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Chroniques du 3 Novembre.Sommaire.
Né en Illyrie (Yougoslavie), en 317, Constance a été proclamé César en 323. En 332, à quinze ans, il est nommé gouverneur des Gaules et prend le titre de Gothicus Maximus ; enfin en 335, deux ans avant la mort de son père Constantin le Grand, il reçoit en partage le gouvernement des diocèses dAsie et dOrient. Il préside les funérailles de son père à Constantinople. Il fait ensuite assassiner le beau-frère puis le frère de Constantin et enfin ses cousins, les deux Césars Delmatius et Hannibalianus. Il ajoute alors aux diocèses quil gouverne ceux du Pont et de la Thrace, et le Sénat le proclame auguste en même temps que ses deux frères Constant Ier et Constantin II. Des trois, Constance II est sans doute le plus ambitieux
Les débuts de son règne sont occupés par la défense des frontières de lOrient menacées par les Sassanides (dynastie Perse) du roi des rois, Sapor, qui assiègent Nisibe. Constance II réussit à dégager la ville en 338 et, la même année, il défait en Arménie les partisans des Perses qui perdent également lalliance des Arabes de Syrie, avec lesquels Constance II négocie un traité de paix. Les hostilités reprennent entre 348 et 350, mais sans succès décisif ni dans un camp ni dans lautre.
En 350, la mort de son frère Constant Ier, qui sétait emparé dix ans auparavant des domaines sur lesquels Constantin II exerçait sa souveraineté, provoque une crise de régime et les usurpateurs, candidats à la couronne impériale, se multiplient. Constance II doit intervenir soit par la diplomatie auprès de Vetranion, un officier qui accepte de déposer la pourpre quil sétait octroyée, soit par la force contre Magnence qui sest fait proclamer empereur en Occident. Aussi Constance II est-il contraint de quitter ses provinces dOrient et de les confier à Gallus, fils dun frère de Constantin assassiné, auquel il confère en 351 le titre de César et auquel il donne en mariage sa sur Constantine.
Constance II se dirige vers la Pannonie, bouscule les armées de Magnence, puis les bat en Italie en 352 et en Gaule en 353. Magnence, abandonné, se suicide et Constance II, comme naguère son père Constantin le Grand, peut prétendre incarner lunité retrouvée de lEmpire romain. Mais sa tâche nest pas achevée. Il doit encore contenir à lest de la Gaule les Alamans et les Francs en 354. La même année, il fait arrêter Gallus qui a pris le pouvoir en Orient. Gallus est décapité. Pourtant, devant limmensité de sa charge, Constance II, en 355, se résout à prendre à ses côtés Julien, demi-frère de Gallus.
Celui-ci, âgé de vingt-quatre ans, est proclamé César en présence des légions à Milan et il épouse Hélène, la plus jeune sur de Constance II. Julien part pour son gouvernement des Gaules et défend avec succès les frontières de cette province. Puis il sinstalle à Lutèce en 358 et renforce son armée sur la frontière rhénane. Constance II, jaloux et méfiant, rappelle en Orient Julien que ses légions, en signe de protestation, proclament Auguste. Des négociations sont engagées et Julien part pour lOrient avec son armée, non sans avoir sacrifié à Bellone et avoir fait acte de paganisme.
La lutte semble inévitable, lorsque Constance II meurt des suites dune fièvre en Cilicie, au pied du mont Taurus, le 3 novembre 361 ; larmée se rallie alors à lempereur Julien. Le règne de Constance II a été marqué par des événements importants dans le domaine politique, mais bien plus encore dans le domaine religieux. Constance II, adepte du christianisme, persécuteur des païens qui nont plus le droit de célébrer leur culte sous peine de mort, se trouve au centre de la querelle entre les chrétiens de stricte orthodoxie, partisans du concile de Nicée de 325, et les Ariens nombreux en Orient.
Constance II soutient la cause de ces derniers, expulse même lévêque Athanase dAlexandrie, en 356 ; il convoque plusieurs conciles, dont lun à Rimini en 359 et un autre à Constantinople en 360. Ces querelles religieuses divisent lempire entre lOrient et lOccident et provoquent à la mort de Constance II une inévitable réaction du paganisme dont lempereur Julien (dailleurs surnommé lApostat) sera le zélateur.
644 Assassinat dOmar 1er (ou Umar 1er ), deuxième successeur de Mahomet.Omar Ier (ou Umar Abu Hafsa Ibn Al-Khattab), né en 581, devint le second calife en 634. Abu Bakr avait désigné Omar comme son successeur sur son lit de mort et tous les membres importants de la communauté islamique l'acceptèrent immédiatement. C'est sous sa direction qu'eut lieu la première grande expansion de l'islam en dehors des frontières de l'Arabie. L'Égypte, la Syrie, l'Irak et le nord de la Mésopotamie devinrent des territoires islamiques et les armées de l'Empire perse furent mises en déroute plusieurs fois. Omar ajouta le titre d'amir al-muminin (en arabe, "commandeur des croyants ") à celui de calife.
Deuxième successeur du Prophète à la tête de la communauté islamique, Umar Ier joue un rôle décisif dans lexpansion de lislam et dans lorganisation de lÉtat musulman. Dabord fermement opposé à la prédication de Muhammad, il change bientôt dattitude et se fait lun des plus fervents adeptes de lislam, les mots du Coran comme la teneur de cette nouvelle religion étant à lorigine de sa conversion. Du vivant du Prophète, sans occuper le premier rang, il joue un rôle déminence grise dans les domaines politique et diplomatique.
À la mort de (Mahomet) Muhammad en 632, il favorise lélection dAbu Bakr au califat, prise de position qui lui sera toujours reprochée par la tradition shiite pour laquelle le califat eût dû revenir, de droit, à Ali. Deux ans plus tard, Abu Bakr le désigne, avant de mourir, comme son successeur ; au cours des dix années que dure son califat, lIslam remporte une victoire définitive sur les empires voisins. Énergie et sagesse politique caractérisent le nouveau calife qui sentoure de brillants généraux mais maintient son autorité en jouant sur les rivalités qui sélèvent entre ces " hommes nouveaux " et les anciens compagnons du Prophète. Dès 636, la victoire du Yarmuk met fin à la domination byzantine en Syro-Palestine, puis, en 637 et 640, les victoires de Qadisiya et de Nihavend provoquent lécroulement de lempire sassanide, tandis que commence la conquête de lÉgypte dont la capitale, Alexandrie, tombe en 642.
Lactivité du calife ne se limite pas aux campagnes ; elle sétend aussi à lensemble de lorganisation politique et sociale de lÉtat avec la mise en place dune armée structurée, dune administration et dune magistrature, avec linstitution de ce que lon appellerait aujourdhui une politique daménagement du territoire création de villes nouvelles comme Basra, Kufa, Fustat ou encore avec linstitution dun statut des populations non musulmanes. Cest aussi à son califat que lon doit une codification du pèlerinage, le choix de lhégire comme origine du nouveau calendrier et lusage, parallèlement à celui de calife, du titre de commandeur des croyants (amir al-muminin).
Ce " destin exemplaire " sachève le 3 novembre 644 : Umar est assassiné dans la mosquée de Médine par Abu Lulua, affranchi du gouverneur de Basra. Si les circonstances exactes du meurtre et les motivations profondes du meurtrier restent obscures, il est certain que le calife mourut sans désigner son successeur. La nomination de celui-ci provoque au sein de la communauté des dissensions entre les deux forces qui vont dominer la scène politique pendant tout le siècle suivant : les Umayyades apparentés à Uthman, désigné troisième calife, et les partisans de Ali, convaincus du bon droit du cousin et gendre du Prophète et qui voient, une fois de plus, leurs espoirs déçus.
Cest cette division politique et familiale qui donnera dailleurs naissance au schisme religieux entre sunnites et shiites. Les partisans dAli, de la famille du prophète, écartés du pouvoir, veulent afficher leur orthodoxie religieuse en se montrant plus " catholique que le Pape ", plus " musulman " que les fidèles ! Ils pratiquent un intégrisme parfois fanatique, ce sont les shiites. Les sunnites sont en général plus tolérants.
743 Fête de Saint-Hubert.De très grande famille, probablement apparenté aux Pépinides (Pépin de Landen, de Herstal, le Bref,), Hubert était sans doute marié quand il fut élu évêque de Maastricht vers 705. Il travailla à extirper de son diocèse les restes didolâtrie. Le 24 décembre 717 (ou 718), il transféra de Maastricht à Liège les reliques de son prédécesseur immédiat, le martyr Lambert. Liège devint ainsi siège épiscopal et débute un développement qui en fera une des premières villes impériales et dOccident.
Hubert mourut à Tervueren, en 727, dans lune des " villas " (type Carolingien). Mais il fut ramené en grandes pompes et enseveli à Liège. On porta ses reliques devant lautel le 3 novembre 743, et cest à lanniversaire de cette cérémonie que fut fixée sa fête. En 825, on donna une partie de ses reliques au monastère dAndage dans les Ardennes, qui prit le nom de Saint-Hubert. Cest là que se développa la légende du saint, qui dévêque fut transformé en jeune seigneur chasseur. Dans ce monastère, on élevait une race de chiens qui prirent son nom, et on invoqua le saint contre la rage.
1975 Assassinat sur la plage dOstie, le port de Rome, du cinéaste italien, Pier Paolo Pasolini.Après quelques années de scénariste, Pasolini est passé derrière la caméra. Demblée, ses films provoquent une curiosité quil attise par le caractère provocant, parfois un peu brouillon, de ses déclarations : il commence en effet à tourner à lépoque où, le néo-réalisme étant mort, la critique cherche de nouveaux auteurs. Dans ses deux premiers films, " Accattone " et " Mamma Roma " , Pasolini porte à lécran les thèmes de ses romans. Leur alternance de dureté et de préciosité, leur passage constant, quoique heurté, du vérisme aux allusions esthétiques (celle par exemple au Christ mort de Mantegna à la fin de Mamma Roma ) retiennent moins lattention des premières critiques que la pénurie des moyens utilisés et laspect expérimental (son direct, plans-séquences et longs plans fixes çà et là) qui ont fait parler, à son propos, dun Godard italien.
À la différence de Godard, Pasolini ne cultive guère la dérision et aura tendance à séparer le cinéma ethnologique, descriptif, du reste de son uvre, comme en témoigne son film-enquête sur la sexualité de ses compatriotes, entreprise sérieuse, pleine de tendresse pour ceux quil interroge, et qui, aujourdhui encore fort intéressant comme document, nen marque pas moins une date dans luvre du cinéaste.
En 1963, la participation de Pasolini au film à sketches " Rogopag " provoque un premier scandale : il y met en scène le figurant minable dun peplum qui, chargé de jouer le Christ sur la croix, finit par mourir dune indigestion de fromage blanc (La Ricotta ). Mais la tempête se déchaîne quand Pasolini tourne en Italie du Sud son adaptation prolétarienne de " LÉvangile selon saint Matthieu " : accusé de blasphème et condamné à quatre mois de prison avec sursis pour " La Ricotta " , il se trouve à présent coincé entre lÉglise (fort réticente devant son Christ prophétique jusquà la colère et totalement " paysan ", mais défendu par les milieux catholiques progressistes) et les partis marxistes auxquels le cinéaste reproche de ne pas prendre la religion au sérieux. Par provocation, dailleurs, il va jusquà confier à sa propre mère le rôle de la Vierge. En outre, le film est un magma stylistique (auquel ne manque même pas, malgré les efforts de son auteur, la touche " Saint-Sulpice "). Il recevra néanmoins un prix spécial à Venise.
Libéré de lhypothèque réaliste, le cinéma de Pasolini trouve alors son expression théorique la plus cohérente quand, au festival de Pesaro (juill. 1965), Pasolini lance la distinction entre " cinéma de prose " et " cinéma de poésie " ; ce dernier, affirme-t-il (sous linfluence évidente de Cocteau, de Godard, mais aussi et surtout de Welles), a pour principal objet sa forme même, tant au niveau des symboles quil déleste de leurs attaches naturalistes, quà celui, plus important encore, de la plastique ; le sens révolutionnaire ne sera donné que par surcroît. Les films qui suivent, quil sagisse de paraboles dramatiques comme " Teorema " (Théorème ), de films dhorreur comme " Porcile " (Porcherie ) ou de créations savamment fantaisistes comme " Uccellacci e uccellini " (Méchants Oiseaux, petits oiseaux ), montrent tous un cinéaste en pleine possession de ses moyens, quil applique avec un même bonheur au traitement des mythes grecs : " dipe roi " , " Médée ".
Ayant reçu le prix de lOffice catholique international du cinéma pour Teorema (film qui, en dautres lieux, lui vaut de violentes attaques pour obscénité et " insultes à la religion "), Pasolini exploite au mieux sa position apparemment inconfortable, non toutefois sans commettre quelques erreurs qui décontenancent ses admirateurs. Cest ainsi que, en 1968, il prend la défense des policiers " fils de prolétaires " qui ont agressé les étudiants en révolte, tout en ironisant (et cest là le fond de son propos) sur le " retard " du Parti communiste italien sur ce sujet. Il se prononcera, de même, avec des arguments très faibles, dont il ne parvient pas à dissimuler le caractère sentimental, contre la liberté de lavortement.
Sa carrière cinématographique connaît vers la même époque un tournant ; mettant en scène ce quil appelle la " trilogie de la vie " (ou plus exactement de la joie de vivre), qui implique le retour à des sources littéraires, il prend une certaine distance par rapport au christianisme. Boccace, Chaucer et les contes arabes servent de support à ces films, où on trouve, en particulier dans le premier, dadmirables passages dans lesquels le style de Pasolini reste tout à fait perceptible. Mais le cinéaste annonce moins ici lévolution des mentalités et des murs quil ne laccompagne, même si son " Décaméron " est, paraît-il, le premier film de lhistoire où lon distingue (fugitivement) un sexe dhomme en érection.
Revenant au versant tragique de la sexualité, Pasolini annonce alors une entreprise audacieuse quoique très discutable intellectuellement : porter à lécran " Les Cent Vingt Journées de Sodome " de Sade, en les transposant dans le contexte de léphémère République fasciste fondée par Mussolini en 1943 dans la petite ville de Salò.
Lannonce même du projet réveille les polémiques, mais celles-ci visent bien moins ladaptation que le cadre quentend lui donner Pasolini. Depuis longtemps, dailleurs, celui-ci est lobjet de la haine des milieux fascisants. Le 3 novembre 1975, le cinéaste est attiré et assassiné sur la plage dOstie. Quelques jours plus tard, la projection de Salò est interdite en Italie pour obscénité, et cest le festival de Paris qui en assurera la première mondiale.
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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 11/11/98,
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