Mois de Novembre / sommaire des chroniques / sommaire de Camilist

Chroniques du 7 Novembre.

Sommaire

1869

James Moore, un Anglais résidant à Maison-Lafitte, remporte la première course cycliste. Une épreuve étonnante pour l’époque : Paris – Rouen. 123 Kms, en 10 H. et 25 minutes. Poids de son vélo : près de 30 Kilos.

L’on connaît peu les compétitions qui opposèrent sans doute les possesseurs des premières draisiennes , faites de poutres joignant deux roues de charrette et conçues par un ingénieur des forêts du grand-duché de Bade, Karl Friedrich Drais von Sauerbronn en 1817. Et l’on n’a pas encore authentifié les courses qui mirent aux prises les propriétaires des vélocipèdes  réalisés, dès mars 1861, à l’initiative du serrurier-charron Pierre Michaux. Il avait placé un axe et des pédales de part et d’autre du moyeu de la roue avant d’une antique draisienne qu’on lui avait amenée en réparation.

On peut dater de 1868 l’année où les journaux donnent de premiers résultats. Le 7 novembre, James Moore, Anglais résidant à Maisons-Laffitte, remporte une épreuve étonnante : Paris-Rouen. L’organisation de la course est déjà soutenue par la presse, en l’occurrence " Le Vélocipède illustré ".

En France puis en Angleterre se développent déjà, en même temps qu’une industrie spécialisée, des programmes de courses sur route et sur piste. Pendant une quinzaine d’années, le grand bi  permet l’amélioration des vitesses. Puis la bicyclette  s’impose, avec ses roues égales de modeste diamètre, et la traction par chaîne. L’année 1891 sera marquée en France par un double événement : le Bordeaux-Paris des 23 et 24 mai, soit 572 kilomètres parcourus en 26 heures 34 minutes 57 secondes par l’Anglais George Pilkington Mills, et, du 6 au 9 septembre, le Paris-Brest-Paris, épreuve nationale remportée par Charles Terront à 16,140 km de moyenne, sur une bicyclette de 21,5 kg, dotée des premiers " pneumatiques démontables ".

Désormais, le sport cycliste allait se développer dans deux univers différents. (Chroniques du 24 Mai).

1910

La mort, loin des siens, de l’écrivain russe, Léon Tolstoï.

Lev (en français, Léon) Tolstoï est né en 1828 à Isnaïa Poliana, province de Toula, au sud de Moscou, dans une famille de riches propriétaires terriens. Il est élevé par une gouvernante. Ses parents meurent dans un accident alors qu’il n’a que 9 ans. Il est élevé par une tante qui lui procure les meilleurs précepteurs (professeurs particuliers) en français principalement. Il étudie les langues vivantes puis le Droit à l’université de Kazan, mais il n’est guère tenté. Il lit Rousseau qui l’influencera beaucoup. Il quitte l’Univ. et vit en bohême dans la haute société moscovite.

A 21 ans, il prend possession de son héritage et rentre dans sa propriété où il tente d’améliorer, sans succès, la condition des serfs qui travaillaient la terre.

A 23 ans, il entre à l’armée et, en garnison, fréquente les Cosaques qu’il dépeindra dans " les Cosaques ". Il se battra d’ailleurs avec courage pendant la Guerre de Crimée à Sébastopol .

En 1856, il voyage ensuite en Europe, surtout en France, où il est choqué par le capitalisme bourgeois.

De retour dans ses terres en 1858, il crée une école dans sa propriété, qu’il dirige et anime en pédagogue éclairé.

Il se marie en 1862, pour se " ranger " et vit dès lors au calme à écrire et éduquer ses treize enfants.

Mais saisi par l’angoisse de la mort, il se convertit et vit un certain mysticisme.

Mais son radicalisme l’oppose à la hiérarchie religieuse, il sera excommunié en 1901, cependant que sa vie privée n’est guère conforme à la pauvreté et à la chasteté qu’il prône. Déchiré par la dichotomie entre sa vie privée et ses concepts moraux, il se réfugie dans l’écriture.

En Novembre 1910, l’auteur de " Guerre et Paix " et d’ " Anna Karénine ", torturé par les incessantes querelles conjugales, quitte la maison avec sa fille et son médecin. Trois jours plus tard, il tombe malade. Atteint d’une pneumonie, il meurt dans une petite gare où il avait dû s’arrêter.

Son œuvre dépeint la société et l’âme russe comme étonnamment riche et diverse. Mais à travers cette peinture, c’est aussi une analyse de soi-même, une définition d’une ascèse personnelle, à la lumière d’élans mystiques et de refus contestataires qui firent de lui l’idole de la jeunesse russe.

Il faut citer également à travers une œuvre riche et multiple, deux autres chefs d’oeuvre : " Sonate à Kreutzer " et " Résurrection ".

1913

Naissance à Mondovi dans le Constantinois (Algérie), de l’écrivain Albert Camus (La Peste).

Orphelin de père, Albert Camus commença des études de philosophie (découverte de Nietzsche) qu’il dut interrompre pour raison de santé (tuberculose). Animateur de théâtres populaires, dont le Théâtre de l’Équipe, il publia sa première œuvre, " l’Envers et l’Endroit " (1937), une série d’essais littéraires variés où apparaissent déjà les grands thèmes de sa maturité : la mort, le soleil, la Méditerranée, l’isolement, le destin de l’homme, le rapprochement entre désespoir et bonheur, etc.

Dés 1938, Camus exerça une activité de journaliste, d’abord à Alger (Alger républicain, Soir républicain) puis à Paris (Paris-Soir), où il s’installa définitivement en 1942. C’est là que parurent simultanément et dans la clandestinité le roman " l’Étranger " et l’essai " le Mythe de Sisyphe " (1942), deux œuvres remarquées qui exposaient la philosophie de Camus et qui s’inscrivaient dans ce que lui-même appela le " cycle de l’absurde " . Très actif dans la Résistance, à la Libération, il devint le rédacteur en chef du journal " Combat ", et se mit au service des grandes causes humanitaires internationales.

Il publie " la Peste " (1947) qui inaugurait le cycle de la révolte et de la solidarité, où s’inscrivent " l’État de siège " (1948) et " les Justes " (1949) mais surtout l’essai " l’Homme révolté " (1951). Ce dernier ouvrage fut à l’origine de la rupture définitive entre Camus et Jean-Paul Sartre, car elle soulignait clairement les divergences entre la pensée du premier et l’existentialisme du second.

En 1952, Albert Camus démissionna de son poste à l’Unesco pour manifester sa réprobation devant la passivité de cette institution à l’égard de l’Espagne franquiste. Par la suite, en 1956, il s’engagea de nouveau en tentant d’intervenir en faveur d’une trêve dans la guerre d’Algérie.

Ensuite " la Chute " (1956), exprime sa rupture avec l’existentialisme, puis un recueil de nouvelles, " l’Exil et le royaume " (1957). La même année, il reçut le prix Nobel de littérature pour " avoir mis en lumière les problèmes se posant de nos jours à la conscience des hommes ". Le 4 janvier 1960, en pleine gloire, alors qu’il travaillait à un autre roman, " le Premier Homme " (posthume, 1994), il se tua dans un accident de voiture.

L’Étranger (1942), se caractérise avant tout par un style extrêmement neutre. Le héros et narrateur, Meursault, un employé de bureau, y semble "étranger" à lui-même ! Dépourvu de sentiments vis-à-vis des êtres et des situations, il agit comme de manière machinale. La lumière, le soleil, la chaleur semblent être la cause d’une soudaine précipitation des événements : sur une plage, à la suite d’une bagarre, il tue un homme de cinq coups de revolver sans pouvoir fournir lui-même de véritable raison à son acte. C’est précisément dans ce décalage entre l’individu et le monde que se situe la dimension absurde de la condition humaine.

L’absurde, réalité inhérente à la condition humaine est le thème central de la philosophie de Camus développa dans un premier temps. Le Mythe de Sisyphe, essai sur l’absurde, aborde cette même idée d’un point de vue théorique : comme Sisyphe, condamné à pousser éternellement son rocher, l’Homme est voué à subir un enchaînement automatique d’expériences absurdes. Mais c’est paradoxalement dans la prise de conscience de cette situation qu’il est libéré car, délivré de toute illusion, il peut alors chercher le bonheur en goûtant le présent. Ainsi, à la fin de l’Étranger, alors qu’il se trouve dans sa prison la nuit qui précède son exécution, Meursault, devenu conscient et libre, profite intensément des derniers instants de sa vie.

Même si le monde n’a pas de sens, l’Homme ne saurait se passer d’une éthique ni renoncer à l’action. C’est donc l’engagement que Camus a exploré dans un second temps, en particulier dans son roman la Peste (1947). À Oran, dans les années 1940, des rats porteurs de la peste sont découverts et, dès la mort des premières victimes, les habitants placés en quarantaine et confrontés à leur sort présentent différentes formes de réaction : panique, indifférence, mysticisme ou résignation. Le docteur Rieux, bientôt rejoint par d’autres volontaires, décide de résister. Son petit groupe s’organise alors pour soulager la souffrance et combattre le fléau. Dans ce récit symbolique, la peste est naturellement un emblème du mal sous toutes ses formes. Mais elle agit aussi comme un révélateur qui met l’Homme face à lui-même, l’incitant au renoncement ou à la révolte.

La réflexion sur le thème de la révolte, commencée dans la Peste, est développée dans l’essai l’Homme révolté (1951). Camus y explique que la révolte naît spontanément dès que quelque chose d’humain est nié, opprimé. Elle s’élève par exemple contre la tyrannie et la servitude. Parce que la révolte n’est pas un principe abstrait mais l’action nécessairement limitée d’un individu, elle représente, pour Camus, la seule "valeur médiatrice" grâce à laquelle l’absurde peut être provisoirement dépassé

1918

La fin de la guerre est décidée, mais l’Allemagne ne se résout pas à capituler, malgré les pressions exercées. La Monarchie Bavaroise qui a soutenu le Kaiser, s’effondre. Louis III s’enfuit. Kurt Eisner, homme politique socialiste influent, crée une sécession et proclame la République de Bavière. Mais il sera assassiné en 1919 et la Bavière rejoindra la Nouvelle République de Weimar, constituée sur les ruines du II° Reich.

1992

Les îles de Quémoy et Matsu reviennent à l’administration de Taï-Wan.

Quemoy et Matsu sont les deux principales des petites îles côtières situées à proximité du continent chinois, mais contrôlées par Taiwan située à environ 200 kilomètres. Revendiquées par la Chine communiste et par la Chine nationaliste, elles ont, depuis 1949, servi de symbole à l’affrontement entre les deux régimes.

Quemoy, située dans la baie d’Amoy, dont elle contrôle le trafic, n’est qu’à 2 kilomètres du continent. Appelée Jinmen en chinois (Portes d’or), elle ne couvre qu’une surface de 131,7 km2 (175,3 avec les îlots avoisinants). Longue de 18 kilomètres et large de 15, elle comptait 43000 habitants en 1990, auxquels il faut ajouter une garnison. Matsu (Mazu), située à 250 kilomètres plus au nord, au large du port de Fuzhou dont 10 kilomètres la séparent, est plus petite (10,4 km2 ; 27,1 km2 avec les îlots). Moins peuplée (3150 habitants, plus les militaires), elle est plus aride que Quemoy. Assez rocheuses l’une et l’autre, elles arrivent cependant, depuis la réforme agraire des années 1950, à assurer une production agricole suffisante. L’autre partie des ressources vient de la pêche, surtout à Matsu.

L’intérêt de ces îles vient de ce qu’elles représentent au point de vue stratégique et surtout politique. Lorsque les partisans du général Tchiang Kai-chek se réfugièrent dans l’île de Taiwan en 1949, abandonnant le continent, ils gardèrent le contrôle de Quemoy et Matsu et de quelques autres îles. Les troupes communistes prirent pied à Quemoy en octobre 1949, mais furent repoussées. On pouvait cependant imaginer que la résistance des nationalistes dans ces îles ne durerait guère.

Mais, lorsque éclate la guerre de Corée en juin 1950, les États-Unis envoient la VIIe flotte dans le détroit de Taiwan, en vue d’empêcher le gouvernement communiste d’attaquer Taiwan, mais aussi pour dissuader le général Tchiang Kai-chek de prendre sa revanche et de débarquer sur le continent.

Après de nombreuses passes d’armes avec la Chine communiste, les Américains semblent reconnaître les droits de la Chine sur ces îles. Mais leurs tentatives pour pousser les nationalistes à les évacuer ou à diminuer leurs garnisons ne furent jamais suivies d’effet. Le changement de politique intervenu depuis le voyage à Pékin du président Nixon en février 1972 incite cependant à poser la question de l’avenir de Quemoy et Matsu. Or Nixon a reconnu que Taiwan fait partie de la Chine. Que Taiwan devienne une province plus ou moins autonome de la Chine populaire, ou qu’elle soit indépendante, la question des îles côtières se posera.

Juridiquement, il semble en effet qu’elles reviennent à la Chine continentale, qui les a gardées lorsqu’elle a cédé Taiwan au Japon en 1895. En outre, la Chine populaire a décidé en 1958 d’étendre à 12 miles ses eaux territoriales : Quemoy et Matsu se trouvent de ce fait dans les eaux intérieures chinoises. Une réforme constitutionnelle du 7 novembre 1992 a rendu l’administration de Quemoy et Matsu aux autorités civiles taiwanaises (elles étaient auparavant sous juridiction militaire).

Cam.

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Dernière modification le 11/11/98, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !