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Chroniques du 28 Octobre.

Sommaire

1492

Découverte de Cuba par Christophe Colomb.

Comme j’en ai déjà parlé à plusieurs reprises, je préfère que les intéressés se réfèrent aux Chroniques du 21 Octobre, du 12 juin,

1533

La Dame de Beauté épouse Henri II, Diane de Poitiers entre dans la légende.

Symbole de la féminité d’une époque et célèbre pour sa beauté, Diane est aussi l’un des très grands noms de la politique française du milieu du XVIe siècle. Née en 1499, à Poitiers, fille de Jean de Poitiers, comte de Saint-Vallier, mariée dès quinze ans à Louis de Brézé, grand sénéchal de Normandie, elle est d’abord dame d’honneur de la reine. Lors de la trahison du connétable de Bourbon en 1523, elle obtient de François Ier la vie sauve de son père, compromis dans l’affaire. Victor Hugo a popularisé l’épisode dans " Le roi s’amuse ".

À la mort de son époux en 1533, elle fut dame d'honneur à la cour de France. Vers 1536, elle devint la maîtresse du dauphin Henri, de dix-neuf ans son cadet. Elle fut à la cour la rivale de la duchesse d'Étampes, maîtresse de François Ier.

En 1548, un an après son couronnement, Henri II la fit duchesse de Valentinois. Favorite du roi durant toute la durée de son règne, elle s'imposa aux dépens de la reine Catherine de Médicis et s'entoura d'une cour brillante. Elle poussa le roi à une dure répression des protestants.

Le château d'Anet (près de Paris), réalisé par Philibert Delorme, fut construit pour elle. Diane de Poitiers comptait parmi ses amis artistes Jean Goujon, qui réalisa en son honneur la statue de Diane, aujourd'hui au Louvre. À la mort d'Henri II, en 1559, Catherine la renvoya de la cour, et elle se retira à Anet. Elle fut obligée de rendre les bijoux de la couronne que lui avait donnés le roi, et d'échanger le château de Chenonceaux (également offert par le roi) contre celui de Chaumont. Elle mourut à Anet le 22 avril 1566.

Que n’a-t-on pas dit sur la beauté de Diane, qui la fait paraître "vingt ans plus jeune qu’elle n’est" ? Les dames de Brantôme ont essayé d’imiter ses recettes de fard, son bain froid matinal, sa chevauchée quotidienne de deux ou trois heures (nue sur son cheval selon certains). Elle fut, en tout cas, un grand mécène, protectrice de Philibert Delorme, constructeur du château d’Anet (1547-1552), dont il ne reste, hélas, que le portail d’entrée marqué de l’effigie mythologique de la maîtresse des lieux et l’admirable chapelle. Les lettres de Diane, éditées en 1866, ne manquent pas d’intérêt historique. Reste son iconographie, dont il faut tenter de distinguer la typologie.

On s’accorde à reconnaître le portrait réel de Diane dans la toile anonyme de Versailles, en coiffe de veuve, la statue orante du tombeau de la cathédrale de Rouen, le Clouet du musée de Chantilly, un dessin du Louvre et, peut-être, dans la chasseresse étendue du Louvre. Elle a été, en outre, l’inspiratrice, ou plutôt l’une des inspiratrices, du stéréotype français de la femme. Dans l’art de cour somptueux et raffiné de l’époque maniériste, les grandes dames chères à Brantôme ont volontiers servi de modèle.

les traits de Diane se mêlent à bien d’autres portraits (cérémonie de cour du bain-spectacle ou portrait typé en Poppée). Et, en outre, le poncif mythologique des Bains de Diane , dont celui de Rouen, où l’on se plaît à reconnaître les traits de Diane, ou de l’ancienne collection Le Métayer (Paris). Dans ces tableaux apparaît l’éclat froid et magnétique de ses magnifiques yeux bleus, et son corps parfait est interprété selon le style net et précis des grands maniéristes italiens, instructeurs des anonymes français. Peu de femmes ont, dans l’histoire, tant marqué leur époque, au point de créer un mythe auquel ses contemporains et plus tard les historiens n’ont pas été insensibles.

1940

Entrée en guerre de la Grèce qui vit sous la dictature fasciste depuis 1936, contre l’Italie fasciste de Bénito Mussolini.

L’entrée de la Grèce dans la guerre peut apparaître comme un paradoxe : un gouvernement profasciste (la Grèce vit sous la dictature depuis août 1936) rejette l’ultimatum du 28 octobre 1940 par lequel l’Italie demande le libre passage de ses troupes, et la Grèce se range aux côtés de la Grande-Bretagne au moment où Hitler occupe la plus grande partie de l’Europe.

Mais si, pour le gouvernement grec, un tel acte s’explique par la conjoncture politique en Méditerranée orientale où la Grande-Bretagne était encore puissante, en particulier par le rôle prépondérant qu’elle jouait en Grèce, pour le peuple grec la résistance contre l’agression de l’Italie fasciste prit un caractère à la fois national et antifasciste, permettant à l’armée grecque non seulement de faire face à l’agression, mais de passer bientôt à la contre-attaque. À la fin de 1940, les armées italiennes se trouvaient repoussées à soixante kilomètres au-delà de la frontière gréco-albanaise.

Pendant six mois, seize divisions grecques insuffisamment armées immobilisèrent en Albanie vingt-sept divisions italiennes disposant d’un équipement bien supérieur au leur, jusqu’au moment de l’attaque des armées allemandes, le 6 avril 1941.

Devant l’avance des armées hitlériennes, le roi et son gouvernement quittent le pays ; le commandement de l’armée, composé d’officiers à sympathies fascistes, capitule le 24 avril 1941. Mais la résistance continue en Crète jusqu’en mai 1941. Un certain nombre d’officiers et de soldats grecs, ainsi que la flotte de guerre, ont réussi à quitter le pays et forment autour du gouvernement en exil les forces grecques de l’extérieur qui continuent la lutte et participent aux opérations alliées en Afrique (El-Alamein), puis en Italie.

L’importance de la contribution de la résistance grecque a été soulignée par Winston Churchill lui-même : les succès grecs en Albanie ont constitué la première victoire des Alliés, encouragé d’autres peuples hésitants, détruit le prestige de Mussolini et influencé l’attitude américaine. La résistance en Crète a causé la destruction des forces d’élites allemandes et la résistance serbe et grecque a contraint Hitler à ajourner l’attaque contre la Russie, délai qui s’est révélé vital pour celle-ci.

L’occupation est particulièrement cruelle pour la Grèce. Le pays est partagé entre les Allemands, les Italiens et les Bulgares. Toutes ses ressources sont à la disposition des occupants, tandis que sévit la famine. Pourtant, un puissant et massif mouvement de résistance s’organise très tôt.  

1958

Election du Cardinal Roncalli qui prend le nom de Jean XXIII. Comme j’en ai déjà parlé le 15 Mai (1961), le Juin (1959) et le 11 Octobre (1962), que les intéressés se réfèrent à ces Chroniques.

1961

L’Université d’ " Al Azhar " proclame la gratuité pour les élèves Arabes.

Grande épreuve pour la nationalisme arabe, l’éclatement de la R.A.U. constitue aussi la première défaite majeure pour Gamal Abdel Nasser, le président Egyptien, et pour son régime. Le 16 octobre 1961, le chef de l’État prononce un discours en forme d’autocritique dans lequel il met habilement l’accent sur l’affliction qu’il ressent. Il rappelle que les Syriens étaient à l’origine de l’Union, que lui-même se montrait alors très réservé, et dresse un bilan avantageux de l’œuvre commune effectuée en plus de trois ans. Il déclare ne pouvoir accepter la situation nouvelle que si le peuple syrien se prononce clairement en ce sens. " Nous avons surestimé notre puissance et nos possibilités en sous-estimant celles de la réaction ", annonce-t-il en conclusion.

Cette analyse entraîne l’Égypte dans la troisième étape de la révolution. Dans les jours suivants, la confiscation des biens de toute une série de personnes, cataloguées globalement comme millionnaires, est décidée. La presse du Caire publie à partir du 19 octobre la longue liste de leurs noms en mentionnant la valeur des actions et des titres qu’ils possédaient. On peut, à cette lecture, constater que cette mesure touche bon nombre de Libanais ou de Syriens installés depuis plusieurs générations déjà dans la vallée du Nil, ainsi que des Grecs, des Arméniens et des Juifs. Dans le même temps, huit cents personnalités du monde des affaires et de la politique sont arrêtées ainsi qu’une centaine d’officiers issus ou alliés des familles possédantes.

Des commissions spéciales sont chargées, le 4 décembre 1961, d’étudier les comptes des organismes généraux, sociétés anonymes, coopératives, entreprises privées, afin d’y découvrir les bénéfices illicites. Dix mille individus, qualifiés de voleurs, repris de justice, prostituées, trafiquants de tous ordres, sont envoyés dans des camps de rééducation spécialement ouverts à leur intention. Par ailleurs, un certain nombre de décisions sont prises en faveur des masses.

À l’occasion de la rentrée universitaire, le recteur d’al-Azhar déclare, le 28 octobre 1961, que l’enseignement sera désormais gratuit dans toutes les facultés. Les loyers des maisons d’habitation sont réduits le 2 novembre de près de 20 p. 100. Des repas populaires sont servis aux ouvriers de l’Organisme économique pour un prix dérisoire. La ration de sucre est portée à 750 grammes par personne. Un décret présidentiel fixe, le 1er décembre 1961, à 15 piastres le prix de la mesure de maïs (kaïla ) revenant à 34 piastres au gouvernement. Celui-ci décide en outre, en fonction du contexte politique, d’abandonner les 70 millions de livres d’impôts sur la récolte de coton, d’ailleurs fort compromise par l’incurie administrative : les insecticides n’ont pas été importés à temps ou se sont révélés inefficaces contre le ver du coton, qui s’attaque même aux fèves et aux oignons, base de la nourriture des fellahs.

Cette action contre les possédants, ces mesures en faveur des déshérités ne s’adressent pas seulement aux habitants de l’Égypte. Par-delà ses concitoyens, le chef de l’État vise en fait les masses arabes qu’il invite à se dresser contre la " réaction " et l’" impérialisme " alliés pour favoriser l’éclatement de la R.A.U. Un nouveau poste de radio, la Voix de la nation arabe, appelle les masses des pays voisins à lutter contre leurs dirigeants.

1962

Le Général de Gaulle décide d’un référendum pour modifier la Constitution.

Le 22 août 1962, le général de Gaulle échappe, sur la route du Petit-Clamart, à un attentat organisé par un ingénieur militaire, sympathisant de l’O.A.S. L’émotion causée par cet événement va être un des éléments de la stratégie qu’il met en œuvre pour gagner de vitesse l’opposition. Après avoir fait en Allemagne un voyage qui démontre le prestige dont il jouit hors de France, il annonce, le 16 septembre, qu’il va demander au peuple français de modifier par référendum la Constitution, afin qu’à l’avenir le président de la République soit élu au suffrage universel, et non plus par les Chambres.

Tous les anciens partis se prononcent contre ce projet, mais, en accord avec les ministres indépendants, certains députés modérés se séparent à cette occasion du C.N.I. Une controverse juridique s’engage : l’article 11 de la Constitution permet-il de soumettre au référendum un projet de loi qui porte sans doute sur l’organisation des pouvoirs publics, mais qui est de nature constitutionnelle ? Au congrès radical de septembre, le président du Sénat se prononce avec véhémence pour la négative, et prononce le mot de " forfaiture ", mais il ne prend ensuite aucune initiative pour mettre en action la procédure de mise en jeu de la responsabilité pénale du Premier ministre ou du président de la République.

Le général de Gaulle rompra dès lors toutes relations personnelles avec son éventuel remplaçant intérimaire. Au début d’octobre, l’Assemblée nationale censure le gouvernement Pompidou ; au cours du débat, Paul Reynaud, désignant l’hémicycle du Palais-Bourbon, s’écrie : " La France, monsieur le Premier ministre, elle est ici ! ", formule qui résume exactement la doctrine traditionnelle de la République représentative. Le Premier ministre présente au général de Gaulle la démission du gouvernement, mais celui-ci surseoit à l’accepter et annonce la dissolution de l’Assemblée. Le référendum est fixé au 28 octobre, les élections aux 18 et 25 novembre.

Les anciens partis, C.N.I., M.R.P., Parti radical, S.F.I.O., constituent le " cartel des non ". Le P.C. s’oppose comme eux à de Gaulle. L’U.N.R. se prononce naturellement pour le " oui ", et fusionne avec la petite organisation des " gaullistes de gauche ", l’Union démocratique du travail (U.D.T.). Dirigés par Valéry Giscard d’Estaing, ministre des Finances depuis janvier, les modérés qui ne veulent pas passer à l’opposition vont s’organiser en fédération des républicains indépendants (R.I.).

L’opposition a peine à convaincre les électeurs qu’il n’est pas démocratique de leur confier le soin d’élire eux-mêmes le président de la République. L’aspect négatif du cartel des " non " inquiète l’opinion : on ne voit pas comment, s’ils l’emportaient, les partis qui le composent pourraient se mettre d’accord pour gouverner, et l’on craint un retour à l’impuissance parlementaire et à l’instabilité de la IVe République. Le prestige du général de Gaulle n’a pas été entamé par la sécession de l’Algérie. Aussi le référendum est-il un succès pour le président de la République : près de 13 millions de " oui " contre moins de 8 millions de " non ". Cependant, pour la première fois depuis 1958, quinze départements du Centre et du Midi, où la tradition de gauche est puissante, ont voté " non ".

Saisi par le président du Sénat, le Conseil constitutionnel décide qu’il n’a pas compétence pour apprécier la régularité de la procédure par laquelle a été adoptée une loi qui constitue l’expression de la volonté du peuple souverain.

1969

Les débuts de l’Ostpolitiek, en Allemagne. Willy Brandt devient chancelier.

À Bonn, la victoire du S.P.D. aux élections législatives et l’arrivée de Willy Brandt, le 28 octobre 1969, à la chancellerie relancèrent la possibilité de négociations bilatérales au niveau des gouvernements des deux Allemagnes, qui devaient aboutir à une coopération contractuelle. Dans sa déclaration d’investiture, le chancelier pressenti précisa devant le Bundestag que son gouvernement n’entendait pas reconnaître la R.D.A. en droit international mais que les liens entre les deux États existant en Allemagne étaient d’une nature particulière. D’où ses quatre propositions :

1. Aboutir aussi avec la R.D.A. à un accord de renonciation mutuelle au recours à la force.

2. Respecter le statut spécial de Berlin placé sous la responsabilité des quatre alliés, tout en donnant à Berlin-Ouest " la possibilité de contribuer à l’amélioration des relations politiques, économiques, culturelles entre les deux parties de l’Allemagne ".

3. Intensifier les échanges commerciaux interallemands, le ministère des Affaires panallemandes devenant celui des Relations interallemandes.

4. Ouvrir des discussions avec la Pologne sur la base " du respect et, le cas échéant, de la reconnaissance des frontières ".

Même si le nouveau chancelier maintenait le refus de reconnaître l’autre État sur le plan international, sa déclaration impliquait une reconnaissance de facto , c’est-à-dire l’abandon de la doctrine Hallstein, le traitement de la R.D.A. comme partenaire sur un pied d’égalité. Par ailleurs, la reconnaissance de Berlin-Ouest comme entité différente des deux États mit fin à la fiction du " douzième Land " de la R.F.A., inscrite dans la Constitution de 1949 mais suspendue par les Occidentaux. De même, l’éventualité d’une reconnaissance des frontières de l’Oder et de la Neisse mit fin au mythe adenauérien d’une récupération possible des anciens territoires de l’Est " provisoirement sous administration polonaise ". Cette mutation fondamentale de la politique ouest-allemande suscita plus d’enthousiasme à Moscou qu’à Berlin-Est, où le comité central du S.E.D. des 13 et 14 décembre 1969 récusa le " caractère spécial " des relations interallemandes, et suggéra l’élargissement des discussions techniques antérieures ainsi que la signature d’un traité fondé sur la reconnaissance en droit international.

Le 17 décembre, Walter Ulbricht proposa au président de la R.F.A. l’ouverture de négociations, en janvier 1970, sur cette base. Même s’il fut entrecoupé de polémiques et de retours en arrière, le processus engagé aboutit aux rencontres historiques entre Willy Stoph et Willy Brandt, le 19 mars 1970 à Erfurt (Thuringe, R.D.A.) et le 21 mai à Kassel (R.F.A.). Malgré cette reconnaissance de facto , les thèses en présence restaient inconciliables. Aussi les deux chefs de gouvernement décidèrent-ils de s’accorder un temps de réflexion, d’autant plus que la nouvelle Ostpolitik se heurtait aux réserves de l’U.R.S.S. qui entendait en être la première bénéficiaire.

L’accord signé le 12 août 1970 à Moscou par le chancelier Brandt, comportant l’engagement de respecter " sans restriction l’intégrité de tous les États en Europe dans leurs frontières actuelles " et à les considérer comme inviolables " y compris la ligne Oder-Neisse qui forme la frontière occidentale entre la république populaire de Pologne et la R.D.A. ", ouvrit la voie aux alliés polonais et est-allemands pour régler leurs rapports avec la R.F.A. – la Tchécoslovaquie étant provisoirement " empêchée par sa normalisation intérieure ". Avec la Pologne, la situation fut apurée par la signature d’un traité, le 18 novembre 1970, consacrant la reconnaissance de la ligne Oder-Neisse. Les négociations devaient s’avérer plus complexes avec la R.D.A.

Bien à vous,

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 11/11/98, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !