Mois d'Octobre / sommaire des chroniques / sommaire de Camilist
Chroniques du 28 Octobre.Sommaire
Comme jen ai déjà parlé à plusieurs reprises, je préfère que les intéressés se réfèrent aux Chroniques du 21 Octobre, du 12 juin,
1533 La Dame de Beauté épouse Henri II, Diane de Poitiers entre dans la légende.Symbole de la féminité dune époque et célèbre pour sa beauté, Diane est aussi lun des très grands noms de la politique française du milieu du XVIe siècle. Née en 1499, à Poitiers, fille de Jean de Poitiers, comte de Saint-Vallier, mariée dès quinze ans à Louis de Brézé, grand sénéchal de Normandie, elle est dabord dame dhonneur de la reine. Lors de la trahison du connétable de Bourbon en 1523, elle obtient de François Ier la vie sauve de son père, compromis dans laffaire. Victor Hugo a popularisé lépisode dans " Le roi samuse ".
À la mort de son époux en 1533, elle fut dame d'honneur à la cour de France. Vers 1536, elle devint la maîtresse du dauphin Henri, de dix-neuf ans son cadet. Elle fut à la cour la rivale de la duchesse d'Étampes, maîtresse de François Ier.
En 1548, un an après son couronnement, Henri II la fit duchesse de Valentinois. Favorite du roi durant toute la durée de son règne, elle s'imposa aux dépens de la reine Catherine de Médicis et s'entoura d'une cour brillante. Elle poussa le roi à une dure répression des protestants.
Le château d'Anet (près de Paris), réalisé par Philibert Delorme, fut construit pour elle. Diane de Poitiers comptait parmi ses amis artistes Jean Goujon, qui réalisa en son honneur la statue de Diane, aujourd'hui au Louvre. À la mort d'Henri II, en 1559, Catherine la renvoya de la cour, et elle se retira à Anet. Elle fut obligée de rendre les bijoux de la couronne que lui avait donnés le roi, et d'échanger le château de Chenonceaux (également offert par le roi) contre celui de Chaumont. Elle mourut à Anet le 22 avril 1566.
Que na-t-on pas dit sur la beauté de Diane, qui la fait paraître "vingt ans plus jeune quelle nest" ? Les dames de Brantôme ont essayé dimiter ses recettes de fard, son bain froid matinal, sa chevauchée quotidienne de deux ou trois heures (nue sur son cheval selon certains). Elle fut, en tout cas, un grand mécène, protectrice de Philibert Delorme, constructeur du château dAnet (1547-1552), dont il ne reste, hélas, que le portail dentrée marqué de leffigie mythologique de la maîtresse des lieux et ladmirable chapelle. Les lettres de Diane, éditées en 1866, ne manquent pas dintérêt historique. Reste son iconographie, dont il faut tenter de distinguer la typologie.
On saccorde à reconnaître le portrait réel de Diane dans la toile anonyme de Versailles, en coiffe de veuve, la statue orante du tombeau de la cathédrale de Rouen, le Clouet du musée de Chantilly, un dessin du Louvre et, peut-être, dans la chasseresse étendue du Louvre. Elle a été, en outre, linspiratrice, ou plutôt lune des inspiratrices, du stéréotype français de la femme. Dans lart de cour somptueux et raffiné de lépoque maniériste, les grandes dames chères à Brantôme ont volontiers servi de modèle.
les traits de Diane se mêlent à bien dautres portraits (cérémonie de cour du bain-spectacle ou portrait typé en Poppée). Et, en outre, le poncif mythologique des Bains de Diane , dont celui de Rouen, où lon se plaît à reconnaître les traits de Diane, ou de lancienne collection Le Métayer (Paris). Dans ces tableaux apparaît léclat froid et magnétique de ses magnifiques yeux bleus, et son corps parfait est interprété selon le style net et précis des grands maniéristes italiens, instructeurs des anonymes français. Peu de femmes ont, dans lhistoire, tant marqué leur époque, au point de créer un mythe auquel ses contemporains et plus tard les historiens nont pas été insensibles.
1940 Entrée en guerre de la Grèce qui vit sous la dictature fasciste depuis 1936, contre lItalie fasciste de Bénito Mussolini.Lentrée de la Grèce dans la guerre peut apparaître comme un paradoxe : un gouvernement profasciste (la Grèce vit sous la dictature depuis août 1936) rejette lultimatum du 28 octobre 1940 par lequel lItalie demande le libre passage de ses troupes, et la Grèce se range aux côtés de la Grande-Bretagne au moment où Hitler occupe la plus grande partie de lEurope.
Mais si, pour le gouvernement grec, un tel acte sexplique par la conjoncture politique en Méditerranée orientale où la Grande-Bretagne était encore puissante, en particulier par le rôle prépondérant quelle jouait en Grèce, pour le peuple grec la résistance contre lagression de lItalie fasciste prit un caractère à la fois national et antifasciste, permettant à larmée grecque non seulement de faire face à lagression, mais de passer bientôt à la contre-attaque. À la fin de 1940, les armées italiennes se trouvaient repoussées à soixante kilomètres au-delà de la frontière gréco-albanaise.
Pendant six mois, seize divisions grecques insuffisamment armées immobilisèrent en Albanie vingt-sept divisions italiennes disposant dun équipement bien supérieur au leur, jusquau moment de lattaque des armées allemandes, le 6 avril 1941.
Devant lavance des armées hitlériennes, le roi et son gouvernement quittent le pays ; le commandement de larmée, composé dofficiers à sympathies fascistes, capitule le 24 avril 1941. Mais la résistance continue en Crète jusquen mai 1941. Un certain nombre dofficiers et de soldats grecs, ainsi que la flotte de guerre, ont réussi à quitter le pays et forment autour du gouvernement en exil les forces grecques de lextérieur qui continuent la lutte et participent aux opérations alliées en Afrique (El-Alamein), puis en Italie.
Limportance de la contribution de la résistance grecque a été soulignée par Winston Churchill lui-même : les succès grecs en Albanie ont constitué la première victoire des Alliés, encouragé dautres peuples hésitants, détruit le prestige de Mussolini et influencé lattitude américaine. La résistance en Crète a causé la destruction des forces délites allemandes et la résistance serbe et grecque a contraint Hitler à ajourner lattaque contre la Russie, délai qui sest révélé vital pour celle-ci.
Loccupation est particulièrement cruelle pour la Grèce. Le pays est partagé entre les Allemands, les Italiens et les Bulgares. Toutes ses ressources sont à la disposition des occupants, tandis que sévit la famine. Pourtant, un puissant et massif mouvement de résistance sorganise très tôt.
1958 Election du Cardinal Roncalli qui prend le nom de Jean XXIII. Comme jen ai déjà parlé le 15 Mai (1961), le Juin (1959) et le 11 Octobre (1962), que les intéressés se réfèrent à ces Chroniques. 1961 LUniversité d " Al Azhar " proclame la gratuité pour les élèves Arabes.Grande épreuve pour la nationalisme arabe, léclatement de la R.A.U. constitue aussi la première défaite majeure pour Gamal Abdel Nasser, le président Egyptien, et pour son régime. Le 16 octobre 1961, le chef de lÉtat prononce un discours en forme dautocritique dans lequel il met habilement laccent sur laffliction quil ressent. Il rappelle que les Syriens étaient à lorigine de lUnion, que lui-même se montrait alors très réservé, et dresse un bilan avantageux de luvre commune effectuée en plus de trois ans. Il déclare ne pouvoir accepter la situation nouvelle que si le peuple syrien se prononce clairement en ce sens. " Nous avons surestimé notre puissance et nos possibilités en sous-estimant celles de la réaction ", annonce-t-il en conclusion.
Cette analyse entraîne lÉgypte dans la troisième étape de la révolution. Dans les jours suivants, la confiscation des biens de toute une série de personnes, cataloguées globalement comme millionnaires, est décidée. La presse du Caire publie à partir du 19 octobre la longue liste de leurs noms en mentionnant la valeur des actions et des titres quils possédaient. On peut, à cette lecture, constater que cette mesure touche bon nombre de Libanais ou de Syriens installés depuis plusieurs générations déjà dans la vallée du Nil, ainsi que des Grecs, des Arméniens et des Juifs. Dans le même temps, huit cents personnalités du monde des affaires et de la politique sont arrêtées ainsi quune centaine dofficiers issus ou alliés des familles possédantes.
Des commissions spéciales sont chargées, le 4 décembre 1961, détudier les comptes des organismes généraux, sociétés anonymes, coopératives, entreprises privées, afin dy découvrir les bénéfices illicites. Dix mille individus, qualifiés de voleurs, repris de justice, prostituées, trafiquants de tous ordres, sont envoyés dans des camps de rééducation spécialement ouverts à leur intention. Par ailleurs, un certain nombre de décisions sont prises en faveur des masses.
À loccasion de la rentrée universitaire, le recteur dal-Azhar déclare, le 28 octobre 1961, que lenseignement sera désormais gratuit dans toutes les facultés. Les loyers des maisons dhabitation sont réduits le 2 novembre de près de 20 p. 100. Des repas populaires sont servis aux ouvriers de lOrganisme économique pour un prix dérisoire. La ration de sucre est portée à 750 grammes par personne. Un décret présidentiel fixe, le 1er décembre 1961, à 15 piastres le prix de la mesure de maïs (kaïla ) revenant à 34 piastres au gouvernement. Celui-ci décide en outre, en fonction du contexte politique, dabandonner les 70 millions de livres dimpôts sur la récolte de coton, dailleurs fort compromise par lincurie administrative : les insecticides nont pas été importés à temps ou se sont révélés inefficaces contre le ver du coton, qui sattaque même aux fèves et aux oignons, base de la nourriture des fellahs.
Cette action contre les possédants, ces mesures en faveur des déshérités ne sadressent pas seulement aux habitants de lÉgypte. Par-delà ses concitoyens, le chef de lÉtat vise en fait les masses arabes quil invite à se dresser contre la " réaction " et l" impérialisme " alliés pour favoriser léclatement de la R.A.U. Un nouveau poste de radio, la Voix de la nation arabe, appelle les masses des pays voisins à lutter contre leurs dirigeants.
1962 Le Général de Gaulle décide dun référendum pour modifier la Constitution.Le 22 août 1962, le général de Gaulle échappe, sur la route du Petit-Clamart, à un attentat organisé par un ingénieur militaire, sympathisant de lO.A.S. Lémotion causée par cet événement va être un des éléments de la stratégie quil met en uvre pour gagner de vitesse lopposition. Après avoir fait en Allemagne un voyage qui démontre le prestige dont il jouit hors de France, il annonce, le 16 septembre, quil va demander au peuple français de modifier par référendum la Constitution, afin quà lavenir le président de la République soit élu au suffrage universel, et non plus par les Chambres.
Tous les anciens partis se prononcent contre ce projet, mais, en accord avec les ministres indépendants, certains députés modérés se séparent à cette occasion du C.N.I. Une controverse juridique sengage : larticle 11 de la Constitution permet-il de soumettre au référendum un projet de loi qui porte sans doute sur lorganisation des pouvoirs publics, mais qui est de nature constitutionnelle ? Au congrès radical de septembre, le président du Sénat se prononce avec véhémence pour la négative, et prononce le mot de " forfaiture ", mais il ne prend ensuite aucune initiative pour mettre en action la procédure de mise en jeu de la responsabilité pénale du Premier ministre ou du président de la République.
Le général de Gaulle rompra dès lors toutes relations personnelles avec son éventuel remplaçant intérimaire. Au début doctobre, lAssemblée nationale censure le gouvernement Pompidou ; au cours du débat, Paul Reynaud, désignant lhémicycle du Palais-Bourbon, sécrie : " La France, monsieur le Premier ministre, elle est ici ! ", formule qui résume exactement la doctrine traditionnelle de la République représentative. Le Premier ministre présente au général de Gaulle la démission du gouvernement, mais celui-ci surseoit à laccepter et annonce la dissolution de lAssemblée. Le référendum est fixé au 28 octobre, les élections aux 18 et 25 novembre.
Les anciens partis, C.N.I., M.R.P., Parti radical, S.F.I.O., constituent le " cartel des non ". Le P.C. soppose comme eux à de Gaulle. LU.N.R. se prononce naturellement pour le " oui ", et fusionne avec la petite organisation des " gaullistes de gauche ", lUnion démocratique du travail (U.D.T.). Dirigés par Valéry Giscard dEstaing, ministre des Finances depuis janvier, les modérés qui ne veulent pas passer à lopposition vont sorganiser en fédération des républicains indépendants (R.I.).
Lopposition a peine à convaincre les électeurs quil nest pas démocratique de leur confier le soin délire eux-mêmes le président de la République. Laspect négatif du cartel des " non " inquiète lopinion : on ne voit pas comment, sils lemportaient, les partis qui le composent pourraient se mettre daccord pour gouverner, et lon craint un retour à limpuissance parlementaire et à linstabilité de la IVe République. Le prestige du général de Gaulle na pas été entamé par la sécession de lAlgérie. Aussi le référendum est-il un succès pour le président de la République : près de 13 millions de " oui " contre moins de 8 millions de " non ". Cependant, pour la première fois depuis 1958, quinze départements du Centre et du Midi, où la tradition de gauche est puissante, ont voté " non ".
Saisi par le président du Sénat, le Conseil constitutionnel décide quil na pas compétence pour apprécier la régularité de la procédure par laquelle a été adoptée une loi qui constitue lexpression de la volonté du peuple souverain.
1969 Les débuts de lOstpolitiek, en Allemagne. Willy Brandt devient chancelier.À Bonn, la victoire du S.P.D. aux élections législatives et larrivée de Willy Brandt, le 28 octobre 1969, à la chancellerie relancèrent la possibilité de négociations bilatérales au niveau des gouvernements des deux Allemagnes, qui devaient aboutir à une coopération contractuelle. Dans sa déclaration dinvestiture, le chancelier pressenti précisa devant le Bundestag que son gouvernement nentendait pas reconnaître la R.D.A. en droit international mais que les liens entre les deux États existant en Allemagne étaient dune nature particulière. Doù ses quatre propositions :
1. Aboutir aussi avec la R.D.A. à un accord de renonciation mutuelle au recours à la force.
2. Respecter le statut spécial de Berlin placé sous la responsabilité des quatre alliés, tout en donnant à Berlin-Ouest " la possibilité de contribuer à lamélioration des relations politiques, économiques, culturelles entre les deux parties de lAllemagne ".
3. Intensifier les échanges commerciaux interallemands, le ministère des Affaires panallemandes devenant celui des Relations interallemandes.
4. Ouvrir des discussions avec la Pologne sur la base " du respect et, le cas échéant, de la reconnaissance des frontières ".
Même si le nouveau chancelier maintenait le refus de reconnaître lautre État sur le plan international, sa déclaration impliquait une reconnaissance de facto , cest-à-dire labandon de la doctrine Hallstein, le traitement de la R.D.A. comme partenaire sur un pied dégalité. Par ailleurs, la reconnaissance de Berlin-Ouest comme entité différente des deux États mit fin à la fiction du " douzième Land " de la R.F.A., inscrite dans la Constitution de 1949 mais suspendue par les Occidentaux. De même, léventualité dune reconnaissance des frontières de lOder et de la Neisse mit fin au mythe adenauérien dune récupération possible des anciens territoires de lEst " provisoirement sous administration polonaise ". Cette mutation fondamentale de la politique ouest-allemande suscita plus denthousiasme à Moscou quà Berlin-Est, où le comité central du S.E.D. des 13 et 14 décembre 1969 récusa le " caractère spécial " des relations interallemandes, et suggéra lélargissement des discussions techniques antérieures ainsi que la signature dun traité fondé sur la reconnaissance en droit international.
Le 17 décembre, Walter Ulbricht proposa au président de la R.F.A. louverture de négociations, en janvier 1970, sur cette base. Même sil fut entrecoupé de polémiques et de retours en arrière, le processus engagé aboutit aux rencontres historiques entre Willy Stoph et Willy Brandt, le 19 mars 1970 à Erfurt (Thuringe, R.D.A.) et le 21 mai à Kassel (R.F.A.). Malgré cette reconnaissance de facto , les thèses en présence restaient inconciliables. Aussi les deux chefs de gouvernement décidèrent-ils de saccorder un temps de réflexion, dautant plus que la nouvelle Ostpolitik se heurtait aux réserves de lU.R.S.S. qui entendait en être la première bénéficiaire.
Laccord signé le 12 août 1970 à Moscou par le chancelier Brandt, comportant lengagement de respecter " sans restriction lintégrité de tous les États en Europe dans leurs frontières actuelles " et à les considérer comme inviolables " y compris la ligne Oder-Neisse qui forme la frontière occidentale entre la république populaire de Pologne et la R.D.A. ", ouvrit la voie aux alliés polonais et est-allemands pour régler leurs rapports avec la R.F.A. la Tchécoslovaquie étant provisoirement " empêchée par sa normalisation intérieure ". Avec la Pologne, la situation fut apurée par la signature dun traité, le 18 novembre 1970, consacrant la reconnaissance de la ligne Oder-Neisse. Les négociations devaient savérer plus complexes avec la R.D.A.
Bien à vous,
Cam.Mois d'Octobre / sommaire des chroniques / sommaire de Camilist
Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 11/11/98,
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