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Chroniques du 5 Novembre.

Sommaire

1605

A Westminster, des dizaines de domestiques fouillent le palais pour rechercher un baril de poudre.

Fomentée en 1605 par un groupe de catholiques anglais, la conspiration des Poudres était dirigée contre le roi Jacques Ier Stuart. Victimes de dures persécutions sous Élisabeth Ire, considérés par l’opinion publique comme les soldats du pape et comme les alliés naturels du roi d’Espagne, les catholiques anglais ne représentent plus, au début du XVIIe siècle, qu’une minorité de la population, mais sont relativement plus nombreux dans les milieux influents de la gentry et des lords.

Persuadés, deux ans après l’avènement du nouveau souverain, qu’ils n’ont rien de positif à en attendre, les conspirateurs projettent de faire sauter le Parlement le jour même où Jacques Ier viendra ouvrir la nouvelle session, le 5 novembre. Parmi les chefs de la conspiration, figurent Robert Catesby, qui en est l’instigateur, le jésuite Garnet et un soldat de carrière, Guy Fawkes. À la mort du roi devaient s’ajouter l’enlèvement des enfants royaux et le soulèvement de plusieurs régions, en particulier celle des Midlands.

Soucieux de préserver la vie de pairs catholiques, qui seraient ensuite leurs alliés, les conspirateurs commettent l’imprudence d’alerter certains d’entre eux ; mais le loyalisme monarchique de ceux-ci l’emporte sur le fanatisme religieux. Le complot déjoué, Catesby est tué avec 3 autres conspirateurs. Fawkes et Garnet seront exécutés en 1606, leurs complices seront arrêtés ou contraints à la fuite et à l’exil.

La conspiration a considérablement renforcé le sentiment antipapiste en Angleterre, définitivement accrédité le mythe d’une perpétuelle trahison des catholiques, justifié les "paniques" périodiques devant les rumeurs de révoltes armées et incité à une sévère législation discriminatoire à l’encontre des "papistes". Elle confirme, quatre ans avant l’assassinat d’Henri IV de France, que des jésuites acceptent l’idée de tyrannicide.

Le prolongement pittoresque en est, le 5 novembre de chaque année, le "jour de Guy Fawkes" où l’on procède à l’inspection solennelle des caves de Westminster, à la recherche de barils de poudre éventuels.

1879

Mort à Cambridge du respectable savant écossais, lord Maxwell.

Il est connu entre autres pour avoir établi les équations de l'électromagnétisme. Ces contributions en firent l'un des hommes scientifiques les plus importants du XIXe siècle. Maxwell développa également la théorie cinétique des gaz, qui explique les propriétés physiques et la nature d'un gaz. Ses travaux incluent des recherches sur la vision des couleurs et sur les principes de la thermodynamique (principe ergodique).

Maxwell est né à Édimbourg en 1831et fit ses études à l'université d'Édimbourg et à celle de Cambridge. Professeur de physique à l'université d'Aberdeen en 1856, il devint en 1871,le premier professeur de physique expérimentale de Cambridge, où il supervisa la création du laboratoire Cavendish. Il poursuivit les travaux de Michael Faraday sur les champs électromagnétiques. Il établit la relation mathématique liant champs électriques et magnétiques, et démontra que la lumière est constituée d'ondes électromagnétiques (1864).

Son œuvre principale est son Traité d'électricité et de magnétisme (Treatise on Electricity and Magnetism) (1873), dans lequel il publia pour la première fois les quatre équations différentielles qui décrivent la nature des champs électromagnétiques en termes d'espace et de temps. Les travaux de Maxwell ont ouvert la voie aux recherches d'Heinrich Rudolf Hertz, qui réalisa les expériences confirmant ses théories électromagnétiques. Ces théories permirent d'établir l'égalité entre la vitesse de la lumière en unités du système CGS et le rapport des grandeurs, en unités électromagnétiques et en unités électrostatiques, qui caractérisent l'onde. L'unité CGS de flux magnétique prit le nom de " maxwell " en son honneur.

1925

Bao-Daï, fils de l’empereur Khaï-Dinh de la dynastie des Nguyen, succède à son père et monte sur le trône au Vietnam. Comme il n’a que 12 ans, il poursuit ses études en France jusqu’en 1932 et reprendra le pouvoir l’année suivante.

En 1933, à 20 ans, il prend le pouvoir et supprime la fonction de Premier ministre. Ses premières mesures témoignent de sa volonté d’agir avec le concours de son peuple : il instaure la monarchie constitutionnelle et tente de réformer le mandarinat, la justice et l’enseignement. Mais ce réformiste prudent se heurte à l’opposition de l’administration coloniale française.

Pourtant, Bao-Dai apparaîtra comme l’homme des Français. Sa volonté d’occidentaliser le pays allait de pair avec le désir de ménager la puissance coloniale qui, elle, aspirait au maintien du statu quo. Cela ne pouvait que faire avorter ses projets. Dès lors, le prestige de la monarchie, déjà miné, s’écroule et le flambeau du nationalisme passe aux mains des communistes. Le 11 mars 1945, sous la pression des Japonais qui viennent d’occuper le pays, Bao-Dai dénonce les traités de protectorat conclus avec la France et affirme son attachement à la "grande Asie orientale". Il abdique lors de la proclamation de la république du Vietnam par Hô Chi Minh (25 août 45), puis entre dans son gouvernement comme "conseiller suprême", titre purement honorifique. Il se retire alors à Hong Kong.

Rappelé par le gouvernement français lorsque ce dernier proclame, en 1948, l’indépendance du Vietnam, Bao-Dai reprend son titre impérial et tente d’organiser un front anti-Vietminh. Mais son personnage n’est plus crédible et, après avoir formé un gouvernement provisoire central installé à Saigon et obtenu pour le Vietnam le statut d’État associé (1949), il renonce bientôt et se retire en France tout en conservant ses fonctions.

Au printemps 1954, il accède à la demande des États-Unis et nomme Ngô Dinh Diem chef du gouvernement. Celui-ci organise, en septembre 1955, un référendum qui abolit la monarchie.

Personnage controversé, que son goût du luxe et des plaisirs a trop souvent fait manquer à ses devoirs, Bao-Dai incarne la fin du Vietnam aristocratique et traditionnel.

1929

Suicide à Paris, de l’écrivain et poète surréaliste, père de "Un jeune homme pauvre", Jacques Rigaut.

Peut-être Jacques Rigaut a-t-il ressenti trop fortement son appartenance au mythique "château de la démoralisation" dont parle Breton dans le Manifeste du surréalisme ? Cité plusieurs fois dans les écrits surréalistes, il a été l’un des incitateurs du mouvement : il est à la barre des témoins lors du procès Barrès (mai 1921), qui voit la première passe d’armes entre Breton et Tzara.

Le 5 novembre 1929, à moins de 30 ans, Rigaut devait se tirer une balle dans le cœur... Tout le laissait prévoir, comme ses Papiers posthumes  (1934) le révèlent : "Je suis un homme qui cherche à ne pas mourir." Tous ces fragments témoignent d’un souci constant de la mort, d’une littérale obsession du suicide. Attiré et inquiété par cet acte suprême : "J’ai besoin de croire à mon inexistence pour continuer à vivre", mais aussi : "Se tuer, c’est convenir qu’il y a des obstacles effrayants, des choses à prendre en considération", Rigaut est dans la ligne exacte de Jacques Vaché (Lettres de guerre , 1918). Il ne semble pas, cependant, que Rigaut ait tenu, comme Vaché, à commettre là "une dernière fourberie drôle" (Breton, Les Pas perdus ).

Chez ce dandy, l’inertie absolue du désespoir a fini par l’emporter : "L’immobilité des objets me fascine. Je regarde le fauteuil jusqu’à me prendre pour lui. Erreur, tout mouvement." Terriblement poignants, ces fragments d’un Roman d’un jeune homme pauvre  : "Penser est une besogne de pauvre, une misérable revanche." Toute création est à ses yeux totalement impossible : "Depuis le temps que je cherche à faire  quelque chose. Il n’y a rien à y faire : il n’y a rien à faire." Pouvait-il, dans ces conditions, agir, écrire avec ses compagnons ? Le roman projeté ne s’écrira jamais ; Rigaut demeurera confiné dans sa chambre, en proie au désir : "On n’a qu’une chose à soi : c’est son désir." Parfois, son agressivité se tourne, sans pouvoir conclure, vers les autres. Il est mort, victime de l’irrémédiable inquiétude humaine.

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 11/11/98, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !