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Chroniques du 12 Novembre

Sommaire

1853

Naissance d’un écrivain maudit, Oskar Panizza.

Écrivain maudit s’il en fut, Panizza n’a cessé de mener un combat solitaire contre les préjugés qu’entretiennent les diverses formes de tyrannies civile et religieuse. Né le 12 novembre 1853, à Bad Kissingen (Bavière), il fait l’objet d’une bataille juridique et religieuse entre les autorités catholiques, qui entendent imposer les dernières volontés du père défunt, et une mère protestante, qui a juré de faire de son fils un pasteur. "Sursaturé de religion" dans un institut piétiste de Kornthal (Wurtemberg), il décourage très vite les ambitions maternelles.

Après des études musicales puis commerciales à Munich, il se tourne vers la littérature en 1872. Son service militaire témoigne d’un sens aigu de la désobéissance passive et d’un mauvais esprit fréquemment sanctionné. En 1875, il se déclare athée, s’inscrit à la faculté de médecine de Munich, entre, en 1882, comme médecin assistant à l’asile d’aliénés de la ville. Il quitte la profession lorsqu’une rente annuelle lui permet de se consacrer à l’écriture et de publier plusieurs recueils de poèmes.

En 1891, sa nouvelle, " Le Crime de Tavistock Square " , est interdite pour immoralité. Sommé par l’armée de renoncer à la littérature d’avant-garde, il passe outre, est expulsé de l’association militaire, donne "Journal d’un chien" , se réfugie à Zurich, où il publie sous pseudonyme "L’Immaculée Conception des papes"  (1893) et " Le Michel allemand et le pape romain "  (1894). Sa pièce " Le Concile d’amour "  lui vaut un procès et une condamnation à un an de prison (la première représentation n’aura lieu qu’en 1969, à Paris).

Libéré sous caution, il s’installe à Zurich, écrit " Dialogues " dans l’esprit de Hutten  (1895), puis est expulsé de la ville où il a publié son pamphlet " Psychopathia criminalis " . Il y dénonçait, avec une ironie féroce, l’aisance avec laquelle le pouvoir assimile à une forme de folie le comportement de quiconque contrevient à ses impératifs. Exilé à Paris, il produit sous le titre de " Parisiana "  (1900) une satire de l’Allemagne et de l’empereur Guillaume II.

La justice bavaroise confisque sa fortune et le menace d’une ruine complète s’il refuse de comparaître pour outrage au souverain. De retour en Bavière, il est jugé, emprisonné puis déclaré paranoïaque et interné à l’asile de Munich où il avait été médecin. Comme s’il acceptait enfin le rôle de dément que la société dominante lui assigne, Panizza, cette fois, demande à être transféré dans un sanatorium près de Bayreuth. Il n’écrit plus, traduit des textes du latin et refuse obstinément toute conversation en allemand. Il mourra le 28 décembre 1921.

Dans la tradition d’Ulrich von Hutten, Panizza a mené contre la bêtise et pour l’émancipation individuelle une guerre dont l’incertaine issue, d’époque en époque, ne laisse pas de le tenir encore en suspicion aujourd’hui. Le scandaleux " Concile d’amour "  n’a rien perdu de sa fraîcheur ni le trait de sa vigueur. La pièce obéit sans nuance au parti pris d’en finir avec l’imagerie sacrée. Dieu, vieillard gâteux, trône sur une chaise percée, le Christ est un jeune homme un peu demeuré, la Vierge lance des œillades à Satan, qui annonce le crépuscule des dieux et de l’humanité en propageant par le monde la peste syphilitique. Dans ses textes, il allie la précision de la pensée à une grande érudition et fait justice du phénomène religieux au nom de l’individu, qui est à ses yeux, le seul Dieu digne d’exister.

1906

Le Brésilien Santos-Dumont bat quelques records en avion.

La grande difficulté, à cette époque, est de trouver un moteur léger et puissant. Léger pour acquérir l’altitude et puissant pour donner la vitesse qui augmente la sustentation et permet de se maintenir. C’est un Français, Levavasseur, qui y parvient le premier avec le moteur " Antoinette ", mais c’est un Brésilien, Alberto Santos-Dumont, qui va inscrire – avec ce moteur et sur un aéroplane de sa construction, le 14 bis  – son nom à la première ligne d’un palmarès unique au monde, celui des records d’aviation.

L’Aéro-Club de France (fondé en 1898) et la F.A.I. (Fédération aéronautique internationale, fondée en 1905) s’étaient en effet portés garants de l’homologation de ces performances officielles.

Le 12 novembre 1906, sur la pelouse de Bagatelle, Santos-Dumont allait donc s’attribuer les trois premiers records du monde : durée (21 s 1/5), distance (220 m) et vitesse (41,292 km/h). De l’altitude, il n’était pas encore question, puisqu’il arrivait aux commissaires de se plaquer sur l’herbe pour constater que les roues avaient bien quitté le sol. Précisons que les vols du 12 novembre 1906 s’étaient effectués en moyenne à 6 mètres de haut.

1950

L’Histoire du Nouveau-Monde est récente. Encore plus celle du Québec. J’en parle peu souvent, mais ne dit-on pas " les peuples heureux n’on pas d’Histoire " ! Voici une " sainte ", récemment béatifiée.

Fondatrice de la Congrégation de Notre-Dame de Montréal, Marguerite Bourgeoys avait trouvé une formule merveilleusement adaptée à la Nouvelle-France : ses religieuses, "vagabondes et non cloîtrées", devaient travailler pour leur subsistance. Évaluées à près de 3 000 par l’Annuario pontificio  de 1980, elles se sont principalement consacrées à l’instruction des jeunes filles.

Née à Troyes, en 1620, Marguerite Bourgeoys fut, après sa "conversion" (1640), en rapport avec la sœur du gouverneur de Montréal, Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve, avec lequel elle s’embarqua pour le Canada en 1653. À Montréal, elle se consacra à diverses œuvres sociales auprès des colons. À partir de 1658, elle enseigna, utilisant, aux débuts, une étable de pierre sommairement aménagée. C’est aussi en 1658 qu’elle voyagea en France pour y recruter des compagnes. Elle revint accompagnée de quatre jeunes filles. Ce fut le début de la Congrégation de Notre-Dame. En 1670, Marguerite sollicita et obtint de Louis XIV des lettres patentes (mai 1671).

La congrégation progressa rapidement, créant un pensionnat à Montréal pour les filles de famille et un ouvroir pour les filles pauvres ; de petites écoles à Lachine, à la Pointe-aux-Trembles de Montréal, à Champlain, à Batiscan et dans la mission indienne de la Montagne.

Jugeant le moment venu pour ses sœurs et elle-même de prononcer les vœux, Marguerite retourna en France, en 1680, pour en demander l’autorisation ; elle lui fut refusée. Néanmoins, et malgré l’incendie de la maison mère en 1683, l’expansion se poursuit : une école est ouverte à l’île d’Orléans, un ouvroir puis une école à Québec. Il n’était pas encore résolu lorsque Marguerite renonça au supériorat général en 1693. En 1698, enfin, l’autorisation fut accordée : à la cérémonie de prestation des vœux, le 1er juillet, Marguerite Bourgeoys prit le nom de sœur de Saint-Sacrement. Elle mourut moins de deux ans après. Sa congrégation comptait quarante religieuses. Elle fut béatifiée par Pie XII, le 12 novembre 1950.

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 30/11/98, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !