Mois de Novembre / sommaire des chroniques / sommaire de Camilist

Chroniques du 11 Novembre.

Sommaire.

1417

La fin du Grand Schisme d’Occident.

C’est en 1378 que surgit dans l’histoire de l’Église ce qu’on appelle le Grand Schisme d’Occident, qui dura près de quarante ans et qui fut consécutif à une double élection pontificale. En 1377, en effet, le pape Grégoire XI avait quitté Avignon, où la papauté était établie depuis les années 1310, et s’était réinstallé à Rome. À sa mort, survenue l’année suivante, on pouvait croire qu’un Français allait de nouveau lui succéder puisque, sur seize cardinaux, onze étaient originaires de France. Cependant, sous la pression des Romains, qui exigeaient la désignation d’un pontife appartenant à leur ville, ou pour le moins italien, et devant des démonstrations assez violentes de leur part, le conclave élut l’archevêque de Naples, Barthélemy Prignano, qui prit le nom d’Urbain VI et fut couronné quelques jours plus tard en présence de tous les cardinaux.

Mais il se montra maladroit et cassant avec eux. Il en résulta un très grave mécontentement, surtout parmi les Français, puis une rupture, qui conduisit à la dénonciation de l’élection (accomplie, dit-on, sous la pression populaire, donc non valable) et à la désignation d’un autre pape, le cardinal Robert de Genève, qui devint Clément VII.

Aussitôt, les deux papes cherchèrent à se faire reconnaître par les princes et les clergés. La division politique de l’Europe (guerre de Cent Ans notamment) poussa les monarques à ne pas adhérer à la même obédience. En quelques mois, le monde catholique se divisa en deux camps ennemis, les clémentins et les urbanistes. Clément VII, fixé en Avignon, eut pour lui la France, le royaume de Naples, le duché de Savoie, les royaumes ibériques, la Sicile, l’Écosse et quelques principautés du sud et de l’ouest de l’Allemagne. Urbain VI, à Rome, fut reconnu par l’Empire, l’Angleterre, la Hongrie, les royaumes scandinaves, les pays de l’Italie du Nord et d’Italie centrale, ainsi que ceux d’Allemagne septentrionale.

Loin de tenter un rapprochement, chacun des deux adversaires résolut d’éliminer son concurrent par la force en s’appuyant sur les princes de son obédience. Ce fut la "voie de fait", qui coûta cher à l’un et à l’autre, et fut marquée avant tout par les initiatives militaires de la France en Italie (Louis d’Anjou) et du royaume de Naples afin de reprendre Rome pour Clément VII. Elle n’aboutit à aucun résultat positif et aggrava les troubles provoqués par le schisme, qui non seulement scindait la chrétienté en tant qu’entité politique, mais opposait souvent les âmes les plus ardentes (Catherine de Sienne est urbaniste, Vincent Ferrier clémentin) et, de toute façon, portait durablement atteinte au prestige de la papauté.

En 1389, Urbain VI étant décédé, on espéra une réconciliation. Les cardinaux s’y refusèrent et lui donnèrent un remplaçant, Boniface IX, auquel succédèrent Innocent VII en 1404, puis Grégoire XII en 1406. De leur côté, les avignonnais élurent Benoît XIII en 1394. Cet entêtement commun suscita la réprobation des meilleurs et l’abandon de la voie de fait. Les maîtres de l’université de Paris (d’abord Henri de Langenstein et Conrad de Gelnhausen, ensuite Nicolas de Clamanges, Pierre d’Ailly, Jean Gerson) proposèrent très tôt le recours au jugement du concile œcuménique.

Cependant, avant d’en venir là, d’autres solutions furent essayées. La soustraction d’obédience, décidée en 1398 pour des raisons diverses par le roi de France, qui ne reconnut plus aucun pape, aurait pu entraîner les autres puissances à agir de même et forcer les deux pontifes à l’abdication. Elle échoua, comme échouèrent les tentatives de compromis direct entre les deux adversaires.

En 1408, la plupart des cardinaux romains se séparèrent de Grégoire XII, tandis que la France abandonnait à nouveau Benoît XIII. Les deux collèges cardinalices entrèrent alors en relations ; il en résulta la réunion d’un concile à Pise (mars-juill. 1409) qui rassembla de nombreux participants ; il proclama la déposition des deux papes et élut le nouveau pontife, Alexandre V, déclaré seul légitime.

Malheureusement, certaines puissances refusèrent d’abandonner l’obédience antérieurement choisie et, bien que le pape désigné à Pise eût pour lui la France, l’Angleterre et la plupart des évêques allemands, le schisme subsista et devint tricéphale.

En 1410, Jean XXIII, un personnage ambitieux et violent, plus politicien que pasteur, succéda à Alexandre V décédé. Il se fit vite de nombreux opposants. Cela permit à l’empereur Sigismond de convoquer un nouveau concile qui se réunit à Constance de 1414 à 1418 et qui s’occupa aussi de l’affaire hussite et de la réforme de l’Église. Jean XXIII, qui espérait être confirmé par cette assemblée, dut déchanter, tenta de s’enfuir, fut rattrapé et arrêté, puis déposé pour "simonie et façon de vivre scandaleuse". Grégoire XII accepta d’abdiquer.

Quant à Benoît XIII, il refusa de se soumettre et fut lui aussi déposé, mais il se maintint jusqu’à sa mort dans la forteresse de Pezníscola (Baléares) et eut même des successeurs.

Le 11 novembre 1417, le collège des cardinaux, renforcé par six députés de chaque nation du concile (France, Angleterre, Allemagne, Italie, Espagne), élut à la quasi-unanimité le cardinal Odon Colonna, qui prit le nom de Martin V. Le schisme était terminé, l’unité rétablie, mais les troubles demeuraient. Tandis que la théorie conciliaire, proclamée à Pise et à Constance, selon laquelle, dans l’Église, l’autorité suprême appartient au concile battait en brèche la traditionnelle doctrine de la souveraineté du pape, et que, dans divers pays, les rois se mettaient à envisager avec l’épiscopat une organisation nationale de la vie ecclésiastique (ainsi le gallicanisme en France), une réforme des mœurs et des mentalités se faisait de plus en plus urgente.

1918

Une très long exposé ce jour-ci, 80 anniversaire de la signature de l’Armistice de 1918. Mais l’importance de cet événement dans l’Histoire du XX° siècle est prépondérante. Car il " prépare " le terrain à la seconde Guerre Mondiale et de ce fait à l’affrontement entre les Communistes et les Occidentaux et donc aux 40 années de Guerre Froide qui s’ensuivirent .

En Juillet 1818, vaincus à terme, les généraux allemands ne songent plus qu’à hâter la conclusion de l’armistice. Ils voudraient le signer avant que l’adversaire ne mesure sa victoire avec exactitude, avant qu’il ait reconquis le territoire français.

L’armistice demandé par les Bulgares, le 26 septembre, donne l’occasion attendue, d’autant plus que l’armée turque a été anéantie par les Anglais à Megiddo et que, sur le front italien, tout laisse présager que le général Diaz réussira à enfoncer l’armée austro-hongroise, démoralisée par la désertion de nombreux contingents slaves. Elle fut effectivement vaincue à Vittorio Veneto, le 25 octobre, ce qui entraîna Charles Ier à demander l’armistice de Villa Giusti, puis à abandonner son trône.

L’état-major allemand exigeait du chancelier Georg von Hertling qu’il demande l’armistice : ignorant la situation réelle des forces impériales, la menace anglaise sur Cambrai, l’avance de Gouraud et des Américains en Champagne et en Lorraine, le chancelier ne comprenait pas les raisons de cette précipitation. Il fut remplacé par un libéral, le prince Max de Bade, dont la présence à la chancellerie cautionnerait la volonté de paix des dirigeants allemands. Les socialistes acceptèrent de participer à son cabinet quand ils surent la vérité sur la situation militaire. Ils voulaient " mettre fin à la guerre et sauver l’Allemagne ".

Wilson répondit aux premières demandes de pourparlers, au début d’octobre, par un appel au renversement du Kaiser. Ludendorff démissionna aussitôt, accréditant le mythe d’une trahison des civils : Guillaume II refusant d’abdiquer, les socialistes menacèrent de démissionner. Ils déclarèrent que la personne de Guillaume II était le seul obstacle à la conclusion d’un armistice. Il y eut, aussitôt, des manifestations en faveur de la paix. Le 3 novembre, des mutineries éclatèrent à Kiel : les marins refusaient de livrer une bataille " pour l’honneur ". Les socialistes chantaient l’Internationale et affirmaient leur volonté de renverser le régime. Avec les ouvriers, ils formèrent des soviets et, malgré les efforts des ministres sociaux-démocrates (Ebert, Scheidemann, Noske...), la vague révolutionnaire gagna toute l’Allemagne. Le 9 novembre, Guillaume II était contraint d’abdiquer. Max de Bade avait abandonné le pouvoir aux socialistes : ce seraient eux qui endosseraient les frais de la défaite.

Loin de se douter de l’étendue de leur victoire, les Alliés hésitaient à conclure. Ils s’y décidèrent par peur que la fortune ne tourne. Foch craignait aussi que la prochaine offensive n’avantageât les Américains, mieux placés pour entrer en Allemagne, et qui passeraient pour les vainqueurs de la guerre. Ainsi, les Allemands ne connurent pas la guerre sur leur territoire ; ayant campé pendant quatre ans en terre ennemie, ils imaginaient mal qu’ils étaient vraiment vaincus.

L’Armistice fut signé le 11 novembre à 5 heures du matin, dans un train stationné près de la gare de Rethondes, en forêt de Compiègne. Les hostilités cessèrent le matin même à 11 heures sur le front de l'Ouest.

Suivant les termes de l'armistice, les Allemands remirent aux Alliés la plus grande partie de leur flotte, soit 10 navires de combat, 17 croiseurs, 50 torpilleurs et plus de 100 sous-marins. Toute la flotte à l'exception des sous-marins fut rassemblée à Scapa Flow en novembre 1918, les officiers et les équipages allemands restant à bord. Le traité de Versailles (1919) stipulait que les navires capturés deviendraient la propriété permanente des Alliés, ceux encore en possession de l'Allemagne devant également leur être remis. En réaction à ces mesures, les Allemands sabordèrent leurs bateaux retenus à Scapa Flow le 21 juin 1919.

Mais le bilan de cette 1ère Guerre mondiale est particulièrement noir.

La Première Guerre mondiale fut avant tout une guerre de tranchées, particulièrement sur le front occidental, mais aussi sur les fronts russo-turc et austro-italien. Guerre de position, elle vit s'affronter les adversaires jusqu'à l'épuisement des infanteries. Les innovations techniques (artillerie mobile, sous-marins, chars et aviation) font pourtant de ce conflit la première "grande guerre moderne". Son achèvement rapide lors des campagnes de France, en 1918, s'explique en partie par l'emploi généralisé de ces techniques, qui redonnèrent au front sa mobilité.

La Première Guerre mondiale fut une guerre industrielle et la victoire revint finalement à l'alliance disposant du plus puissant appareil industriel. Le maintien intact de l'appareil de production allemand au lendemain de l'armistice laissa aux vainqueurs le sentiment d'une guerre inachevée. Par contre au niveau allemands, les exigences des vainqueurs créèrent un sentiment d’injustice qui favorisa un esprit favorable à la naissance du nazisme et à la 2ème Guerre Mondiale.

La Première Guerre mondiale vit l'essor prodigieux de la production d'avions, de ballons stationnaires et de dirigeables à des fins militaires. La France disposait de 162 avions en 1914 et de 11836 en 1918 (les autres pays connurent une évolution comparable). Ils répondaient à un double usage : l'observation et le bombardement. Les belligérants firent un usage extensif du ballon captif pour observer les fronts stationnaires, les dirigeables servirent à la reconnaissance en mer, tandis que les avions furent utilisés pour les reconnaissances côtières. En liaison avec les opérations militaires terrestres, l'aviation servit à observer les dispositifs de défense des adversaires ou pour bombarder les lignes ou les troupes ennemies en action. Les avions et les dirigeables effectuèrent également de nombreux raids sur les villes et les usines situées loin derrière les lignes ennemies.

La Première Guerre mondiale commença le 28 juillet 1914 et prit fin le 11 novembre 1918, après plus de quatre années de combats, alors que tous les belligérants avaient imaginé une guerre courte. Son coût total a été estimé à 2500 milliards de francs-or. Le nombre des victimes s'éleva à plus de 8 millions de militaires et plus de 13 millions de civils. Une véritable boucherie ! Avec 1,8 million de morts, l'Allemagne paya le plus lourd tribut, juste devant la Russie (1,7 million) et la France (1,4 million). Les pertes furent particulièrement sévères dans ce pays qui supporta sur son sol les plus violents combats (7 p. 100 du territoire ravagé). Dans tout le nord-est de la France, les infrastructures urbaines, industrielles et agricoles furent totalement détruites. La mort d'un quart des Français âgés de dix-huit à vingt-sept ans eut des conséquences démographiques à long terme.

Les clauses de l’armistice (11 nov. 1918) parurent très dures aux allemands  : reddition de la flotte de guerre, évacuation de la rive gauche du Rhin, livraison de 5 000 canons et 30 000 mitrailleuses, etc. En réalité, elles étaient bénignes, compte tenu des dévastations causées en territoire ennemi ; mais les militaires qui les avaient préparées les jugeaient satisfaisantes parce qu’ils croyaient avoir détruit l’armée allemande. Ils n’en avaient détruit que l’apparence, parce que, soldats d’esprit et de métier, ils n’avaient pas encore compris que la force d’une nation réside dans la puissance industrielle. En outre, faisant passer désormais l’esprit de parti avant le ressentiment patriotique, ils ménageaient volontairement les dirigeants allemands pour qu’ils fassent rempart contre le bolchevisme.

La Première Guerre mondiale marqua la fin du cycle pluriséculaire de la domination européenne sur le monde. Ruinées par le conflit, les vieilles nations européennes virent émerger les États-Unis comme première puissance économique mondiale. Malgré l'espoir d'une paix définitive qu'avaient fait naître les traités, la Première Guerre mondiale portait en elle le germe d'un conflit encore plus dévastateur. Les puissances européennes victorieuses cherchèrent à obtenir des Empires centraux des réparations d'un montant égal au coût total de la guerre et se distribuèrent les territoires et les possessions des vaincus, en vertu d'accords secrets conclus avant l'entrée en guerre des États-Unis. Au cours des négociations de paix, le président Wilson tenta d'abord d'obtenir l'acceptation de la totalité de son programme en quatorze points, mais finalement afin d'obtenir l'appui des Alliés à la création de la Société des Nations, il n'insista plus sur certains points.

Les traités de paix signés à Versailles, Saint-Germain, Trianon, Neuilly et Sèvres, dans l'ensemble, furent en fait de véritables diktats imposés par les puissances victorieuses. Ils provoquèrent de profonds ressentiments et des troubles sociaux parmi les vaincus, et même chez certains vainqueurs dont les revendications ne furent pas entièrement satisfaites, comme l'Italie. La volonté de révision des traités de la part de ces pays provoqua, à terme, la résurgence d'un militarisme et d'un nationalisme agressif.

1942

Le 11 Novembre, les troupes allemandes en représailles contre le soutien des Forces françaises d’Afrique au débarquement allié et à la guerre en Tunisie, envahissent la France encore partiellement libre. Nul doute que cette date fut choisie en fonction de son impact symbolique, puisque le 11 Novembre était célébré avec émotion en France, chaque année depuis 1918, même en 1940 et en 41.

Toutefois, l’ex-zone libre conserva le privilège d’une administration, d’une presse, d’une radiodiffusion et d’une économie moins directement contrôlées par les Allemands. À partir de novembre 1942, l’ex-zone libre prendra le nom de zone sud pour la différencier de la zone nord.

Cam.

Mois de Novembre / sommaire des chroniques / sommaire de Camilist


Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 30/11/98, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !