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Chroniques du 29 Novembre

Sommaire

1314

La mort du roi de France, Philippe le Bel.
Un monarque des plus complexes.

1330

Mort par pendaison , sur ordre du Roi, de Roger Mortimer.

Roger Mortimer, Comte de la Marche, né en 1287, est issu d’une famille d’origine normande dont la fortune s’est considérablement accrue par mariages au XIIIe siècle.

Roger Mortimer est l’un des plus puissants seigneurs des Marches galloises, très indépendants du pouvoir royal ; il possède aussi d’importants domaines en Irlande. En 1316, il y est nommé lieutenant général du roi et prend une part importante à la défaite d’Édouard Bruce (1318), qui s’était fait couronner roi d’Irlande. Mais, en 1320, il se heurte, ainsi que tous les seigneurs des Marches, aux prétentions galloises d’Hugh le Despenser, favori d’Édouard II. Ce conflit, manifestation de l’opposition des barons à la monarchie, prend la forme d’une guerre, et Mortimer doit se rendre avec son oncle en 1322 ; condamné à la prison à vie, il s’enfuit de la tour de Londres en 1323 et se réfugie en France.

Il y retrouve en 1325 la reine Isabelle, femme d’Édouard II, qui devient sa maîtresse. S’appuyant sur le parti baronnial, tous deux débarquent en Angleterre en décembre 1326 ; les Despenser sont pris et tués, le roi abdique en faveur de son fils Édouard III. Le pouvoir est en fait aux mains de la reine et de Mortimer, fait comte de La Marche en 1328. L’assassinat d’Édouard II, les accords désastreux conclus en Guyenne et en Écosse, la morgue, l’ambition et la convoitise de Mortimer, qui accumule titres et seigneuries, favorisent les desseins d’Édouard III qui, soutenu par Henri de Lancastre, le fait arrêter (octobre 1330).

Condamné à mort par le Parlement, Mortimer est pendu le 29 novembre 1330 et ses biens sont confisqués au profit de la couronne.

1633

Louise de Marillac crée l’Ordre des Filles de la Charité, avec l’assentiment de (Saint) Vincent de Paul.

Née en 1591, fondatrice, avec saint Vincent de Paul, des Filles de la Charité, Louise de Marillac était née hors mariage de Louis de Marillac, conseiller au parlement ; elle eut une enfance peu heureuse et fut très profondément affectée quand elle comprit les circonstances de sa naissance.

Elle fut d’abord élevée chez les dominicaines de Poissy. Après la mort de son père, en 1604, et des revers de fortune dans sa famille, elle fut confiée à une femme pauvre, peut-être sa mère, qui lui apprit à coudre, à peindre, à tenir une maison. Les Capucines, auxquelles elle aurait voulu se joindre, jugèrent sa santé trop faible.

En 1613, on la maria à Antoine Le Gras, secrétaire des commandements de Marie de Médicis. Elle eut un fils, Michel. Bientôt son mari tomba malade ; elle fut soutenue par d’éminents directeurs de conscience : saint François de Sales à partir de 1618, Mgr Camus, évêque de Belley, enfin saint Vincent de Paul, qu’elle rencontra en 1624. Son mari mourut en 1625 ; son fils entra au séminaire en 1628 ; Louise se consacra alors entièrement aux œuvres de charité.

Elle commença par visiter les groupements de dames et de jeunes filles organisés par Vincent de Paul. Elle comprit vite que cette organisation était insuffisante et, le 29 novembre 1633, elle réunit quelques filles, les premières Filles de la Charité, pour lesquelles elle composa un règlement, que Vincent de Paul retoucha à peine. Celui-ci suivit de près le développement de l’institut ; il avait trouvé en Louise de Marillac l’aide fidèle et intelligente qui lui était indispensable pour instituer une forme de vie religieuse fort originale pour l’époque.

Cette œuvre prospéra au-delà de toute espérance et eut un rayonnement extraordinaire.

Louise de Marillac fut béatifiée en 1920 et canonisée en 1934.

1945

La création de l’Etat de Serbie.

La Serbie fut l’une des six républiques de la fédération des républiques socialistes de Yougoslavie (S.F.R.J.) proclamée le 29 novembre 1945 (appelée également " Deuxième Yougoslavie "). Avec son voisin le Monténégro, la Serbie forme la république fédérale de Yougoslavie créée le 27 avril 1992. Cette " Troisième Yougoslavie " est toujours privée de reconnaissance internationale au début de 1995. La Serbie est une république qui s’ouvre au nord sur la grande plaine danubienne et s’enfonce au sud au cœur de la péninsule balkanique.

Située aux limites de l’Europe centrale et d’une superficie de 88361 kilomètres carrés (un peu plus de deux fois la Belgique), elle a des frontières communes avec 8 pays. La Hongrie, la Roumanie, la Bulgarie, la Macédoine, l’Albanie, le Monténégro, la Bosnie-Herzégovine et la Croatie. Sans accès direct à la mer, la Serbie est enclavée. Avec l’exacerbation du nationalisme postcommuniste, la question serbe réapparaît et la légitimation des stratégies politiques et territoriales fait référence à certaines périodes historiques estimées glorieuses. Les territoires serbes furent pourtant dans le passé l’objet de nombreuses transformations géographiques et politiques.

La Serbie joue un rôle prépondérant dans les différents foyers de guerre civile de l’ex-Yougoslavie (Croatie et Bosnie-Herzégovine). Selon le recensement de mars 1991, elle comptait 9791475 habitants (un peu moins que la Belgique), dont 65,8 p. 100 de Serbes, 17,2 p. 100 d’Albanais, 3,5 p. 100 de Hongrois, 3,2 p. 100 de Yougoslaves, 2,4 p. 100 de Musulmans, 1,4 p. 100 de Monténégrins, 1,1 p. 100 de Croates, 1,4 p. 100 de Tsiganes. Toujours selon le même recensement, 24,6 p. 100 de Serbes vivent hors de Serbie.

1947

Au moment où l’orage de 1939 approche, la Grande-Bretagne tient plus que jamais à rassurer le monde arabe. Une conférence de leaders juifs et arabes, en mars 1939 à Londres, échoue complètement (les leaders arabes refusant notamment de siéger avec les leaders juifs). Peu après, la puissance mandataire publie le Livre blanc de 1939. Celui-ci peut se résumer en deux mesures principales : interdiction de l’achat de terres par les Juifs (en dehors d’une zone très limitée) et, surtout, limitation draconienne du nombre de certificats d’immigration (un total de 75 000 pendant une période de cinq années, au-delà de laquelle les certificats ne pourront être obtenus qu’avec l’accord des Arabes). C’était la fin du foyer national, au moment même où les Juifs semblaient le plus en avoir un ardent besoin !

Pourtant, le Ychouv s’est considérablement renforcé. En 1939, il compte un peu plus de 400 000 personnes, il représente déjà 30 p. 100 de la population totale de la Palestine. Surtout, il possède déjà une certaine infrastructure économique, qui repose sur une petite industrie et sur l’agriculture. Le Ychouv s’est doté d’une armée semi-clandestine (la Haganah) à laquelle il faut ajouter le groupe Etzel (Irgoun) de la droite révisionniste (duquel se détachera plus tard le groupe Stern).

Par ailleurs, le Ychouv a une organisation politique et administrative. Il a son réseau d’écoles et son système d’assurance-maladie. Par l’intermédiaire de l’Organisation sioniste mondiale et du département politique de l’Agence juive, il parvient à élaborer une politique étrangère qui, à de nombreuses reprises, mettra la puissance mandataire dans l’embarras, l’obligeant parfois à reculer.

Vers l’indépendance

Au début de la guerre, David Ben Gourion indique la ligne que suivra le Ychouv : " Nous ferons la guerre à l’Allemagne, comme s’il n’y avait pas de Livre blanc ; nous ferons la guerre au Livre blanc, comme s’il n’y avait pas de conflit avec l’Allemagne. " De fait, d’une part le Ychouv se mobilise et s’engage aux côtés des troupes britanniques ; d’autre part il mène sa lutte contre le terrorisme arabe et contre les mesures antijuives prises par la Grande-Bretagne, en particulier dans le domaine de l’immigration (d’où le développement de l’immigration clandestine). À l’approche de la fin de la guerre, dès 1944, un terrorisme anti-anglais et anti-arabe se développe. Il est surtout le fait des groupes " dissidents " (la Haganah), c’est-à-dire l’Etzel (Irgoun Tsvaï Leumi dirigé par Menahem Begin depuis 1942) et le groupe Stern (qui comprend des éléments de gauche et de droite).

En mai 1942, à l’hôtel Biltmore de New York, un congrès de sionistes américains inspirés par Ben Gourion adopte le programme dit de Biltmore, par lequel l’Organisation sioniste revendique la création d’un État juif et rejette définitivement la thèse de l’État binational qui avait semblé prévaloir dans certains milieux sionistes avant la guerre.

À la fin de la guerre, la politique britannique ne se modifie guère. Après l’arrivée des travaillistes au pouvoir, et malgré leurs promesses aux dirigeants sionistes, la politique de Londres se raidit. C’est l’époque la plus difficile du Ychouv. Les incidents sont quotidiens et de plus en plus meurtriers. Les États-Unis prennent position en faveur des sionistes, mais la Grande-Bretagne reste inflexible. Une série de plans sont proposés aussi bien par les États-Unis que par diverses commissions internationales. La politique d’immigration reste inchangée et provoque des drames dont le retentissement est mondial, telle l’affaire de l’Exodus , bateau ayant à bord 4 500 immigrants qui seront renvoyés en Allemagne en juillet 1947.

Le grand tournant intervient pourtant au cours de l’année 1947. En février, Ernest Bevin, ministre des Affaires étrangères, décide de porter l’affaire palestinienne devant l’O.N.U. Une commission d’enquête est formée : après une étude minutieuse, tant dans la région qu’au siège de l’O.N.U., elle rendra son rapport. La commission comptait onze membres (Australie, Canada, Tchécoslovaquie, Guatemala, Inde, Iran, Pays-Bas, Pérou, Suède, Uruguay et Yougoslavie). Le rapport de la majorité fut adopté par sept membres (Canada, Tchécoslovaquie, Guatemala, Pays-Bas, Pérou, Suède, Uruguay). Un plan minoritaire était soutenu par trois membres (Inde, Iran, Yougoslavie). Ce plan prévoyait la création d’un État fédéral. L’Australie s’abstenait.

Le rapport (de la majorité) prévoit la création de deux États, l’un juif, l’autre arabe. Il prévoit de même une Union économique entre les deux États. Un statut particulier est prévu pour Jérusalem, qui échapperait à la souveraineté des deux États. L’évacuation des troupes britanniques devrait intervenir au plus tard le 1er août 1948. Ce plan sera adopté à la majorité des deux tiers par l’Assemblée générale, le 29 novembre 1947.

Les autorités juives annoncent qu’elles acceptent le plan cependant que les États arabes s’y opposent. La Grande-Bretagne refusera de participer à la mise en œuvre du plan. La période allant de la fin de novembre 1947 à la proclamation de l’État juif sera la période la plus sanglante. Les attentats se multiplient des deux côtés (massacre de Deir Yassin par l’Irgoun, attaque du convoi sanitaire du Mont-Scopus par des troupes arabes). La police et les troupes britanniques n’interviennent pas. Les Britanniques annoncent même qu’ils avancent leur départ et le fixent au 15 mai 1948 à 0 heure. De la fin de novembre à mai, on assiste également à diverses tentatives visant à suspendre l’application de la recommandation de l’Assemblée générale. En particulier, les États-Unis présentent au mois de mars un plan tendant à créer un conseil de tutelle.

Cependant, les autorités juives se préparent à la prise du pouvoir. Elles créent un organisme, qui regroupe les principales organisations (Agence juive, Vaad Leumi...), formé de 37 membres. Ce groupe dit des 37 prend d’abord le nom de Conseil du peuple. C’est lui qui, présidé par David Ben Gourion (dont le titre officiel était chef de l’Exécutif de l’Agence juive), dans l’après-midi du vendredi 14 mai 1948 à Tel-Aviv, proclame la création de l’État d’Israël. Il signera la déclaration d’indépendance. Le Conseil du peuple prendra le nom de Conseil provisoire de l’État ; il exercera le pouvoir législatif jusqu’à l’élection de la première Assemblée à la fin de janvier 1949. L’organe exécutif des 37 devient alors le gouvernement provisoire de l’État.

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 30/11/98, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !