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Chroniques du 25 Novembre.

Sommaire

1685

Un incident secoue la ville de Beauvais, dans le Nord. Il oppose un des plus influents chanoine du chapitre de la Cathédrale, Raoul Fol, et un théologien très sérieux, très renommé, Charles Papin.

Les clans se forment, les algarades ne manquent pas. La tension monte.

Mais quoi donc les oppose ?

Tout simplement, le fait de porter une perruque pour célébrer la sainte Messe.

Le chanoine " Fol ", souffrait d’alopécie commune. Désireux de garder son " magnétisme " sur la gent féminine qui suivait volontiers l’office et les sermons du beau chanoine, il décida de porter une perruque pour cacher la calvitie partielle.

L’Histoire ne dit pas qui l’emporta. Mais nul doute que l’Evêque dut intervenir pour calmer l’un et l’autre.

1854

Ferdinand de Lesseps obtient l’autorisation d’une " Concession " du Canal de Suez.

Né en 1805, diplomate et ingénieur, il conçut et réalisa le canal de Suez.

Ferdinand Marie, vicomte de Lesseps occupa de nombreux postes consulaires à partir de 1825 et jusqu'en 1849, date à laquelle il tomba en disgrâce. Lorsqu'il était vice-consul adjoint (1832-1837) en Égypte, il s'était intéressé au projet saint-simonien de percement d'un canal à travers l'isthme de Suez. Rappelé au Caire en 1854, il obtint du souverain Égyptien un acte de Concession, c. à d. l’autorisation exclusive de construire et d’exploiter le futur Canal de Suez par l’intermédiaire de " la Compagnie universelle du canal maritime de Suez ".

Les travaux commencèrent le 25 avril 1859, et le canal fut officiellement ouvert le 17 novembre 1869. Lesseps, qui avait fait preuve de remarquables qualités d'étude et de réalisation, fut reçu à l'Académie des sciences (1873) et à l'Académie française (1884).

Entre-temps, il avait été choisi comme président de la Compagnie du canal interocéanique de Panamá fondée en 1881. La faillite de la compagnie, en 1889, ruina de nombreux épargnants français (voir Panamá, affaire de). Le scandale qui en découla, éclaboussant la classe politique française, entraîna la condamnation de Lesseps et de son fils Charles à 3 000 F d'amende et cinq ans de prison, condamnation annulée par la suite. Le vieil homme mourut fou avant la fin du procès.

Vous pouvez lire aussi les Chroniques du 25 Avril 1859 et du 17 novembre 1869.

1881

Naissance à Sotto il Monte, près de Bergame en Italie, d’Angelo Roncalli, futur Jean XXIII. Ce Pape " de transition ", qui en convoquant le Concile de Vatican II, fit plus pour l’Église que beaucoup d’autres papes.

Reportez-vous à l’anniversaire de sa mort, le 3 Juin 1963 ainsi qu’à l’ouverture du concile, le 11 Octobre 1962. Ces Chroniques en parlaient déjà.

1959

La mort d’un jeune premier romantique, légende encore vivante aujourd’hui, Gérard Philipe. (1 seul " p " à Philipe). Un acteur français qui incarna à l’écran comme au théâtre le romantisme de la jeunesse, sa fougue et ses exigences.

Gérard Philip, dit Philipe, est né à Cannes, en 1922.

Après un premier rôle dans une comédie de Boulevard (" Une grande fille toute simple ", d’André Roussin), il s’orienta au début des années 1940 vers un théâtre plus littéraire et plus exigeant (" Sodome et Gomorrhe " de Jean Giraudoux, 1943 ; " Caligula " d’Albert Camus, 1945). Il fit son entrée au T.N.P., Théâtre national populaire, alors dirigé par Jean Vilar, en 1951, et remporta de nombreux succès à Paris, au Festival d’Avignon et en tournées, plus particulièrement dans le répertoire classique (" le Cid " de Corneille ; " le Prince de Hombourg ", de Kleist et surtout " Lorenzaccio " et " On ne badine pas avec l’amour " de Musset).

Le cinéma le sollicita très vite et il fit sensation dans " l’Idiot ", d’après le roman de Dostoïevski (Georges Lampin, 1946). Suivit alors une impressionnante série de films : " le Diable au corps ", d’après Raymond Radiguet (Claude Autant-Lara, 1947), " la Chartreuse de Parme ", d’après Stendhal (Christian-Jaque, 1948), " la Beauté du diable ", sur des dialogues d’Armand Salacrou (René Clair, 1950), " Montparnasse 19 ", où il joua le rôle de Modigliani (Jacques Becker, 1958).

Son registre très étendu lui permit de travailler avec Guitry (" Si Versailles m’était conté ", 1954) comme avec Buñuel (" La fièvre monte à El Paso ", son dernier rôle, 1960) et d’apparaître dans des films de cape et d’épée comme " Fanfan la Tulipe " (Christian-Jaque, 1952) ou des comédies à costumes comme " les Aventures de Till l’Espiègle ", qu’il coréalisa avec Joris Ivens (1956).

Loin de se spécialiser dans des rôles de séducteur sympathique, il sut incarner des personnages plus complexes (" les Orgueilleux, Yves Allégret ", 1953 ; " Pot-Bouille ", Julien Duvivier, 1960), voire très ambigus (" Monsieur Ripois ", René Clément sur des dialogues de Raymond Queneau, 1954).

Sa mort, suite à une tuberculose ou un cancer du poumon créa un vide énorme en France et contribua à créer le Mythe " Gérard Philipe ".

1973.

Coup d’état militaire, une junte en chasse une autre. La dictature militaire subsiste. Sans aucun appui populaire, soutenue par une partie de l’armée, financée par la C.I.A. et formée par des techniciens américains.

Le 21 avril 1967, les " colonels " prennent le pouvoir en Grèce, devançant ainsi de peu un coup d’état des " généraux ", trop royalistes, trop oligarchiques. Soutenus par la C.I.A., qui veut éviter le communisme dans cette partie de l’Europe, ils instaurent une politique de terreur et de corruption pire que les dictatures populaires des pays de l’Est.

A voir dans le film de Costa Gavras, " Z " (avec Yves Montand, 1969), où il dénonce le terrorisme d’état, l’assassinat du député grec Lambrakis, et la liaison à la C.I.A.

En 1971, un assouplissement s’amorce et le Georges Papadopoulos, chef de la junte, devient président. Mais le retour au Parlementarisme provoque une réaction violente de la junte, d’où ce nouveau coup d’état le 25 Novembre 73.

Paradoxalement, ce sont les États-Unis qui provoquèrent la chute du régime en 1974. Chypre ayant été envahie par les Turcs, alliés de l’Otan en méditerranée, la Grèce voulut déclarer la guerre à la Turquie et reprendre Chypre par la force. Pour garder leurs alliés Turcs, les Américains refusèrent de soutenir les " Colonels " et de leur livrer les armes. Ils les menacèrent même de rétorsion ; dès lors le sort du régime était scellé ! Les élections libres en 1974 donnèrent le pouvoir aux socialistes de Georges Karamanlis.

1975

Indépendance du Suriname. L’ancienne Guyane hollandaise est un état du nord-est de l'Amérique du Sud, limité au nord par l'océan Atlantique, à l'est par la Guyane française, au sud par le Brésil, et à l'ouest par le Guyana. La superficie totale du Surinam est de 163000 km2. La capitale est Paramaribo.

La population (415.000 habitants en 1989) est un véritable " melting-pot ". Les groupes ethniques les plus représentés sont les Hindo-Pakistanais, qui constituent environ 37 p. 100 de la population, et les créoles (d'origine à la fois africaine et amérindienne), qui représentent 31 p. 100 de la population. On trouve également des Indonésiens, 15%, des Noirs africains, descendants des esclaves qui s'étaient enfuis en migrant vers l'intérieur des terres, 10%, des Amérindiens, les descendants des tribus indigènes, 3%, des Chinois, 2% et des Européens (hollandais) 1%.

Avant l'arrivée des Européens, le territoire correspondant aujourd'hui au Surinam était peuplé de tribus d'Amérindiens, Arawaks et Caribes. Les Néerlandais occupèrent le territoire en 1581 et, durant la première moitié du XVIIe siècle, des négociants anglais colonisèrent la région. En 1667, les Britanniques cédèrent leur part aux Néerlandais en échange de la Nouvelle-Hollande (en Amérique du Nord). Au début du XIXe siècle, après les guerres napoléoniennes, la Grande-Bretagne reconnut officiellement le Surinam comme la propriété des Pays-Bas. L'esclavage fut aboli en 1863, et de nombreux émigrants venus d'Inde et d'Indonésie s'établirent sur le territoire.

En 1922, le Surinam devint partie intégrante du territoire des Pays-Bas, mais une nouvelle constitution adoptée en 1954 lui conféra une large autonomie au sein du royaume. Aux élections libres de 1973, l’élimination du V.H.P.(parti des Hindoustis libres) et du P.N.P. (Parti nationaliste progressiste) des créoles conservateurs et la victoire du N.P.K. (parti des Créoles et protestant) s’expliquent surtout par le mécontentement populaire causé par la croissance de l’inflation. Le leader du NPK Henk A. E. Arron devient 1er ministre ; poussé par le P.N.R. de Eddy Bruma, un avocat créole partisan du pouvoir noir ", il engage le 15 février 1974 des pourparlers avec La Haye en vue de l’indépendance.

Les Pays-Bas, qui cherchaient à se débarrasser d’une part des émigrants qui leur posaient des problèmes sociaux et raciaux insolubles, d’autre part de la responsabilité dans des mesures de répression afin de conserver l’image d’une Hollande pacifique, ne firent pas de difficulté pour fixer la date de l’indépendance au 25 novembre 1975. Porte-parole des Hindoustanis, l’avocat Jaggernath Lachmon, leader du V.H.P., afficha ouvertement ses craintes car, disait-il, " la dictature s’instaurerait après le 25 novembre ". L’annonce de l’indépendance intensifia le courant migratoire vers la Hollande. Plusieurs problèmes se posèrent : celui de la nationalité des Surinamiens vivant aux Pays-Bas (90 000 en 1975, 180 000 en 1981), la question des frontières avec la Guyana et la Guyane française, les modalités de l’aide économique accordée par La Haye, la défense et les affaires étrangères, les relations avec la C.E.E.

En novembre 1974, le Suriname décida de se joindre à l’association des producteurs de bauxite créée le 8 mars 1974, qui regroupait déjà la Guinée, la Jamaïque, la Yougoslavie et l’Australie. Le problème de l’aide économique divisa le gouvernement : le Suriname réclama 7,5 milliards de florins (25 milliards de F.F.) pour réaliser en dix ans des projets industriels, notamment une ligne de chemin de fer et un barrage. Il n’en reçut que 2,7 milliards.

Johan Ferrier devint le premier président de la République et Henk Arron, Premier ministre. Les trois cents militaires néerlandais quittèrent le pays. Les Hindoustanis, mécontents d’une indépendance négociée et conduite par les créoles – majoritaires au Parlement – se heurtèrent aux initiatives du ministre de l’Économie, Eddy Bruma, qui tenta de " socialiser " la distribution de certaines denrées essentielles et de nationaliser des sociétés étrangères.

Dès 1976, le Suriname adhéra au Caricom. Aux élections du 31 octobre 1977, la coalition sortante dirigée par Henk Arron emporta 24 des 39 sièges du Parlement. Une politique orientée par la bourgeoisie et dirigée par les intérêts étrangers – en particulier le capital néerlandais – put ainsi se développer jusqu’en 1980 ; une certaine forme de néocolonialisme.

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 18/12/98, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !