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Chroniques du 6 Novembre

Sommaire

1500

Observation par Copernic de l’éclipse partielle de la Lune. Lire au sujet de Copernic, les Chroniques des 27 Juillet, 26 Août, et 24 Mai (sa mort !).

1793

Mort de Philippe-Egalité, le cousin de Louis XVI.

Né en 1747, arrière-petit-fils du Régent, le duc d’Orléans est, à la veille de la Révolution, l’un des princes les plus riches de France et le partisan le plus chaleureux des idées nouvelles. Grand maître de la franc-maçonnerie, affectant de penser comme les républicains d’Amérique et de vivre comme les membres des clubs londoniens, il s’est élevé contre les réformes de Maupeou, ce qui lui a valu une première disgrâce en 1771, puis contre les nouveaux projets fiscaux présentés par Louis XVI au Parlement, en novembre 1787, d’où un nouvel exil.

Élu aux États généraux, il affecte de se mêler au tiers état lors de l’ouverture du 4 mai 1789, critique le vote par ordre et fait du Palais-Royal, qui lui appartient et dont il loue les boutiques, un centre d’agitation. Après les journées d’octobre 1789, dont on lui impute la responsabilité, il est écarté par le roi qui l’envoie en mission à Londres.

A-t-il inspiré la pétition du Champ-de-Mars demandant la déchéance de Louis XVI à la suite de la fuite manquée du roi ? C’est probable. La rupture avec la famille royale achève de jeter le prince dans les rangs de la Révolution. À sa demande, la commune de Paris prend le 15 septembre 1792 l’arrêté suivant : "Louis Philippe Joseph et sa postérité porteront désormais le nom de famille Égalité." Quelques jours plus tard, Philippe Égalité est élu par la capitale à la Convention, le vingt-quatrième et dernier. Il vient siéger sur les bancs de la Montagne. Dans le procès du roi, n’écoutant que la vengeance ou la peur, on ne sait, il vote la mort de son cousin. De lui, Robespierre dira : "Il était le seul membre qui pût se récuser."

Le 6 avril 1793, la Convention ordonne l’arrestation de tous les membres de la famille des Bourbons. Philippe Égalité est incarcéré à Marseille. Décrété d’accusation en octobre, il est condamné à mort par le Tribunal révolutionnaire de Paris comme coupable d’avoir aspiré à la royauté. Il est exécuté le 6 novembre.

Son rôle au début de la Révolution a été incontestablement celui d’un agitateur. Ses Instructions , rédigées par son secrétaire Choderlos de Laclos, ont servi de modèle à de nombreux cahiers de doléances. Le duc d’Orléans a peut-être inspiré certaines émeutes comme celles du 14 juillet ou du 5 octobre. Son rêve secret a été sans nul doute de se substituer à Louis XVI et il a bénéficié de l’appui d’une puissante faction. Son fils, le duc de Chartres, l’en défend vainement dans ses Mémoires  enfin publiés en 1973. Mais Philippe Égalité a été vite dépassé par l’accélération du mouvement révolutionnaire.

C’est son fils, ce duc de Chartres si attaché à sa défense, qui réalisera en 1830 les espoirs des orléanistes en devenant Louis-Philippe, roi des Français.

1793

Mort d’Olympe de Gouges, aristocrate, acharné défenseur des Droits de la Femme.

Avec Théroigne de Méricourt et Claire Lacombe, Olympe de Gouges est l’une des héroïnes majeures du premier féminisme français qui se développa sous la Révolution sans parvenir à imposer l’égalité politique des sexes. Née en 1748, à Montauban, elle était peut-être la fille naturelle du marquis Le Franc de Pompignan, piètre versificateur, auquel elle prétendait ressembler. La rumeur lui construisit un roman familial prestigieux en affirmant qu’elle était bâtarde de Louis XV. Elle rectifiait avec malice : "Je ne suis point fille de roi mais d’une tête couronnée de lauriers." Elle hérita en tout cas du peu de talent littéraire de son père présumé.

À dix-sept ans, elle épousa Louis Aubry, officier de bouche de messire de Gourgues, intendant de la ville. Deux ans plus tard, elle lui donna un fils, qui devait la désavouer au moment de sa condamnation. À vingt ans, elle s’enfuit du domicile conjugal. Femme extravagante, à la fois sublime et orgueilleuse, elle s’ennuie à mourir dans son rôle d’épouse bourgeoise et provinciale. Elle rêve de célébrité. À Paris, elle se fabrique un nom à partir du prénom de sa mère et du patronyme " Gourgues" et devient femme de lettres prolixe. Elle est la maîtresse de Sébastien Mercier et courtisane à l’occasion.

Littéralement transfigurée par l’avènement de la Révolution, qui donne sens à son existence, elle se lance dans la lutte pour l’égalité des droits, où s’exprime alors, pour la première fois sous sa plume, un magnifique talent de visionnaire. Jusqu’à la fuite du souverain à Varennes, elle se veut royaliste. Puis elle change d’avis pour revenir à sa première orientation et proposer d’aider Malesherbes dans sa défense de Louis XVI.

Pénétrée des manières de l’Ancien Régime, mais n’ayant pas eu accès à ses privilèges, Olympe souffre de toutes les persécutions imaginaires ou réelles qui entravent sa liberté d’agir ou de créer. Quand un chroniqueur ne rend pas compte de ses œuvres, elle le provoque en duel, et quand, en octobre 1791, l’Assemblée constituante produit une Constitution qui exclut les femmes des droits de cité, elle rend public un texte admirable qui fait date dans les annales du féminisme originel.

Il s’agit de la fameuse Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne , calquée point par point sur celle des droits de l’homme. Ce texte est précédé d’un préambule adressé à Marie-Antoinette  : "Cette Révolution ne s’opérera que quand toutes les femmes seront pénétrées de leur déplorable sort et des droits qu’elles ont perdus dans la société. Soutenez, Madame, une si belle cause ; défendez ce sexe malheureux et vous aurez bientôt pour vous une moitié du royaume et le tiers au moins de l’autre." À l’article 10, Olympe écrit cette phrase étonnante et prophétique : "Une femme a le droit de monter à l’échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la tribune. "

Arrêtée comme girondine, elle tente en vain de faire croire qu’elle est enceinte pour échapper à la guillotine. Elle est exécutée le 6 novembre 1793, après avoir demandé à la postérité de se souvenir d’elle et de l’action qu’elle avait menée en faveur des femmes et dont elle était certaine qu’elle triompherait.

1813

Indépendance du Mexique.

En 1815, les mouvements pour l’indépendance se font plus agressifs. L’action suicidaire d’Hidalgo (lire à ce sujet la Chronique du 16 Septembre 1810) fut relayée et accentuée par celle de Morelos, prêtre comme lui, mais issu d’une caste de sang-mêlé : à la tête de troupes très mobiles, et servi par un très réel talent militaire, il tient le sud du Mexique jusqu’à la fin de l’année 1815.

Son programme politique mène à sa conclusion logique le mouvement lancé par Hidalgo : le congrès de Chilpancingo proclame l’indépendance du Mexique (6 novembre 1813) et élabore la constitution promulguée à Apatzingán en octobre 1814.

À l’idéologie libérale et individualiste héritée du XVIIIe siècle, Morelos joint un souci assez remarquable de réforme sociale : des grands caudillos  de l’indépendance hispano-américaine, il est le seul qui se soit sérieusement proposé de relever le niveau de vie des masses indigènes. Il eût pu être le chef d’une véritable révolution radicale mais, comme Hidalgo, il est pris et fusillé, en 1815. Avec lui disparaît une grande espérance et le plus sûr appui des classes populaires.

Morelos naquit près de Valladolid (auj. Morelia au Michoacán), en 1765, où il fit ses études. Il fut ordonné prêtre en 1797, et servit en qualité de curé dans plusieurs paroisses jusqu'à ce qu'il rejoigne la révolte nationale menée par Hidalgo en 1810.

À la fin de 1811, il était considéré comme le dirigeant de la rébellion. Il prit Acapulco en 1813 et, la même année, il convoqua le congrès de Chilpancingo, qui rédigea une Déclaration d'indépendance (proclamée le 6 novembre 1813), et une nouvelle Constitution (octobre 1814), et nomma Morelos généralissime du mouvement d'insurrection. En décembre 1813, son armée, qui contrôlait le sud du pays, fut mise en déroute et Morelos dut alors mener une guerre défensive. Il fut fait prisonnier par les Espagnols en novembre 1815, alors qu'il escortait le congrès vers un endroit plus sûr. Condamné pour hérésie et défroqué par l'Inquisition, il fut ensuite remis aux autorités séculières puis exécuté par les Espagnols.

1983

En Turquie, élections générales. Pour la première fois, les électeurs s’expriment massivement, puisque près de 93 % du corps électoral se manifeste aux urnes. Malgré que 3 partis politiques seulement aient été autorisés à y participer. Le parti de la Mère Patrie (Turgut Ozal) remporta la majorité absolue au nombre de sièges. Les autres partis, financés par les militaires traînaient loin derrière.

Turgut Ozal devient donc Président de la République. L’amélioration des conditions économiques, sous sa présidence, permit une certaine prospérité, ce qui attira les investissements occidentaux, vite refroidis par les crises grecques et kurdes.

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 11/11/98, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !