 1907) où apparaît la complexité de sa nature.

1793

Adoption par la Convention Nationale du Calendrier républicain proposé par le député Fabre d’Eglantine.

Naturellement son calendrier supprimé, Fabre d’Eglantine tomba dans l’oubli. Cependant, il reste à l’oreille de bien des enfants et d’adultes. Grâce à la chanson enfantine :

" Il pleut, il pleut bergère,

" Rentrez vos blancs moutons "

…. Qui est tiré d’une de ses opérettes. Ce fils d’un marchand drapier de Carcassonne, était en effet Comédien ambulant, un peu escroc, vivant d’expédients. Au cours d’un séjour à Lyon, il se lie avec Collot d’Herbois, mais il ne participe pas à l’agitation prérévolutionnaire. Il se lie dès lors avec Danton dont il devient l’homme de plume. Besogneux, et sans cesse à l’affût de spéculations lucratives, il propose, en 1790, au ministre de la Marine, contre 3 millions, de pousser les Jacobins à se montrer favorables à la monarchie. Il est cité aussi comme ayant reçu de l’argent du roi à la veille du 10 août 1792.

Après cette journée, il publie un journal mural : Compte rendu au peuple souverain , où il apparaît comme un révolutionnaire intransigeant ; il pousse aux massacres de Septembre et tente même d’en organiser en province. Puis on le voit trafiquer sur les fournitures aux armées.

Élu député de Paris à la Convention, il fait adopter par l’Assemblée son calendrier républicain, le 25 octobre 1793. Après la chute de la Gironde, il fait partie de la faction des Indulgents. Accusé d’avoir falsifié un décret de la Convention nationale relatif à la liquidation de l’ancienne Compagnie des Indes, il est arrêté le 18 mars 1794, jugé en même temps que les dantonistes, le 30 mars, et guillotiné le 5 avril.

1825

Naissance d’un prodigieux musicien, le Viennois Johan Strauss dit le " fils " !

Comme j’en ai parlé à l’occasion de l’anniversaire de sa mort, le 3 Juin (1899) reportez-vous à la Chronique de ce jour.

1838

Naissance à Paris du musicien Georges Bizet.

Nous avons retenu deux œuvres écrites à la fin de sa vie, la suite d’orchestre " l’Arlésienne " et  l’opéra " Carmen ".

Né dans une famille de musiciens — son père, Adolphe Bizet, était professeur de chant et compositeur, sa mère, Aimée Delsarte, pianiste —, Georges Bizet obtint en 1852 un premier prix de piano au Conservatoire de Paris. Il travailla la composition dans la classe de Jacques Halévy et sous la direction de Charles Gounod. Il épousa en 1869 Geneviève Halévy qui, des années plus tard, servit de modèle à Marcel Proust pour le personnage de la duchesse de Guermantes.

Bizet chercha sans cesse à se perfectionner, allant jusqu’à détruire des œuvres comme " la Guzla de l’Émir " (1862), un opéra en un acte, parce qu’elles ne répondaient pas à ses ambitions musicales. " Les Pêcheurs de perles, 1863 ; la Jolie Fille de Perth, 1866!; Djamileh, 1871), marquèrent une étape nouvelle qui inaugurait une technique inédite et des perspectives plus vastes.

Musique de scène, composée pour accompagner le drame d’ Alphonse Daudet, l’Arlésienne (1872) connut un échec lors de ses premières représentations. La formule du drame musical ne touchait plus le public qui attendait davantage d’action et moins de paroles. Cependant Bizet trouva dans ce travail l’occasion d’approfondir les relations entre le texte et la musique. De plus, le nombre restreint de musiciens dans l’orchestre l’obligea à soigner particulièrement ses effets. Encouragé par Massenet, l’un de ses pairs, à ne pas abandonner son œuvre, Bizet tira de sa partition une suite d’orchestre qui s’imposa rapidement par la beauté de ses thèmes et la qualité de son orchestration.

Comme l’Arlésienne, Carmen (1875) fut d’abord accueillie froidement. Halévy et Meilhac avaient écrit le livret à partir d’une nouvelle de Prosper Mérimée. S’ils avaient su tirer du personnage de Carmen un véritable mythe, la musique de Bizet leur était restée étrangère. Ils la jugeaient étourdissante et trop complexe. Seul Théodore de Banville eut, dès les premières représentations, l’intuition de la grandeur de cet opéra. Il publia dans le National, le 8 mars 1875, un article de fond, dans lequel il analysait la transformation des conventions lyriques à l’œuvre dans Carmen : le réalisme de la passion, la fonction dramaturgique de la musique, qui devenait un véritable porte-parole des tourments et emportements des personnages.

Le succès n’arriva qu’après la mort du compositeur, le 2 juin 1875. Les musiciens les plus célèbres rendirent hommage à son œuvre inventive : Wagner vanta la qualité des idées musicales de Bizet et Tchaïkovski déclara que Carmen traduisait " les efforts de toute une époque musicale " et qu’il était persuadé que dans dix ans ce serait " l’opéra le plus populaire ". Cette prédiction se réalisa en effet. Dépassant les limites du monde occidental, Carmen triompha en Chine et au Japon, et c’est l’opéra le plus joué aujourd’hui. Il fut adapté au cinéma par Cécil B. DeMille et par Charlie Chaplin et Roland Petit en tira un ballet.

La musique de Bizet a inspiré des pianistes prestigieux, dont Ferrucio Busoni, qui reprit dans sa Sixième sonatine (1920), sous forme de fantaisie, les thèmes de Carmen. Nietzsche, pour sa part, exprima son enthousiasme au sujet de l’opéra de Bizet par cette phrase : " Cette musique me semble parfaite ! "

1973

Mort d’un marathonien des plus doués, l’éthiopien Bikila Abebe.

Athlète éthiopien, né à Mout, en 1932, Bikila fut champion olympique du marathon à Rome en 1960 et à Tokyo en 1964 ; il était capitaine de la garde du négus. Personne, à vrai dire, ne connaissait cet athlète filiforme qui, dans les rues de Rome, tint tête aux meilleurs spécialistes mondiaux, avant de s’imposer sous l’Arc de Constantin, terme du marathon olympique de 1960. Coureur d’instinct, il ignorait le chronomètre et courant sans fatigue des dizaines de kilomètres par jour.

Il s’entraîna afin de réussir le plus formidable pari qu’on ait jamais tenté : remporter un second marathon olympique. Sa victoire à Tokyo fut encore plus impressionnante que celle de Rome. Il battit le record de l’épreuve et, à l’arrivée, après avoir parcouru 42 kilomètres, il se livra ... à une séance de gymnastique.

Ses victoires avaient fait de lui une idole dans son pays. Ce coureur exceptionnel fut victime en février 1969 d’un accident de voiture qui lui brisa la colonne vertébrale. Paralysé des membres inférieurs, il endura un véritable calvaire qui s’acheva par une hémorragie cérébrale le 25 octobre 1973.

1976

Mort de Raymond Queneau, l’auteur de " Zazie dans le métro ".

Né au Havre, le 21 février 1903, ses parents y possédaient une boutique de confection et de mercerie, Raymond Queneau fréquente le lycée. A son baccalauréat, en 1920, il se rend à Paris pour préparer une licence de philosophie. En 1924, il entre au groupe surréaliste. D’octobre 1925 à février 1927, il effectue son service militaire dans les zouaves et participe, de ce fait, à la guerre du Rif.

En 1928, employé de banque, il collabore aux activités de la rue du Château, où se réunissent les dissidents (Prévert, Duhamel, Tanguy) du groupe surréaliste. En 1929, il rompt avec André Breton pour des raisons uniquement personnelles (il évoquera cette période quelques années plus tard dans Odile ). En 1932, il fait un voyage en Grèce, au cours duquel il commence à écrire " Le Chiendent " , roman qui paraît en 1933. Dès lors, la vie de Raymond Queneau s’efface derrière son œuvre. En voici les pulsations principales.

En 1938, Queneau entre au comité de lecture des éditions Gallimard. En 1945, il crée, avec Michel Gallimard, l’Encyclopédie de la Pléiade, qu’il dirigera pendant trente ans. En 1949, Yves Robert met en scène Exercices de style , et Juliette Gréco rend célèbre " Si tu t’imagines " . En 1951, Queneau est élu à l’Académie des Goncourt, et admis au Collège de ’Pataphysique. En 1953, il écrit les dialogues du film "Monsieur Ripois" , de René Clément.

En 1959, paraît " Zazie dans le métro " , qui connaît un succès considérable et inattendu. En 1960, suite à la publication de " Cent Mille Milliards de poèmes " , il fonde, avec François Le Lyonnais et quelques amis, " l’Ouvroir de Littérature Potentielle " (OuLiPo).

Atelier de recherches et d'expérimentation des formes, l'OuLiPo fut à l'origine de l'invention de multiples contraintes nouvelles. C'est le cas de la méthode S + 7, consistant à remplacer chaque mot d'un texte (à l'exception des mots-outils) par le septième qui suit dans le dictionnaire. Ainsi Queneau transforme la fable de La Fontaine la Cigale et la Fourmi en un autre texte, la Cimaise et la Fraction, devenu célèbre :

"La cimaise ayant chaponné tout l'éternueur "

" Se tuba fort dépurative quand la bisaxée fut verdie "

" Pas un sexué pétographique morio de mouffette ou de verrat ".

" Elle alla cocher frange "

" Chez la fraction sa volcanique ! " …

En 1968, paraît " Le Vol d’Icare " , son dernier roman, puis, en 1973, " Le Voyage en Grèce " , recueil d’articles publiés, pendant les années trente, dans différentes revues. Son dernier livre, " Morale élémentaire " , paraît en 1975 : c’est un recueil de poèmes à la fabrication énigmatique. Raymond Queneau meurt, le 25 octobre 1976, à Neuilly-sur-Seine.

Cam.

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Dernière modification le 26/10/98, ©camilist 1998 --- une remarque ?
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