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Chroniques du 26 Octobre.

Sommaire

1553

Michel Servet, hérétique notoire est brûlé vif, à Champel près de Genève.

Il est né en 1511, en Espagne, à Villanueva de Sigena (province de Huesca). A ce titre, il est aussi connu sous le nom de Michel de Villeneuve. Servet fit ses études à Saragosse et à Toulouse, puis gagna l’Italie ; secrétaire du confesseur de Charles Quint, il suivit ce dernier à Augsbourg et dès lors, en différentes villes d’Allemagne, rencontra plusieurs des réformateurs dont Melanchthon. À vingt ans, sa pensée religieuse est déjà polarisée par le dogme de la Trinité, qu’il rejette. Son " De Trinitatis erroribus "  (Haguenau, 1531) heurte même ses amis protestants. Venu à Paris pour y étudier la médecine, il publie un ouvrage (1537) où s’amorce la découverte ultérieure de Harvey sur la circulation du sang.

Correcteur chez un imprimeur de Lyon, il s’attache ensuite (1540) comme médecin à l’archevêque de Vienne. Il se lie avec Calvin et entretient avec lui une correspondance théologique, surtout sur le dogme de la Trinité. Les objections et réfutations de Calvin n’entament pas ses convictions. Il réplique même à "Institution" de Calvin par "La Christianismi restitutio". La divinité du Christ y est niée tout comme le dogme trinitaire.

Servet est dénoncé à l’Inquisition comme auteur du livre qui fait scandale. Arrêté et emprisonné, il est condamné à Vienne en Juin 1553, mais n’est brûlé qu’en effigie, s’étant évadé deux mois plus tôt. Il se cache à Genève, où il a des amis ; mais est vite reconnu et arrêté par les calvinistes. Le procès donne lieu à un tel affrontement entre adversaires et partisans de Calvin qu’il lui est difficile d’empêcher l’exécution de son ami Servet dont il dénonce par ailleurs les erreurs doctrinales. Michel Servet est donc brûlé comme hérétique à Champel, près de Genève, le 26 octobre 1553. La Réforme prouvait par là, son manque de tolérance qu’elle reproche justement aux catholiques romains ! ! !

Cependant, au moment de le brûler, il pleuvait à verse depuis 24 heures. Le bûcher qui avait été dressé la veille, était tout détrempé ; pas moyen de l’allumer ! Aussi les autorités envoient-ils l’assistant du bourreau acheter en vitesse du bois sec. Non sans avoir décrété en jugement rapide que ces frais incombaient au condamné qui dut emprunter à l’un de ses amis, à charge pour lui de récupérer la somme sur l’héritage. Négociation absurde au moment de mourir !

1795

Le " Directoire ", un nouveau régime en France qui fragilise la Révolution, crée des mécontentements et aboutit au coup d’état de Napoléon.

La Constitution promulguée par la Convention en 1795 institua un Directoire composé de cinq membres, nommés par les assemblées et renouvelable par un cinquième tous les ans. La présidence du Directoire était occupée par roulement de trois mois. Constitué d'anciens conventionnels, en vertu du décret des deux tiers, il eut notamment pour membres Paul Barras, Lazare Carnot, Joseph Fouché, Emmanuel Sieyès et Merlin de Douai. Ses principales fonctions étaient la nomination des ministres et des généraux en chef. Le corps législatif était constitué du Conseil des Cinq-Cents et du Conseil des Anciens.

Le Directoire fut confronté à une très grave crise économique et financière et il dut faire face à des menaces constantes sur sa droite comme sur sa gauche. La dépréciation de l'assignat et l'échec des mandats territoriaux, la monnaie-papier de remplacement, mirent le régime au bord de la faillite. En outre, la mauvaise qualité des infrastructures de transports et les guerres handicapèrent le commerce extérieur. La période du Directoire vit cependant le triomphe de la bourgeoisie. Le fossé entre riches et pauvres s'accrut sensiblement, provoquant une agitation populaire animée par Babeuf. Le Directoire répliqua en réprimant sévèrement la conjuration des Égaux (mai 1796) et le mouvement jacobin renaissant. À l'extérieur, le Directoire tenta de compenser ses échecs par l'exploitation économique des républiques sœurs (batave, helvète, etc.) et de nouvelles conquêtes, comme en Italie, où la campagne militaire fut confiée à Napoléon Bonaparte (1796-1797).

La contre-révolution royaliste profita de la fragilisation du pouvoir pour accroître son influence et remporta les élections de mai 1797 (Germinal an V). Leur poussée fut arrêtée par l'annulation du scrutin, surnommée le coup d'État du 18 Fructidor an V (4 septembre 1797).

Malgré la banqueroute des deux tiers (30 septembre 1797), qui permit une relative stabilisation financière au détriment des porteurs, le Directoire fut confronté à une nouvelle crise politique. Les jacobins remportèrent les élections en avril 1798 (Germinal an VI), mais elles furent cassées le mois suivant (22 Floréal). Ils prirent leur revanche lors du coup de force de Prairial an VII (18 juin 1799), quand les conseils contraignirent à la démission trois des cinq directeurs.

À l'extérieur, le Directoire continua sa politique expansionniste et entreprit la campagne d'Égypte (1798-1799), confiée à Bonaparte. Les puissances européennes répliquèrent par la création de la deuxième coalition (1799-1801) que Napoléon put vaincre.

En 1799, les revers militaires et les soulèvements contre-révolutionnaires affaiblirent le Directoire. Le 9 novembre il fut renversé par Napoléon Bonaparte (coup d'État du 18 Brumaire an VIII), qui institua le Consulat.

1879

Naissance, en Ukraine, de Lev Davidovitch Bronstein, grand rival de Lénine, liquidé par Staline, dit Léon Trotski.

Fils de bourgeois Juifs, Etudiant en math. Puis en droit, il est arrêté pour ses actions révolutionnaires et déporté en Sibérie en 1900. Il s’évade et rejoint Londre où il rencontre Lénine et plusieurs sociaux démocrates avec qui il collabore à diverses journaux révolutionnaires clandestins. Il regagne la Russie lorsqu’éclate la Révolution de 1905 (durant laquelle se situe la révolte du cuirassé " Potemkine " ainsi que la fameuse fusillade de la foule filmée par Eisenstein). Il y préside le Soviet de St-Pétersbourg. Arrêté, il parvient de nouveau à s’échapper et vit en exil (dont Vienne)

Il vit plusieurs dissensions graves avec les " russes en exil " comme Lénine sur la manière de mener la Révolution. Il rentre en Russie dès Mai 1917 et organise la Révolution d’Octobre. Il a une plus grande expérience de la Révolution sur le terrain et peut donc résister aux attaques de ses rivaux. Il se maintient dans les sphères du pouvoir comme commissaire du peuple à la Guerre. Il crée l’Armée Rouge et la dirige d’une main de fer pendant la Guerre Civile de 1918 à 1920. Il structure cette armée et en fait un puissant instrument aux mains de la politique.

Dès 1925, membre du Politbureau du Soviet Suprême, il dénonce le pouvoir grandissant (et l’individualisme forcené) de Josip Staline. Au nom de la " Révolution Permanente ", qu’il a décrit et vulgarisé, il attaque " la volonté délibérée de limiter la révolution populaire à la seule URSS … " et " de ne vouloir construire le socialisme qu’en un seul pays ! ".

Relevé de ses fonctions par Staline qui a pris le pouvoir en douceur (en s’appuyant sur la police secrète dirigée par une de ses âmes damnées), il doit s’exiler en Sibérie, puis est expulsé du territoire soviétique.

Réfugié au Mexique (après la France et la Norvège), il fonde en 1938 la IV° Internationale, qui connaît un grand succès avec l’approche de la guerre. Mais il est assassiné en Août 1940 à Coyoacan, au Mexique, à l’instigation de Staline, bien sûr.

1917

La nationalisation des terres que l’on peut ainsi livrer aux paysans fait dire à Lénine que " l’on a créé le régime agraire le plus souple pour permettre le passage au socialisme ".

Obligé de lutter sur tous les fronts, Lénine organise la dictature avec une rigueur de fer. Sur le plan politique et économique, c’est le " communisme de guerre ", au cours duquel s’exerce une répression sévère contre la bourgeoisie. Les entreprises industrielles ont été nationalisées dès la fin de 1917 et au cours de 1918. Les propriétés rurales sont livrées au partage paysan, réalisant ainsi le vœu des masses paysannes, après qu’on ait décrété la nationalisation des terres le 26 octobre 1917.

Par ces mesures, estime Lénine, " on a créé le régime agraire le plus souple  pour le passage au socialisme ". En même temps, il lance le plan d’électrification de la Russie en dix ans (Plan Goelro , 1920) qui est un programme pour restaurer les transports et fournir au pays l’énergie dont son industrie a besoin. Mais Lénine est opposé à un plan général concernant toute l’économie. Les conditions ne sont pas réunies.

1918

Le Général Luddendorff, héros de la guerre, est " démissionné " par le nouveau gouvernement.

Militaire de carrière, Erich Luddendorff est nommé général de brigade en 1914, à l’âge de quarante-neuf ans. Au début de la Première Guerre mondiale, il s’illustre par des méthodes toutes personnelles qui lui permettent de s’emparer, non sans mal de la citadelle de Liège.

La résistance héroïque des Liégeois vaudra d’ailleurs à la Ville de recevoir, à titre exceptionnel, la Légion d’Honneur en 1919.

Nommé le 22 août 1914 chef d’état-major du général von Hindenburg en Prusse, Luddendorff va se révéler un extraordinaire stratège de l’offensive et devenir le cerveau du haut commandement. Il chasse les armées russes de Prusse et de Lituanie (1914-1915) et leur reprend la Pologne (1915).

En août 1916, il assume, avec Hindenburg, le commandement suprême de l’armée, mais les deux hommes prennent une influence croissante dans les affaires civiles, font et défont les gouvernements.

Ludendorff ne cache pas son mépris pour le Kaiser, qui abandonne les rênes du pays. Le général prend aussi en main la politique extérieure, contribue à la fondation, en 1916, de l’éphémère royaume de Pologne (créé avec les territoires polonais repris aux Russes par les Austro-Allemands), à la déclaration de guerre sous-marine à outrance, à la paix de Brest-Litovsk.

Pourtant, lorsqu’il faut demander la paix aux Alliés, Ludendorff laisse les civils endosser la responsabilité et la honte et s’enfuit en Suède. Il avait été démis de ses fonctions le 26 octobre 1918. Il conçoit dès lors une solide haine pour ceux qui vont diriger la république de Weimar et il lance la légende du "coup de poignard dans le dos".

Membre du Parti national-socialiste dès sa fondation, il participe aux côtés d’Adolf Hitler au putsch manqué de Munich des 8 et 9 novembre 1923 ; il n’est pas parvenu à entraîner l’armée dans le mouvement et a vu se débander les comploteurs nazis pris au piège. Au procès qui suit, Ludendorff est acquitté, pourtant, il est nationaliste, antisémite, également ennemi des Juifs et des francs-maçons. En 1924, Ludendorff devient le leader du parti au Reichstag. Mais il ne tarde pas à s’opposer à Adolf Hitler, qui entend rester le seul Führer, incontesté et indiscuté ; c’est la rupture. Ludendorff abandonne la politique pour se consacrer à la rédaction de nombreux ouvrages dont " Der totale Krieg " (La Guerre totale ), dans lequel il préconise la mobilisation totale de la nation pour la guerre, ce dont s’inspirera Hitler quelques mois plus tard !

1971

Entrée de la Chine aux Nations-Unies. Après plusieurs années de refus, elle accepte de participer au " Club " des 5 grands. Ce qui lui permet de vilipender les grandes puissances, notamment les puissances nucléaires, tout en affirmant constamment qu’elle ne sera jamais une " super-puissance nucléaire ".

N’empêche qu’il y a quelques mois, plusieurs essais ont été réalisés malgré l’opposition de principe des voisins et de l’opinion internationale.

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 11/11/98, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !