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Chroniques du 16 Novembre.

Sommaire

1351

La création, par Jean-Le-Bon, de l’Ordre de chevalerie de " l’Etoile ".

C’est le plus ancien ordre de chevalerie français historiquement attesté ; créé par le roi Jean le Bon le 16 novembre 1351, au début de la Guerre de Cent Ans, son nom lui vient de ses insignes : un anneau dont le chaton figurait une étoile émaillée, timbrée d’un soleil d’or, et un "fermail" de même forme à fixer sur le manteau ou le chaperon. Toutefois, les statuts l’intitulent ordre de Notre-Dame-de-la-Noble-Maison, en raison du patronage de la Vierge et du siège de l’institution, le château de Saint-Ouen, résidence préférée des premiers Valois.

L’ordre devait répondre à la récente création de l’ordre anglais de la Jarretière et regrouper autour du roi les cinq cents meilleurs chevaliers de la noblesse française. En fait, ils ne dépassèrent pas la centaine. Si la cérémonie inaugurale connut un luxe extravagant cher à Jean, la vie de l’ordre semble s’être résumée dans cette unique journée. Les désastres qui aboutirent à la captivité du roi à Poitiers (1356) virent disparaître presque tous les chevaliers, fidèles à leur serment de ne jamais fuir devant l’ennemi.

Aucun des successeurs de Jean ne paraît jamais avoir fait revivre l’ordre de l’Étoile, et nul document ne le mentionne plus. La fête de Saint-Ouen avait cependant revêtu un tel éclat qu’on admit mal une extinction si rapide. Brantôme, au XVIe siècle, répandit même l’opinion très fantaisiste selon laquelle l’ordre, discrédité par trop de largesses, serait devenu l’insigne du Chevalier du Guet.

1532

La capture de l’empereur Atahualpa scelle le sort de l’empire Inca.

Les résultats politiques et économiques de la conquête espagnole en Amérique sont sans commune mesure avec les faibles moyens mis en œuvre. Cortés soumet l’Anahuac en une campagne de deux années (1519 à 21). De là, les Espagnols poussent, à la recherche d’or, vers le Pacifique (Zacatula, Tututepec, 1522-1523), et vers l’Amérique centrale (Guatemala, Honduras, 1524), jusqu’à rejoindre les expéditions qui, de Panama, s’aventurent vers le Nicaragua. À partir de 1529 joue l’attrait des mirages du Nord-Ouest : à la conquête de la Nouvelle-Galice (1530-1531) succède la recherche des sept cités de Cibola et de Quivira, qui entraîne Coronado jusqu’au cœur des prairies du Kansas et du Nebraska (1540-1542).

L’occupation de la Terre-Ferme (Tierra Firme , le littoral septentrional de l’Amérique du Sud) part des établissements antillais (Cumana, 1520 ). Les Welser financent l’exploitation du Venezuela (1529), tandis que Jiménez de Quesada pénètre sur les hauts plateaux de la Nouvelle-Grenade (1536-1538) et fonde Bogotá (1538).

Panamá, fondée par Pedrarias Dávila en 1519, est la base de départ de la conquête du Pérou, que Francisco Pizarro, après plusieurs reconnaissances préliminaires, mène à bien de 1530 à 1534. Du cœur de l’empire des Incas, les conquérants gagnent le haut Pérou (Charcas, Potosí, 1538-1545), la haute Amazonie, s’attaquent à la difficile conquête du Chili (Almagro en 1535-1537 ; Valdivia de 1540 à 1553), et dépassent le versant oriental des Andes (Tucumán, 1549). Vers le nord, en suivant l’axe des grandes chaînes, ils atteignent par Quito, en 1534, les hauts plateaux chibcha  de l’actuelle Colombie. C’est d’Espagne, en revanche, que partent les expéditions qui pénètrent dans le Río de la Plata et parviennent jusqu’au Paraguay (Asunción, 1537).

La rapidité de ces conquêtes et leur relative facilité n’ont pas cessé d’étonner ! Comment ces quelques poignées d’hommes ont-ils pu soumettre des multitudes d’Indiens et briser, en quelques mois, des empires dont certains avaient atteint un très haut degré d’organisation et de puissance ?

Les Espagnols ont bénéficié d’une évidente supériorité d’armement : aux armes à feu, aux épées et aux cuirasses, à l’emploi de la cavalerie et des molosses, les Indiens ne peuvent opposer que des javelots, des massues armées d’éclats d’obsidienne, des arcs et des flèches, des boucliers de bois et des tuniques matelassées de coton en guise d’armures. Mais cette supériorité technique ne suffit pas à tout expliquer. L’habileté des chefs d’expédition est sans doute un facteur plus décisif. Cortés et Pizarro ont usé de la diplomatie et surtout du mensonge, autant et plus que de la force. Ils ont utilisé les divisions qu’ils avaient su discerner au sein du monde indigène : Cortés exploite les rancœurs des peuples tributaires de la confédération Aztèque. Pizarro profite de la querelle entre Huascar et Atahualpa pour la succession de l’empire inca. Ils se ménagent ainsi le concours d’alliés qui leur fournissent non seulement des combattants auxiliaires, mais surtout les porteurs, et le ravitaillement, plus précieux encore qu’un appui militaire.

Aidés à leur insu par les prophéties qui annonçaient le retour de héros mythiques, Quetzalcoalt ou Viracocha, Cortés et Pizarro ont pu pénétrer sans coup férir jusqu’au cœur même des empires indigènes. Parvenus jusqu’à ce point, ils jouent tout sur un coup d’audace : lorsque Cortés séquestre Moctezuma dans son propre palais, en novembre 1519, les réactions de défense des Mexicains en restent pour longtemps paralysées.

La capture d’Atahualpa dans le guet-apens de Cajamarca, le 16 novembre 1532, scelle en quelques heures le destin de l’empire des Incas. Lorsque les Indiens prennent conscience de ce qui est en jeu – leur liberté et leur survie comme peuple – et qu’ils engagent la bataille décisive, il est toujours trop tard : Cuauhtémoc n’est qu’un assiégé héroïque, et, au Pérou, la révolte générale des Indiens, un sursaut désespéré, mais vain.

D’autres forces ont joué au profit des Espagnols : une épidémie de petite vérole, maladie transmissible sexuellement, contre laquelle les Indiens ne possédaient aucune immunité a décimé les assiégés de Tenochtitlan et plus tard le Pérou, avant même l’assaut de Pizarro.

Les conquistadores ne sont pas toujours aussi heureux : les nomades des plaines et des dépressions tropicales, redoutables archers, leur opposent une résistance autrement vigoureuse et efficace que celle des grands empires sédentaires. Les tentatives en Floride et sur l’Orénoque ou dans le haut Marañón se soldent par des désastres ou par des retraites difficiles. L’échec d’Almagro au Chili n’est que le premier d’une longue série ; l’occupation du Yucatan par Montejo exige une longue et dure campagne.

Au-delà des grands empires, la conquête se heurte à de sérieuses difficultés : elle ne dépasse qu’exceptionnellement, dans sa première phase, les frontières des hauts plateaux à climat tempéré. Dans la steppe aride ou la grande forêt tropicale, les conditions naturelles et l’hostilité des hommes limitent pour longtemps ses progrès.

1717

La naissance sur les marches d’une église, d’un des grands philosophes, d’Alembert.

Fils illégitime d’un écrivain français, Claudine Guérin de Tencin, d’Alembert a été abandonné à sa naissance sur les marches d’une église (église Saint-Jean-le-Rond) à Paris. D’où son nom. Jean le Rond d’Alembert. Recueilli par l’épouse d’un vitrier sans enfant, il vécut avec sa mère adoptive jusqu’à l’âge de 48 ans ! Son père, le Chevalier Destouches, fit en sorte de subvenir à ses besoins et de lui prodiguer la meilleure éducation possible. Il fit des études au collège Mazarin, où il excella en mathématiques, physique et astronomie.

À 22 ans, il écrivit son 1er livre " Mémoire sur le calcul intégral " (1739). Astronome à l’Académie des Sciences à 24 ans, il inaugura une nouvelle ère de la mécanique par son " Traité de dynamique " (1743), qui assura définitivement sa célébrité. Il est fondé sur la théorie connue aujourd'hui sous le nom de principe de d'Alembert, que l'auteur découvrit à l'âge de vingt-six ans. En vertu de ce principe, les forces d'inertie internes d'un système isolé sont égales et opposées aux forces responsables de l'accélération du système.

Ses Réflexions sur la cause générale des vents (1746) contiennent la première théorie sur la résolution des équations différentielles aux dérivées partielles. En 1749, il proposa la première solution analytique de la précession des équinoxes. En 1750, il s'associa à Denis Diderot pour éditer l'Encyclopédie, dont il rédigea le Discours préliminaire s'inspirant de la philosophie empiriste de John Locke. Bien qu'il se soit retiré de la rédaction en 1758 en raison de l'ingérence du gouvernement dans la publication de l'ouvrage, d'Alembert continua par la suite à fournir des articles sur la science et la philosophie. Son article sur Genève incita Rousseau à écrire sa célèbre Lettre à d'Alembert sur les spectacles (1758). Citons aussi les Éléments de musique théorique et pratique suivant les principes de M. Rameau (1752), les Mélanges de littérature et de philosophie (1753) et l'Essai sur les éléments de philosophie (1759). Condorcet publia sa correspondance avec Voltaire (1754). Il est mort le 29 Octobre 1783. J’en ai parlé dans les Chroniques de ce jour. Vous pouvez vous-y référer.

1993

Un nouveau droit international sur la pêche permet d’espérer la survie des Océans.

À cet égard, la nouvelle Convention internationale sur le droit de la mer, adoptée le 30 avril 1982 par cent trente pays et ratifiée par soixante d’entre eux le 16 novembre 1993, est entrée en vigueur le 16 novembre 1994. Ce nouveau droit international de la mer s’appliquera à tous les pays, même ceux qui ne l’ont pas ratifié. Il ouvre des perspectives prometteuses en ce sens qu’il permet à chaque pays de choisir, pour l’utilisation des ressources sur lesquelles il a étendu sa juridiction, les objectifs et les schémas d’exploitation qui conviennent le mieux à sa politique en matière de développement économique et social. Comme il permet de fixer, avant même l’exploitation, le droit d’accès aux ressources, ce nouveau droit international de la mer apparaît également comme un facteur de progrès pour l’aménagement des pêches. Ne pas confondre ce droit international avec les règles de l’Union européenne, qui s’adaptent avec l’entrée en vigueur du droit international.

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 30/11/98, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !