Mois d'Octobre / sommaire des chroniques / sommaire de Camilist

Chroniques du 29 Octobre.

Sommaire

1783

Mort du philosophe rationaliste et encyclopédiste Français, Jean Le Rond d’Alembert.

Ce physicien et mathématicien est le principal auteur et animateur, avec Denis Diderot, de l'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers (1751-1772).

Né en 1717, fils illégitime de l'écrivain français Claudine Guérin de Tencin, qui laissa son nouveau-né sur les marches de la chapelle Saint-Jean-Le Rond de Paris, dont il reçut le nom, il fit ses études au collège Mazarin, où il excella en mathématiques, physique et astronomie. À l'âge de vingt-deux ans, il écrivit son premier livre publié, Mémoire sur le calcul intégral (1739).

Son œuvre scientifique la plus importante, qui inaugura une nouvelle ère de la mécanique, est son " Traité de dynamique " (1743), fondé sur la théorie connue aujourd'hui sous le nom de principe de d'Alembert, que l'auteur découvrit à l'âge de vingt-six ans. En vertu de ce principe, les forces d'inertie internes d'un système isolé sont égales et opposées aux forces responsables de l'accélération du système. Ses Réflexions sur la cause générale des vents (1746) contiennent la première théorie sur la résolution des équations différentielles aux dérivées partielles. En 1749, il proposa la première solution analytique de la précession des équinoxes. En 1750, il s'associa à Denis Diderot pour éditer l'Encyclopédie, dont il rédigea le Discours préliminaire s'inspirant de la philosophie empiriste de John Locke. Bien qu'il se soit retiré de la rédaction en 1758 en raison de l'ingérence du gouvernement dans la publication de l'ouvrage, d'Alembert continua par la suite à fournir des articles sur la science et la philosophie. Son article sur Genève incita Rousseau à écrire sa célèbre Lettre à d'Alembert sur les spectacles (1758).

1888

Internationalisation du Canal de Suez.

La Compagnie universelle de Suez, chargée principalement de construire et d’exploiter le canal, était une entreprise internationale, au capital de 200 millions de francs, dont les actions furent offertes dans tous les grands pays. Les Français furent les seuls à montrer de l’intérêt pour l’affaire, en souscrivant plus de la moitié du capital. Le vice-roi d’Égypte prit à sa charge les actions non levées, soit 21 p. 100 du capital. La part égyptienne fut rachetée en 1875 par l’Angleterre, qui se trouva posséder près de la moitié des actions.

Le caractère international du canal était ainsi financièrement établi ; il le fut politiquement par une série d’accords ayant pour objet sa neutralité et la sécurité de sa navigation. Signée après l’occupation de l’Égypte par les Britanniques, la convention de Constantinople, du 29 octobre 1888, fut la plus importante, stipulant que le canal serait " libre et ouvert, en temps de guerre comme en temps de paix, à tout navire de commerce ou de guerre, sans distinction de pavillon [...] qu’il ne serait jamais assujetti à l’exercice du droit de blocus [...] qu’aucun acte ayant pour but d’entraver la libre navigation ne pourrait être exercé dans le canal et ses ports d’accès ".

1918

Naissance des Jeunesses Communistes.

Abréviation de Vsesoyouznyï leninski kommounistitcheski soyouz molodeji  (Union communiste léniniste pan-soviétique de la jeunesse), le Komsomol fut, après les syndicats, la plus importante organisation de masse soviétique. Organisation de jeunesse dépendante du Parti communiste de l’Union soviétique, le Komsomol était implanté, grâce à ses 400000 organisations de base, dans les écoles, les facultés, les entreprises industrielles et agricoles. Composé de cellules, doté d’un comité central placé sous le contrôle direct du comité central du Parti communiste de l’Union soviétique (P.C.U.S.), il regroupait l’immense majorité des jeunes Soviétiques âgés de quatorze à vingt-huit ans, soit près de 40 millions de membres à son apogée, au début des années 1980. Il prolongeait l’organisation des Pionniers destinée aux jeunes de neuf à quatorze ans.

Le Komsomol a été créé au cours du Ier congrès des unions de la jeunesse paysanne et ouvrière de Russie le 29 octobre 1918. Dès août 1917, le VIe congrès du parti bolchevique avait décidé de la création d’organisations de jeunesse dépendant directement du parti. Considéré comme la réserve du parti, comme son antichambre et avant tout comme une école politique, le Komsomol — qui compte 22000 membres en 1918 — mobilise ses membres lors de la guerre civile. Malgré la saignée occasionnée par l’engagement de nombreux jeunes dans l’Armée rouge, l’Union de la jeunesse communiste voit ses rangs grossir au fil des années (400000 membres en 1920, 1,5 million en 1925, 4 millions en 1934, 9 millions en 1939).

La fin de la guerre civile voit le Komsomol intervenir sur le " front de la production ", sur celui de la collectivisation agraire, et inciter les paysans à former des kolkhozes. L’Union de la jeunesse communiste, qui s’est vu ajouter à son intitulé le nom de Lénine après sa mort (1924), participe désormais à tous les aspects de la vie soviétique.

Tout au long des années 1920, le Komsomol n’échappe pas à la lutte politique qui se développe au sein du Parti communiste. De nombreux komsomols sont exclus de leur organisation pour avoir soutenu l’opposition de gauche (Trotski), de même qu’à Leningrad — fief de Zinoviev — une vaste épuration chasse les responsables coupables de s’être opposés à Staline. La période stalinienne voit l’achèvement du processus qui fait du Komsomol une courroie de transmission dépourvue de toute autonomie. Des milliers de ses membres disparaissent au cours des purges des années 1930. À partir de 1931, ses congrès s’espacent de plus en plus, aucun n’étant tenu entre 1936 et 1949.

Ne disposant d’aucune autonomie politique, le Komsomol s’est rapidement transformé en une vaste organisation de loisirs chargée de gérer des milliers de " maisons de pionniers " (maisons de jeunes), de camps de vacances, d’organisations de voyages, de maisons d’éditions (Molodaïa gvardia dépendant directement du comité central du Komsomol, Molod en Ukraine et Ech gvardia en Ouzbékistan). Ses entreprises de presse sont parmi les plus importantes en Union soviétique : Komsomolskaïa pravda , son quotidien central, tire à plus de 15 millions d’exemplaires ; au début des années 1980.

Malgré ces énormes moyens, la direction et les militants du Komsomol n’échappent pas à la critique régulière du Parti communiste. Il leur est reproché de ne pas être assez vigilants sur le plan idéologique, de ne pas combattre — dans les républiques non russes — le nationalisme avec assez d’énergie, de laisser s’installer une routine qui permet à de nombreux jeunes de considérer leur appartenance à l’organisation comme formelle.

De fait, le Komsomol s’est, au fil des années, montré beaucoup moins exigeant vis-à-vis de ses membres. La dernière mobilisation d’ordre national remonte aux années 1950 (défrichage des terres vierges). Les jeunes ne sont plus sollicités que par des objectifs plus limités tels les " chantiers de la jeunesse ". La pression sociale est beaucoup moins forte, permettant à beaucoup de se réfugier dans une passivité combattue tant bien que mal par les autorités. Le Komsomol a disparu en 1991.

1929

Le krach de Wall Street.

La prospérité des E.U. pdt les années 20, semblait durable ; mais elle prend fin brusquement entre les 4 et 29 octobre 1929, par une chute spectaculaire des cours en bourse à Wall Street. Quelques craquements s’étaient déjà produits auparavant, mais personne n’en avait tenu compte. Des dizaines de millions de titres sont brusquement jetés sur le marché par des actionnaires affolés, la baisse nourrit la baisse, les banques se trouvent à court d’argent et sont obligées de fermer leurs guichets, les particuliers et les entreprises sont atteints par la dépréciation de leur capital. En dix jours, les cours moyens ont baissé de 50 p. 100 environ, et ne cessent de tomber.

Sans doute ce n’est pas le premier krach boursier, car les Américains sont des spéculateurs et ont déjà connu d’autres paniques financières, mais, fait nouveau, les indices économiques sont alarmants : les fermiers ont depuis plusieurs années des stocks invendables et souffrent de la chute des prix ; les entreprises, dont la trésorerie est gênée, licencient leurs ouvriers. Il y a 4 millions de chômeurs en 1930, 7 millions en 1931, 11 millions en 1932, soit plus du quart de la population active. La machine industrielle se grippe au point que la production tombe, en 1932, à moins de la moitié de son niveau de 1929. À l’optimisme a succédé la torpeur, et bientôt c’est le désespoir des millions de sans-travail, parmi lesquels de nombreux " cols blancs ".

1965

Assassinat en plein cœur de Paris de Al Mahdi Ben Barka, leader politique Marocain, rival du général Oufkir qui a tout à gagner de sa disparition !

Né en 1920, issu du petit peuple de la médina de Rabat, Al-Mahdi ben Barka, servi par d’exceptionnelles qualités intellectuelles et par une opiniâtreté exemplaire, prépare l’agrégation de mathématiques lorsque l’action politique le requiert et l’accapare. Il s’impose vite par l’étendue de ses connaissances, sa capacité d’analyse et son pouvoir d’entraînement. Dès sa jeunesse, il a été celui qui explique et le pédagogue percera toujours sous l’homme politique.

Au sein du parti de l’Istiqlal dont il signera le manifeste en janvier 1944, il ne tarde pas à occuper une place de premier plan dans la lutte pour l’indépendance nationale et la monarchie constitutionnelle. Avec Ben Barka, porte-parole du peuple des médinas et des campagnes dont il connaît la maturité, une nouvelle classe sociale fait son apparition sur la scène politique marocaine.

En 1954, en effet, après trois années de détention, Ben Barka constate l’heureux changement dans la lutte nationale, devenue non plus la seule affaire d’un état-major mais celle du peuple. Toutefois, l’indépendance du Maroc une fois acquise (1956), des divergences longtemps refoulées se font jour entre les tenants d’une conception aristocratique du parti et ceux qui, comme Ben Barka, ne le conçoivent que populaire. Il décline toute fonction gouvernementale, acceptant seulement un siège à l’Assemblée consultative qui lui paraît un relais possible pour une action en profondeur ; il en deviendra président.

Le conflit qui éclate au grand jour en août 1958 provoque la scission : le vieil Istiqlal d’‘Allal al-Fasi et le Néo-Istiqlal dont Ben Barka est un des dirigeants vont s’affronter pendant un an. Ce dernier donnera naissance, au mois de septembre 1959, à l’Union nationale des forces populaires (U.N.F.P.). Accusé de complot contre la personne du prince héritier, Ben Barka, en déplacement à Genève, renonce à rentrer à Rabat. Il s’emploie, du dehors, à la formation des cadres de l’U.N.F.P. et engage celle-ci dans les organismes du Tiers Monde.

Après la mort de Muhammad V, le roi Hasan II multiplie les appels à l’union et Ben Barka rentre au Maroc (mai 1962). Toujours soucieux de l’organisation du parti, il sillonne le pays. Le 15 novembre, entre Casablanca et Rabat, il est l’objet d’un attentat présenté officiellement comme un accident. Il décide alors de se faire soigner à l’étranger et s’exile pour la seconde fois. Au printemps de 1963, il est, bien qu’absent, élu député des Carrières centrales, circonscription du fameux bidonville de Casablanca. En octobre 1964, lors de la "guerre des frontières", il prend parti pour l’Algérie contre le Maroc et se voit condamné à mort par contumace.

Trois années s’écoulent, au cours desquelles Ben Barka accomplit, sous passeport diplomatique délivré par les autorités algériennes, ses missions "tricontinentales". Bouc émissaire à qui l’on imputait la responsabilité des désordres et des mécontentements, mais considéré néanmoins comme l’homme nécessaire à l’instauration d’un ordre politique fondé sur l’adhésion populaire, Ben Barka est à la fois indispensable et gênant. Il devait disparaître le 29 octobre 1965, en plein Paris, victime d’une conjuration préparée selon toute vraisemblance à l’instigation du général Oufkir, alors ministre marocain de l’Intérieur, et dans laquelle ont été impliqués un certain nombre de complices ou exécutants chérifiens et français. La condamnation (par contumace) du général Oufkir à la réclusion criminelle à perpétuité (juin 1967) affecta un moment les rapports entre la France et le Maroc. Le roi Hasan II devait, pour sa part, le déplorer, après s’être déclaré "outré et révolté" par la disparition de Ben Barka.

Cam.

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Dernière modification le 11/11/98, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !