Mois de Novembre / sommaire des chroniques / sommaire de Camilist

Chroniques du 8 Novembre.

Sommaire

30

Naissance de l’empereur Nerva.

Marcus Cocceius Nerva est né en l’an 30 à Namia en Ombrie. Il lui doit ce caractère doux et gentil que l’on lui attribue généralement ainsi qu’aux Ombriens. Issu d’une famille entrée au Sénat sous Auguste, Marcus Cocceius Nerva est né à Narnia en Ombrie, sans doute le 8 novembre 30. Prêtre salien, questeur puis préteur sous Néron, il accède au consulat en 71. Il s’entend mieux avec Vespasien qu’avec Domitien : en 93, il s’exile à Tarente. On dit de lui qu’il fut honnête, modeste, effacé, maladif.

Son bref passage à la tête de l’Empire, (96-98), fut assez marquant. Il eut la volonté de rompre avec les pratiques de Domitien. De plus, en raison de sa modération, Nerva fut aussi un continuateur et l’opposition entre les deux règnes fut moins grande qu’on ne l’a dit. Certes, il assura au Sénat, sous le nom de " liberté", la sécurité et le respect, et il fit revenir les exilés de Domitien. Mais à la plèbe il fit distribuer du blé (loi frumentaire) et des terres (lois agraires), et il s’occupa beaucoup des provinces (nombreuses inscriptions en Afrique, à Delphes, etc.). Il s’efforça de rétablir l’équilibre budgétaire obéré par les dépenses de Domitien et par un allègement de l’impôt sur les successions. En outre, ses troupes vainquirent les Germains. Mais il n’eut pas le temps de s’occuper des Daces, et les prétoriens lui imposèrent l’exécution des meurtriers de Domitien.

Âgé et sans enfants, il adopta Trajan en 97 et mourut le 25 janvier 98. Sous ce prince, l’Empire passa sans à-coups du despotisme de Domitien au paternalisme des Antonins.

397

Mort de Martin de Tours, qui deviendra vite Saint-Martin.

Peut-être au hasard d’une garnison de son père, qui était tribun militaire, Martin naît en 316 à Sabaria, en Pannonie (Szombathely, Hongrie). Il passe sa jeunesse à Pavie, en Italie. Déjà, il pense à devenir moine, mais, étant fils de soldat, il doit servir dans la garde impériale à cheval. Cela ne l’empêche pas de pratiquer la vertu : c’est ainsi qu’à Amiens il donne à un pauvre la moitié de son manteau. La moitié car comme tout officier devait payer la moitié de son équipement, il n’a offert que la moitié lui appartenant.

Libéré de ses obligations militaires, il reçoit le baptême et va se mettre sous la direction de l’évêque de Poitiers, Hilaire. Mais, en 356, celui-ci est exilé par les hérétiques ariens au pouvoir, et le disciple quitte la Gaule. Il va jusqu’en Pannonie, où il convertit sa mère, puis revient par l’Illyricum, où il lutte contre l’arianisme, ce qui lui vaut d’être battu de verges. Il essaie de mener la vie monastique près de Milan, d’où l’évêque arien le chasse. Il se réfugie dans un îlot de la côte ligure. Apprenant qu’Hilaire est rentré d’exil, il regagne Poitiers et fonde, à Ligugé, un monastère, le premier de la Gaule. La résurrection d’un catéchumène attire l’attention sur Martin, qui devient célèbre dans toute la région.

A la mort d’Hilaire, en 367, comme Tours n’a pas d’Evêque, on convoque Martin sous le prétexte d’assister un malade. Contre son gré et contre l’avis de certains assistants, qui trouvent que ce moine a l’air trop misérable, Martin est ordonné évêque le 4 juillet 371. Évêque, Martin veut vivre en moine ; il fonde en face de sa ville épiscopale, de l’autre côté de la Loire, le monastère de Marmoutier.

Avec ses moines et ses disciples, Martin entreprend d’évangéliser les campagnes, encore païennes, bien au-delà de son diocèse puisqu’on le trouve à Autun, à Paris, et plus loin encore. Sa méthode est simple : arrivant dans un village, il réunit le peuple, prêche, persuade, démolit le temple et abat les arbres sacrés. Cela ne va pas toujours sans difficultés : un jour, il se laisse attacher à la place où doit tomber un arbre sacré, qu’il détourne d’un signe de croix.

Délibérément, Martin reste humble et digne avec les puissants. À la table de l’empereur, il présente la coupe d’abord à un prêtre, par vénération du sacerdoce. Quand il apprend que l’empereur veut exécuter les partisans de l’hérétique Priscillien, il accepte de communier avec eux pour les sauver. On lui reproche de s’être compromis avec des hérétiques, acte de charité qui lui est bien plus pénible que le baiser au lépreux à la porte de Paris. À la fin de sa vie, Martin est attaqué et blâmé par des évêques et des prêtres, qui lui reprochent la simplicité de sa vie, sa bonté pour les égarés, son passé de militaire ; cela le pousse à éviter plus que jamais les assemblées, à son goût trop solennelles, trop tumultueuses et vaines.

Un conflit entre clercs l’amène à Candes, au confluent de la Vienne et de la Loire. Il y meurt le 8 novembre 397. Son corps, que se disputent Tourangeaux et Poitevins, est ramené à Tours et enseveli le 11 novembre, jour qui est retenu pour sa fête.

Un de ses disciples, Sulpice Sévère, écrit sa vie, et le succès de l’ouvrage vaut à saint Martin une popularité inégalable. Il est le premier qui ait été honoré comme saint sans avoir subi le martyre. Aux temps mérovingiens, la basilique de Tours devient le premier centre de pèlerinage de la Gaule. D’innombrables églises le reçoivent comme saint patron ; plus de cinq cents villages de France portent son nom.

1226

Avènement de Louis IX, à la mort de son père Louis VIII Blanche de Castille, comme il n’a que ans, reste la régente du Royaume.

Normalement, je devrais vous renvoyer aux Chroniques du 25 Avril, jour de sa naissance, mais comme je ne suis pas sûr q’elles soient disponibles pour le moment, je préfère vous offrir ici le texte de cet anniversaire.

Né le 25 avril 1214 à Poissy, l’aîné des cinq fils de Louis VIII n’avait que douze ans lors de son avènement, le 8 novembre 1226. La volonté du roi défunt confia à Blanche de Castille l’enfant et le royaume. L’éducation reçue sous la responsabilité de la régente marqua profondément Louis IX : elle alliait les pratiques de piété et les œuvres de charité à un apprentissage très sérieux du métier royal – des lettres à l’art du combat – qui fit du jeune roi le modèle du chevalier chrétien, bon cavalier et vêtu selon son rang, aussi capable de disputer de théologie que de conduire une armée, sachant imposer aux barons sa volonté après avoir lavé les pieds des pauvres. C’est à partir de la croisade qu’une ascèse de plus en plus rigoureuse transforma son aspect, son maintien, sa mise et son mode de vie au point d’ennuyer son entourage et de scandaliser certains de ses sujets qui ne voyaient plus en lui un roi.

Si la reine Blanche exerça jusqu’à sa mort (1252) son influence sur le gouvernement d’un royaume dont elle fut de nouveau régente pendant la croisade, la jeune reine Marguerite de Provence, que Louis IX épousa en mai 1234 et qui lui donna onze enfants, fut pratiquement tenue à l’écart par un époux peu enclin aux effusions familiales et par un roi peu désireux de voir les intérêts de la maison de Provence interférer dans la politique française.

Le roi n’était guère accessible aux avis des barons de son entourage, confidents plus que conseillers. Mais les religieux – dominicains et franciscains – étaient nombreux autour de lui et exercèrent une influence croissante sur son comportement et sur sa politique, cependant que Charles d’Anjou parvenait, à la fin du règne, à mettre au service de ses ambitions une partie des forces du royaume et le prestige du roi son frère.

La politique de Saint Louis est avant tout le reflet d’une certaine morale. N’hésitant pas à recourir à la force, il ne concevait celle-ci que comme l’adjuvant d’une recherche de la paix et de la justice politique dans le respect du droit de chacun et même du droit de ses adversaires.

Toute l’action royale était déterminée par des vues eschatologiques, et, si le roi croisé en venait peut-être à douter des bases théologiques de l’idée de croisade, il ne renonçait pas à convertir par les armes l’infidèle et promulguait des ordonnances qui asservissaient les Juifs du royaume et les privaient de leurs moyens d’existence et de leurs possibilités de vie cultuelle. Il faisait parfois passer les intérêts matériels de la couronne après le respect du bon droit, mais, persuadé de la haute valeur du charisme royal, il voyait dans le renforcement du pouvoir monarchique la voie qui lui permettrait d’assurer le salut des âmes. Il ne craignait donc pas de s’opposer au pape et aux évêques de France afin de faire respecter ses prérogatives propres et son indépendance politique et financière. L’homme est donc pétri de contradictions, beaucoup plus sensible à l’analyse de son comportement qu’à la lecture de ces Enseignements  qu’il fit rédiger afin de transmettre à ses enfants ses principes de morale politique autant que de vie privée.

Mort à Tunis le 25 août 1270, Louis IX fut immédiatement vénéré comme un saint. Boniface VIII le canonisa le 11 août 1297 pendant une accalmie au cours de la lutte qui l’opposa à Philippe le Bel, mais cette décision de circonstance avait été préparée par une longue enquête et un véritable procès de canonisation.

Peu d’hommes ont été aussi bien observés et sont aussi célèbres que Saint Louis, et cependant la personnalité de ce souverain est mal connue. L’homme est complexe, son caractère a beaucoup évolué. Son action est souvent paradoxale, sa réputation ambiguë. Il y a le saint, l’homme dont la foi ardente et la piété parfois excessive déroutent ses contemporains, le roi croisé, l’adversaire implacable des derniers cathares parce qu’ils sont rebelles à la foi et rebelles à leur roi, l’arbitre de l’Europe. Bref, l’une des hautes figures de l’histoire de France telle que l’ont vue Joinville et tant d’autres, et une œuvre spectaculaire qu’a retenue l’imagerie. Mais il y a aussi l’œuvre en profondeur, que les contemporains ont moins nettement perçue et que souligne moins facilement l’anecdote. C’est celle d’un souverain énergique et scrupuleux qui joue dans la construction de la monarchie française un rôle décisif et qui, s’il n’était le vainqueur de Taillebourg et le constructeur de la Sainte-Chapelle, n’en serait pas moins, entre son grand-père Philippe Auguste et son petit-fils Philippe le Bel, l’un des " grands Capétiens ", peut-être le plus grand.

1895

Découverte des rayons " X ", par Wilhelm Conrad Röntgen.

Röntgen est né en 1845, à Lennep, en Rhénanie (Allemagne). Il vécut la plus grande partie de son enfance aux Pays-Bas, pays natal de sa mère. Etudes au Polytechnicum de Zurich en Suisse, diplôme d’ingénieur mécanicien. En 1869, le doctorat, puis assistant de Kundt à l’université de Würzburg. En 1872, Röntgen fut nommé professeur à l’université de Strasbourg (alors en Allemagne). En 1879, il devint professeur à l’université de Giessen. Ses vastes connaissances en physique et sa grande activité — dans les domaines de la thermodynamique et des propriétés des cristaux — le firent choisir, en 1888, pour prendre la direction de l’Institut de physique de l’université de Würzburg, où il termina sa carrière.

C’est donc à Würzburg que, le 8 novembre 1895, Röntgen observa pour la première fois un rayonnement inconnu, émanant d’un ballon de verre, vidé d’air, dans lequel passait un courant d’électrons sous haute tension (genre tube de Crookes). Ce rayonnement inconnu provoquait la luminescence d’un écran de platinocyanure de baryum qui se trouvait à proximité du ballon. Röntgen s’enferma dans son laboratoire dans les jours qui suivirent et, au prix d’une intense activité, parvint à déterminer en quelques semaines les caractéristiques essentielles de ce rayonnement. Il put publier ses observations et ses conclusions à la fin de décembre, et, dès le mois de janvier suivant, la nouvelle éclata comme une bombe tant dans les milieux scientifiques que dans les journaux. Les applications médicales des rayons X se développèrent dans les mois suivants.

1945

Le 8 Novembre, débarquement franco-américain en Afrique du Nord.

De Gaulle est furieux, n’ayant pas été prévenu.

En guise de représailles, les Allemands occupent la zone non-occupée de la France. Le Maréchal Pétain va-t-il, comme l’y poussent plusieurs membres de son entourage, gagner Alger, prendre ouvertement, à la tête de l’empire, l’initiative de regagner le camp des Alliés ? Il s’y refuse, laissant échapper sa dernière et sa plus grande chance. Dans quelle mesure le caractère plus défensif qu’offensif de l’ancien chef de guerre, la lassitude et l’inertie du vieillard s’abritent-ils derrière l’alibi d’un devoir qui serait de rester le bouclier des Français sous l’occupation désormais totale ?

"Je fais à la France le don de ma personne pour compenser ses malheurs", avait proféré le maréchal en juin 1940 : la compensation se fait de plus en plus dérisoire, et les Français (ceux qui ne sont pas encore passés à une hostilité militante contre Vichy) éprouvent plus de pitié que d’adoration pour le donateur.

A Toulon, la flotte française, pour ne pas tomber aux mains des Allemands, se saborde.

En Afrique, l’Amiral Darlan avec l’accord des Américains prend la tête de l’Empire Français, hors continent. Le Maréchal Juin qui était commandant en chef des forces d’Afrique du Nord au nom de la République, se rallie au général Giraud, favorable aux alliés et reçoit le commandement des forces françaises dans l’armée alliée en Tunisie contre Rommel. Il contribue ainsi à la victoire alliée.

Cam.

Mois de Novembre / sommaire des chroniques / sommaire de Camilist


Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 11/11/98, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !